[7,7] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Ζ
Εἰ δεῖ παρὰ πότον αὐλητρίσι χρῆσθαι.
Περὶ ἀκροαμάτων ἐν Χαιρωνείᾳ λόγοι παρὰ πότον
ἐγένοντο Διογενιανοῦ τοῦ Περγαμηνοῦ παρόντος, καὶ
πράγματ´ εἴχομεν ἀμυνόμενοι βαθυπώγωνα σοφιστὴν
ἀπὸ τῆς Στοᾶς, ὃς ἐπήγαγεν τὸν Πλάτωνα
κατηγοροῦντα τῶν αὐλητρίσι χρωμένων παρ´
οἶνον, ἀλλήλοις δὲ συγγίνεσθαι διὰ λόγου μὴ δυναμένων.
καίτοι παρὼν ἀπὸ τῆς αὐτῆς παλαίστρας Φίλιππος ὁ
Προυσιεὺς ἐᾶν ἐκέλευσεν τοὺς παρ´ Ἀγάθωνι δαιτυμόνας
ἐκείνους παντὸς αὐλοῦ καὶ πηκτίδων ἐπιτερπέστερα φθεγγομένους·
οὐ γὰρ αὐλητρίδα παρόντων ἐκείνων ἐκπεσεῖν
θαυμαστὸν ἦν, ἀλλ´ εἰ μὴ καὶ πότου καὶ σίτου λήθη κατελάμβανεν
ὑφ´ ἡδονῆς καὶ κηλήσεως τὸ συμπόσιον. ’καίτοι
Ξενοφῶν οὐκ ᾐσχύνθη, Σωκράτους καὶ Ἀντισθένους καὶ
ἄλλων παρόντων τοιούτων, τὸν γελωτοποιὸν φέρων Φίλιππον,
ὥσπερ Ὅμηρος τὸ ‘κρόμυον ποτῷ ὄψον,’
ὑποδεῖξαι τοῖς ἀνδράσι. Πλάτων δὲ τόν τ´ Ἀριστοφάνους
λόγον περὶ τοῦ ἔρωτος ὡς κωμῳδίαν ἐμβέβληκεν εἰς τὸ
Συμπόσιον, καὶ τελευτῶν ἔξωθεν ἀναπετάσας τὴν αὔλειον
ἐπάγει δρᾶμα τῶν ποικιλωτάτων, μεθύοντα καὶ κώμῳ
χρώμενον ἐστεφανωμένον Ἀλκιβιάδην. εἶθ´ οἱ πρὸς Σωκράτην
διαπληκτισμοὶ περὶ Ἀγάθωνος καὶ τὸ Σωκράτους
ἐγκώμιον—ὦ φίλαι Χάριτες, ἆρά γ´ εἰπεῖν ὅσιόν ἐστιν,
ὅτι, τοῦ Ἀπόλλωνος ἥκοντος εἰς τὸ συμπόσιον ἡρμοσμένην
τὴν λύραν ἔχοντος, ἱκέτευσαν ἂν οἱ παρόντες ἐπισχεῖν
τὸν θεόν, ἕως ὁ λόγος συμπερανθῇ καὶ λάβῃ τέλος;
εἶτ´ ἐκεῖνοι μὲν οἱ ἄνδρες‘ ἔφη ’τοσαύτην ἐν τῷ διαλέγεσθαι
χάριν ἔχοντες ὅμως ἐχρῶντο τοῖς ἐπεισοδίοις καὶ
διεποίκιλλον τὰ συμπόσια παιδιαῖς τοιαύταις, ἡμεῖς δὲ
μεμιγμένοι πολιτικοῖς καὶ ἀγοραίοις ἀνδράσι, πολλοῖς δ´,
ὅταν οὕτω τύχωμεν, ἰδιώταις καὶ ὑπαγροικοτέροις ἐκβάλωμεν
τὴν τοιαύτην χάριν καὶ διατριβὴν ἐκ τῶν συμποσίων
ἢ ἀπίωμεν, ὥσπερ {τὰς} Σειρῆνας ἐπιούσας φεύγοντες;
ἀλλὰ Κλειτόμαχος μὲν ὁ ἀθλητὴς ἐξανιστάμενος
καὶ ἀπιών, εἴ τις ἐμβάλοι λόγον ἐρωτικόν, ἐθαυμάζετο,
φιλόσοφος δ´ ἀνὴρ αὐλὸν ἐκ συμποσίου φεύγων καὶ ψαλτρίας
ἁρμοζομένης ὑποδεῖσθαι βοῶν ταχὺ καὶ τὸν λυχνοῦχον
ἅπτειν οὐ καταγέλαστός ἐστι, τὰς ἀβλαβεστάτας
ἡδονάς, ὥσπερ οἱ κάνθαροι τὰ μύρα, βδελυττόμενος; εἰ
γὰρ ἄλλοτε, μάλιστα δήπου παρὰ πότον προσπαιστέον
ἐστὶ τούτοις καὶ δοτέον εἰς ταῦτα τῷ θεῷ τὴν ψυχήν.
