[7,2] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Β
Τίς ὁ παρὰ τῷ Πλάτωνι κερασβόλος, καὶ διὰ τί τῶν σπερμάτων
ἀτεράμονα γίγνεται τὰ προσπίπτοντα τοῖς κέρασι τῶν βοῶν
Ἐν ταῖς Πλατωνικαῖς συναναγνώσεσιν ὁ λεγόμενος
’κερασβόλος‘ καὶ ’ἀτεράμων‘ ζήτησιν
ἀεὶ παρεῖχεν· οὐχ ὅστις εἴη, δῆλον γὰρ ἦν ὅτι τῶν σπερμάτων
τὰ προσπίπτοντα τοῖς τῶν βοῶν κέρασιν ἀτεράμονα
τὸν καρπὸν ἐκφύειν νομίζοντες οὕτως τὸν αὐθάδη καὶ
σκληρὸν ἄνθρωπον ἐκ μεταφορᾶς κερασβόλον καὶ ἀτεράμονα
προσηγόρευον· ἀλλὰ περὶ αὐτῆς διηπορεῖτο τῆς
αἰτίας καθ´ ἣν τοῦτο πάσχει τὰ προσπίπτοντα τοῖς κέρασι
τῶν βοῶν σπέρματα. καὶ πολλάκις ἀπειπάμεθα τοῖς φίλοις,
οὐχ ἥκιστα Θεοφράστου δεδιττομένου τὸν
λόγον, ἐν οἷς πολλὰ συναγήοχεν καὶ ἱστόρηκεν τῶν τὴν
αἰτίαν ἀνεύρετον ἡμῖν ἐχόντων· οἷός ἐστιν ὁ τῶν ἀλεκτορίδων
ὅταν τέκωσι περικαρφισμός, ἥ τε καταπίνουσα
φώκη τὴν πυτίαν ἁλισκομένη, καὶ τὸ κατορυσσόμενον
ὑπὸ τῶν ἐλάφων κέρας, καὶ τὸ ἠρύγγιον, ὃ μιᾶς
αἰγὸς εἰς τὸ στόμα λαβούσης ἅπαν ἐφίσταται τὸ αἰπόλιον·
ἐν τούτοις γὰρ καὶ τὰ κερασβόλα τῶν σπερμάτων
προτίθεται, πρᾶγμα πίστιν ἔχον ὅτι γίγνεται, τὴν δ´
αἰτίαν ἔχον ἄπορον ἢ παγχάλεπον. ἀλλ´ ἔν γε Δελφοῖς
παρὰ δεῖπνον ἐπέθεντό τινες ἡμῖν τῶν ἑταίρων, ὡς οὐ μόνον
’γαστρὸς ἀπὸ πλείης βουλὴν καὶ μῆτιν ἀμείνω‘
γινομένην ἀλλὰ καὶ τὰς ζητήσεις πολὺ προθυμοτέρας καὶ
θρασυτέρας τὰς ἀποφάνσεις τοῦ οἴνου ποιοῦντος, ἀξιοῦντες
εἰπεῖν τι περὶ τοῦ προβλήματος.
Εἶχον μὲν οὖν ἀρνούμενος οὐ φαύλους συνηγόρους,
Εὐθύδημον τὸν συνιερέα καὶ Πατροκλέα τὸν γαμβρόν,
οὐκ ὀλίγα τοιαῦτα τῶν ἀπὸ γεωργίας καὶ κυνηγίας προφέροντας·
οἷον ἐδόκει τὸ περὶ τὴν χάλαζαν εἶναι τὴν ὑπὸ
τῶν χαλαζοφυλάκων αἵματι σπάλακος ἢ ῥακίοις γυναικείοις
ἀποτρεπομένην· καὶ τὸ τῶν ἀγρίων ἐρινεῶν, ἃ ταῖς
ἡμέροις περιαπτόμενα συκαῖς ἀπορρεῖν οὐκ ἐᾷ τὸν καρπὸν
ἀλλὰ συνέχει καὶ συνεκπεπαίνει· καὶ τὸ τὰς ἐλάφους
ἁλμυρὸν ἀφιέναι, τοὺς δὲ σῦς γλυκὺ τὸ δάκρυον ἁλισκομένους.
