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| [11]` Μάλιστα δὲ προφυλακτέον ἐν ταῖς προπαθείαις
 καὶ προαισθήσεσιν. οὐ γὰρ ἅπασαι κατὰ
 τὸν Ἡσίοδον ἐπιφοιτῶσιν αἱ νόσοι
 σιγῇ, ἐπεὶ φωνὴν ἐξείλετο μητίετα Ζεύς,
 ἀλλ´ αἱ πλεῖσται καθάπερ προαγγέλους καὶ προδρόμους
 καὶ κήρυκας ἔχουσιν ἀπεψίας καὶ δυσκινησίας.
 "βαρύτητες καὶ κόποι," φησὶν Ἱπποκράτης,
 "αὐτόματοι νοῦσον φράζουσι," διὰ πλῆθος
 ὡς ἔοικεν ἐντὸς διάτασιν καὶ σφήνωσιν τοῦ περὶ
 τὰ νεῦρα πνεύματος ἔχοντος. ἀλλ´ ὅμως αὐτοῦ
 μονονουχὶ τοῦ σώματος ἀντιτείνοντος καὶ κατασπῶντος
 ἐπὶ τὸ κλινίδιον καὶ τὴν ἡσυχίαν οἱ μὲν
 ὑπὸ λαιμαργίας καὶ φιληδονίας ἐμβάλλουσιν ἑαυτοὺς
 ἐπὶ τὰ βαλανεῖα καὶ σπεύδουσιν ἐπὶ τὰς
 προπόσεις, ὥσπερ εἰς πολιορκίαν ἐπισιτιζόμενοι
 καὶ δεδιότες μὴ φθάσῃ καταλαβὼν αὐτοὺς ὁ
 πυρετὸς ἀναρίστους, οἱ δὲ κομψότεροι ταύτῃ μὲν
 οὐχ ἁλίσκονται, πάνυ δ´ ἀβελτέρως αἰσχυνόμενοι
 κραιπάλην ἢ ἀπεψίαν ὁμολογεῖν καὶ διημερεύειν
 ἐν ἱματίοις, ἑτέρων εἰς τὸ γυμνάσιον βαδιζόντων
 καὶ παρακαλούντων, ἀναστάντες συναποδύονται
 καὶ ταὐτὰ πράττουσι τοῖς ὑγιαίνουσι. τοὺς δὲ
 πλείους ἀκρασίᾳ καὶ μαλακίᾳ συνήγορον ἔχουσα
 παροιμίαν ἐλπὶς ἀναπείθει καὶ προάγεται βαδίζειν
 ἀναστάντας ἰταμῶς ἐπὶ τὴν συνήθειαν, ὡς οἴνῳ
 δὴ τὸν οἶνον κραιπάλῃ δὲ τὴν κραιπάλην ἐξελῶντας
 καὶ διαφορήσοντας. πρὸς μὲν οὖν ταύτην τὴν
 ἐλπίδα τὴν τοῦ Κάτωνος εὐλάβειαν ἀντιτακτέον
 ἥν φησιν ἐκεῖνος ὁ ἀνὴρ "τὰ μὲν μεγάλα μικρὰ
 ποιεῖν τὰ δὲ μικρὰ παντελῶς ἀναιρεῖν," καὶ ὅτι
 κρεῖττον ἔνδειαν ὑπομεῖναι διὰ κενῆς καὶ ἡσυχίαν
 ἢ διακυβεῦσαι πρὸς λουτρὸν ὠσαμένους καὶ
 δεῖπνον. εἰ μὲν γὰρ ἔστι τι, βλάψει τὸ μὴ φυλάξασθαι
 μηδ´ ἐπισχεῖν· εἰ δὲ μηδέν, οὐ βλάψει
 τὸ συσταλῆναι τῷ σώματι καὶ γενέσθαι καθαρώτερον.
 ὁ δὲ παιδαριώδης ἐκεῖνος καὶ τοῖς φίλοις
 δεδιὼς καὶ τοῖς οἰκέταις φανερὸς γενέσθαι διακείμενος
 ἐκ πλησμονῆς ἢ κραιπάλης ἀηδῶς, αἰσχυνόμενος
 ἀπεψίαν ὁμολογῆσαι τήμερον, αὔριον
 ὁμολογήσει κατάρροιαν ἢ πυρετὸν ἢ στρόφον·
 αἰσχυνόμενος αἴσχιστα πενίαν ἂν φέροις,
 πολὺ δ´ αἴσχιον ἀπεψίαν καὶ βαρύτητα καὶ
 πλησμονὴν σώματος εἰς βαλανεῖον ἑλκομένου
 καθάπερ εἰς θάλατταν σαθροῦ πλοίου καὶ μὴ
 στέγοντος. ὥσπερ γὰρ ἀμέλει πλέοντες ἔνιοι
 χειμῶνος ὄντος αἰδοῦνται διατρίβειν ἐπ´ ἀκτῆς,
 εἶτ´ ἀναχθέντες αἴσχιστα διάκεινται βοῶντες καὶ
 ναυτιῶντες, οὕτως ἐν ὑποψίᾳ καὶ προπαθείᾳ
 σώματος ἀγεννὲς ἡγούμενοι μίαν ἡμέραν ἐν κλίνῃ
 διάγειν καὶ μὴ παραθέσθαι τράπεζαν, αἴσχιστα
 πολλὰς ἡμέρας κεῖνται καθαιρόμενοι καὶ καταπλαττόμενοι
 καὶ θωπεύοντες ἰατροὺς καὶ θεραπεύοντες,
 οἶνον αἰτοῦντες ἢ ψυχρὸν ὕδωρ, ἄτοπα
 καὶ ἀγεννῆ πολλὰ ποιεῖν καὶ φθέγγεσθαι διὰ τὸν
 πόνον καὶ τὸν φόβον ὑπομένοντες.
