[20] Φώκῳ δὲ τῷ υἱῷ βουλομένῳ <δι>αγωνίσασθαι
Παναθηναίοις ἀποβάτην ἐφῆκεν, οὐχὶ τῆς νίκης ὀρεγόμενος,
ἀλλ' ὅπως ἐπιμεληθεὶς καὶ ἀσκήσας τὸ σῶμα βελτίων ἔσοιτο·
καὶ γὰρ ἦν ἄλλως φιλοπότης καὶ ἄτακ(2)τος ὁ νεανίσκος.
νικήσαντος δὲ καὶ πολλῶν αἰτουμένων ἑστιᾶσαι τὰ νικητήρια,
τοὺς ἄλλους Φωκίων παραιτησάμενος, ἑνὶ τὴν φιλοτιμίαν (3)
ταύτην συνεχώρησεν. ὡς δ' ἐλθὼν ἐπὶ τὸ δεῖπνον ἄλλην τε
σοβαρὰν ἑώρα παρασκευὴν καὶ ποδανιπτῆρας οἴνου δι'
ἀρωμάτων προσφερομένους τοῖς εἰσιοῦσι, καλέσας τὸν υἱὸν "οὐ
παύσεις" ἔφη "τὸν ἑταῖρον ὦ Φῶκε δια(4)φθείροντά σου τὴν
νίκην;" βουλόμενος δὲ καὶ καθόλου μεταστῆσαι τὸ μειράκιον ἐκ
τῆς διαίτης ἐκείνης, ἀπήγαγεν εἰς Λακεδαίμονα καὶ
κατέμειξε τοῖς ἀγομένοις τὴν λεγομένην ἀγωγὴν νεανίσκοις.
καὶ τοῦτο τοὺς Ἀθηναίους ἐλύπησεν, ὡς ὑπερορῶντος καὶ
ὑπερφρονοῦντος τὰ οἰκεῖα (6) τοῦ Φωκίωνος. εἰπόντος δὲ τοῦ
Δημάδου πρὸς αὐτόν· "τί οὐ πείθομεν ὦ Φωκίων Ἀθηναίους τὴν
Λακωνικὴν προσδέξασθαι πολιτείαν; ἐὰν γὰρ σὺ κελεύῃς, ἐγὼ
γράφειν καὶ λέγειν ἕτοιμός εἰμι", "πάνυ γοῦν" ἔφη "πρέψειεν ἄν
σοι, μύρου τοσοῦτον ὄζοντι καὶ χλαμύδα τοιαύτην φοροῦντι,
συμβουλεύειν Ἀθηναίοις περὶ φιδιτίων καὶ τὸν Λυκοῦργον
ἐπαινεῖν."
| [20] XXIII. Le fils de Phocion ayant désiré de combattre aux jeux des Panathénées,
son père lui permit d'y disputer à pied le prix de la course : non qu'il fût curieux de
l'honneur de la victoire, mais afin que son fils, en exerçant et fortifiant son corps,
s'accoutumât à une vie plus honnête; car ce jeune homme avait une conduite
déréglée, et aimait beaucoup le vin. Il fut vainqueur aux jeux; et plusieurs de ses amis
ayant demandé à Phocion de célébrer cette victoire par un festin, il refusa tous les
autres, et ne permit qu'à un seul de donner à sa maison ce témoignage de son zèle. Il
se rendit lui-même au festin ; et voyant qu'outre plusieurs autres préparatifs
magnifiques, on lavait les pieds des convives dans des bassins remplis d'un vin
aromatisé, il appela son fils : « Phocus, lui dit-il, pourquoi n'empêches-tu pas ton ami
de déshonorer ta victoire par tant de recherche et de faste? » Pour retirer son fils de
cette vie de luxe et de mollesse, il le mena lui-même à Lacédémone, et le fit élever
avec les jeunes Spartiates dans la discipline la plus sévère. Il déplut par là aux
Athéniens, qui crurent voir dans cette démarche de Phocion de l'indifférence ou
même du mépris pour les institutions de son pays. L'orateur Démade lui ayant dit à
cette occasion : « Phocion, que ne conseillons-nous aux Athéniens d'adopter la forme
du gouvernement de Lacédémone? Si vous l'ordonnez, je suis tout prêt à le proposer,
et à en dresser le décret. — Vraiment, lui répondit Phocion, il vous siérait bien,
parfumé comme vous l'êtes et couvert de ce riche manteau, de vouloir faire
embrasser aux Athéniens la frugalité des Spartiates, et de louer les institutions de
Lycurgue! »
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