| [5] (1) ᾿Εν δὲ ταῖς πρὸς τοὺς ἄλλους 
πολίτας ὁμιλίαις ἐχθρὸς ἦν ἀμεμπτότερος ἢ φίλος. τοὺς μὲν γὰρ ἐχθροὺς ἀδίκως οὐκ 
ἔβλαπτε, τοῖς δὲ φίλοις καὶ τὰ μὴ δίκαια συνέπραττε. (2) καὶ τοὺς μὲν ἐχθροὺς 
ᾐσχύνετο μὴ τιμᾶν κατορθοῦντας, τοὺς δὲ φίλους οὐκ ἐδύνατο ψέγειν ἁμαρτάνοντας, 
ἀλλὰ καὶ βοηθῶν ἠγάλλετο καὶ συνεξαμαρτάνων αὐτοῖς· οὐδὲν γὰρ ᾤετο τῶν φιλικῶν 
ὑπουργημάτων αἰσχρὸν εἶναι. (3) τοῖς δ’ αὖ διαφόροις πταίσασι πρῶτος συναχθόμενος 
καὶ δεηθεῖσι συμπράττων προθύμως ἐδημαγώγει καὶ προσήγετο πάντας. (4) ὁρῶντες οὖν οἱ 
ἔφοροι ταῦτα καὶ φοβούμενοι τὴν δύναμιν ἐζημίωσαν αὐτόν, αἰτίαν ὑπειπόντες ὅτι 
τοὺς κοινοὺς πολίτας ἰδίους κτᾶται. (5) Καθάπερ γὰρ οἱ φυσικοὶ τὸ νεῖκος οἴονται καὶ 
τὴν ἔριν, εἰ τῶν ὅλων ἐξαιρεθείη, στῆναι μὲν ἂν τὰ οὐράνια, παύσασθαι δὲ πάντων 
τὴν γένεσιν καὶ κίνησιν ὑπὸ τῆς πρὸς πάντα πάντων ἁρμονίας, οὕτως ἔοικεν ὁ 
Λακωνικὸς νομοθέτης ὑπέκκαυμα τῆς ἀρετῆς ἐμβαλεῖν εἰς τὴν πολιτείαν τὸ φιλότιμον 
καὶ φιλόνεικον, ἀεί τινα τοῖς ἀγαθοῖς διαφορὰν καὶ ἅμιλλαν εἶναι πρὸς ἀλλήλους 
βουλόμενος, τὴν δὲ ἀνθυπείκουσαν τῷ ἀνελέγκτῳ χάριν ἀργὴν καὶ ἀναγώνιστον οὖσαν 
οὐκ ὀρθῶς ὁμόνοιαν λέγεσθαι. (6) τοῦτο δὲ ἀμέλει συνεωρακέναι καὶ τὸν ῞Ομηρον 
οἴονταί τινες· οὐ γὰρ ἂν τὸν ᾿Αγαμέμνονα ποιῆσαι χαίροντα τοῦ ᾿Οδυσσέως καὶ τοῦ 
᾿Αχιλλέως εἰς λοιδορίαν προαχθέντων "ἐκπάγλοις ἐπέεσσιν," εἰ μὴ μέγα τοῖς 
κοινοῖς ἀγαθὸν ἐνόμιζεν εἶναι τὸν πρὸς ἀλλήλους ζῆλον καὶ τὴν διαφορὰν τῶν 
ἀρίστων. (7) ταῦτα μὲν οὖν οὐκ ἂν οὕτως τις ἁπλῶς συγχωρήσειεν· αἱ γὰρ ὑπερβολαὶ τῶν 
φιλονεικιῶν χαλεπαὶ ταῖς πόλεσι καὶ μεγάλους κινδύνους ἔχουσι.
 | [5] (1) Dans ses relations avec les autres citoyens, il méritait moins de 
reproches comme ennemi que comme ami; car ses ennemis, il ne leur faisait pas 
tort injustement; mais, pour appuyer ses amis, il allait jusqu'à l'injustice. 
(2) Il aurait eu honte de ne pas reconnaître, par des marques d'estime, les 
bonnes actions de ses ennemis; mais il n'avait pas le courage de blâmer les 
fautes de ses amis, et il se piquait même de les soutenir à l'occasion et de 
partager leurs responsabilités; car il ne voyait jamais de honte à servir ses 
amis, n'importe comment. (3) D'ailleurs, il était le premier à compatir aux 
peines de ses contradicteurs et de ses adversaires; sur leur prière, il les 
aidait avec zèle. Il faisait ainsi des conquêtes et finissait par gagner tout le 
monde. (4) Ce que voyant les éphores, inquiets de sa popularité, lui infligèrent 
une amende, sous prétexte qu'il voulait avoir à lui seul des citoyens qui 
devaient appartenir à l'État tout entier. (5) De même en effet qu'aux yeux des 
physiciens, si la guerre et la discorde étaient chassées de l'univers, les 
phénomènes célestes s'arrêteraient, la génération et le mouvement cesseraient 
tout à fait, par suite de l'harmonie universelle, le législateur de Lacédémone 
paraît avoir introduit dans sa constitution l'amour de la suprématie et 
l'ambition comme stimulants de la vertu, voulant qu'il y eût toujours entre les 
gens de bien un dissentiment et une rivalité; car la complaisance qui s'incline 
devant une opinion sans preuve, étant inerte et incapable de soutenir une lutte, 
ne mérite pas le nom de concorde. (6) C'est peut-être, selon quelques autorités, 
ce qu'Homère a vu aussi; car il n'aurait pas représenté Agamemnon joyeux de voir 
Ulysse et Achille amenés à s'injurier "en paroles terribles", s'il n'avait pas 
cru reconnaître dans la jalousie mutuelle et l'inimitié des meilleurs un grand 
avantage pour l'intérêt commun. (7) À vrai dire, il se pourrait qu'on ne fît 
point cette concession si simplement; car l'excès des différends est pénible 
pour les États et comporte de grands périls. 
 
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