[13] Ὡς δ' ἐπῄεσαν οἱ πολέμιοι, κελεύσας ἐν τοῖς ὅπλοις
ἀτρεμεῖν ἄχρι ἂν αὐτὸς σφαγιάσηται, πλείω διέτριβε χρόνον, ἢ
δυσιερῶν ἢ βουλόμενος ἐγγυτέρω τοὺς πολεμίους
ἐπισπάσασθαι. διὸ πρῶτον μὲν ὁ Πλούταρχος οἰόμενος
ἀποδειλιᾶν καὶ κατοκνεῖν ἐκεῖνον, ἐξέδραμε μετὰ τῶν ξένων·
ἔπειτα τοῦτον ἰδόντες οἱ ἱππεῖς οὐκ ἐκαρτέρησαν, ἀλλ' ἤλαυνον
εὐθὺς εἰς τοὺς πολεμίους, ἀσύντακτοι καὶ σποράδες ἐκ τοῦ
στρατοπέδου προσ(3)φερόμενοι. νικωμένων δὲ τῶν πρώτων,
ἅπαντες ἐσκεδάσθησαν, καὶ ὁ Πλούταρχος ἔφυγε, καὶ τῷ
χάρακι προσμείξαντες ἔνιοι τῶν πολεμίων (4) ἐκκόπτειν
ἐπειρῶντο καὶ διασπᾶν, ὡς ἁπάντων κεκρατηκότες. ἐν τούτῳ δὲ
τῶν ἱερῶν γενομένων, τοὺς μὲν εὐθὺς ἐκ τοῦ στρατοπέδου
προσπεσόντες οἱ Ἀθηναῖοι τρέπουσι, καὶ καταβάλλουσι τοὺς
πλείστους περὶ τοῖς ἐρύμασι φεύγοντας, ὁ δὲ Φωκίων τὴν μὲν
φάλαγγα προσέταξεν ἐφεδρεύειν, ἀναλαμβάνουσαν ἅμα καὶ
προσδεχομένην τοὺς ἐν τῇ φυγῇ πρότερον διασπαρέντας,
αὐτὸς δὲ τοὺς ἐπιλέκτους ἔχων ἐνέβαλε τοῖς πολεμίοις, καὶ
μάχης καρτερᾶς γενομένης, πάντες μὲν ἐκθύμως ἠγωνίσαντο
καὶ ἀφειδῶς, Θάλλος δ' ὁ Κινέου καὶ Γλαῦκος ὁ Πολυμήδους
περὶ αὐτὸν τεταγ(6)μένοι τὸν στρατηγὸν ἠρίστευσαν. οὐ μὴν
ἀλλὰ καὶ Κλεοφάνης ἄξιον πλείστου παρέσχεν ἑαυτὸν ἐν
ἐκείνῃ τῇ μάχῃ· τοὺς γὰρ ἱππεῖς ἀνακαλούμενος ἐκ τῆς τροπῆς
καὶ βοῶν καὶ διακελευόμενος κινδυνεύοντι τῷ στρατηγῷ
βοηθεῖν, ἐποίησεν ἀναστρέψαντας ἐπιρρῶσαι τὸ νίκημα τῶν
ὁπλιτῶν. ἐκ τούτου τόν τε Πλούταρχον ἐξέβαλεν ἐκ τῆς
Ἐρετρίας, καὶ Ζάρητρα φρούριον ἑλὼν ἐπικαιρότατον, ᾗ
μάλιστα συνελαύνεται τὸ πλάτος εἰς βραχὺ διάζωμα τῆς νήσου,
σφιγγομένης ἑκατέρωθεν ταῖς θαλάσσαις, οὓς ἔλαβεν
αἰχμαλώτους Ἕλληνας ἀφῆκε, φοβηθεὶς τοὺς ῥήτορας τῶν
Ἀθηναίων, μὴ πρὸς ὀργήν τι βιάσωνται τὸν δῆμον
ἀγνωμονῆσαι περὶ αὐτούς.
| [13] XIV. Quand les ennemis furent en présence, il ordonna que ses troupes
se tinssent immobiles sous les armes, jusqu'à ce qu'il eût fait le sacrifice
d'usage. Il dura longtemps, soit que les signes ne fussent pas favorables, soit qu'il
voulût laisser les ennemis s'approcher davantage. Plutarque, attribuant cette lenteur
à la peur que Phocion avait de combattre, court à l'ennemi avec les étrangers qu'il
commandait. La cavalerie, le voyant aller à la charge, ne peut se contenir, et fond de
son côté sur les ennemis; mais sans ordre, et les rangs écartés, comme si elle sortait
des retranchements. La déroute des premiers a bientôt rompu tous les autres, et
Plutarque lui-même prend la fuite. Une partie des ennemis, croyant avoir tout
vaincu, poursuivent les fuyards, et vont jusqu'aux portes du camp, dont ils
travaillent à rompre la clôture. Cependant le sacrifice de Phocion étant achevé, les
Athéniens sortent de leurs retranchements, tombent sur les ennemis et les mettent en
fuite, après en avoir fait un grand carnage à l'entrée même du camp. Phocion
ordonne à sa phalange de rester à son poste, et de recevoir ceux qui avaient été mis
en déroute à la première attaque. Lui-même, avec ses troupes d'élite, marche a
l'ennemi. Le combat fut des plus rudes ; et de part et d'autre les soldats, prodigues de
leur vie, se battirent avec acharnement. On distingua surtout, parmi les Athéniens,
deux jeunes officiers, Thallus, fils de Cynéas, et Glaucus, fils de Polymède, qui
coinbattaient à côté de leur général. Cléophanes y donna aussi de grandes preuves de
valeur ; il fit tant par ses cris et ses exhortations, que les cavaliers qui avaient été
rompus se rallièrent pour aller au secours de leur général, qui se trouvait en danger.
Cléophanes les ramène au combat, et assure la victoire de l'infanterie. Aussitôt
Phocion chasse Plutarque de l'Érétrie, s'empare de Zarétra, fort très avantageusement
situé, dans l'endroit même où l'île, très serrée des deux côtés par la mer, devient
beaucoup plus étroite; il renvoie tous les prisonniers grecs qu'on avait faits, de peur
que le peuple, excité par ses orateurs, ne se portât, dans un mouvement de colère, à
exercer contre eux quelque cruauté.
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