[1,9] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Θ
Διὰ τί τῷ ποτίμῳ μᾶλλον ἢ τῷ θαλαττίῳ πλύνεται τὰ ἱμάτια
Θέων ὁ γραμματικὸς ἑστιωμένων ἡμῶν παρὰ
Μεστρίῳ Φλώρῳ πρὸς Θεμιστοκλέα τὸν Στωικὸν διηπόρησεν,
τί δήποτε Χρύσιππος
ἐν πολλοῖς τῶν παραλόγων καὶ ἀτόπων ἐπιμνησθείς, οἷόν
ἐστι τὸ ‘τάριχος, ἂν ἅλμῃ βρέχηται, γλυκύτερον γίνεσθαι’
καὶ τὸ ‘τῶν ἐρίων τοὺς πόκους ἧττον ὑπακούειν τοῖς βίᾳ
διασπῶσιν ἢ τοῖς ἀτρέμα διαλύουσιν’ καὶ τὸ ‘νηστεύσαντας
ἀργότερον ἐσθίειν ἢ προφαγόντας’, οὐδενὸς αὐτῶν
αἰτίαν ἀπέδωκεν. ὁ δὲ Θεμιστοκλῆς εἰπὼν ὅτι ταῦτα
Χρύσιππος ἄλλως ἐν παραδείγματος λόγῳ προύθετο,
ῥᾳδίως ἡμῶν καὶ ἀλόγως ὑπὸ τοῦ εἰκότος ἁλισκομένων
καὶ πάλιν ἀπιστούντων τῷ παρὰ τὸ εἰκός, ἐπιστρέφων |
‘σοὶ δ´’ ἔφη ‘βέλτιστε, τί πρᾶγμα περὶ τούτων διαπορεῖν;
εἰ γὰρ ἡμῖν αἰτίων ζητητικὸς καὶ θεωρητικὸς γέγονας,
μὴ μακρὰν οὕτως ἀποσκήνου τῶν ἰδίων, ἀλλ´ εἰπὲ δι´ ἣν
αἰτίαν Ὅμηρος ἐν τῷ ποταμῷ πλύνουσαν οὐκ ἐν
τῇ θαλάττῃ, καίπερ ἐγγὺς οὔσῃ, τὴν Ναυσικάαν πεποίηκεν,
καίτοι θερμοτέραν γε καὶ διαφανεστέραν εἰκὸς καὶ
ῥυπτικωτέραν εἶναι.’
Καὶ ὁ Θέων ‘ἀλλὰ τοῦτό γ´’ εἶπε ‘διὰ τῶν γεωδῶν
Ἀριστοτέλης πάλαι διαλέλυκεν, ὃ προβέβληκας
ἡμῖν. πολὺ γὰρ τῇ θαλάττῃ τὸ τραχὺ καὶ γεῶδες ἐνδιέσπαρται
καὶ τοῦτο ποιεῖ τὴν ἁλυκότητα μεμιγμένον· ᾗ
καὶ μᾶλλον ἡ θάλαττα τούς τε νηχομένους ἐξαναφέρει καὶ
στέγει τὰ βάρη, τοῦ γλυκέος ἐνδιδόντος διὰ κουφότητα
καὶ ἀσθένειαν· ἔστι γὰρ ἄμικτον καὶ καθαρόν· ὅθεν ἐνδύεται
διὰ λεπτότητα καὶ διεξιὸν τοῦ θαλαττίου μᾶλλον
ἐκτήκει τὰς κηλῖδας. ἢ οὐ δοκεῖ σοι τοῦτο πιθανῶς λέγειν
Ἀριστοτέλης;’
‘Πιθανῶς’ ἔφην ἐγώ ‘οὐ μὴν ἀληθῶς· ὁρῶ γὰρ
ὅτι καὶ τέφρᾳ καὶ λίτρῳ, κἂν μὴ παρῇ δὲ ταῦτα, κονιορτῷ
πολλάκις παχύνουσι τὸ ὕδωρ, ὡς μᾶλλον τῶν γεωδῶν
τῇ τραχύτητι καταπλύνειν δυναμένων τὸν ῥύπον, αὐτοῦ
δὲ τοῦ ὕδατος διὰ λεπτότητα καὶ ἀσθένειαν οὐχ ὁμοίως
τοῦτο δρῶντος. τὸ μὲν οὖν παχυμερὲς τῆς θαλάττης οὐ
- - - πετουτόποτε - - - πρὸς τὴν κα- - - δὲ τὴν δριμύτητα·
καὶ γὰρ αὕτη τοὺς πόρους ἀναστομοῦσα καὶ ἀνοίγουσα
κατασύρει τὸν ῥύπον. ἐπεὶ δὲ πᾶν τὸ λιπαρὸν
δυσέκπλυτόν ἐστι καὶ κηλῖδα ποιεῖ. λιπαρὰ δ´ ἡ θάλασσα,
τοῦτ´ ἂν αἴτιον εἴη μάλιστα τοῦ μὴ καλῶς πλύνειν. ὅτι
δ´ ἐστὶ λιπαρά, καὶ αὐτὸς εἴρηκεν Ἀριστοτέλης·
οἵ τε γὰρ ἅλες λίπος ἔχουσιν καὶ τοὺς λύχνους
βέλτιον παρέχουσι καομένους, αὐτή θ´ ἡ θάλαττα προσραινομένη
ταῖς φλοξὶ συνεκλάμπει, καὶ κάεται μάλιστα
τῶν ὑδάτων τὸ θαλάττιον· ὡς δ´ ἐγᾦμαι, διὰ τοῦτο καὶ
θερμότατόν ἐστιν. οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ κατ´ ἄλλον τρόπον·
ἐπεὶ τῆς πλύσεως τέλος ἡ ψῦξίς ἐστιν καὶ μάλιστα
