HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Préceptes d'hygiène

Chapitre 11-12

  Chapitre 11-12

[11]` Μάλιστα δὲ προφυλακτέον ἐν ταῖς προπαθείαις καὶ προαισθήσεσιν. οὐ γὰρ ἅπασαι κατὰ τὸν Ἡσίοδον ἐπιφοιτῶσιν αἱ νόσοι σιγῇ, ἐπεὶ φωνὴν ἐξείλετο μητίετα Ζεύς, ἀλλ´ αἱ πλεῖσται καθάπερ προαγγέλους καὶ προδρόμους καὶ κήρυκας ἔχουσιν ἀπεψίας καὶ δυσκινησίας. "βαρύτητες καὶ κόποι," φησὶν Ἱπποκράτης, "αὐτόματοι νοῦσον φράζουσι," διὰ πλῆθος ὡς ἔοικεν ἐντὸς διάτασιν καὶ σφήνωσιν τοῦ περὶ τὰ νεῦρα πνεύματος ἔχοντος. ἀλλ´ ὅμως αὐτοῦ μονονουχὶ τοῦ σώματος ἀντιτείνοντος καὶ κατασπῶντος ἐπὶ τὸ κλινίδιον καὶ τὴν ἡσυχίαν οἱ μὲν ὑπὸ λαιμαργίας καὶ φιληδονίας ἐμβάλλουσιν ἑαυτοὺς ἐπὶ τὰ βαλανεῖα καὶ σπεύδουσιν ἐπὶ τὰς προπόσεις, ὥσπερ εἰς πολιορκίαν ἐπισιτιζόμενοι καὶ δεδιότες μὴ φθάσῃ καταλαβὼν αὐτοὺς πυρετὸς ἀναρίστους, οἱ δὲ κομψότεροι ταύτῃ μὲν οὐχ ἁλίσκονται, πάνυ δ´ ἀβελτέρως αἰσχυνόμενοι κραιπάλην ἀπεψίαν ὁμολογεῖν καὶ διημερεύειν ἐν ἱματίοις, ἑτέρων εἰς τὸ γυμνάσιον βαδιζόντων καὶ παρακαλούντων, ἀναστάντες συναποδύονται καὶ ταὐτὰ πράττουσι τοῖς ὑγιαίνουσι. τοὺς δὲ πλείους ἀκρασίᾳ καὶ μαλακίᾳ συνήγορον ἔχουσα παροιμίαν ἐλπὶς ἀναπείθει καὶ προάγεται βαδίζειν ἀναστάντας ἰταμῶς ἐπὶ τὴν συνήθειαν, ὡς οἴνῳ δὴ τὸν οἶνον κραιπάλῃ δὲ τὴν κραιπάλην ἐξελῶντας καὶ διαφορήσοντας. πρὸς μὲν οὖν ταύτην τὴν ἐλπίδα τὴν τοῦ Κάτωνος εὐλάβειαν ἀντιτακτέον ἥν φησιν ἐκεῖνος ἀνὴρ "τὰ μὲν μεγάλα μικρὰ ποιεῖν τὰ δὲ μικρὰ παντελῶς ἀναιρεῖν," καὶ ὅτι κρεῖττον ἔνδειαν ὑπομεῖναι διὰ κενῆς καὶ ἡσυχίαν διακυβεῦσαι πρὸς λουτρὸν ὠσαμένους καὶ δεῖπνον. εἰ μὲν γὰρ ἔστι τι, βλάψει τὸ μὴ φυλάξασθαι μηδ´ ἐπισχεῖν· εἰ δὲ μηδέν, οὐ βλάψει τὸ συσταλῆναι τῷ σώματι καὶ γενέσθαι καθαρώτερον. δὲ παιδαριώδης ἐκεῖνος καὶ τοῖς φίλοις δεδιὼς καὶ τοῖς οἰκέταις φανερὸς γενέσθαι διακείμενος ἐκ πλησμονῆς κραιπάλης ἀηδῶς, αἰσχυνόμενος ἀπεψίαν ὁμολογῆσαι τήμερον, αὔριον ὁμολογήσει κατάρροιαν πυρετὸν στρόφον· αἰσχυνόμενος αἴσχιστα πενίαν ἂν φέροις, πολὺ δ´ αἴσχιον ἀπεψίαν καὶ βαρύτητα καὶ πλησμονὴν σώματος εἰς βαλανεῖον ἑλκομένου καθάπερ εἰς θάλατταν σαθροῦ πλοίου καὶ μὴ στέγοντος. ὥσπερ γὰρ ἀμέλει πλέοντες ἔνιοι χειμῶνος ὄντος αἰδοῦνται διατρίβειν ἐπ´ ἀκτῆς, εἶτ´ ἀναχθέντες αἴσχιστα διάκεινται βοῶντες καὶ ναυτιῶντες, οὕτως ἐν ὑποψίᾳ καὶ προπαθείᾳ σώματος ἀγεννὲς ἡγούμενοι μίαν ἡμέραν ἐν κλίνῃ διάγειν καὶ μὴ παραθέσθαι τράπεζαν, αἴσχιστα πολλὰς ἡμέρας κεῖνται καθαιρόμενοι καὶ καταπλαττόμενοι καὶ θωπεύοντες ἰατροὺς καὶ θεραπεύοντες, οἶνον αἰτοῦντες ψυχρὸν ὕδωρ, ἄτοπα καὶ ἀγεννῆ πολλὰ ποιεῖν καὶ φθέγγεσθαι διὰ τὸν πόνον καὶ τὸν φόβον ὑπομένοντες. Καὶ μὴν τούς γε διὰ τὰς ἡδονὰς μὴ κρατοῦντας ἑαυτῶν ἀλλ´ ἐγκλίνοντας φερομένους ὑπὸ τῶν ἐπιθυμιῶν καλῶς ἔχει διδάσκειν καὶ ἀναμιμνῄσκειν ὅτι πλεῖστον ἐκ τοῦ σώματος αἱ ἡδοναὶ λαμβάνουσι· [11] Il faut surtout apporter la plus grande attention aux premiers symptômes et aux premières atteintes. Les maladies ne viennent pas toutes, comme l'a dit Hésiode, "En silence, la voix leur étant refusée". Le plus grand nombre d'entre elles s'annoncent par des difficultés de respiration et de mouvement. Ce sont là comme des messagers, des coureurs, des héraults par qui elles se font précéder. Les pesanteurs et les lassitudes qui viennent d'elles-mêmes pronostiquent une maladie, comme le déclare