 Καὶ μὴν τούς γε διὰ τὰς ἡδονὰς μὴ κρατοῦντας
 ἑαυτῶν ἀλλ´ ἐγκλίνοντας ἢ φερομένους ὑπὸ τῶν
 ἐπιθυμιῶν καλῶς ἔχει διδάσκειν καὶ ἀναμιμνῄσκειν
 ὅτι πλεῖστον ἐκ τοῦ σώματος αἱ ἡδοναὶ λαμβάνουσι·
 
 | [11] Il faut surtout apporter la plus grande attention 
aux premiers symptômes et aux premières atteintes. Les 
maladies ne viennent pas toutes, comme l'a dit Hésiode,
"En silence, la voix leur étant refusée".
Le plus grand nombre d'entre elles s'annoncent par des 
difficultés de respiration et de mouvement. Ce sont là comme 
des messagers, des coureurs, des héraults par qui elles se 
font précéder. Les pesanteurs et les lassitudes qui viennent 
d'elles-mêmes pronostiquent une maladie, comme le déclare 
Hippocrate. C'est, apparemment, parce que l'abondance 
des humeurs gêne et obstrue la circulation des esprits qui 
vont aux nerfs. Et néanmoins, pendant que le corps oppose
presque de la résistance et qu'il tire les gens vers le lit et 
le repos, les uns, par gourmandise et sensualité, vont se 
jeter dans le bain, puis de là courent à table se remplir de 
vivres autant que s'il s'agissait de soutenir un siége : on 
dirait qu'ils craignent d'être saisis par la fièvre avant 
d'avoir dîné. Les autres, plus décents, ne se prennent pas 
par là, mais leur sottise est encore plus maladroite. Honteux 
de convenir qu'ils ont trop bu ou qu'ils ont une indigestion 
et de passer la journée sous leurs couvertures, 
ils se laissent entraîner par d'autres qui se rendent au 
gymnase. Ils sortent de leur lit, se dépouillent, comme 
eux, de leurs vêtements, et ils agissent tout à fait de même 
que ceux qui se portent bien. Mais le plus grand nombre 
cède à l'intempérance et à la sensualité, et l'espoir que leur 
donne certain proverbe les détermine et les pousse à se 
lever. Ils se rendent résolûment à leurs passe-temps habituels, 
comme si le vin chassait et dissipait le vin, comme 
si une indigestion en guérissait une autre. A cette espérance 
dont ils se flattent on doit opposer la crainte réservée 
dont parlait Caton : crainte, disait ce grand homme, 
qui affaiblit les causes de maladie quand elles sont graves, 
et qui les dissipe entièrement lorsqu'elles n'ont pas d'importance. 
Mieux vaut, ajoutait-il, se condamner sans nécessité 
à la diète et au repos, que jouer sa santé pour 
courir à un bain et à un repas. Si le mal couve, on s'exposera 
en ne prenant pas de précautions pour l'étouffer; et 
s'il n'y a rien, on ne saurait se nuire en restreignant son 
régime et en se purgeant ainsi. Mais l'homme qui, par une 
honte d'enfant, craint que ses amis et ses domestiques ne 
voient qu'il a trop mangé et trop bu, celui-là, pour n'avoir 
pas osé confesser aujourd'hui une indigestion, confessera
demain un flux de ventre, une inflammation ou des tranchées.
"Pauvreté qui fait honte est plus honteuse encore",
mais n'est-il pas beaucoup plus dégradant d'avouer des 
crudités d'estomac, des pesanteurs, des pléthores, et de 
traîner son corps au bain, comme on traîne à la mer une 
vieille coque pourrie faisant eau de toutes parts? Il me 
semble voir; en vérité, certains navigateurs qui au moment 
d'une tempête se trouvent humiliés d'attendre sur le rivage, 
et qui une fois au large sont dans le plus pitoyable 
état, gémissant et ayant le mal de mer. Pareillement, si au 
premier soupçon, au premier symptôme de maladie, on se 
croit déshonoré de rester au lit pendant une journée et 
de ne pas se mettre à table, il est bien plus honteux 
d'avoir à garder la chambre durant plusieurs jours, à subir 
des purgations, des cataplasmes, à cajoler les médecins 
et ceux par qui l'on est soigné pour obtenir d'eux du vin 
ou de l'eau fraîche, enfin d'être contraint à dire et à faire, 
par douleur et par crainte, mille choses indignes et déplacées. 