φαίνεται καθαρὸν τὸ τάχιστα ξηρὸν γινόμενον, δεῖ δὴ τὸ
πλῦνον ὑγρὸν τῷ ῥύπῳ συνεξελθεῖν, ὥσπερ τῷ νοσήματι
τὸν ἐλλέβορον. τὸ μὲν οὖν γλυκὺ ῥᾳδίως ὁ ἥλιος
ἐξάγει διὰ κουφότητα, τὸ δ´ ἁλμυρὸν ἐνισχόμενον τοῖς
πόροις διὰ τραχύτητα δυσξήραντόν ἐστιν.’
Καὶ ὁ Θέων ὑπολαβών ‘οὐδέν’ ἔφη ‘λέγεις·
Ἀριστοτέλης γὰρ ἐν τῷ αὐτῷ
βυβλίῳ φησὶν τοὺς ἐν θαλάττῃ λουσαμένους τάχιον ἀποξηραίνεσθαι
τῶν γλυκεῖ χρησαμένων, ἂν ἐν ἡλίῳ στῶσιν’.
‘λέγει γάρ’ εἶπον· ‘ἀλλ´ ᾤμην σε μᾶλλον Ὁμήρῳ τἀναντία
λέγοντι πιστεύσειν. ὁ γὰρ Ὀδυσσεὺς μετὰ τὸ ναυάγιον
ἐντυγχάνει τῇ Ναυσικάᾳ ’σμερδαλέος‘ ὀφθῆναι
’κεκακωμένος ἅλμῃ‘, καὶ πρὸς τὰς θεραπαινίδας φησίν·
’ἀμφίπολοι, στῆθ´ οὕτω ἀπόπροθεν, ὄφρ´
{ἂν} ἐγὼ αὐτὸς
ἅλμην ὤμοιιν ἀπολούσομαι‘,
καταβὰς δ´ εἰς τὸν ποταμὸν ’ἐκ κεφαλῆς ἔσμηχεν
ἁλὸς χνόον,‘ ὑπερφυῶς τοῦ ποιητοῦ τὸ γινόμενον συνεωρακότος·
ὅταν γὰρ ἐκ τῆς θαλάττης ἀναδύντες ἐν τῷ ἡλίῳ
στῶσιν, τὸ λεπτότατον καὶ κουφότατον τῆς ὑγρασίας ἡ
θερμότης διεφόρησεν, τὸ δ´ ἁλμυρὸν αὐτὸ καὶ τραχὺ
καταλειφθὲν ἐφίσταται καὶ παραμένει τοῖς σώμασιν
ἁλώδης ἐπίπαγος, μέχρι ἂν αὐτὸ ποτίμῳ καὶ γλυκεῖ
κατακλύσωσιν.’
| [1,9] QUESTION IX.
Pourquoi l'eau potable lave mieux les vêtements que ne fait
l'eau de mer.
PERSONNAGES DU DIALOGUE : THÉON, THÉMISTOCLE, MÉTRIUS
FLORUS, PLUTARQUE, AUTRES ASSISTANTS.
1. Théon le Grammairien, un jour que nous soupions
chez Métrius FIorus, demanda au Stoïcien Thémistocle pour
quelle raison Chrysippe, après avoir, en plusieurs endroits,
consigné les propositions les plus étranges et les plus singulières,
comme celles-ci : «Les chairs salées se dessalent
si on les trempe dans de la saumure"; — «les pelotons de
laine cardée cèdent moins facilement si on veut les arracher
de force que si on les tire doucement»; — «les personnes
qui ont longtemps jeûné mangent moins activement que
celles qui ont pris quelque chose avant le repas" ; — pour
quelle raison, dis-je, Chrysippe n'explique aucune de ces
propositions. Thémistocle lui répondit, que le philosophe
ne les avait mentionnées qu'en passant et comme par manière
d'exemple, pour faire voir avec quelle facilité, quelle
irréflexion tantôt nous nous laissons prendre à la vraisemblance,
tantôt nous nous refusons à croire ce qui paraît
invraisemblable. Puis, échangeant les rôles : «Mais vous-même,
mon cher, dit-il, qu'avez-vous affaire de vous préoccuper
de semblables questions? Si vous vous montrez à
nous un investigateur si curieux des causes, n'allez pas
ainsi dresser votre tente loin de ce qui est de votre ressort spécial.