’ἀλλ´ ἐὰν ταῦτ´‘ ἔφη ’ζητῇς‘ ὁ Εὐθύδημος,
’αὐτίκα δεήσει σε καὶ περὶ τοῦ σελίνου καὶ περὶ τοῦ κυμίνου
διδόναι λόγον, ὧν τὸ μὲν ἐν τῷ βλαστάνειν καταπατοῦντες
καὶ συντρίβοντες οἴονται βέλτιον αὐξάνεσθαι, |
τὸ δ´ ἂν καταρώμενοι σπείρωσι καὶ λοιδοροῦντες.‘
Ἐπεὶ δὲ τοῦτο μὲν ὁ Φλῶρος ᾤετο παιδιὰν εἶναι
καὶ φλύαρον, ἐκείνων δ´ οὐκ ἄν τινα τῆς αἰτίας ὡς ἀλήπτου
προέσθαι τὴν ζήτησιν, ’ἐξεύρηκ´‘ ἔφην ’φάρμα–
κον, ᾧ πρὸς τὸν λόγον ἐφ´ ἡμᾶς προσάξεις τοῦτον, ἵνα
καὶ σὺ διαλύσῃς ἔνια τῶν ἐκκειμένων. δοκεῖ δή μοι ἡ ψυχρότης
τὸ ἀτέραμον ἐμποιεῖν τοῖς τε πυροῖς καὶ τοῖς
χέδροψι, πιέζουσα καὶ πηγνύουσα τὴν ἕξιν ἄχρι σκληρότητος,
ἡ δὲ θερμότης τὸ εὐδιάλυτον καὶ μαλακόν. ὅθεν
οὐκ ὀρθῶς οἱ λέγοντες ‘ἔτος φέρει οὔτις ἄρουρα’ τὰ
καθ´ Ὁμήρου λέγουσιν· τὰ γὰρ ἔνθερμα φύσει χωρία,
κρᾶσιν εὐμενῆ τοῦ ἀέρος ἐνδιδόντος, ἐκφέρει μαλακωτέρους
τοὺς καρπούς. ὅσα τοίνυν ἐκ τῆς χειρὸς εὐθὺς εἰς
τὴν γῆν ἀφιέμεν´ ἐμπίπτει τῶν σπερμάτων, ἐνδυόμενα
καὶ λοχευόμενα τῇ κρύψει μᾶλλον ἀπολαύει τῆς ἐν τῇ γῇ
θερμότητος καὶ ὑγρότητος· τὰ δὲ προσκρούοντα τοῖς κέρασι
τῶν βοῶν οὐ τυγχάνει τῆς ‘ἀρίστης’ καθ´ Ἡσίοδον
‘εὐθημοσύνης’, ἀλλὰ σφαλλόμενα καὶ παρολισθαίνοντα
ῥιπτομένοις μᾶλλον ἢ σπειρομένοις προσέοικεν·
ὅθεν ἢ φθείρουσιν αὐτὰ παντάπασιν αἱ ψυχρότητες
ἢ δύστηκτα καὶ ἄχυμα καὶ ξυλώδη τοῖς χιτῶσι γυμνοῖς
ἐπισκήπτουσαι ποιοῦσιν. ὁρᾷς γὰρ ὅτι καὶ τῶν λίθων
τὰ ἔγγαια καὶ ζοφόδυτα μέρη μαλακώτερα τῶν ἐπιπολῆς
ἡ ἀλέα φυλάττει· διὸ καὶ κατορύττουσιν οἱ τεχνῖται τοὺς
ἐργασίμους λίθους, ὥσπερ ἐκπεπαινομένους ὑπὸ τῆς θερμότητος·
οἱ δ´ ὕπαιθροι καὶ γυμνοὶ διὰ ψῦχος ἀντίτυποι
καὶ δυσμετάβλητοι καὶ ἀτεράμονες ἀπαντῶσι τοῖς ἔργοις.