Hippocrate. C'est, apparemment, parce que l'abondance des humeurs gêne et obstrue la circulation des esprits qui vont aux nerfs. Et néanmoins, pendant que le corps oppose presque de la résistance et qu'il tire les gens vers le lit et le repos, les uns, par gourmandise et sensualité, vont se jeter dans le bain, puis de là courent à table se remplir de vivres autant que s'il s'agissait de soutenir un siége : on dirait qu'ils craignent d'être saisis par la fièvre avant d'avoir dîné. Les autres, plus décents, ne se prennent pas par là, mais leur sottise est encore plus maladroite. Honteux de convenir qu'ils ont trop bu ou qu'ils ont une indigestion et de passer la journée sous leurs couvertures, ils se laissent entraîner par d'autres qui se rendent au gymnase. Ils sortent de leur lit, se dépouillent, comme eux, de leurs vêtements, et ils agissent tout à fait de même que ceux qui se portent bien. Mais le plus grand nombre cède à l'intempérance et à la sensualité, et l'espoir que leur donne certain proverbe les détermine et les pousse à se lever. Ils se rendent résolûment à leurs passe-temps habituels, comme si le vin chassait et dissipait le vin, comme si une indigestion en guérissait une autre. A cette espérance dont ils se flattent on doit opposer la crainte réservée dont parlait Caton : crainte, disait ce grand homme, qui affaiblit les causes de maladie quand elles sont graves, et qui les dissipe entièrement lorsqu'elles n'ont pas d'importance. Mieux vaut, ajoutait-il, se condamner sans nécessité à la diète et au repos, que jouer sa santé pour courir à un bain et à un repas. Si le mal couve, on s'exposera en ne prenant pas de précautions pour l'étouffer; et s'il n'y a rien, on ne saurait se nuire en restreignant son régime et en se purgeant ainsi. Mais l'homme qui, par une honte d'enfant, craint que ses amis et ses domestiques ne voient qu'il a trop mangé et trop bu, celui-là, pour n'avoir pas osé confesser aujourd'hui une indigestion, confessera demain un flux de ventre, une inflammation ou des tranchées. "Pauvreté qui fait honte est plus honteuse encore", mais n'est-il pas beaucoup plus dégradant d'avouer des crudités d'estomac, des pesanteurs, des pléthores, et de traîner son corps au bain, comme on traîne à la mer une vieille coque pourrie faisant eau de toutes parts? Il me semble voir; en vérité, certains navigateurs qui au moment d'une tempête se trouvent humiliés d'attendre sur le rivage, et qui une fois au large sont dans le plus pitoyable état, gémissant et ayant le mal de mer. Pareillement, si au premier soupçon, au premier symptôme de maladie, on se croit déshonoré de rester au lit pendant une journée et de ne pas se mettre à table, il est bien plus honteux d'avoir à garder la chambre durant plusieurs jours, à subir des purgations, des cataplasmes, à cajoler les médecins et ceux par qui l'on est soigné pour obtenir d'eux du vin ou de l'eau fraîche, enfin d'être contraint à dire et à faire, par douleur et par crainte, mille choses indignes et déplacées. Du reste, à ceux que le plaisir rend incapables de se maîtriser et qui cèdent à la pente ou à l'impétuosité de leurs passions il est utile d'apprendre et de rappeler que c'est du corps même que les voluptés prennent leur plus grande jouissance.
