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[13] Ἡ μὲν οὖν ἀκριβὴς σφόδρα καὶ δι´ ὄνυχος
λεγομένη δίαιτα τό τε σῶμα κομιδῇ ψοφοδεὲς παρέχεται
καὶ σφαλερόν, αὐτῆς τε τῆς ψυχῆς τὸ γαῦρον
κολούει πάντα πράγματα καὶ πᾶσαν οὐχ ἧττον
ἐν ἡδοναῖς καὶ πόνοις διατριβὴν καὶ πρᾶξιν ὑφορωμένης
καὶ πρὸς μηδὲν ἰταμῶς καὶ θαρραλέως
βαδιζούσης. δεῖ δ´ ὥσπερ ἱστίον τὸ σῶμα μήτε συστέλλειν
εὐδίας οὔσης καὶ πιέζειν σφόδρα, μήτ´
ἀνειμένως χρῆσθαί τε καὶ καταφρονεῖν ἐν ὑποψίᾳ
γενόμενον. ἀλλ´ ἐνδιδόναι καὶ ποιεῖν ἐλαφρὸν
ὥσπερ εἴρηται, καὶ μὴ περιμένειν ἀπεψίας καὶ διαρροίας
μηδὲ θερμασίας μηδὲ νάρκας, ὑφ´ ὧν ἔνιοι
μόλις ὥσπερ ὑπ´ ἀγγέλων ἢ κλητόρων, πυρετοῦ
περὶ θύρας ὄντος ἤδη, θορυβούμενοι συστέλλουσιν
ἑαυτούς, ἀλλὰ πόρρωθεν ἐξευλαβεῖσθαι
πρὸ χείματος, ὥστ´ ἀνὰ ποντίαν ἄκραν
βορέα πνέοντος.
| [13] D'autre part un régime trop régulier, qui procède,
comme on dit, par poids et par mesures, rend le corps
tout à fait méticuleux et peu sûr de lui. La vivacité de
l'âme elle-même s'émousse, si dans ses plaisirs comme
dans ses peines il faut qu'elle se préoccupe de toutes
choses, du moindre repos, du moindre acte, et n'entreprenne
jamais rien avec assurance et résolution. Il en est
du corps comme des voiles d'un vaisseau qui ne doivent être
ni pliées ni resserrées complétement s'il fait beau, ni déployées
toutes grandes si l'on craint un orage. Il faut user
de tempéraments, et, comme nous l'avons dit, tenir le corps
toujours léger et dispos, sans attendre les mauvaises digestions,
les flux de ventre, les inflammations, les somnolences,
autant d'indices avant-coureurs de la fièvre qui déjà
frappe à la porte. C'est seulement à l'approche de ce cortège,
et à grand'peine, que quelques-uns commencent à
craindre et à faire effort sur eux-mêmes; mais il aurait
fallu se précautionner de loin
"Avant que la tempête éclatât dans les airs
Et que le vent soufflât sur les récifs des mers".
| [14] Ἄτοπον γάρ ἐστι κοράκων μὲν λαρυγγισμοῖς
καὶ κλωσμοῖς ἀλεκτορίδων καὶ "συσὶν ἐπὶ φορυτῷ
μαργαινούσαις," ὡς ἔφη Δημόκριτος, ἐπιμελῶς
προσέχειν, σημεῖα ποιουμένους πνευμάτων καὶ
ὄμβρων, τὰ δὲ τοῦ σώματος κινήματα καὶ σάλους
καὶ προπαθείας μὴ προλαμβάνειν μηδὲ προφυλάττειν,
μηδ´ ἔχειν σημεῖα χειμῶνος ἐν ἑαυτῷ γενησομένου
καὶ μέλλοντος. ὅθεν οὐ περὶ τροφὴν μόνον
οὐδὲ γυμνάσια δεῖ φυλάττειν τὸ σῶμα μὴ παρὰ τὸ
εἰωθὸς ἅπτεται τούτων ὀκνηρῶς καὶ ἀπροθύμως ἢ
πάλιν διψῶδές ἐστι καὶ πειναλέον ὡς οὐ πέφυκεν,
ἀλλὰ καὶ τῶν ὕπνων τὸ μὴ συνεχὲς μηδὲ λεῖον
ἀλλ´ ἀνωμαλίας ἔχον καὶ διασπασμοὺς εὐλαβεῖσθαι,
καὶ τῶν ἐνυπνίων τὴν ἀτοπίαν, ἄνπερ ὦσι μὴ
νόμιμοι μηδὲ συνήθεις αἱ φαντασίαι, πλῆθος ἢ
πάχος ὑγρῶν ἢ πνεύματος ταραχὴν ἐντὸς κατηγοροῦσαν.
