| [18] (1) ᾿Επεὶ δὲ προϊὼν καὶ γενόμενος ἐν Κορωνείᾳ 
κατεῖδε τοὺς πολεμίους καὶ κατώφθη, παρετάξατο δοὺς ᾿Ορχομενίοις τὸ εὐώνυμον 
κέρας, αὐτὸς δὲ τὸ δεξιὸν ἐπῆγεν. οἱ δὲ Θηβαῖοι τὸ μὲν δεξιὸν εἶχον αὐτοί, τὸ δὲ 
εὐώνυμον ᾿Αργεῖοι. (2) λέγει δὲ τὴν μάχην ὁ Ξενοφῶν ἐκείνην οἵαν οὐκ ἄλλην τῶν 
πώποτε γενέσθαι· καὶ παρῆν αὐτὸς τῷ ᾿Αγησιλάῳ συναγωνιζόμενος, ἐξ ᾿Ασίας 
διαβεβηκώς. (3) ἡ μὲν οὖν πρώτη σύρραξις οὐκ ἔσχεν ὠθισμὸν οὐδὲ ἀγῶνα πολύν, ἀλλὰ οἵ 
τε Θηβαῖοι ταχὺ τοὺς ᾿Ορχομενίους ἐτρέψαντο καὶ τοὺς ᾿Αργείους ὁ ᾿Αγησίλαος· 
(4) ἐπεὶ δὲ ἀκούσαντες ἀμφότεροι τὰ εὐώνυμα πιέζεσθαι καὶ φεύγειν ἀνέστρεψαν, 
ἐνταῦθα τῆς νίκης ἀκινδύνου παρούσης, εἰ τῆς κατὰ στόμα μάχης ὑφέσθαι τοῖς 
Θηβαίοις ἠθέλησε καὶ παίειν ἑπόμενος παραλλάξαντας, ὑπὸ θυμοῦ καὶ φιλονεικίας 
ἐναντίος ἐχώρει τοῖς ἀνδράσιν, ὤσασθαι κατὰ κράτος βουλόμενος. (5) οἱ δὲ οὐχ ἧττον 
ἐρρωμένως ἐδέξαντο, καὶ μάχη γίνεται δι’ ὅλου μὲν ἰσχυρὰ τοῦ στρατεύματος, 
ἰσχυροτάτη δὲ κατ’ ἐκεῖνον αὐτὸν ἐν τοῖς πεντήκοντα τεταγμένον, ὧν εἰς καιρὸν 
ἔοικεν ἡ φιλοτιμία τῷ βασιλεῖ γενέσθαι καὶ σωτήριος. (6) ἀγωνιζόμενοι γὰρ ἐκθύμως 
καὶ προκινδυνεύοντες ἄτρωτον μὲν αὐτὸν οὐκ ἐδυνήθησαν φυλάξαι, πολλὰς δὲ διὰ τῶν 
ὅπλων δεξάμενον εἰς τὸ σῶμα πληγὰς δόρασι καὶ ξίφεσι μόλις ἀνήρπασαν ζῶντα, καὶ 
συμφράξαντες πρὸ αὐτοῦ πολλοὺς μὲν ἀνῄρουν, πολλοὶ δὲ ἔπιπτον. (7) ὡς δὲ μέγα ἔργον 
ἦν ὤσασθαι προτροπάδην τοὺς Θηβαίους, ἠναγκάσθησαν ὅπερ ἐξ ἀρχῆς οὐκ ἐβούλοντο 
ποιῆσαι. (8) διέστησαν γὰρ αὐτοῖς τὴν φάλαγγα καὶ διέσχον, εἶτα ἀτακτότερον ἤδη 
πορευομένους, ὡς διεξέπεσον, ἀκολουθοῦντες καὶ παραθέοντες ἐκ πλαγίων ἔπαιον. (9) οὐ 
μὴν ἐτρέψαντό γε, ἀλλ’ ἀπεχώρησαν οἱ Θηβαῖοι πρὸς τὸν ῾Ελικῶνα, μέγα τῇ μάχῃ 
φρονοῦντες, ὡς ἀήττητοι καθ’ αὑτοὺς γεγονότες.
 | [18] (1) Il continua sa marche et se trouva, à Coronée, face à face avec les 
ennemis. Il rangea ses troupes en bataille et confia l'aile gauche aux 
Orchoméniens, lui-même prenant l'aile droite; les Thébains avaient eux-mêmes 
l'aile droite; et les Argiens, la gauche. (2) Xénophon dit qu'il n'y a pas eu, 
de son temps, une bataille pareille à celle-là; et il pouvait en parler; car il 
y prit part aux côtés d'Agésilas, étant alors revenu d'Asie. (3) Le premier 
choc, il est vrai, ne comporta pas de violente poussée, ni de lutte sérieuse; 
car les Thébains défirent promptement les Orchoméniens; et Agésilas, les 
Argiens. (4) Mais les deux partis, apprenant chacun l'écrasement et la fuite de 
son aile gauche, firent un mouvement tournant. Une victoire sans danger était 
alors facile pour Agésilas, s'il avait voulu, au lieu d'attaquer les Thébains de 
front, se mettre à leur suite et les laisser passer pour les frapper. Mais 
entraîné par son courage et son amour de la gloire, il se plaça juste en face 
d'eux, voulant les charger de vive force. (5) La résistance fut aussi vigoureuse 
que l'attaque. La lutte s'étendit à tous les points du champ de bataille. Elle 
fut violente partout; mais plus violente qu'ailleurs autour d'Agésilas lui-même, 
qui était au centre des cinquante jeunes gens d'élite. Leur noble ambition 
venait bien à propos pour sauver le roi (6) en combattant avec fougue et en 
s'exposant les premiers. S'ils ne purent pas l'empêcher d'être blessé, car il 
reçut, à travers sa cuirasse, plusieurs coups de lance et d'épée, ils 
l'arrachèrent avec peine, mais vivant, à la mêlée; et, lui faisant un rempart de 
leurs corps, ils tuaient bien des ennemis; plusieurs d'entre eux tombaient 
aussi. (7) Mais comme c'était une grande affaire d'enfoncer les Thébains, les 
Spartiates furent forcés d'adopter la tactique dont ils n'avaient pas voulu 
d'abord. (8) Ils ouvrirent aux Thébains les rangs de la phalange pour les 
laisser passer; puis, les voyant marcher dès lors moins en ordre, ils tombèrent 
sur eux par mille détours, tantôt allant à leur suite, tantôt courant à côté 
d'eux. Ils pouvaient ainsi les frapper de flanc; (9) mais ils n'arrivèrent pas à 
les mettre en fuite, et les Thébains se retirèrent sur l'Hélicon, 
s'enorgueillissant d'un combat où, par eux-mêmes, ils avaient été invincibles. 
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