| [12] Παραδυομένου δ' εἰς τὴν Εὔβοιαν τοῦ Φιλίππου, καὶ 
δύναμιν ἐκ Μακεδονίας διαβιβάζοντος, καὶ τὰς πόλεις 
οἰκειουμένου διὰ τυράννων, Πλουτάρχου δὲ τοῦ Ἐρετριέως 
καλοῦντος τοὺς Ἀθηναίους, καὶ δεομένου τὴν νῆσον ἐξελέσθαι 
καταλαμβανομένην ὑπὸ τοῦ Μακεδόνος, ἀπεστάλη στρατηγὸς 
ὁ Φωκίων ἔχων δύναμιν οὐ πολλήν, ὡς τῶν ἐκεῖ 
συστησομένων ἑτοίμως πρὸς αὐτόν. εὑρὼν δὲ προδοτῶν 
ἅπαντα μεστὰ καὶ νοσοῦντα καὶ διορωρυγμένα δωροδοκίαις, 
εἰς κίνδυνον μέγαν κατέστη, καί τινα λόφον χαράδρᾳ βαθείᾳ 
τῶν περὶ τὰς Ταμύνας ἐπιπέδων ἀποκρινόμενον καταλαβών, 
συνεῖχεν ἐν τούτῳ καὶ συνεκρότει τὸ μαχιμώτατον τῆς 
δυνάμεως. (3) τῶν δ' ἀτάκτων καὶ λάλων καὶ πονηρῶν 
διαδιδρασκόντων ἐκ τοῦ στρατοπέδου καὶ ἀποχωρούντων, 
ἐκέλευσεν ἀμελεῖν τοὺς ἡγεμόνας· καὶ γὰρ ἐνταῦθα 
δυσχρήστους ὑπ' ἀταξίας ἔσεσθαι καὶ βλαβεροὺς τοῖς 
μαχομένοις, κἀκεῖ τοιαῦτα συνειδότας αὑτοῖς ἧττον αὐτοῦ 
καταβοήσασθαι καὶ μὴ πάνυ συκοφαντήσειν.
 | [12] Philippe, qui voulait s'emparer de l'Eubée par surprise, 
y faisait passer des troupes de la Macédoine; et, par le moyen des tyrans 
de cette île, il travaillait à mettre les villes dans son parti. Plutarque d'Érétrie  appela 
les Athéniens, et les conjura de venir arracher l'Eubée des mains du roi de 
Macédoine, qui était sur le point de s'en rendre maître. Phocion y fut envoyé avec 
une armée peu considérable, parce qu'on ne doutait pas que les Eubéens ne 
courussent se joindre à lui; mais ayant trouvé le pays rempli de traîtres, corrompu et 
presque miné par l'argent que Philippe y avait répandu, il se vit dans le plus grand 
danger. Il s'empara donc d'une éminence, séparée de la plaine de Tamynes par une 
vallée profonde ; il y retint l'élite de ses troupes, et conseilla à ses officiers de ne tenir 
aucun compte des soldats indisciplinés, mutins et raisonneurs, qui se retiraient du 
camp. « Leur insubordination, disait-il, nous les rendrait inutiles ici : ils seraient 
même nuisibles à ceux qui ne demandent qu'à combattre; et d'ailleurs, se sentant 
coupables de désertion, ils crieront moins contre nous à Athènes, et n'oseront pas 
nous calomnier. » 
 |