ἤδη δὲ καὶ τὰ τῆς ψυχῆς κινήματα τὸ
σῶμα μηνύει πρὸς νόσον ἐπισφαλῶς ἔχειν. ἄλογοι
γὰρ ἴσχουσιν ἀθυμίαι καὶ φόβοι πολλάκις ἀπ´
οὐδενὸς φανεροῦ, τὰς ἐλπίδας ἄφνω κατασβεννύουσαι·
γίγνονται δὲ καὶ ταῖς ὀργαῖς ἐπίχολοι καὶ
ὀξεῖς καὶ μικρόλυποι, καὶ δακρυρροοῦσι καὶ ἀδημονοῦσιν
ὅταν ἀτμοὶ πονηροὶ καὶ ἀναθυμιάσεις
πικραὶ συνιστάμεναι "ταῖς τῆς ψυχῆς," ὥς φησιν
ὁ Πλάτων, ἀνακραθῶσι "περιόδοις." διὸ δεῖ
σκοπεῖν οἷς ἂν ταῦτα συμπίπτῃ καὶ μνημονεύειν,
ἂν μηδὲν ᾖ πνευματικόν, ὅτι σωματικόν ἐστιν
αἴτιον ὑποστολῆς τινος ἢ κατακράσεως δεόμενον.
| [14] N'y aurait-il pas inconséquence, en effet? Le
croassement du corbeau, le cri du coq, les évolutions du
pourceau dans son bourbier, comme dit Démocrite, seraient
l'objet d'une observation attentive : on y verrait des présages
de vent et de pluie ; et les agitations du corps, ses secousses,
ses prédispositions ne nous décideraient point à nous
précautionner, à nous garantir par avance ! Nous n'y verrions
pas les signes d'une tempête qui se prépare en nous et qui
est sur le point d'éclater! Aussi, ce n'est pas par rapport
aux aliments seuls et aux exercices qu'il faut observer son
corps, pour s'assurer qu'aux uns et aux autres il apporte
toujours autant d'appétit et de vivacité, et qu'il n'éprouve
ni ces soifs ni ces faims qui ne sont pas naturelles ; on doit
également s'occuper du sommeil, prendre garde s'il est calme
et continu, exempt d'irrégularités et de soubresauts, examiner
si les songes eux-mêmes, en vérité, ne sont pas étranges,
s'ils ne nous offrent pas des images bizarres et insolites,
et n'accusent pas à l'intérieur soit la réplétion ou l'épaississement
des humeurs, soit le trouble des esprits vitaux. Pour
aller plus loin, l'âme, par ses mouvements, indique aussi que
le corps est menacé de quelque mal. Nous sommes en effet
pris de faiblesses et de frayeurs instinctives, qui tout à coup,
sans cause apparente, éteignent souvent les espérances. On
devient emporté, colère, furieux ; on s'afflige d'un rien, on
se désespère. Cela arrive quand des exhalaisons malignes,
des vapeurs épaisses, viennent, comme dit Platon obstruer
les voies de l'âme. Aussi faut-il tenir compte de ces
symptômes quand ils se produisent, et chercher dans ses
souvenirs si quelque cause morale n'a pas réagi sur le
corps, et s'il n'y a pas lieu à user d'astringents et de calmants.
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