| [13] Ταῦτα μὲν οὖν καλὰ τοῦ Φιλοποίμενος· ἡ δ' εἰς Κρήτην 
αὖθις ἀποδημία, Γορτυνίων δεηθέντων ὡς χρήσαιντο 
πολεμούμενοι στρατηγῷ, διαβολὴν ἔσχεν, ὅτι τῆς πατρίδος 
αὐτοῦ πολεμουμένης ὑπὸ Νάβιδος ἀπῆν φυγομαχῶν ἢ 
φιλοτιμούμενος ἀκαίρως πρὸς ἑτέρους. καίτοι συντόνως οὕτως 
ἐπολεμήθησαν Μεγαλοπολῖται κατὰ τὸν χρόνον ἐκεῖνον, ὥστε 
τοῖς μὲν τείχεσιν ἐνοικεῖν, σπείρειν δὲ τοὺς στενωπούς, 
περικεκομμένης τῆς χώρας καὶ τῶν πολεμίων σχεδὸν ἐν ταῖς 
πύλαις στρατοπεδευόντων· (3) ὁ δὲ Κρησὶ πολεμῶν τηνικαῦτα 
καὶ στρατηγῶν διαπόντιος, ἐγκλήματα παρεῖχε καθ' ἑαυτοῦ 
τοῖς ἐχθροῖς (4) ὡς ἀποδιδράσκων τὸν οἴκοι πόλεμον. ἦσαν δέ 
τινες οἱ λέγοντες, ἑτέρους τῶν Ἀχαιῶν ᾑρημένων ἄρχοντας, 
ἰδιώτην ὄντα τὸν Φιλοποίμενα χρῆσαι τὴν ἑαυτοῦ σχολὴν ἐφ' 
(5) ἡγεμονίᾳ δεηθεῖσι τοῖς Γορτυνίοις. ἦν γὰρ ἀλλότριος 
σχολῆς, καθάπερ ἄλλο τι κτῆμα τὴν στρατηγικὴν καὶ 
πολεμικὴν ἀρετὴν ἔχειν διὰ παντὸς ἐν χρήσει καὶ τριβῇ 
βουλόμενος, ὡς καὶ τῷ περὶ Πτολεμαίου ποτὲ ῥηθέντι (6) τοῦ 
βασιλέως ἀπεδήλωσεν. ἐκεῖνον γὰρ ἐγκωμιαζόντων τινῶν, ὡς 
εὖ μὲν ἐξασκοῦντα τὸ στράτευμα καθ' ἡμέραν, εὖ δὲ 
γυμνάζοντα καὶ φιλοπόνως διὰ τῶν ὅπλων τὸ σῶμα, "καὶ τίς 
ἂν" ἔφη "βασιλέα θαυμάσειεν ἐν τούτῳ (7) τῆς ἡλικίας μὴ 
ἐπιδεικνύμενον, ἀλλὰ μελετῶντα;" χαλεπῶς δ' οὖν οἱ 
Μεγαλοπολῖται φέροντες ἐπὶ τούτῳ, καὶ προδεδόσθαι 
νομίζοντες, ἐπεχείρησαν ἀποξενοῦν αὐτόν· οἱ δ' Ἀχαιοὶ 
διεκώλυσαν, Ἀρίσταινον πέμψαντες εἰς Μεγάλην πόλιν 
στρατηγόν, ὃς καίπερ ὢν διάφορος τῷ Φιλοποίμενι περὶ τὴν 
πολιτείαν, οὐκ εἴασε τελεσθῆναι (8) τὴν καταδίκην. ἐκ δὲ 
τούτου παρορώμενος ὑπὸ τῶν πολιτῶν ὁ Φιλοποίμην ἀπέστησε 
πολλὰς τῶν περιοικίδων κωμῶν, λέγειν διδάξας ὡς οὐ 
συνετέλουν οὐδ' ἦσαν ἐξ ἀρχῆς ἐκείνων, καὶ λεγούσαις ταῦτα 
φανερῶς συνηγωνίσατο καὶ συγκατεστασίασε τὴν πόλιν ἐπὶ 
τῶν Ἀχαιῶν. (9) ταῦτα μὲν οὖν ὕστερον. ἐν δὲ τῇ Κρήτῃ 
συνεπολέμει τοῖς Γορτυνίοις, οὐχ ὡς Πελοποννήσιος ἀνὴρ καὶ 
Ἀρκὰς ἁπλοῦν τινα καὶ γενναῖον πόλεμον, ἀλλὰ τὸ Κρητικὸν 
ἦθος ἐνδὺς καὶ τοῖς ἐκείνων σοφίσμασι καὶ δόλοις κλωπείαις τε 
καὶ λοχισμοῖς χρώμενος ἐπ' αὐτούς, ταχὺ παῖδας ἀπέδειξεν, 
ἀνόητα καὶ κενὰ πρὸς ἐμπειρίαν ἀληθινὴν πανουργοῦντας.