τοὺς δὲ καρπούς, κἂν ἐπὶ τῆς ἅλω διαμείνωσι πλείω χρόνον
ὑπαίθριοι καὶ γυμνοί, μᾶλλον ἀτεράμονας γίνεσθαι
λέγουσιν τῶν εὐθὺς αἰρομένων. ἐνιαχοῦ δὲ καὶ πνεῦμα
λικμωμένοις ἐπιγινόμενον ἀτεράμονας ποιεῖ διὰ τὸ ψῦχος,
ὥσπερ ἐν Φιλίπποις τῆς Μακεδονίας ἱστοροῦσι· τοῖς δ´
ἀποκειμένοις βοηθεῖ τὸ ἄχυρον. οὐ δεῖ δὲ θαυμάζειν
ἀκούοντας τῶν γεωργῶν, ὅτι καὶ δυεῖν αὐλάκων παραλλήλων
ἡ μὲν ἀτεράμονας, ἡ δὲ τεράμονας ἐκφέρει τοὺς
καρπούς, καὶ ὃ μέγιστόν ἐστι, τοὺς κυάμους τῶν λοβῶν
οἱ μὲν τοίους οἱ δὲ τοίους, δηλονότι τοῖς μὲν ἧττον τοῖς
δὲ μᾶλλον ἢ πνεύματος ψυχροῦ προςπεσόντος ἢ ὕδατος.‘
| [7,2] QUESTION II :
Ce que c'est que le cérasbolus dans Platon, et pourquoi sont malaisés
à cuire les grains qui tombent sur les cornes des boeufs pendant
que l'on sème.
PERSONNAGES DU DIALOGUE :
PLUTARQUE - PATROCLÈS - EUTHYDEME - FLORUS.
1. Dans nos lectures de Platon en commun, les mots
cérasbolos et atéramon nous ont constamment embarrassés.
On n'ignore certainement pas le fait. Il est évident
que, comme les semences qu'on laisse tomber sur les cornes
des boeufs passent pour produire un blé qui ne peut absolument
pas être cuit, de même, par métaphore, à un
homme arrogant et dur on a donné le nom de "cérasbolos"
et d' "atéramon". Mais la difficulté consistait dans la cause
même qui donne cette dureté aux grains tombés sur les
cornes des boeufs. Bien souvent nous avons refusé à nos
amis de rechercher cette cause : tant nous étions découragés
par la dissertation où Théophraste a réuni et présenté un
grand nombre de faits dont le principe échappe à nos investigations.
Tel est le manège que font les poules avec de la
paille; celui du phoque, qui avale sa présure lorsqu'il est
pris ; du cerf, qui enfouit en terre sa corne ; de la chèvre,
qui, prenant dans sa bouche un chardon à cent têtes, contraint,
à elle seule, tout le troupeau de s'arrêter. Au nombre
de ces faits on place également celui des grains tombés
sur les cornes des boeufs. Tout en reconnaissant qu'il faut y
ajouter foi; on est obligé de dire que la cause en est ou
impossible ou très difficile à trouver. Pourtant à Delphes,
dans un souper, quelques-uns de nos compagnons nous la
proposèrent. Ils alléguaient pour raison, que non seulement
"D'un ventre plein jaillit plus d'esprit et de sens",
mais qu'encore les recherches sont plus actives et les solutions
plus hardies sous l'influence du vin. Bref, ils voulurent
que je disse quelque chose touchant cette question.
