[7] Ἐκ τούτου λέγεται πέμποντος αὐτὸν ἐπὶ τὰς νησιωτικὰς
συντάξεις τοῦ Χαβρίου καὶ ναῦς εἴκοσι διδόντος εἰπεῖν, εἰ μὲν
ὡς πολεμήσων πέμποιτο, μείζονος δεῖν δυνάμεως, εἰ δ' ὡς πρὸς
συμμάχους, ἀρκεῖν ναῦν (2) μίαν· καὶ πλεύσαντα τῇ αὑτοῦ
τριήρει καὶ διαλεχθέντα ταῖς πόλεσι καὶ συγγενόμενον τοῖς
ἄρχουσιν ἐπιεικῶς καὶ ἀφελῶς, καταπλεῦσαι μετὰ πολλῶν
νεῶν ἃς ἀπέστειλαν οἱ σύμμαχοι, τὰ χρήματα τοῖς Ἀθηναίοις
(3) κομιζούσας. οὐ μόνον δὲ ζῶντα τὸν Χαβρίαν θεραπεύων
διετέλει καὶ τιμῶν, ἀλλὰ καὶ τελευτήσαντος αὐτοῦ τῶν
προσηκόντων καλῶς ἐπεμελεῖτο, καὶ τὸν παῖδα Κτήσιππον
ἐβούλετο μὲν ἄνδρα ποιεῖν ἀγαθόν, ἔμπληκτον δ' ὁρῶν καὶ
ἀνάγωγον, ὅμως οὐκ ἀπεῖπεν ἐπανορθούμενος καὶ
ἀποκρύπτων τὰ αἴσχη. πλὴν ἅπαξ λέγεται, παρενοχλοῦντος
ἐν στρατείᾳ τινὶ τοῦ νεανίσκου καὶ κόπτοντος αὐτὸν
ἐρωτήμασιν ἀκαίροις καὶ συμβουλίαις, οἷον ἐπανορθουμένου
καὶ παραστρατηγοῦντος, εἰπεῖν· "ὦ Χαβρία Χαβρία, (5) μεγάλην
γέ σοι χάριν ἐκτίνω τῆς φιλίας, ὑπομένων σου τὸν υἱόν." ὁρῶν
δὲ τοὺς τὰ κοινὰ πράσσοντας τότε διῃρημένους ὥσπερ ἀπὸ
κλήρου τὸ στρατήγιον καὶ τὸ βῆμα, καὶ τοὺς μὲν λέγοντας ἐν
τῷ δήμῳ καὶ γράφοντας μόνον, ὧν Εὔβουλος ἦν καὶ Ἀριστοφῶν
καὶ Δημοσθένης καὶ Λυκοῦργος καὶ Ὑπερείδης, Διοπείθη δὲ καὶ
Μενεσθέα καὶ Λεωσθένη καὶ Χάρητα τῷ στρατηγεῖν καὶ
πολεμεῖν αὔξοντας ἑαυτούς, ἐβούλετο τὴν Περικλέους καὶ
Ἀριστείδου καὶ Σόλωνος πολιτείαν ὥσπερ ὁλόκληρον καὶ
διηρμο(6)σμένην ἐν ἀμφοῖν ἀναλαβεῖν καὶ ἀποδοῦναι. καὶ γὰρ
τῶν ἀνδρῶν ἐκείνων ἕκαστος ἐφαίνετο κατὰ τὸν Ἀρχίλοχον
"ἀμφότερον, θεράπων μὲν Ἐνυαλίοιο θεοῖο,
καὶ Μουσέων ἐρατᾶν δῶρον ἐπιστάμενος,"
καὶ τὴν θεὸν ἑώρα πολεμικήν θ' ἅμα καὶ πολιτικὴν οὖσαν καὶ
προσαγορευομένην.
| [7] Quelque temps après, Chabrias choisit Phocion pour aller lever les
contributions des îles; et comme il lui donnait pour cela vingt vaisseaux, Phocion lui
observa que s'il l'envoyait pour faire la guerre, il lui fallait des forces plus
considérables : que s'il allait vers des alliés, un seul vaisseau lui suffisait. Il
s'embarqua donc sur sa galère seule; et après avoir conféré avec les villes et leurs
pricipaux officiers d'une manière simple et franche, il s'en retourna, suivi d'un grand
nombre de vaisseaux des alliés, qui portaient l'argent qu'ils devaient fournir.
Phocion, non content d'avoir respecté et honoré Chabrias pendant sa vie, conserva,
après sa mort, le plus grand intérêt pour ceux qui lui appartenaient : il prit soin de
son fils Ctésippe, dont il voulait faire un homme de bien; et quoiqu'il le vît d'un
caractère revêche et emporté, il ne se rebuta point et ne cessa pas de le redresser, et
de couvrir la honte de ses vices. Une fois seulement, dans une de ses expéditions,
importuné par ce jeune homme, qui l'accablait de questions déplacées, qui même
s'ingérait à lui donner des conseils et voulait lui apprendre les devoirs d'un général,
il ne put s'empêcher de dire : "O Chabrias, Chabrias, quel retour je te paye de l'amitié
que tu as eue pour moi, en supportant les sottises de ton fils!" VIII. Phocion voyant
que ceux qui gouvernaient alors la république s'étaient partagé comme au sort les
charges civiles et les emplois militaires; que les uns, tels qu'Eubulus, Aristophon,
Démosthène, Lycurgue et Hypéride, n'avaient d'autre fonction que de haranguer le
peuple et de proposer les décrets; que les autres, comme Diopithès, Pinesthée,
Léosthène et Charès, ne s'avançaient dans la république que par le commandement
des armées; il préféra la manière de gouverner de Périclès, d'Aristide et de Solon,
comme la plus parfaite, parce qu'elle réunissait les talents de la guerre et ceux de la
politique. Chacun de ces trois personnages était, comme dit Archiloque,
"Serviteur du dieu Mars dans le métier des armes, Et des dons des neuf Soeurs savait
goûter les charmes". Il voyait que la déesse protectrice d'Athènes était également
propre à commander les armées et à gouverner les villes, et qu'on lui donnait pour
cette raison les surnoms de Polémique et de Politique.
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