[24] Ἐπεὶ δὲ τοῦ Λεωσθένους ἀποθανόντος οἱ φοβούμενοι
τὸν Φωκίωνα, μὴ στρατηγὸς ἐκπεμφθεὶς καταλύσῃ τὸν
πόλεμον, ἄνθρωπόν τινα τῶν οὐκ ἐπιφανῶν ἐν ἐκκλησίᾳ
παρεσκεύασαν ἀναστάντα λέγειν, ὅτι φίλος ὢν τοῦ Φωκίωνος
καὶ συμπεφοιτηκὼς παραινεῖ φείδεσθαι τοῦ ἀνδρὸς καὶ
φυλάσσειν, ὡς ἄλλον ὅμοιον οὐκ ἔχοντας, ἐκπέμπειν δ'
Ἀντίφιλον ἐπὶ (2) τὸ στράτευμα, καὶ ταῦτα τοῖς Ἀθηναίοις
συνεδόκει, παρελθὼν ὁ Φωκίων ἔλεγε, μήτε συμπεφοιτηκέναι
ποτὲ τῷ ἀνθρώπῳ μήτ' ἄλλως γεγονέναι γνώριμος ἢ συνήθης·
"ἀλλὰ νῦν" εἶπεν "ἀπὸ τῆς σήμερον ἡμέρας καὶ φίλον σε
ποιοῦμαι καὶ οἰκεῖον· ἃ γὰρ ἦν ἐμοὶ συμφέροντα,
συμβεβούλευκας." ὡρμημένων δὲ τῶν Ἀθηναίων ἐπὶ τοὺς
Βοιωτοὺς στρατεύειν, πρῶτον μὲν ἀντεῖχε, καὶ τῶν φίλων
λεγόντων ὡς ἀποθανεῖται προσκρούων τοῖς Ἀθηναίοις,
"ἀδίκως" εἶπεν, "ἂν ποιῶ τὸ συμφέρον· ἂν δὲ παραβαίνω, (4)
δικαίως." ἔπειθ' ὁρῶν οὐκ ἀνιέντας ἀλλὰ βοῶντας, ἐκέλευσε
τὸν κήρυκ' ἀνειπεῖν Ἀθηναίων τοὺς ἄχρι ἑξήκοντ' ἐτῶν ἀφ'
ἥβης πένθ' ἡμερῶν (5) σιτία λαβόντας εὐθὺς ἀκολουθεῖν ἀπὸ
τῆς ἐκκλησίας· θορύβου δὲ πολλοῦ γενομένου, καὶ τῶν
πρεσβυτέρων βοώντων καὶ ἀναπηδώντων, "οὐδέν" ἔφη "δεινόν·
ἐγὼ γὰρ ὁ στρατηγὸς ὀγδοηκοστὸν ἔχων ἔτος ἔσομαι μεθ'
ὑμῶν." καὶ τότε μὲν οὕτως κατέπαυσεν αὐτοὺς καὶ μετέβαλε.
| [24] Léosthène étant mort pendant cette guerre,
ceux qui craignaient que Phocion ne fût nommé pour la continuer, et ne la terminât
bientôt, apostèrent un citoyen peu connu, qui, s'étant levé dans l'assemblée, dit que,
comme ami et camarade de Phocion, il engageait les Athéniens à ménager un général
qui n'avait pas son second dans Athènes, et à charger Antiphile d'aller commander
l'armée. Le peuple adoptait déjà cet avis, lorsque Phocion, s'avançant au milieu de
l'assemblée, déclara qu'il n'avait jamais été ni le camarade ni l'ami de cet homme,
qu'il ne l'avait même jamais connu. "Au reste, lui dit-il, dès ce moment je vous
regarde comme mon meilleur ami, puisque vous conseillez au peuple ce qui m'est le
plus avantageux". XXVII. Phocion s'opposait au désir immodéré qu'avaient les
Athéniens de déclarer la guerre aux Béotiens; et ses amis lui représentant que le
peuple le ferait mourir s'il persévérait dans cette opposition : « Oui, répondit
Phocion; mais ce sera injustement, si je leur donne des conseils utiles; et il le fera avec
justice, si je trahis ses intérêts. » Comme il vit que les Athéniens ne se rendaient pas à
ses avis et ne cessaient de déclamer contre lui, il fit publier que tous les citoyens,
depuis l'âge de quatorze ans jusqu'à celui de soixante, prissent du pain pour cinq
jours, et le suivissent aussitôt après l'assemblée. Cette proclamation excita le plus
grand trouble dans la ville; et les vieillards étant venus s'en plaindre hautement :
« Qu'a donc cet ordre de si terrible? leur dit Phocion : moi, qui ai déjà quatre-vingts
ans, ne serai-je pas à votre tête? » Cette réponse les adoucit, et leur ôta l'envie de faire
la guerre.
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