2. J'avais, pour me soutenir dans mon refus, des avocats
qui en valaient bien d'autres : Euthydème mon collègue
dans le pontificat, ainsi que mon parent Patroclès. Tous
les deux produisaient un grand nombre de bizarreries de ce
genre, relatives à l'agriculture et à la vénerie. Comme par
exemple, à propos de la grêle, on croit que ceux qui sont
chargés d'en prévenir les effets la détournent avec le sang
d'une taupe ou avec des linges trempés de menstrues;
comme, encore, des figues sauvages, quand on les attache
sur un figuier domestique, empêchent que les fruits de
celui-ci ne tombent, et les retiennent sur l'arbre où elles les
font mûrir; comme enfin, les cerfs pleurent des larmes salées,
et les sangliers des larmes d'une eau douce, quand ils
viennent à être pris. «Si vous vous mettez, dit Euthydème,
à vouloir expliquer de semblables faits, incontinent vous
serez obligé de rendre compte aussi des propriétés de l'ache
et du cumin: plantes dont la première passe pour croître
mieux, quand elle commence à germer, si on la foule aux
pieds et si on l'écrase, et dont la seconde est semée par
les agriculteurs avec force imprécations et en vomissant
des injures.»
3. Florus ayant déclaré que tout cela lui semblait une
suite de plaisanteries et de propos frivoles, mais que quant
au premier fait il ne fallait pas en abandonner la recherche
comme impossible, je lui dis alors : "Vous avez trouvé, en
m'amenant sur le terrain de cette question, un expédient qui
vous donnera le moyen à vous-même de résoudre quelques-unes
des difficultés mises en avant. Eh bien donc, il me
semble que c'est le froid qui rend le blé et les légumes rebelles
à la cuisson, en resserrant et comprimant leur volume
jusqu'à les durcir. La chaleur, au contraire, fait qu'ils
deviennent aisés à cuire et elle les amollit. Par conséquent
on a tort de dire :
"C'est l'année, et non pas le sillon, qui produit".
On a tort de retourner ainsi contre Homère une citation
empruntée à ce poéte. Car les terrains naturellement
chauds produisent, quand la température de l'air est favorable,
des fruits plus tendres. Toutes les semences qui de
la main du laboureur tombent immédiatement sur le sol y
pénètrent et s'y fécondent, parce que, se trouvant cachées
aussitôt, elles profitent mieux de la chaleur et de l'humidité
de la terre. Mais celles qui heurtent contre les cornes des
boeufs, manquent de l'excellente direction recommandée par
Hésiode. Elles chancellent, elles glissent de travers, et
semblent avoir été précipitées plutôt que semées. Il s'ensuit
qu'elles sont complétement détruites par les froids qui surviennent;
ou bien, comme en tombant elles sont réduites à
leur enveloppe nue, elles produisent des fruits durs, sans
suc et semblables à du bois. Vous voyez, en effet, que pour
les pierres même, leurs parties les plus enfoncées dans le
sol, et qui participent de la nature des zoophytes, se
maintiennent, grâce à la chaleur, plus tendres que les
parties restées à la surface.
«C'est aussi pour cette raison que les ouvriers enfouissent
les pierres de taille, comme devant être attendries par
la chaleur. Mais celles qui sont exposées à l'air et laissées
nues résistent à la main-d'oeuvre, par la difficulté qu'on
éprouve à les dégrossir et à les tailler. Les blés, s'ils demeurent
trop longtemps dépouillés et à découvert sur le sol
de la grange, deviennent, dit-on, plus coriaces que ceux qu'on
enlève aussitôt. Quelquefois même un vent qui survient
pendant qu'on les vanne leur donne cette dureté à cause du
froid dont il les saisit : comme on raconte qu'il advint sur
le territoire de la ville de Philippes en Macédoine; tandis
qu'au contraire les blés mis en grange se trouvent protégés
par leur paille. Il ne faut donc pas s'étonner quand on entend
dire aux laboureurs, que de deux sillons contigus et
parallèles l'un donne un blé rebelle et dur, et l'autre un
grain suffisamment tendre. Il y a une singularité plus grande
encore : les fèves d'une même gousse sont quelquefois
d'une qualité différente. Cela tient évidemment à ce que ces
gousses ont reçu une plus ou moins grande impression de
vent froid ou d'humidité."
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