 | [13] XVIII. Tout ce que nous avons raconté jusqu'ici est tout entier à la gloire de 
Philopémen; mais le  second voyage qu'il fit en Crète, à la prière des Gortyniens qui, 
ayant une guerre à soutenir, l'avaient  appelé pour lui donner le commandement de leurs  
troupes, donna lieu de dire que, pendant que sa  patrie était attaquée par Nabis, il se retirait, 
ou  pour fuir le combat, ou pour aller, hors de saison,  signaler son courage chez des 
étrangers. Il est  vrai que, pendant son absence, les Mégalopolitains,  vivement 
pressés par les ennemis, qui, après avoir  ravagé tout leur territoire, étaient campés à 
leurs  portes, furent forcés de se renfermer dans leurs  murailles, et de semer dans les 
rues de la ville,  pour avoir de quoi se nourrir. Cependant Philopémen, élu générai 
au delà des mers, combattait  contre les Crétois, et donnait à ses ennemis un  prétexte 
de l'accuser qu'il fuyait la guerre que son  pays avait à soutenir. D'autres disaient, 
pour le  justifier, que les Achéens ayant nommé d'autres  généraux, Philopémen, 
redevenu simple particulier, avait profité de son loisir pour aller commander les 
Gortyniens qui l'avaient demandé;  qu'incapable de repos, il voulait, par-dessus tout,  
tenir continuellement dans l'exercice et dans l'activité sa vertu militaire et son talent 
pour commander. Ce qu'il dit un jour du roi Ptolémée en est  la preuve. On louait 
devant lui ce prince de l'habitude qu'il avait d'exercer chaque jour ses troupes,  et de 
s'endurcir lui-même par l'exercice des armes. « Comment, dit Philopémen, peut-on 
louer  un roi qui à cet âge étudie encore, au lieu de faire  voir ce qu'il sait ? » XIX. Les 
Mégalopolitains, très-mécontents de  son absence, qu'ils regardaient comme une 
trahison, voulaient prononcer contre lui un décret de  bannissement; mais les 
Achéens, pour les en empêcher, envoyèrent à Mégalopolis leur général  Aristenète, 
qui, quoique en dissension avec  Philopémen sur les affaires du gouvernement, 
ne  souffrit pas qu'on prononçât cette condamnation.  Philopémen, irrité du mépris 
que ses concitoyens  lui témoignèrent depuis ce temps-là, fit soulever  plusieurs 
bourgs du voisinage de Mégalopolis, en  leur suggérant qu'autrefois ils n'étaient pas 
sous  la dépendance de cette ville, et ne lui payaient pas  d'impôts. Il soutint lui-même 
ouvertement leur  prétention, et desservit Mégalopolis dans le conseil des 
Achéens; mais cela n'eut lieu que dans la  suite. Pendant qu'il commandait en Crète 
les Gortyniens, au lieu de faire la guerre en homme du  Péloponèse et de l'Arcadie, 
c'est-à-dire d'une manière franche et généreuse, il adopta la manière  des Crétois; et, 
employant contre eux-mêmes leurs  stratagèmes et leurs ruses, leurs artifices et leurs 
embûches, il leur eut bientôt fait voir qu'ils n'étaient que des enfants; qu'ils n'avaient 
que des  finesses puériles et vaines, au prix de celles que  donne une véritable 
expérience. 
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