[12] Καὶ καθάπερ οἱ Λάκωνες ὄξος καὶ ἅλας διδόντες τῷ μαγείρῳ τὰ λοιπὰ κελεύουσιν ἐν τῷ ἱερείῳ ζητεῖν, οὕτως ἐν τῷ σώματι τοῦ προσφερομένου τὰ κάλλιστα τῶν ἡδυσμάτων ἐστίν, ἄνπερ ὑγιαίνοντι καὶ καθαρῷ προσφέρηται. γλυκὺ μὲν γὰρ πολυτελὲς ἔξω καὶ καθ´ αὑτὸ τῶν τοιούτων ἕκαστόν ἐστιν, ἡδὺ δὲ πέφυκεν ἐν τῷ ἡδομένῳ καὶ μετὰ τοῦ ἡδομένου γίγνεσθαι κατὰ φύσιν ἔχοντος· ἐν δὲ δυσαρέστοις καὶ κραιπαλῶσι καὶ φαύλως διακειμένοις πάντα τὴν αὑτῶν χάριν καὶ ὥραν ἀπόλλυσι. διὸ δεῖ μὴ σκοπεῖν τὸν ἰχθὺν εἰ πρόσφατος, μηδὲ τὸν ἄρτον εἰ καθαρός, μηδὲ τὸ βαλανεῖον εἰ θερμόν, μηδὲ τὴν ἑταίραν εἰ εὔμορφος, ἀλλ´ αὑτὸν εἰ μὴ ναυτιώδης μηδὲ θολερὸς μηδ´ ἕωλος μηδὲ τεταραγμένος. εἰ δὲ μή, καθάπερ εἰς οἰκίαν πενθοῦσαν ἐμβαλόντες ἐπίκωμοι μεθύοντες οὐ φιλοφροσύνην παρέσχον οὐδ´ ἡδονὴν ἀλλὰ κλαυθμοὺς καὶ ὀδυρμοὺς ἐποίησαν, οὕτω καὶ ἀφροδίσια καὶ ὄψα καὶ βαλανεῖα καὶ οἶνος ἐν σώματι κακῶς καὶ παρὰ φύσιν ἔχοντι μιγνύμενα τοῖς μὴ καθεστῶσι καὶ διεφθορόσι φλέγμα καὶ χολὴν κινεῖ καὶ ταράττει καὶ προσεξίστησιν, ἡδὺ δ´ οὐδὲν ἀξιολόγως οὐδ´ ἀπολαυστικὸν οὐδὲν οἷον προσεδοκήσαμεν ἀποδίδωσιν. [12] Et de même que les Lacédémoniens, après avoir donné au cuisinier du sel et du vinaigre, le chargent de trouver le reste dans la bête immolée, de même dans la personne qui prend la nourriture sont les assaisonnements les meilleurs, si cette nourriture entre dans un corps bien portant et bien nettoyé. Que des mets soient doux, qu'ils soient chers, ce sont des qualités en dehors de nous et qui leur appartiennent; mais le plaisir qu'ils procurent réside essentiellement en celui et avec celui qui les goûte, si ce dernier se trouve dans l'état que requiert la nature. Or, pour les gens qui sont dégoûtés, ou chargés de vin, ou mal disposés, tous ces objets de nourriture perdent leur agrément et leur charme. C'est pourquoi il faut examiner, non pas si le poisson est frais, si le pain est de pur froment, le bain, convenablement chauffé, la courtisane, jolie; mais si l'on n'est pas soi-même sujet à des nausées, à des dégoûts, à des rapports, à des maux d'estomac. Autrement, comme des gens ivres entrant à la suite d'une orgie dans une maison en deuil n'y portent pas la joie et le plaisir, mais y font redoubler les sanglots; de même l'amour, le vin, les mets délicats, les bains, s'il s'agit d'un corps qui n'ait plus son assiette et qui soit rempli d'humeurs corrompues, abattent ce corps et le ruinent davantage : il y a mouvement et débordement de bile et de pituite , et nous n'éprouvons ainsi aucune des satisfactions, aucune des jouissances dont nous nous étions flattés.


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Dernière mise à jour : 6/10/2005