[14] Ἐπὶ τούτοις δὲ θαυμασθείς, καὶ λαμπρὸς ἀπὸ τῶν ἐκεῖ
πράξεων ἀνακομισθεὶς εἰς Πελοπόννησον, εὗρε τὸν μὲν
Φίλιππον ὑπὸ τοῦ Τίτου καταπεπολεμημένον, τὸν δὲ Νάβιν
ὑπὸ τῶν Ἀχαιῶν καὶ τῶν Ῥωμαίων πολεμούμενον. ἐφ' ὃν
εὐθὺς αἱρεθεὶς ἄρχων καὶ ναυμαχίᾳ παραβαλόμενος, τὸ τοῦ
Ἐπαμεινώνδου παθεῖν ἔδοξε, πολὺ τῆς περὶ αὐτὸν ἀρετῆς καὶ
(τῆς) δόξης ἐν τῇ θαλάσσῃ (3) κάκιον ἀγωνισάμενος. πλὴν
Ἐπαμεινώνδαν μὲν ἔνιοι λέγουσιν, ὀκνοῦντα γεῦσαι τῶν κατὰ
θάλασσαν ὠφελειῶν τοὺς πολίτας, ὅπως αὐτῷ μὴ λάθωσιν
ἀντὶ μονίμων ὁπλιτῶν, κατὰ Πλάτωνα, ναῦται γενόμενοι καὶ
διαφθαρέντες, ἄπρακτον ἐκ τῆς Ἀσίας καὶ τῶν νήσων (4)
ἀπελθεῖν ἑκουσίως· Φιλοποίμην δὲ τὴν ἐν τοῖς πεζοῖς
ἐπιστήμην καὶ διὰ θαλάττης ἀρκέσειν αὐτῷ πρὸς τὸ καλῶς
ἀγωνίσασθαι πεπεισμένος, ἔγνω τὴν ἄσκησιν ἡλίκον μέρος
ἐστὶ τῆς ἀρετῆς, καὶ πόσην ἐπὶ πάντα τοῖς ἐθισθεῖσι (5) δύναμιν
προστίθησιν. οὐ γὰρ μόνον ἐν τῇ ναυμαχίᾳ διὰ τὴν ἀπειρίαν
ἔλαττον ἔσχεν, ἀλλὰ καὶ ναῦν τινα, παλαιὰν μέν, ἔνδοξον δέ,
δι' ἐτῶν τεσσαράκοντα κατασπάσας ἐπλήρωσεν, ὥστε μὴ
στεγούσης κινδυνεῦσαι τοὺς πλέοντας. (6) πρὸς ταῦτα
γινώσκων καταφρονοῦντας αὐτοῦ τοὺς πολεμίους, ὡς
παντάπασι πεφευγότος ἐκ τῆς θαλάττης, καὶ πολιορκοῦντας
ὑπερηφάνως τὸ Γύθιον, εὐθὺς ἐπέπλευσεν αὐτοῖς, οὐ
προσδοκῶσιν ἀλλ' ἐκλελυμένοις διὰ τὴν (7) νίκην· καὶ νυκτὸς
ἐκβιβάσας τοὺς στρατιώτας καὶ προσαγαγών, πῦρ ἐνῆκε ταῖς
σκηναῖς καὶ τὸ στρατόπεδον (8) κατέκαυσε καὶ πολλοὺς
διέφθειρεν. ὀλίγαις δ' ὕστερον ἡμέραις καθ' ὁδὸν ἐν δυσχωρίαις
τισὶν ἄφνω τοῦ Νάβιδος ἐπιφανέντος αὐτῷ, καὶ φοβήσαντος
τοὺς Ἀχαιούς, ἀνέλπιστον ἡγουμένους τὴν σωτηρίαν ἐκ τόπων
χαλεπῶν καὶ γεγονότων ὑποχειρίων τοῖς πολεμίοις, ὀλίγον
χρόνον ἐπιστὰς καὶ περιλαβὼν ὄψει τὴν τοῦ χωρίου φύσιν,
ἐπέδειξε τὴν τακτικὴν τῶν ἄκρων τῆς πολεμικῆς (9) τέχνην
οὖσαν. οὕτω μικρὰ κινήσας τὴν ἑαυτοῦ φάλαγγα καὶ πρὸς τὰ
παρόντα μεθαρμόσας, ἀθορύβως καὶ ῥᾳδίως διεκρούσατο τὴν
ἀπορίαν, καὶ προσβαλὼν τοῖς πολεμίοις (10) τροπὴν ἰσχυρὰν
ἐποίησεν. ἐπεὶ δ' οὐ πρὸς τὴν πόλιν ἑώρα φεύγοντας, ἀλλὰ τῆς
χώρας ἄλλον ἄλλῃ διασπειρόμενον (ὑλώδης δὲ καὶ περίβουνος
ἦν πᾶσα καὶ δύσιππος ὑπὸ ῥείθρων καὶ φαράγγων), τὴν μὲν
δίωξιν ἐπέσχε καὶ (11) κατεστρατοπέδευσεν ἔτι φωτὸς ὄντος·
τεκμαιρόμενος δὲ τοὺς πολεμίους ἐκ τῆς φυγῆς καθ' ἕνα καὶ
δύο πρὸς τὴν πόλιν ὑπάξειν σκοταίους, ἐλλοχίζει τοῖς περὶ τὸ
ἄστυ ῥείθροις καὶ λόφοις πολλοὺς ἔχοντας ἐγχειρίδια τῶν
Ἀχαιῶν. (12) ἐνταῦθα πλείστους ἀποθανεῖν συνέβη τῶν τοῦ
Νάβιδος· ἅτε γὰρ οὐκ ἀθρόαν ποιούμενοι τὴν ἀναχώρησιν, ἀλλ'
ὡς ἑκάστοις αἱ φυγαὶ συνετύγχανον, ὥσπερ ὄρνιθες ἡλίσκοντο
περὶ τὴν πόλιν εἰς τὰς τῶν πολεμίων χεῖρας καταίροντες.