ὡς τά γ´ ἄλλα φίλος ὢν Εὐριπίδης ἐμὲ
γοῦν οὐ πέπεικε, περὶ μουσικῆς νομοθετῶν, ὡς ἐπὶ τὰ
πένθη καὶ τὰς βαρυφροσύνας μετακομιστέας οὔσης· ἐκεῖ
μὲν γὰρ ὥσπερ ἰατρὸν ἐφιστάναι δεῖ νοσοῦσιν ἐσπουδακότα
καὶ νήφοντα τὸν λόγον, τὰς δὲ τοιαύτας ἡδονὰς
τῷ Διονύσῳ καταμίξαντας ἐν παιδιᾶς μέρει τίθεσθαι.
χάριεν γάρ τοι τὸ τοῦ Λάκωνος, ὃς Ἀθήνησι καινῶν
ἀγωνιζομένων τραγῳδῶν θεώμενος τὰς παρασκευὰς τῶν
χορηγῶν καὶ τὰς σπουδὰς τῶν διδασκάλων καὶ τὴν ἅμιλλαν
οὐκ ἔφη σωφρονεῖν τὴν πόλιν μετὰ τοσαύτης σπουδῆς
παίζουσαν. τῷ γὰρ ὄντι παίζοντα δεῖ παίζειν | καὶ μήτε
δαπάνης πολλῆς μήτε τῶν πρὸς ἄλλα χρησίμων καιρῶν
ὠνεῖσθαι τὸ ῥᾳθυμεῖν, ἀλλ´ ἐν πότῳ καὶ ἀνέσει τῶν τοιούτων
ἀπογεύεσθαι καὶ σκοπεῖν ἅμα τερπόμενον, εἴ τι
χρήσιμον ἐξ αὐτῶν λαβεῖν ἔστιν.‘
| [7,7] QUESTION VII :
S'il faut admettre des joueuses de flûte dans un festin.
PERSONNAGES DU DIALOGUE :
PLUTARQUE - DIOGENIEN - UN SOPHISTE - PHILIPPE.
