HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Phocion

Chapitre 10

  Chapitre 10

[10] Ἦν δέ τις Ἀρχιβιάδης ἐπικαλούμενος Λακωνιστής, πώγωνά τε καθειμένος ὑπερφυῆ μεγέθει, καὶ τρίβωνα φορῶν ἀεὶ καὶ σκυθρωπάζων. τοῦτον ἐν βουλῇ θορυβούμενος Φωκίων ἐπεκαλεῖτο τῷ λόγῳ μάρτυν (2) ἅμα καὶ βοηθόν. ὡς δ' ἀναστὰς ἐκεῖνος πρὸς χάριν ἦν τοῖς Ἀθηναίοις συνεβούλευεν, ἁψάμενος αὐτοῦ τῶν γενείων· " Ἀρχιβιάδη" εἶπε, "τί (3) οὖν οὐκ ἀπεκείρω;" Ἀριστογείτονος δὲ τοῦ συκοφάντου πολεμικοῦ μὲν ὄντος ἐν ταῖς ἐκκλησίαις καὶ παροξύνοντος ἐπὶ τὰς πράξεις τὸν δῆμον, ἐν δὲ τῷ καταλόγῳ προσελθόντος ἐπὶ βακτηρίᾳ τὼ σκέλη καταδεδεμένου, πόρρωθεν αὐτὸν ἀπὸ τοῦ βήματος ἰδὼν Φωκίων ἀνέκραγε· "γράφε καὶ (4) Ἀριστογείτονα χωλὸν καὶ πονηρόν." ὥστε θαυμάζειν, ὅπως καὶ ὁπόθεν τραχὺς οὕτως ἀνὴρ καὶ σκυθρωπὸς ἐκτήσατο τὴν τοῦ χρηστοῦ προσηγορίαν. ἔστι δ' οἶμαι χαλεπόν, οὐ μὴν ἀδύνατον, ὥσπερ οἶνον καὶ ἄνθρωπον τὸν αὐτὸν ἡδὺν ἅμα καὶ αὐστηρὸν εἶναι· καθάπερ ἕτεροι πάλιν, φαινόμενοι (6) γλυκεῖς, ἀηδέστατοι τοῖς χρωμένοις εἰσὶ καὶ βλαβερώτατοι. καίτοι φασὶν Ὑπερείδην ποτ' εἰπεῖν πρὸς τὸν δῆμον· "ἄνδρες Ἀθηναῖοι, μὴ σκοπεῖτε μόνον εἰ πικρός, ἀλλ' εἰ προῖκ' εἰμι πικρός," ὥσπερ τοὺς πλεονεξίᾳ μόνον ἐπαχθεῖς καὶ λυπηροὺς ὄντας, οὐχὶ μᾶλλον ὅσοι πρὸς ὕβριν καὶ φθόνον ὀργὴν φιλονεικίαν τινὰ χρῶνται τῷ δύνασθαι, τούτους δεδιότων καὶ (7) προβαλλομένων τῶν πολλῶν. Φωκίων τοίνυν ἔχθρᾳ μὲν οὐδένα τῶν πολιτῶν κακῶς ἐποίησεν οὐδ' ἐνόμιζεν ἐχθρόν, ἀλλ' ὅσον ἔδει μόνον τῶν ἐνισταμένων οἷς ἔπραττεν ὑπὲρ τῆς πατρίδος κατεξαναστῆναι, τραχὺς ὢν καὶ δυσεκβίαστος καὶ ἀπαραίτητος, εἰς τὸν ἄλλον βίον εὐμενῆ πᾶσι καὶ (8) κοινὸν καὶ φιλάνθρωπον ἑαυτὸν παρεῖχεν· ὥστε καὶ πταίσασι βοηθεῖν καὶ κινδυνεύουσι συνεξετάζεσθαι τοῖς διαφόροις· ἐγκαλούντων δὲ τῶν φίλων ὅτι πονηρῷ τινι κρινομένῳ συνεῖπε, τοὺς χρηστοὺς ἔφη μὴ δεῖσθαι (9) βοηθείας. Ἀριστογείτονος δὲ τοῦ συκοφάντου μετὰ τὴν καταδίκην πέμψαντος καὶ δεηθέντος ἐλθεῖν πρὸς αὐτόν, ὑπακούσας ἐβάδιζεν εἰς τὸ δεσμωτήριον· οὐκ ἐώντων δὲ τῶν φίλων, "ἐάσατ'" εἶπεν " μακάριοι· ποῦ γὰρ ἄν τις ἥδιον Ἀριστογείτονι συμβάλοι;" [10] Il y avait à Athènes un homme que sa barbe longue et épaisse, son manteau usé, son air triste et sévère, avaient fait surnommer le Lacédémonien : il se nommait Archibiade. Phocion, qui, dans une assemblée du peuple, était vivement contredit, l'appelle en témoignage de la vérité de ce qu'il disait. Archibiade se lève, et parle dans le sens du peuple, en disant ce qui pouvait lui être agréable : "Archibiade, lui dit Phocion, pourquoi donc ne pas faire raser cette barbe, si tu voulais faire un pareil métier"? » Aristogiton le sycophante, toujours brave dans les assemblées, excitait sans cesse le peuple à prendre les armes; mais quand on fit le rôle des citoyens qui étaient en état de servir, il se rendit à l'assemblée appuyé sur un bâton, et une jambe liée. Phocion, assis alors sur son tribunal, le voyant venir de loin, cria au greffier : « Écrivez Aristogiton boiteux et lâche". XII. Quand je considère toutes ces réponses, je m'étonne comment et pourquoi un homme aussi rude et aussi sévère que Phocion eut le surnom de doux; mais s'il est difficile, il n'est pas au moins impossible que le même homme soit doux et austère, comme les vins sont quelquefois doux et piquants. Il se trouve au contraire des hommes qui, sous une apparence de douceur, sont aigres et méchants. Cependant l'orateur Hypéride disait un jour au peuple : « Athéniens, n'examinez pas si je suis aigre; mais si je le suis gratuitement. Comme si le peuple ne craignait que ceux qui, par avarice, se rendent fâcheux et insupportables, et qu'il n'eût pas encore plus de haine pour ces hommes que l'insolence, l'envie, la colère ou l'entêtement, portent à abuser de leur pouvoir. Mais Phocion ne fit jamais de mal à aucun de ses concitoyens par un sentiment particulier de haine; il n'en regarda aucun comme son ennemi personnel : il ne se montra sévère, dur et inflexible qu'envers ceux qui ne s'élevaient contre lui que pour s'opposer au bien qu'il voulait faire à sa patrie. Dans tout le reste, c'était l'homme le plus doux, le plus affable, le plus humain pour tout le monde; et quand ses plus grands adversaires eux-mêmes éprouvaient quelque malheur ou couraient quelque danger, il s'empressait de les secourir, et se déclarait leur défenseur. Ses amis lui ayant reproché un jour qu'il défendait un méchant homme qui était en jugement : « Les bons, leur répondit-il, n'ont pas besoin qu'on les défende. » Quand le sycophante Aristogiton eut été condamné, il fit prier Phocion de venir le voir : aussitôt il se mit en devoir d'y aller; et comme ses amis voulaient le retenir : « Laissez-moi faire, leur dit-il; où pourrait-on voir Aristogiton plus volontiers que là? »


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Bibliotheca Classica Selecta |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 20/09/2007