HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Phocion

Chapitre 14

  Chapitre 14

[14] Ἐπεὶ δὲ ταῦτα διαπραξάμενος ἀπέπλευσεν Φωκίων, ταχὺ μὲν ἐπόθησαν οἱ σύμμαχοι τὴν χρηστότητα καὶ δικαιοσύνην αὐτοῦ, ταχὺ (2) δ' ἔγνωσαν οἱ Ἀθηναῖοι τὴν ἐμπειρίαν καὶ ῥώμην τοῦ ἀνδρός. γὰρ μετ' ἐκεῖνον ἐλθὼν ἐπὶ τὰ πράγματα Μολοσσὸς οὕτως ἐπολέμησεν, ὥστε καὶ ζῶν αὐτὸς ὑποχείριος γενέσθαι τοῖς πολεμίοις. (3) Ἐπεὶ δὲ μεγάλα ταῖς ἐλπίσι περινοῶν Φίλιππος εἰς Ἑλλήσποντον ἦλθε μετὰ πάσης τῆς δυνάμεως, ὡς Χερρόνησον ἐν ταὐτῷ καὶ Πέρινθον ἕξων καὶ Βυζάντιον, ὡρμημένων δὲ τῶν Ἀθηναίων βοηθεῖν οἱ ῥήτορες ἠγωνίσαντο τὸν Χάρητα στρατηγὸν ἀποσταλῆναι, καὶ πλεύσας ἐκεῖνος οὐδὲν ἄξιον τῆς δυνάμεως ἔπραττεν, οὐδ' αἱ πόλεις ἐδέχοντο τὸν στόλον, ἀλλ' ὕποπτος ὢν πᾶσιν ἐπλανᾶτο, χρηματιζόμενος ἀπὸ τῶν συμμάχων καὶ καταφρονούμενος ὑπὸ τῶν πολεμίων, δὲ δῆμος ὑπὸ τῶν ῥητόρων παροξυνόμενος ἠγανάκτει καὶ μετενόει τοῖς Βυζαντίοις πέμψας τὴν βοή(5)θειαν, ἀναστὰς Φωκίων εἶπεν, ὅτι δεῖ μὴ τοῖς ἀπιστοῦσιν ὀργίζεσθαι τῶν συμμάχων, ἀλλὰ τοῖς ἀπιστουμένοις τῶν στρατηγῶν· "οὗτοι γὰρ ὑμᾶς ποιοῦσι φοβεροὺς καὶ τοῖς χωρὶς ὑμῶν σῴζεσθαι μὴ δυναμένοις." (6) κινηθεὶς οὖν δῆμος ὑπὸ τοῦ λόγου καὶ μεταπεσών, ἐκέλευεν αὐτὸν ἐκεῖνον ἑτέραν προσλαβόντα δύναμιν βοηθεῖν τοῖς συμμάχοις εἰς τὸν Ἑλλήσποντον· μεγίστην ῥοπὴν ἐποίησε πρὸς τὸ σωθῆναι τὸ Βυζάντιον. (7) ἦν μὲν γὰρ ἤδη μεγάλη δόξα τοῦ Φωκίωνος· ἐπεὶ δὲ καὶ Λέων, ἀνὴρ Βυζαντίων πρῶτος ἀρετῇ καὶ τῷ Φωκίωνι γεγονὼς ἐν Ἀκαδημείᾳ συνήθης, ἀνεδέξατο τὴν πίστιν ὑπὲρ αὐτοῦ πρὸς τὴν πόλιν, οὐκ εἴασαν ἔξω στρατοπεδεῦσαι βουλόμενον, ἀλλ' ἀνοίξαντες τὰς πύλας ἐδέξαντο καὶ κατέμειξαν ἑαυτοῖς τοὺς Ἀθηναίους, οὐ μόνον ἀνεγκλήτους ταῖς διαίταις καὶ σώφρονας, ἀλλὰ καὶ προθυμοτάτους ἐν τοῖς ἀγῶσι διὰ τὴν πίστιν (8) γενομένους. οὕτω μὲν Φίλιππος ἐξέπεσε τοῦ Ἑλλησπόντου τότε καὶ κατεφρονήθη, δοκῶν ἄμαχός τις εἶναι καὶ ἀνανταγώνιστος, δὲ Φωκίων καὶ ναῦς τινας εἷλεν αὐτοῦ, καὶ φρουρουμένας πόλεις ἀνέλαβε, καὶ πολλαχόθι τῆς χώρας ἀποβάσεις ποιούμενος ἐπόρθει καὶ κατέτρεχε, μέχρι οὗ τραύματα λαβὼν ὑπὸ τῶν προσβοηθούντων ἀπέπλευσε. [14] XV. Phocion, après cette victoire, n'eut pas plutôt quitté l'Eubée, que les alliés eurent lieu de regretter sa douceur et sa justice, et les Athéniens, de reconnaître sa valeur et son expérience. Molossus, qui lui succéda dans le commandement de l'armée, se conduisit si mal, qu'il fut fait prisonnier par les ennemis. Philippe, qui portait haut ses espérances, alla dans l'Hellespont avec toutes ses troupes, se croyant sûr de soumettre à la fois la Chersonèse, Périnthe et Byzance. Les Athéniens ayant décidé qu' on y enverrait du secours, les orateurs firent tant que Charès fut nommé général de cette expédition. Il s'embarqua sur une flotte nombreuse ; mais il ne fit rien qui répondît à de si grandes forces, les villes mêmes lui fermèrent leurs ports : suspect à tout le monde, croisant le long des côtes, il mettait des taxes sur les alliés et se faisait mépriser des ennemis. Le peuple, irrité par ses orateurs, fit éclater son indignation, et se repentit d'avoir envoyé du secours aux Byzantins. Alors Phocion prenant la parole : "Ce n'est pas, leur dit-il, contre les alliés qu'il faut vous emporter, parce qu'ils se défient des Athéniens; mais contre les généraux qui méritent cette défiance; ce sont eux qui vous rendent formidables à ceux mêmes qui ne peuvent se sauver sans vous". XVI. Ces mots firent une telle impression sur le peuple, que, changeant tout à coup de sentiment, il ordonna que Phocion lui-même irait dans l'Hellespont avec une nouvelle flotte pour secourir les alliés. Ce choix décida surtout du salut de Byzance. Outre que Phocion jouissait déjà d'une grande réputation, Cléon, le premier des Byzantins par sa vertu, qui avait formé avec Phocion une liaison intime dans l'Académie, s'étant rendu sa caution envers la ville, les habitants ne souffrirent pas qu'il campât hors de leurs murs, comme il le voulait; ils lui ouvrirent leurs portes; le reçurent avec empressement, et logèrent dans leurs maisons les Athéniens, qui, pour répondre à leur confiance, se montrèrent aussi tempérants, aussi irréprochables dans leur conduite, qu'intrépides dans les combats. Philippe, chassé de l'Hellespont, perdit beaucoup de l'opinion qu'on avait de lui; jusque-là il avait passé pour invincible, et l'on osait à peine se mesurer avec lui. Phocion lui enleva quelques vaisseaux, reprit les places où ce prince avait mis des garnisons; et ayant fait des descentes en plusieurs endroits de ses frontières, il courut le pays et y fit le dégât, jusqu'à ce que de nouvelles troupes étant venues au secours des premières, une blessure qu'il reçut l'obligea de se retirer.


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Dernière mise à jour : 20/09/2007