[26] (1) ᾿Απολυθέντος δὲ τοῦ Σφοδρίου, καὶ τῶν ᾿Αθηναίων, ὡς ἐπύθοντο, πρὸς πόλεμον
τραπομένων, σφόδρα κακῶς ὁ ᾿Αγησίλαος ἤκουσε, δι’ ἐπιθυμίαν ἄτοπον καὶ
παιδαριώδη δοκῶν ἐμποδὼν γεγονέναι κρίσει δικαίᾳ, καὶ τὴν πόλιν παραίτιον
ἀπειργάσθαι παρανομημάτων τηλικούτων εἰς τοὺς ῞Ελληνας. (2) ἐπεὶ δὲ τὸν Κλεόμβροτον
οὐχ ἑώρα πρόθυμον ὄντα πολεμεῖν τοῖς Θηβαίοις, οὕτω δὴ χαίρειν τὸν νόμον ἐάσας ᾧ
πρόσθεν ἐχρῆτο περὶ τῆς στρατείας, αὐτὸς εἰς Βοιωτίαν ἐνέβαλεν ἤδη καὶ κακῶς
ἐποίει τοὺς Θηβαίους καὶ πάλιν ἀντέπασχεν, (3) ὥστε καὶ τρωθέντος αὐτοῦ ποτε τὸν
᾿Ανταλκίδαν εἰπεῖν· "῏Η καλὰ τὰ διδασκάλια παρὰ Θηβαίων ἀπολαμβάνεις, μὴ
βουλομένους μηδὲ ἐπισταμένους μάχεσθαι διδάξας." (4) τῷ γὰρ ὄντι Θηβαίους αὐτοὺς
ἑαυτῶν πολεμικωτάτους τότε γενέσθαι φασί, ταῖς πολλαῖς στρατείαις τῶν
Λακεδαιμονίων ἐπ’ αὐτοὺς ὥσπερ ἐγγυμνασαμένους. (5) διὸ καὶ Λυκοῦργος ὁ παλαιὸς ἐν
ταῖς καλουμέναις τρισὶ ῥήτραις ἀπεῖπε μὴ πολλάκις ἐπὶ τοὺς αὐτοὺς στρατεύειν,
ὅπως μὴ πολεμεῖν μανθάνωσιν. (6) ῏Ην δὲ καὶ τοῖς συμμάχοις τῶν Λακεδαιμονίων ἐπαχθὴς
ὁ ᾿Αγησίλαος, ὡς δι’ οὐδὲν ἔγκλημα δημόσιον, ἀλλὰ θυμῷ τινι καὶ φιλονεικίᾳ τοὺς
Θηβαίους ἀπολέσαι ζητῶν. οὐδὲν οὖν ἔλεγον δεόμενοι φθείρεσθαι δεῦρο κἀκεῖσε καθ’
ἕκαστον ἐνιαυτόν, ὀλίγοις τοσοῦτοι συνακολουθοῦντες. (7) ἔνθα δὲ δὴ λέγεται τὸν
᾿Αγησίλαον, ἐξελέγξαι βουλόμενον αὐτῶν τὸ πλῆθος, τόδε μηχανήσασθαι. πάντας
ἐκέλευσε καθίσαι τοὺς συμμάχους μετ’ ἀλλήλων ἀναμεμιγμένους, ἰδίᾳ δὲ τοὺς
Λακεδαιμονίους ἐφ’ ἑαυτῶν. (8) εἶτα ἐκήρυττε τοὺς κεραμεῖς ἀνίστασθαι πρῶτον· ὡς δὲ
ἀνέστησαν οὗτοι, δεύτερον ἐκήρυττε τοὺς χαλκεῖς, εἶτα τέκτονας ἐφεξῆς καὶ
οἰκοδόμους καὶ τῶν ἄλλων τεχνῶν ἑκάστην. (9) πάντες οὖν ὀλίγου δεῖν ἀνέστησαν οἱ
σύμμαχοι, τῶν δὲ Λακεδαιμονίων οὐδείς· ἀπείρητο γὰρ αὐτοῖς τέχνην ἐργάζεσθαι καὶ
μανθάνειν βάναυσον. οὕτω δὴ γελάσας ὁ ᾿Αγησίλαος, "῾Ορᾶτε" εἶπεν "ὦ ἄνδρες,
ὅσῳ πλείονας ὑμῶν στρατιώτας ἐκπέμπομεν ἡμεῖς."
| [26] (1) Sphodrias fut acquitté, et les Athéniens, quand ils l'apprirent, se
disposèrent à la guerre. Il en résulta une très mauvaise réputation pour
Agésilas qui, par condescendance pour une passion déplacée et puérile de son
fils, paraissait s'être opposé à une juste condamnation et avoir ainsi rendu
Sparte complice de si grands attentats envers la Grèce. (2) Aussi, comme il
voyait Cléombrote peu disposé à faire la guerre aux Thébains, dit-il adieu à la
loi dont il s'était naguère prévalu pour ne pas partir en expédition. Il entra
donc lui-même en Béotie, où il faisait du mal aux Thébains et en subissait à son
tour. (3) Il fut même blessé, et Antalcidas lui dit alors: "Certes, ils sont
beaux, les honoraires que tu reçois des Thébains pour leur avoir appris à
combattre, quand ils ne le voulaient, ni ne le savaient!" (4) Car, en fait,
c'est alors que les Thébains se surpassèrent dans l'art de la guerre, auquel les
nombreuses campagnes des Lacédémoniens contre eux les avaient forcés de
s'exercer. (5) Aussi le vieux Lycurgue, dans ses trois rhètres, avait-il
interdit à ses compatriotes d'aller souvent en expédition contre les mêmes
ennemis, pour ne pas leur apprendre à se battre. (6) De plus, Agésilas était à
charge aux alliés de Lacédémone, parce qu'il cherchait, d'après eux, à perdre
les Thébains sans avoir contre ce peuple aucun grief d'ordre public, mais pour
obéir à sa passion et à sa rancune. Ils disaient donc qu'ils n'avaient pas
besoin de se consumer en allant chaque année ici et là, à la suite de quelques
Lacédémoniens, étant eux-mêmes si nombreux. (7) Alors, dit-on, Agésilas, pour
montrer qu'ils se targuaient trop de leur nombre, imagina le stratagème que
voici. Il fit asseoir d'un côté tous les alliés pêle-mêle, de l'autre, les
Lacédémoniens entre eux. (8) Puis, à son de trompe, il fit ordonner aux potiers
de se lever d'abord; et quand ils furent debout, il appela en deuxième lieu les
ouvriers en fer; puis les ouvriers en bois, après eux, les maçons, et ainsi de
suite pour tous les corps de métier. (9) Tous les alliés, ou peu s'en faut, se
levèrent donc en définitive; mais personne du côté des Lacédémoniens; car il
leur était interdit d'exercer et même d'apprendre un métier manuel. Agésilas
conclut donc en riant: "Vous voyez, camarades, que nous envoyons à la guerre
bien plus de soldats que vous!"
|