[7,9] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Θ
Ὅτι βουλεύεσθαι παρὰ πότον οὐχ ἧττον ἦν Ἑλληνικὸν ἢ Περσικόν.
Περὶ ὧν ἔμελλον ἐκκλησιάζειν Ἀθηναῖοι λόγος ἦν
παρὰ τὸ δεῖπνον, ἑστιῶντος ἡμᾶς Νικοστράτου· καί τινος
εἰπόντος ὡς ’Περσικὸν πρᾶγμα ποιοῦμεν, ὦ ἄνδρες,
βουλευόμενοι παρ´ οἶνον,‘ ’τί μᾶλλον‘ ἔφη ὁ Γλαυκίας
ὑπολαβών ’ἢ Ἑλληνικόν; Ἕλλην μὲν γὰρ ἦν ὁ εἰπών
‘γαστρὸς ἀπὸ πλείης βουλὴ καὶ μῆτις ἀμείνων·’
Ἕλληνες δὲ σὺν Ἀγαμέμνονι Τροίαν ἐπολιόρκουν, οἷς φαγοῦσι
καὶ πιοῦσιν ‘ὁ γέρων πάμπρωτον ὑφαίνειν ἤρχετο
μῆτιν’, ἐπ´ αὐτὸ τοῦτο τῆς κλήσεως {καὶ} τῶν
ἀρίστων εἰσηγητὴς τῷ βασιλεῖ γενόμενος· ‘δαίνυ δαῖτα
γέρουσι’, ‘πολλῶν’ γάρ τοι, φησίν, ‘ἀγρομένων
τῷ πείσεαι, ὅς κεν ἀρίστην βουλὴν βουλεύσῃ.’ διὸ
καὶ τὰ πλείστῃ χρησάμενα τῆς Ἑλλάδος εὐνομίᾳ γένη
καὶ μάλιστα φιλοχωρήσαντα περὶ τοὺς ἀρχαίους ἐθισμοὺς
ἐν οἴνῳ τὰς ἀρχὰς συνεῖχε. τὰ γὰρ παρὰ Κρησὶν Ἀνδρεῖα
καλούμενα, παρὰ δὲ Σπαρτιάταις Φιδίτια, βουλευτηρίων
ἀπορρήτων καὶ συνεδρίων ἀριστοκρατικῶν τάξιν εἶχεν,
ὥσπερ οἶμαι καὶ τὸ ἐνθάδε Πρυτανεῖον καὶ Θεσμοθετεῖον·
οὐ πόρρω δὲ τούτων ὁ νυκτερινὸς σύλλογος παρὰ Πλάτωνι
τῶν ἀρίστων καὶ πολιτικωτάτων ἀνδρῶν
ἐστιν, ἐφ´ ὃν ἀναπέμπεται τὰ μέγιστα καὶ πλείστης
ἄξια φροντίδος. οἱ δὲ τῷ Ἑρμῇ ‘πυμάτῳ σπένδοντες, ὅτε
μνησαίατο κοίτου’, ἆρ´ οὐκ εἰς τὸ αὐτὸ συνάγουσιν
τῷ οἴνῳ τὸν λόγον; ὡς γοῦν παρόντι καὶ συνεπισκοποῦντι
τῷ φρονιμωτάτῳ θεῷ πρῶτον ἀπαλλαττόμενοι προσεύχονται.
οἱ δὲ πάμπαν ἀρχαῖοι ὡς οὐδὲ τοῦ Ἑρμοῦ δεόμενον
τὸν Διόνυσον αὐτὸν Εὐβουλέα καὶ τὴν νύκτα δι´
ἐκεῖνον ‘εὐφρόνην’ προσεῖπον.‘
| [7,9] QUESTION IX :
Que tenir conseil en buvant n'était pas moins un usage
chez les Grecs que chez les Perses.
PERSONNAGES DU DIALOGUE :
PLUTARQUE - NICOSTRATE - GLAUCIAS.
1. Ce qui devait se discuter à la prochaine assemblée
publique des Athéniens était le texte de notre conversation
à un souper où nous avait reçus Nicostrate. Quelqu'un se
mit à dire: «C'est une coutume persane que nous suivons là,
chers amis, lorsque nous tenons conseil en buvant.» —
«Pourquoi persane, plutôt que grecque? reprit alors
Glaucias : car c'est un Grec qui a dit :
"Le ventre plein, on juge et délibère mieux".
C'étaient des Grecs, qui faisaient avec Agamemnon le siége
de Troie; et pendant qu'ils mangeaient et buvaient,
"Le vieux Nestor ouvrait le premier son avis",
engageant le monarque à réunir aussi pour ce même effet
les principaux chefs :
"Offrez leur un festin...."
disait-il, car
"Dans leur réunion, à l'avis le plus sage
Vous vous conformerez...."
Ainsi donc, chez les nations de la Grèce qui ont eu le plus
de bonnes lois et qui se sont le plus scrupuleusement attachées
à maintenir les anciennes institutions, c'était à table
que se tenaient les conseils des chefs. Les réunions que l'on
appelait les Andries en Crète, les Phidities à Sparte,
tenaient lieu de conseils secrets et de sessions aristocratiques,
comme il se pratique aussi, dans cette ville même,
au Prytanée et au Thesmothésion. De ces réunions se
rapproche fort l'assemblée nocturne dont parle Platon,
assemblée qu'il compose des citoyens les plus vertueux et les
plus habiles en politique, et à laquelle il renvoie les affaires
importantes et sérieuses entre toutes. Et ceux qui font des libations
à Mercure, en dernier, quand ils s'en vont dormir,
ne les voyons-nous pas associer ensemble le vin et le conseil?
Au plus avisé des dieux, comme étant présent et
ayant l'oeil sur ce qu'ils font, ils adressent leurs prières dès
le premier moment qu'ils songent à se retirer. Du reste
dans les temps tout à fait anciens on ne supposait pas que
l'assistance de Mercure fût même nécessaire à Bacchus :
on donnait également à ce dernier le nom d'Eubulus (sage conseiller);
et à cause de lui, on appliquait à la nuit l'épithète de prudente.»
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