1. A Chéronée l'entretien tomba un jour, pendant le
repas, sur les concerts de musique. Diogénien de Pergame
était au nombre des convives, et nous eûmes fort à faire
pour nous débattre contre un argumentateur à barbe épaisse,
qui appartenait à l'école des Stoïciens. Ce sophiste, nous
alléguant l'autorité de Platon, blâmait ceux qui admettent
des joueurs de flûte à un festin, et qui ne savent pas se
suffire les uns aux autres par leurs conversations. Mais
d'autre part, nous avions avec nous un partisan de la même
secte, Philippe de Prusium; et Philippe voulait qu'on laissât
de côté ces convives d'Agathon, plus séduisants par leurs
entretiens que toute flûte et toute cithare. «Qu'une joueuse
de flûte, continua Philippe, eût échoué en présence de pareils
convives, ce n'était pas étonnant; mais ce qui l'aurait
été bien plutôt, c'eût été si les conviés n'eussent pas oublié
le boire et le manger pour le plaisir et le charme d'un tel
festin. Et pourtant Xénophon, devant Socrate, devant Antisthène
et autres personnages de ce genre, n'a pas eu honte
de présenter de gaieté de coeur aux convives le bouffon Philippe,
comme fait Homère, qui signale dans l'oignon la
propriété de relever le goût du vin. Platon jette dans son
banquet, comme un intermède de comédie, le discours
d'Aristophane sur l'amour. Puis en finissant il ouvra la
porte de la rue; et qu'introduit-il du dehors? Une pièce de
théâtre des plus bizarres : à savoir, Alcibiade se livrant
avec une couronne sur la tête, à tous les plaisirs de la table.
Viennent ensuite les discussions entre Agathon et Socrate,
puis l'éloge de ce dernier. Eh bien, ô Grâces chéries, je
peux le dire sans sacrilége : si Apollon était alors entré
dans la salle du festin, tenant sa lyre accordée, les convives
auraient supplié le Dieu d'attendre que la conversation fût
terminée et conduite à sa fin.
"D'après cela vous voyez, continua Philippe, que ces
mêmes personnages dont l'entretien offrait tant de charmes,
n'en usaient pas moins de tels intermèdes, et qu'ils variaient
les festins par ce genre d'amusements. Et nous, qui
sommes mêlés avec des hommes d'État, des orateurs, souvent
même, lorsque la chose se rencontre ainsi, avec des
gens illettrés et presque rustiques, devrons-nous bannir de
nos banquets une récréation et un divertissement de ce genre?
Ou bien faudra-t-il que nous nous retirions, comme si nous
prenions la fuite à l'approche des Sirènes? Il est bien vrai
que l'athlète Clitomaque se levait et quittait la place lorsqu'on
venait à entamer quelque conversation amoureuse : ce
en quoi il étonnait tout le monde. Mais qu'un philosophe
décampe d'un festin aux premiers sons de la flûte; qu'en entendant
une joueuse de cithare accorder son instrument, il
crie pour demander ses sandales au plus vite et pour faire
allumer son flambeau, ne mérite-t-il pas qu'on se moque
bien fort de lui? Devrait-il donc avoir autant d'horreur pour
les plaisirs les moins nuisibles, que les escarbots en ont pour
les parfums? Car si jamais quelque circonstance y autorisa,
c'est surtout en buvant qu'on peut se permettre ces distractions ,
et qu'il est légitime de livrer son âme au Dieu.
«Je goûte fort Euripide en ses autres endroits; mais là
où il donne des conseils à propos de musique il ne m'a pas
persuadé. Il prétend qu'il la faut réserver pour les moments
de deuil et de tristesse. Non : dans ce dernier cas
c'est le raisonnement qui doit prévaloir, qui doit remplir
auprès de ces sortes de malades l'office du médecin, le
rôle d'un homme sérieux dont le langage prêche la sobriété.
Mais les autres plaisirs de ce genre auxquels on associe le
dieu du vin doivent être considérés comme des divertissements.
C'est un propos fort sensé que celui de certain
Spartiate. Se trouvant à Athènes lorsque de nouveaux tragiques
se disputaient le prix, il assistait aux préparatifs
que faisaient les choréges, il voyait le zèle des maîtres et
leur émulation : «Une ville n'est pas sage, dit-il alors, de
s'occuper d'une façon si sérieuse à des amusements.» C'est
qu'en effet lorsqu'on badine il faut badiner. Ce n'est pas par
de grandes dépenses, par le sacrifice de moments qui pourraient
s'utiliser à d'autres choses, que l'on doit acheter les
douceurs du passe-temps. Goûtons ces douceurs à table,
quand notre esprit se donne du relâche; et voyons même si
tout en nous amusant nous ne pourrons pas retirer de nos
récréations quelque utilité.»
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