| [21] Ὡς οὖν ὁ περὶ τῆς τελευτῆς λόγος ἧκεν εἰς τοὺς 
Ἀχαιούς, τὰς μὲν πόλεις αὐτῶν κοινὴ κατήφεια καὶ πένθος 
εἶχεν, οἱ δ' ἐν ἡλικίᾳ μετὰ τῶν προβούλων συνελθόντες εἰς 
Μεγάλην πόλιν, οὐδ' ἡντινοῦν ἀναβολὴν ἐποιήσαντο τῆς 
τιμωρίας, ἀλλ' ἑλόμενοι στρατηγὸν Λυκόρταν εἰς τὴν 
Μεσσηνίαν ἐνέβαλον καὶ κακῶς ἐποίουν τὴν χώραν, ἄχρι οὗ 
συμφρονήσαντες ἐδέξαντο τοὺς Ἀχαιούς. (2) καὶ Δεινοκράτης 
μὲν αὐτὸς αὑτὸν φθάσας διεχρήσατο, τῶν δ' ἄλλων, ὅσοις μὲν 
ἀνελεῖν ἔδοξε Φιλοποίμενα, δι' αὐτῶν ἀπέθνῃσκον, ὅσοις δὲ καὶ 
βασανίσαι, τούτους ἐπ' αἰκίαις ἀπολουμένους συνελάμβανεν ὁ 
Λυκόρτας.
(3) Τὸ δὲ σῶμα καύσαντες αὐτοῦ καὶ τὰ λείψανα συνθέντες 
εἰς ὑδρίαν ἀνεζεύγνυσαν, οὐκ ἀτάκτως οὐδ' ὡς ἔτυχεν, ἀλλ' 
ἐπινίκιόν τινα πομπὴν ἅμα ταῖς ταφαῖς μείξαντες. ἦν μὲν 
γὰρ ἐστεφανωμένους ἰδεῖν, ἦν δὲ τοὺς αὐτοὺς καὶ δακρύοντας, 
ἦν δὲ τοὺς ἐχθροὺς δεσμίους ἀγομένους. (5) αὐτὴν δὲ τὴν 
ὑδρίαν ὑπὸ πλήθους ταινιῶν τε καὶ στεφάνων μόλις ὁρωμένην 
ἐκόμιζεν ὁ τοῦ στρατηγοῦ τῶν Ἀχαιῶν παῖς Πολύβιος καὶ περὶ 
αὐτὸν οἱ πρῶτοι τῶν (6) Ἀχαιῶν. οἱ δὲ στρατιῶται 
<καθ>ωπλισμένοι μὲν αὐτοί, τοῖς δ' ἵπποις κεκοσμημένοις 
ἐπηκολούθουν, οὔθ' οἷον ἐπὶ πένθει τοσούτῳ κατηφεῖς, οὔτε τῇ 
νίκῃ γαυριῶντες. (7) ἐκ δὲ τῶν διὰ μέσου πόλεων καὶ κωμῶν 
ἀπαντῶντες, ὥσπερ αὐτὸν ἀπὸ στρατείας ἐπανιόντα 
δεξιούμενοι, τῆς ὑδρίας ἐφήπτοντο καὶ συμπροῆγον εἰς 
Μεγάλην πόλιν. (8) ὡς οὖν συνανεμείχθησαν αὐτοῖς οἱ 
πρεσβύτεροι μετὰ γυναικῶν καὶ παίδων, ὀλοφυρμὸς ἤδη διὰ 
παντὸς ἐχώρει τοῦ στρατεύματος Εἰς τὴν πόλιν, ἐπιποθοῦσαν 
τὸν ἄνδρα καὶ βαρέως φέρουσαν, οἰομένην συναποβεβληκέναι 
τὸ (9) πρωτεύειν ἐν τοῖς Ἀχαιοῖς. ἐτάφη μὲν οὖν ὡς εἰκὸς 
ἐνδόξως, καὶ περὶ τὸ μνημεῖον οἱ τῶν Μεσσηνίων αἰχμάλωτοι 
κατελεύσθησαν.
