[16] Ἐπεὶ δὲ πάλιν τοὺς Λακεδαιμονίους νεωτερίζειν
ἀκούσας ὁ στρατηγὸς τῶν Ἀχαιῶν Διοφάνης ἐβούλετο
κολάζειν, οἱ δ' εἰς πόλεμον καθιστάμενοι διετάρασσον (2) τὴν
Πελοπόννησον, ἐπειρᾶτο πραΰνειν καὶ καταπαύειν τὸν
Διοφάνη τῆς ὀργῆς ὁ Φιλοποίμην, διδάσκων τὸν καιρόν, ὡς
Ἀντιόχου τοῦ βασιλέως καὶ Ῥωμαίων ἐν τῇ Ἑλλάδι τηλικούτοις
αἰωρουμένων στρατοπέδοις, ἐκεῖσε χρὴ τὸν ἄρχοντα τὴν
γνώμην ἔχειν, τὰ δ' οἰκεῖα μὴ κινεῖν, ἀλλὰ καὶ παριδεῖν τι καὶ
παρακοῦσαι τῶν ἁμαρτανομένων. οὐ προσέχοντος δὲ τοῦ
Διοφάνους, ἀλλ' εἰς τὴν Λακωνικὴν ἐμβαλόντος ἅμα τῷ Τίτῳ,
καὶ βαδιζόντων εὐθὺς ἐπὶ τὴν πόλιν, ἀγανακτήσας ὁ
Φιλοποίμην ἔργον οὐ νόμιμον οὐδ' ἀπηκριβωμένον ἐκ τῶν
δικαίων, ἀλλὰ μέγα καὶ μεγάλου φρονήματος τολμήσας, εἰς
τὴν Λακεδαίμονα παρῆλθε, καὶ τόν τε στρατηγὸν τῶν Ἀχαιῶν
καὶ τὸν ὕπατον τῶν Ῥωμαίων ἰδιώτης ὢν ἀπέκλεισε, τὰς δ' ἐν
τῇ πόλει ταραχὰς ἔπαυσε καὶ κατέστησε τοὺς
Λακεδαιμονίους πάλιν εἰς τὸ κοινόν, ὥσπερ ἐξ ἀρχῆς ἦσαν.
χρόνῳ δ' ὕστερον ἐγκαλέσας τι τοῖς Λακεδαιμονίοις στρατηγῶν
ὁ Φιλοποίμην, τὰς μὲν φυγὰς κατήγαγεν εἰς τὴν πόλιν,
ὀγδοήκοντα δὲ Σπαρτιάτας ἀπέκτεινεν, ὡς Πολύβιός φησιν, ὡς
δ' Ἀριστοκράτης, πεντήκοντα καὶ τριακοσίους. τὰ δὲ τείχη
καθεῖλε, χώραν δὲ πολλὴν ἀποτεμόμενος προσένειμε τοῖς
Μεγαλοπολίταις, ὅσοι δ' ἦσαν ὑπὸ τῶν τυράννων
ἀποδεδειγμένοι πολῖται τῆς Σπάρτης, μετῴκιζεν ἅπαντας
ἀπάγων (6) εἰς Ἀχαΐαν πλὴν τρισχιλίων· τούτους δ'
ἀπειθοῦντας καὶ μὴ βουλομένους ἀπελθεῖν ἐκ τῆς
Λακεδαίμονος ἐπώλησεν, εἶθ' οἷον ἐφυβρίζων ἀπὸ τῶν
χρημάτων τούτων ἐν Μεγάλῃ πόλει στοὰν ᾠκοδόμησεν.