| [14] XX. Ses exploits en Crète lui ayant attiré l'admiration universelle et la
réputation la plus brillante, il revint dans le Péloponèse, où il trouva que Titus
Flamininus avait battu Philippe, et que les Achéens, secondés par les troupes
romaines, faisaient la guerre à Nabis. Élu aussitôt général contre ce tyran, il lui livra
une bataille navale, dans laquelle il eut le même sort qu'Épaminondas. Il perdit
beaucoup de sa réputation; et l'échec qu'il essuya sur mer diminua de l'idée qu'on
avait de sa capacité. A la vérité, on a dit qu'Épaminondas, qui ne voulait pas faire
goûter à ses concitoyens les avantages des courses maritimes, de peur que de bons
soldats de terre ferme ils ne devinssent insensiblement, comme dit Platon, des marins
lâches et corrompus, abandonna volontairement l'Asie et les îles grecques, sans
avoir rien entrepris. Philopémen, au contraire, persuadé que l'expérience qu'il avait
acquise dans les combats de terre lui suffirait pour réussir également sur mer, apprit
à ses dépens combien l'expérience sert à la vertu, combien dans tous les arts elle
augmente le pouvoir de ceux qui en ont une longue habitude. Car, outre qu'il
perdit cette bataille par son inexpérience, comme il s'était embarqué sur un vieux
vaisseau, autrefois très fameux, mais qui n'ayant pas été à la mer depuis quarante
ans, fit eau de toutes parts, ceux de ses concitoyens qui le montaient manquèrent
tous de périr. XXI. Cet échec le fit mépriser des ennemis, qui, persuadés qu'il avait
renoncé pour toujours à la mer, allèrent insolemment mettre le siége devant la ville
de Gythium. Philopémen, qui vit leur sécurité, s'embarque promptement, pour
aller contre eux au moment où ils l'attendaient le moins, et où, dans la confiance que
leur inspirait la victoire, ils s'étaient dispersés de côté et d'autre sans aucune
précaution. Il débarque ses troupes la nuit, s'approche de leur camp, y met le feu, et
fait un grand carnage des ennemis. Peu de jours après, comme il marchait dans des
chemins très-difficiles, Nabis se présente tout à coup devant lui, et remplit de
frayeur les Achéens, qui désespéraient de se sauver de ces défilés si dangereux, dont
les ennemis étaient les maîtres. Philopémen s'arrêta quelques instants, et ayant
considéré la nature du terrain, il fit voir que la tactique est la perfection de l'art
militaire; car, par un léger changement à l'ordonnance de sa phalange, pour
l'accommoder à la disposition du lieu, il parvint facilement et sans aucun trouble à
dissiper la frayeur de siens : alors il tombe brusquement sur les ennemis, et les met
en fuite. Mais voyant qu'au lieu de se sauver dans la ville, ils se dispersaient de
différents côtés, et que le terrain des environs, tout coupé de bois, de ruisseaux, de
fondrières, était très difficile pour la cavalerie, il fit cesser la poursuite, et campa de
jour dans le lieu même. Ayant ensuite conjecturé qu'à l'entrée de la nuit les ennemis
reviendraient de leur déroute pour se retirer dans la ville un à un et deux à deux, il
place en embuscade, le long des ruisseaux et des collines qui avoisinaient leur ville,
des soldats achéens armés de simples épés, qui tuèrent un très grand nombre de
Spartiates, parce que, ne revenant pas tous ensemble, mais chacun de leur côté, selon
que la fuite les avait dispersés, ils tombaient entre les mains des ennemis comme
des oiseaux dans les filets.
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