(10) Οὐσῶν δὲ πολλῶν μὲν εἰκόνων αὐτοῦ, μεγάλων δὲ 
τιμῶν ἃς αἱ πόλεις ἐψηφίσαντο, Ῥωμαῖος ἀνὴρ ἐν τοῖς περὶ 
Κόρινθον ἀτυχήμασι τῆς Ἑλλάδος ἐπεχείρησεν ἀνελεῖν 
ἁπάσας καὶ διώκειν αὐτόν, ἐνδεικνύμενος ὥσπερ ἔτι (11) ζῶντα 
Ῥωμαίοις πολέμιον καὶ κακόνουν γενέσθαι. λόγων δὲ 
λεχθέντων, καὶ Πολυβίου πρὸς τὸν συκοφάντην ἀντειπόντος, 
οὔθ' ὁ Μόμμιος οὔθ' οἱ πρέσβεις ὑπέμειναν ἀνδρὸς ἐνδόξου 
τιμὰς ἀφανίσαι, καίπερ οὐκ ὀλίγα τοῖς (12) περὶ Τίτον καὶ 
Μάνιον ἐναντιωθέντος, ἀλλὰ τῆς χρείας τὴν ἀρετὴν ἐκεῖνοι καὶ 
τὸ καλὸν ὡς ἔοικε τοῦ λυσιτελοῦς διώριζον, ὀρθῶς καὶ 
προσηκόντως τοῖς μὲν ὠφελοῦσι μισθὸν καὶ χάριν παρὰ τῶν εὖ 
παθόντων, τοῖς δ' ἀγαθοῖς τιμὴν ὀφείλεσθαι παρὰ τῶν ἀγαθῶν 
ἀεὶ νομίζοντες. ταῦτα περὶ Φιλοποίμενος. 
 | [21] XXXII. La nouvelle de sa mort, bientôt répandue parmi les Achéens, 
plongea toutes les villes  dans le deuil et dans la consternation. 
A l'instant  même les magistrats et tous ceux qui étaient en  âge de 
porter les armes se rendirent à Mégalopolis; la, sans différer d'un moment la 
vengeance,  ils choisirent pour général Lycortas; et, entrant  en armes dans la 
Messénie, ils y mirent tout à  feu et à sang. Les Messéniens, effrayés, se déterminèrent 
à ouvrir leurs portes aux Achéens. Dinocrate, prévenant le supplice qui l'attendait, se  
tua lui-même; tous ceux qui avaient conseillé la  mort de Philopémen se la donnèrent 
aussi, à  son exemple; quant à ceux qui avaient opiné  pour la torture, Lycortas les 
réserva pour les  faire expirer dans les tourments. On brûla le corps  de Philopémen, 
et, après avoir recueilli ses cendres dans une urne, on partit de Messène sans  
confusion et avec beaucoup d'ordre, en mêlant à  ce convoi funèbre une sorte de 
pompe triomphale.  Les Achéens marchaient couronnés de fleurs et  fondant en 
larmes; ils étaient suivis des prisonniers messéniens, chargés de chaînes. Polybe, fils 
du général Lycortas, entouré des plus considérables d'entre les Achéens, portait 
l'urne, qui  était couverte de tant de bandelettes et de couronnes, qu'on pouvait à 
peine l'apercevoir. La marche était fermée par les cavaliers, revêtus de leurs  armes, 
et montés sur des chevaux richement  enharnachés. Ils ne donnaient ni des marques 
de  tristesse qui répondissent à un si grand deuil, ni  des signes de joie proportionnés 
à une si belle victoire. XXXIII. Les habitants des villes et des bourgs  qui se trouvaient 
sur leur passage sortirent au-devant des restes de ce grand homme, avec le  même 
empressement qu'ils avaient coutume de  montrer quand il revenait de ses 
expéditions; et,  après avoir touché son urne, ils accompagnèrent  le convoi jusqu'à 
Mégalopolis. Ce grand nombre de  vieillards, de femmes et d'enfants mêlés dans la  
foule, jetaient des cris perçants qui, de l'armée,  retentissaient dans toute la ville, dont 
les habitants  leur répondaient par des gémissements, accablés  de douleur, et sentant 
bien qu'avec ce grand  homme ils avaient perdu leur prééminence sur  les Achéens. 
Ou l'enterra avec toute la magnificence convenable; et les prisonniers messéniens  
furent lapidés autour de son tombeau. Toutes les  villes, par des décrets publics, lui 
érigèrent des  statues et lui rendirent les plus grands honneurs. Mais dans la 
suite, pendant ces temps  si malheureux de la Grèce, où Corinthe fut détruite, un 
Romain entreprit de faire abattre toutes ses statues, et de le poursuivre lui-même en  
justice, comme s'il eût été vivant : il l'accusait  d'avoir été l'ennemi des Romains, et de 
s'être  montré malintentionné pour eux. Polybe répondit au plaidoyer de l'accusateur  ; 
et quoiqu'il fût vrai que Philopémen s'était fortement opposé  à Titus 
Flamininus et à Manius, ni le consul Mummius, ni ses lieutenants, ne voulurent 
souffrir  qu'on détruisît les monuments élevés à la gloire d'un  guerrier si célèbre : ces 
hommes équitables  savaient distinguer la vertu de l'intérêt, et l'honnête de 
l'utile. Ils étaient persuadés que si les  hommes justes conservent de la reconnaissance  
pour leurs bienfaiteurs, et payent de retour leurs  services, les gens vertueux doivent 
toujours honorer la mémoire des grands hommes. Voilà ce que  j'avais à dire de Philopémen. 
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