ἐμπιπλάμενος δὲ τῶν Λακεδαιμονίων καὶ παρ' ἀξίαν
πεπραχόσιν ἐπεμβαίνων, τὸ περὶ τὴν πολιτείαν ἔργον
ὠμότατον ἐξειργάσατο καὶ (8) παρανομώτατον. ἀνεῖλε γὰρ καὶ
διέφθειρε τὴν Λυκούργειον ἀγωγήν, ἀναγκάσας καὶ τοὺς
παῖδας αὐτῶν καὶ τοὺς ἐφήβους τὴν Ἀχαϊκὴν ἀντὶ τῆς πατρίου
παιδείαν μεταβαλεῖν, ὡς οὐδέποτε μικρὸν ἐν τοῖς τοῦ
Λυκούργου νόμοις (9) φρονήσοντας. τότε μὲν οὖν ὑπὸ
συμφορῶν μεγάλων ὥσπερ νεῦρα τῆς πόλεως ἐκτεμεῖν τῷ
Φιλοποίμενι παρασχόντες, ἐγένοντο χειροήθεις καὶ ταπεινοί,
χρόνῳ δ' ὕστερον αἰτησάμενοι παρὰ Ῥωμαίων τὴν μὲν Ἀχαϊκὴν
ἔφυγον πολιτείαν, ἀνέλαβον δὲ καὶ κατεστήσαντο τὴν πάτριον,
ὡς ἦν ἀνυστὸν ἐκ κακῶν καὶ φθορᾶς τηλικαύτης.
| [16] XXIV. Quelque temps après,
les Lacédémoniens ayant voulu tenter quelque nouvelle entreprise, et Diophanes,
général des Achéens, qui en fut averti, s'étant mis en devoir de les punir, les
Lacédémoniens se préparèrent à la guerre, et mirent le trouble dans tout le
Péloponèse. Philopémen, pour adoucir et apaiser Diophanes, lui représenta que
dans un moment où le roi Antiochus et les Romains remplissaient la Grèce d'armées
si nombreuses, toute l'attention d'un général devait se porter à ne rien remuer
dans son pays; qu'il fallait dissimuler et fermer les yeux sur les fautes qui pouvaient
avoir été commises. Diophanes, sans aucun égard à ses remontrances, entre en armes
dans la Laconie avec Titus Flamininus, et s'approche de la ville. Philopémen,
indigné de cette conduite, osa faire une action qui, jugée à la rigueur, était contraire
aux lois et à la justice, mais qui prouve un grand courage et une audace singulière.
Il entra dans Sparte, et, tout simple particulier qu'il était, il en ferma les portes au
général des Achéens et au consul romain. Il apaisa les troubles de cette ville, et
rattacha de nouveau les Spartiates à la ligue achéenne. XXV. Mais dans la suite,
étant général des Achéens, et ayant lui-même à se plaindre des Lacédémoniens, il
rappela les bannis de Sparte, fit mourir quatre-vingts Spartiates, selon Polybe, et
trois cent cinquante, suivant Aristocrates, abattit leurs murailles, et leur ôta une
grande partie de leurs terres, qu'il donna aux Mégalopolitains. Il chassa et
transporta en Achaïe tous ceux à qui les tyrans avaient donné le droit de cité à
Sparte, excepté trois mille qui, ayant refusé d'obéir et de sortir de la ville, furent
vendus à l'encan; et, pour leur insulter, de l'argent provenu de cette vente il fit
construire à Mégalopolis un superbe portique. Enfin, se livrant sans mesure à son
ressentiment contre les Spartiates, et voulant, pour ainsi dire, fouler aux pieds ce
peuple déjà plus malheureux qu'il ne le méritait, par une vengeance aussi injuste
que cruelle, il détruisit, il renversa toutes les institutions de Lycurgue. Il força
les enfants et les jeunes gens de quitter l'éducation qu'ils recevaient à Sparte, pour
embrasser celle qu'on donnait en Achaïe, persuadé que, tant qu'ils observeraient les
lois de Lycurgue, ils ne perdraient jamais leurs sentiments généreux. Accablés alors
sous le poids de leurs malheurs, et forcés de laisser Philopémen couper, pour ainsi
dire, les nerfs de leur ville, ils vécurent dans la faiblesse et dans la dépendance.
Cependant les Romains leur ayant accordé dans la suite la permission de renoncer à
la discipline des Achéens, et de reprendre leurs anciennes institutions, ils rétablirent,
autant qu'il était possible, après tant de maux et une si grande corruption, l'antique
forme de leur gouvernement.
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