Du reste, à ceux que le plaisir rend incapables 
de se maîtriser et qui cèdent à la pente ou à l'impétuosité 
de leurs passions il est utile d'apprendre et de rappeler 
que c'est du corps même que les voluptés prennent leur plus 
grande jouissance.
 |  | [12] Καὶ καθάπερ οἱ Λάκωνες ὄξος καὶ ἅλας
 διδόντες τῷ μαγείρῳ τὰ λοιπὰ κελεύουσιν ἐν τῷ
 ἱερείῳ ζητεῖν, οὕτως ἐν τῷ σώματι τοῦ προσφερομένου
 τὰ κάλλιστα τῶν ἡδυσμάτων ἐστίν, ἄνπερ
 ὑγιαίνοντι καὶ καθαρῷ προσφέρηται. γλυκὺ μὲν
 γὰρ ἢ πολυτελὲς ἔξω καὶ καθ´ αὑτὸ τῶν τοιούτων
 ἕκαστόν ἐστιν, ἡδὺ δὲ πέφυκεν ἐν τῷ ἡδομένῳ
 καὶ μετὰ τοῦ ἡδομένου γίγνεσθαι κατὰ φύσιν
 ἔχοντος· ἐν δὲ δυσαρέστοις καὶ κραιπαλῶσι καὶ
 φαύλως διακειμένοις πάντα τὴν αὑτῶν χάριν καὶ
 ὥραν ἀπόλλυσι. διὸ δεῖ μὴ σκοπεῖν τὸν ἰχθὺν
 εἰ πρόσφατος, μηδὲ τὸν ἄρτον εἰ καθαρός, μηδὲ
 τὸ βαλανεῖον εἰ θερμόν, μηδὲ τὴν ἑταίραν εἰ
 εὔμορφος, ἀλλ´ αὑτὸν εἰ μὴ ναυτιώδης μηδὲ
 θολερὸς μηδ´ ἕωλος μηδὲ τεταραγμένος. εἰ δὲ
 μή, καθάπερ εἰς οἰκίαν πενθοῦσαν ἐμβαλόντες
 ἐπίκωμοι μεθύοντες οὐ φιλοφροσύνην παρέσχον
 οὐδ´ ἡδονὴν ἀλλὰ κλαυθμοὺς καὶ ὀδυρμοὺς
 ἐποίησαν, οὕτω καὶ ἀφροδίσια καὶ ὄψα καὶ
 βαλανεῖα καὶ οἶνος ἐν σώματι κακῶς καὶ παρὰ
 φύσιν ἔχοντι μιγνύμενα τοῖς μὴ καθεστῶσι καὶ
 διεφθορόσι φλέγμα καὶ χολὴν κινεῖ καὶ ταράττει
 καὶ προσεξίστησιν, ἡδὺ δ´ οὐδὲν ἀξιολόγως οὐδ´
 ἀπολαυστικὸν οὐδὲν οἷον προσεδοκήσαμεν ἀποδίδωσιν.
 
 | [12] Et de même que les Lacédémoniens, après avoir 
donné au cuisinier du sel et du vinaigre, le chargent de 
trouver le reste dans la bête immolée, de même dans la 
personne qui prend la nourriture sont les assaisonnements 
les meilleurs, si cette nourriture entre dans un corps bien 
portant et bien nettoyé. Que des mets soient doux, qu'ils 
soient chers, ce sont des qualités en dehors de nous et qui
leur appartiennent; mais le plaisir qu'ils procurent réside 
essentiellement en celui et avec celui qui les goûte, si ce 
dernier se trouve dans l'état que requiert la nature. Or, 
pour les gens qui sont dégoûtés, ou chargés de vin, ou mal 
disposés, tous ces objets de nourriture perdent leur agrément 
et leur charme. C'est pourquoi il faut examiner, non 
pas si le poisson est frais, si le pain est de pur froment, le 
bain, convenablement chauffé, la courtisane, jolie; mais si 
l'on n'est pas soi-même sujet à des nausées, à des dégoûts, 
à des rapports, à des maux d'estomac. Autrement, comme 
des gens ivres entrant à la suite d'une orgie dans une maison 
en deuil n'y portent pas la joie et le plaisir, mais y font 
redoubler les sanglots; de même l'amour, le vin, les mets 
délicats, les bains, s'il s'agit d'un corps qui n'ait plus son 
assiette et qui soit rempli d'humeurs corrompues, abattent 
ce corps et le ruinent davantage : il y a mouvement et 
débordement de bile et de pituite , et nous n'éprouvons 
ainsi aucune des satisfactions, aucune des jouissances dont 
nous nous étions flattés.
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