[16] (1) ῾Ως δὲ διαβὰς τὸν ῾Ελλήσποντον ἐβάδιζε διὰ τῆς Θρᾴκης, ἐδεήθη
μὲν οὐδενὸς τῶν βαρβάρων, πέμπων δὲ πρὸς ἑκάστους ἐπυνθάνετο πότερον ὡς φιλίαν ἢ
ὡς πολεμίαν διαπορεύηται τὴν χώραν. (2) οἱ μὲν οὖν ἄλλοι πάντες φιλικῶς ἐδέχοντο καὶ
παρέπεμπον, ὡς ἕκαστος δυνάμεως εἶχεν· οἱ δὲ καλούμενοι Τράλλεις, οἷς καὶ Ξέρξης
ἔδωκεν, ὡς λέγεται, δῶρα, τῆς διόδου μισθὸν ᾔτουν τὸν ᾿Αγησίλαον ἑκατὸν ἀργυρίου
τάλαντα καὶ τοσαύτας γυναῖκας. (3) ὁ δὲ κατειρωνευσάμενος αὐτοὺς καὶ φήσας· "Τί οὖν
οὐκ εὐθὺς ἦλθον ληψόμενοι;" προῆγε, καὶ συμβαλὼν αὐτοῖς παρατεταγμένοις ἐτρέψατο
καὶ διέφθειρε πολλούς. (4) τὸ δ’ αὐτὸ καὶ τῷ βασιλεῖ τῶν Μακεδόνων ἐρώτημα
προσέπεμψε· φήσαντος δὲ βουλεύσεσθαι, "Βουλευέσθω τοίνυν ἐκεῖνος" εἶπεν "ἡμεῖς
δὲ δὴ πορευόμεθα." Θαυμάσας οὖν τὴν τόλμαν αὐτοῦ καὶ δείσας ὁ βασιλεὺς ἐκέλευσεν
ὡς φίλον προάγειν. (5) τῶν δὲ Θετταλῶν τοῖς πολεμίοις συμμαχούντων ἐπόρθει τὴν
χώραν. εἰς δὲ Λάρισσαν ἔπεμψε Ξενοκλέα καὶ Σκύθην περὶ φιλίας· συλληφθέντων δὲ
τούτων καὶ παραφυλασσομένων οἱ μὲν ἄλλοι βαρέως φέροντες ᾤοντο δεῖν τὸν
᾿Αγησίλαον περιστρατοπεδεύσαντα πολιορκεῖν τὴν Λάρισσαν, ὁ δὲ φήσας οὐκ ἂν
ἐθελῆσαι Θεσσαλίαν ὅλην λαβεῖν ἀπολέσας τῶν ἀνδρῶν τὸν ἕτερον, ὑποσπόνδους
αὐτοὺς ἀπέλαβε. (6) καὶ τοῦτ’ ἴσως ἐπ’ ᾿Αγησιλάῳ θαυμαστὸν οὐκ ἦν, ὃς πυθόμενος
μάχην μεγάλην γεγονέναι περὶ Κόρινθον, καὶ ἄνδρας τῶν πάνυ ἐνδόξων ὡς ἔνι
μάλιστα αἰφνίδιον ἀπολωλέναι, καὶ Σπαρτιατῶν μὲν ὀλίγους παντάπασι τεθνηκέναι,
παμπόλλους δὲ τῶν πολεμίων, οὐκ ὤφθη περιχαρὴς οὐδὲ ἐπηρμένος, ἀλλὰ καὶ πάνυ
βαρὺ στενάξας, "Φεῦ τῆς ῾Ελλάδος" ἔφη "τοσούτους ἄνδρας ἀπολωλεκυίας ὑφ’
αὑτῆς, ὅσοι ζῶντες ἐδύναντο νικᾶν ὁμοῦ σύμπαντας τοὺς βαρβάρους μαχόμενοι." (7) τῶν
δὲ Φαρσαλίων προσκειμένων αὐτῷ καὶ κακούντων τὸ στράτευμα, πεντακοσίοις ἱππεῦσιν
ἐμβαλεῖν κελεύσας σὺν αὑτῷ καὶ τρεψάμενος ἔστησε τρόπαιον ὑπὸ τῷ Ναρθακίῳ. (8) καὶ
τὴν νίκην ὑπερηγάπησεν ἐκείνην, ὅτι συστησάμενος ἱππικὸν αὐτὸς δι’ ἑαυτοῦ τούτῳ
μόνῳ τοὺς μέγιστον ἐφ’ ἱππικῇ φρονοῦντας ἐκράτησεν.
| [16] (1) Après avoir traversé l'Hellespont, il fit route à travers la Thrace. Il
ne demandait jamais aux barbares de laisser passer son armée; mais il envoyait
des délégations à chaque peuple pour demander: "Sommes-nous en pays ami ou
ennemi?" (2) En général on accueillait amicalement ses envoyés, et on lui
donnait une escorte dans la mesure où on le pouvait. Seuls les Tralles, comme on
les appelle, à qui même Xerxès, dit-on, avait fait des présents, réclamaient
d'Agésilas, comme droit de passage, cent talents d'argent et autant de femmes.
(3) Il répondit ironiquement: "Pourquoi donc ne sont-ils pas venus les prendre
tout de suite?" Il avança ensuite; et, les trouvant rangés en bataille, il les
défit et en tua beaucoup. (4) Il posa la question habituelle au roi de
Macédoine, et ce prince ayant répondu qu'il réfléchirait, Agésilas riposta: "Eh
bien! qu'il réfléchisse! Et nous autres, passons maintenant! » Admirant, alors
son audace et pris de peur, le roi le pria d'avancer en ami. (5) Comme les
Thessaliens combattaient aux côtés des ennemis, il ravagea leur pays; mais il
envoya à Larisse Xénoclès et Scythès parler d'amitié; ces ambassadeurs furent
arrêtés et emprisonnés, ce qui indigna l'armée. On aurait voulu qu'Agésilas mît
le siège devant Larisse; mais il déclara: "Je n'aurais pas voulu m'emparer même
de la Thessalie entière au prix de la vie d'un seul de ces deux hommes!" Et il
conclut un arrangement pour se les faire rendre. (6) Cela n'était peut-être pas
étonnant de la part d'Agésilas, qui, apprenant qu'il y avait eu près de Corinthe
une grande bataille, où étaient morts très peu de Spartiates, mais un nombre
considérable d'ennemis, ne montra ni joie extrême, ni enthousiasme, et se
contenta de dire, avec un profond soupir: "Malheureuse Grèce, qui a de ses
propres mains, tué tant de braves, alors que, vivants, ils pouvaient, en
combattant côte à côte, vaincre tout le monde barbare!" (7) Les Thessaliens de
Pharsale, avec cinq cents chevaux, s'attachaient à son armée et la malmenaient.
Il donna l'ordre à sa cavalerie de charger, défit, l'ennemi et érigea un trophée
sous le mont Narthakion. (8) Il fut particulièrement heureux de cette victoire,
parce qu'ayant lui-même constitué une cavalerie avec ses propres moyens, il
avait eu l'avantage sur les peuples qui étaient les plus fiers de la leur.
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