[37] Ἦν δ' ἡμέρα μηνὸς Μουνυχιῶνος ἐνάτη ἐπὶ δέκα, καὶ
τῷ Διῒ τὴν πομπὴν πέμποντες οἱ ἱππεῖς παρεξῄεσαν· ὧν οἱ μὲν
ἀφείλοντο τοὺς στε(2) φάνους, οἱ δὲ πρὸς τὰς θύρας
δεδακρυμένοι τῆς εἱρκτῆς ἀπέβλεψαν. ἐφάνη δὲ τοῖς μὴ
παντάπασιν ὠμοῖς καὶ διεφθαρμένοις ὑπ' ὀργῆς καὶ φθόνου
τὴν ψυχὴν ἀνοσιώτατον γεγονέναι τὸ μηδ' ἐπισχεῖν τὴν ἡμέραν
ἐκείνην, μηδὲ καθαρεῦσαι δημοσίου φόνου τὴν πόλιν
ἑορτάζουσαν. (3) Οὐ μὴν ἀλλ' ὥσπερ ἐνδεέστερον
ἠγωνισμένοις τοῖς ἐχθροῖς ἔδοξε καὶ τὸ σῶμα τοῦ Φωκίωνος
ἐξορίσαι, καὶ μηδὲ πῦρ ἐναῦσαι μηδένα πρὸς τὴν (4) ταφὴν
Ἀθηναίων. διὸ φίλος μὲν οὐδεὶς ἐτόλμησεν ἅψασθαι τοῦ
σώματος, Κωνωπίων δέ τις, ὑπουργεῖν εἰθισμένος τὰ τοιαῦτα
μισθοῦ, κομισθέντα (5) τὸν νεκρὸν ὑπὲρ τὴν Ἐλευσῖνα πῦρ
λαβὼν ἐκ τῆς Μεγαρικῆς ἔκαυσεν. ἡ δὲ (Μεγαρικὴ) γυνὴ
παροῦσα μετὰ τῶν θεραπαινίδων, ἔχωσε μὲν αὐτόθι χῶμα
κενὸν καὶ κατέσπεισεν, ἐνθεμένη δὲ τῷ κόλπῳ τὰ ὀστᾶ καὶ
κομίσασα νύκτωρ εἰς τὴν οἰκίαν, κατώρυξε παρὰ τὴν ἑστίαν,
εἰποῦσα· "σοὶ ὦ φίλη ἑστία παρακατατίθεμαι ταῦτ' ἀνδρὸς
ἀγαθοῦ λείψανα· σὺ δ' αὐτὰ τοῖς πατρῴοις ἀπόδος ἠρίοις, ὅταν
Ἀθηναῖοι σωφρονήσωσι."
| [37] XLII.
C'était le dix-neuf du mois de Munychion ; et ce jour-là les chevaliers faisaient une
procession à cheval en l'honneur de Jupiter. Lorsqu'ils passèrent devant la
prison, les uns ôtèrent leurs couronnes ; les autres, jetant les yeux sur la porte, ne
purent retenir leurs larmes ; et ceux à qui il restait quelques sentiments d'humanité,
ou que la colère et l'envie n'avaient pas entièrement dépravés, regardaient comme
une grande impiété qu'on n'eût pas renvoyé cette exécution au lendemain, afin que
dans une fête si solennelle la ville ne fût pas souillée par une mort violente.
Cependant les ennemis de Phocion, trouvant sans doute qu'il manquait quelque
chose à leur triomphe, firent décréter que son corps serait porté hors du territoire de
l'Attique, et que nul Athénien ne pourrait donner du feu pour faire ses funérailles.
Aucun de ses amis n'osa seulement toucher à son corps ; mais un certain Conopion,
accoutumé à vivre du produit de ces sortes de fonctions, transporta le corps au delà
des terres d'Éleusis, et le brûla avec du feu pris sur le territoire de Mégare. Une
femme du pays, qui se trouva par hasard à ces funérailles avec ses esclaves, lui éleva
dans le lieu même un cénotaphe, y fit les libations d'usage; et mettant dans sa robe
les ossements qu'elle avait recueillis, elle les porta la nuit dans sa maison, et les
enterra sous son foyer, en disant : «O mon foyer, je dépose dans ton sein ces précieux
restes d'un homme vertueux. Conserve-les avec soin pour les rendre au tombeau de
ses ancêtres, quand les Athéniens seront revenus à la raison. »
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