Dites-nous la raison pour laquelle le Poête montre
Nausicaa lavant à la rivière, et non dans la mer, bien qu'elle
en soit tout près, et bien que cette dernière eau semble plus
chaude, plus transparente, et meilleure pour nettoyer.»
2. Alors Théon : "Cette difficulté que vous nous proposez,
dit-il, depuis longtemps Aristote l'a résolue en l'expliquant
par une affinité terrestre. En effet l'eau de la mer,
dit ce philosophe, est mêlée de parties rudes et terreuses,
et c'est ce mélange qui la rend salée. C'est pourquoi la
mer soutient mieux à sa surface les personnes qui y nagent,
c'est pourquoi elle supporte des charges considérables : tandis
que l'eau douce cède à la pesanteur des corps en raison
de sa légèreté et de sa faiblesse. L'eau douce, en outre,
est pure et sans mélange. C'est ce qui fait qu'à cause de
sa ténuité elle est plus pénétrante, et qu'entrant mieux que
l'eau de mer elle enlève les taches. Ne vous semble-t-il pas
qu'Aristote en cela parle d'une manière bien vraisemblable?»
3.— «Vraisemblable, oui, répondis je, mais non pas vraie
pourtant. Car je vois qu'on prend souvent de la cendre,
des pierres, et, quand on n'en a pas, de la poussière, pour
rendre l'eau plus épaisse, parce que les aspérités de ces
substances terrestres sont plus propres à nettoyer les taches.
L'eau seule, en raison de sa légéreté et de sa subtilité,
ne ferait pas aussi bien. L'épaisseur de l'eau de mer
n'empêche pas cet effet : puisqu'au contraire elle prête au
nettoyage le concours de son action pénétrante, action qui,
ouvrant et débouchant les pores, entraîne les ordures au
dehors. Ce qu'il fallait dire, c'est que tout ce qui est gras
se lave difficilement, et même fait tache. Or la mer est
grasse, et ce doit être bien plutôt pour cela qu'elle ne
lave pas bien. Cet état graisseux de la mer est constaté par
Aristote lui-même. Le sel est gras aussi, et les lampes où
l'on en met brûlent mieux. L'eau de mer, quand on la
répand sur le feu, s'enflamme avec lui. De toutes les eaux
celle de mer brûle le plus facilement; et selon moi, c'est
encore pour cela qu'elle est la plus chaude. Toutefois la
question peut se résoudre encore d'une autre manière.
Après qu'on a fini l'opération du lavage, il s'agit de faire
sécher; et il est reconnu que le mieux nettoyé est ce qui a
été le mieux séché. Or il faut que l'eau qui a servi au lavage
s'en aille promptement avec les souillures, de même
que l'ellébore avec la maladie qu'elle doit guérir. Si les
rayons du soleil pompent facilement l'eau douce à cause
de sa légèreté, il n'en est pas de même de l'eau de mer :
elle s'attache aux pores à cause de son âpreté, et empêche
que les objets ne sèchent comme il faut.»
4. — «C'est là ne rien dire, reprit Théon. Car Aristote,
dans le même traité, constate qu'après s'être baigné dans
la mer, on se sèche plus facilement au soleil qu'après avoir
pris des bains d'eau douce.» — «Sans doute il le constate,
lui répondis-je; mais j'aurais cru que vous vous en rapporteriez
plutôt à Homère qui dit tout l'opposé. Ulysse, après
son naufrage, se présente devant Nausicaa
"Hideux, et par la mer vraiment défiguré";
et il dit aux suivantes de cette princesse :
"Veuillez vous retirer un instant en arrière :
Que je lave mon corps souillé par l'onde amère",
Puis il descend dans le fleuve
"De l'ordure des mers purifier sa tête".
Le poète a parfaitement bien vu ce qui arrive. Toutes les
fois qu'au sortir de la mer on se tient exposé au soleil, la
partie la plus subtile et la plus légère de l'humidité s'évapore
sous l'action de la chaleur. Mais ce qui en est salé et
âpre, reste à la surface du corps et s'y fixe comme une
croûte de saumure, jusquà ce qu'on ait lavé ce résidu dans
de l'eau potable et douce.
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