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| [9] Ἐπεὶ δ´ ὥσπερ ὁ Δημάδης πολεμικοὺς ἀκαίρως
 τοὺς Ἀθηναίους ὄντας ἔλεγε μηδέποτε
 χειροτονεῖν εἰρήνην ἄνευ μελάνων ἱματίων, οὕτω
 καὶ ἡμεῖς οὐδέποτε μεμνήμεθα λιτῆς διαίτης καὶ
 σώφρονος ἄνευ κλύσεων καὶ καταπλασμάτων·
 ἔν τε τούτοις γενόμενοι πιέζομεν σφόδρα τὰς
 ἁμαρτίας, ἐναπερειδόμενοι τῇ μνήμῃ καί, καθάπερ
 οἱ πολλοὶ νῦν μὲν ἀέρας νῦν δὲ χώρας ἐπιμεμφόμενοι
 νοσώδεις ἀποδημίας δεδιέναι λέγουσι, ἐξαιρούμενοι
 τῆς αἰτίας τὴν ἀκρασίαν καὶ φιληδονίαν·
 ἀλλ´ ὥσπερ ὁ Λυσίμαχος ἐν Γέταις συσχεθεὶς
 δίψῃ καὶ παραδοὺς ἑαυτὸν μετὰ τοῦ στρατεύματος
 αἰχμάλωτον εἶτα πιὼν ὕδωρ ψυχρόν, "ὦ θεοί,"
 εἶπεν, "ὡς βραχείας ἡδονῆς ἕνεκα μεγάλην
 εὐδαιμονίαν ἀπεβαλόμην," οὕτως ἀνοιστέον ἐν
 ταῖς ἀρρωστίαις πρὸς αὑτοὺς ὡς διὰ ψυχροποσίαν
 ἢ λουτρὸν ἄκαιρον ἢ συμπεριφορὰν πολλὰς μὲν
 αὑτῶν διεφθείραμεν ἡδονάς, καλὰς δὲ πράξεις
 ἐπιτερπεῖς τε διαγωγὰς ἀπωλέσαμεν. ὁ γὰρ ἐκ
 τῶν τοιούτων ἀναλογισμῶν δηγμὸς αἱμάσσει τὴν
 μνήμην, ὥστε οἷον οὐλὴν παραμένουσαν ἐν τῷ
 ὑγιαίνειν εὐλαβεστέρους ποιεῖν περὶ τὴν δίαιταν.
 οὐδὲ γὰρ ἄγαν τὸ ὑγιαῖνον σῶμα φύσει μεγάλας
 ἐπιθυμίας οὐδὲ δυσπειθεῖς οὐδ´ ἀσυνήθεις οὐδὲ
 δυσεκβιάστους, ἀλλὰ δεῖ θαρρεῖν πρὸς τὰς ὀρέξεις
 ἐκφερομένας καὶ ἐπιπηδώσας ταῖς ἀπολαύσεσιν,
 ὡς ἐλαφρὸν καὶ παιδικὸν ἐχούσας τὸ μεμψιμοιροῦν
 καὶ κλαυθμυριζόμενον, εἶτα παυομένας ἀρθείσης
 τῆς τραπέζης καὶ μηδὲν ἐγκαλούσας μηδ´ ἀδικουμένας,
 ἀλλὰ τοὐναντίον καθαρὰς καὶ ἱλαρὰς καὶ
 οὐ βαρείας οὐδὲ ναυτιώδεις περιμενούσας τὴν
 αὔριον. ὥσπερ ἀμέλει καὶ Τιμόθεος εἶπε τῇ
 προτεραίᾳ δεδειπνηκὼς ἐν Ἀκαδημείᾳ παρὰ Πλάτωνι
 μουσικὸν καὶ λιτὸν δεῖπνον, ὡς οἱ παρὰ
 Πλάτωνι δειπνήσαντες καὶ εἰς αὔριον ἡδέως
 γίγνονται. λέγεται δὲ καὶ Ἀλέξανδρος εἰπεῖν
 τοὺς τῆς Ἄδας ὀψοποιοὺς ἀποπεμψάμενος ὡς
 ἔχει βελτίονας ἄγειν ἀεὶ σὺν αὑτῷ, πρὸς μὲν τὸ
 ἄριστον τὴν νυκτοπορίαν, πρὸς δὲ τὸ δεῖπνον τὴν
 ὀλιγαριστίαν.
 | [9] Démade, parlant des Athéniens qui étaient belliqueux 
à contre-temps, disait : "Les Athéniens ne décrètent jamais 
la paix sans être vêtus de noirs". De même nous aussi, 
nous ne songeons à un régime sobre et modéré que quand 
on nous cautérise ou que l'on nous couvre de cataplasmes. 
Tant que nous sommes en cours de traitement nous supprimons 
avec énergies toutes nos fautes, nous opposons de 
la résistance aux indications que nous présente notre mémoire; 
et de même que la plupart des hommes s'en prennent 
tantôt à l'atmosphère, tantôt à la contrée, les disant 
malsaines, tantôt à des voyages à l'étrangers, de même nous
retranchons du nombre des causes qui nous ont rendus 
malades notre intempérance et notre amour du plaisir. 
Nous faisons comme le roi Lysimaque. Tourmenté par la soif 
dans le pays des Gètes, et s'étant livré prisonnier avec ses 
troupes, il s'écria après avoir bu de l'eau froide : «O Dieux ! 
combien était court le plaisir auquel je sacrifiais une si 
grande volupté !» De même il faut dans les maladies nous 
rappeler que c'est pour une boisson trop fraîche, pour un 
bain pris mal à propos, pour un festin, que nous empoisonnons 
un grand nombre de nos plaisirs et que nous avons 
perdu l'occasion d'accomplir des actes honorables, de nous 
livrer à des passe-temps pleins de charmes. Les remords que 
produisent de telles réflexions deviennent pour la mémoire 
comme une plaie douloureuse. Il semble que la cicatrice en 
reste encore quand on est en bonne santé, et que nous en devions 
être plus attentifs au régime à suivre. En effet dans le 
corps qui est sain ne se produiront jamais d'une manière qui 
soit excessive ces désirs furieux et inaccoutumés, dont il est 
difficile d'avoir raison soit par la persuasion soit par la violence. 
Quant aux fantaisies soudaines qui se portent avec 
avidité vers la jouissance, il faut leur résister résolûment. 
Elles n'ont pas plus d'importance que n'en ont les caprices 
d'un enfant gâté qui pleure. Elles s'apaisent dès que la 
table a été enlevée et sans se plaindre qu'on leur ait fait 
de tort. Loin de provoquer des pesanteurs ou des nausées, 
les appétits que nous voulons dire sont, au contraire, purs, 
allègres, et ils attendent patiemment au lendemain. C'est 
à quoi sans doute faisait allusion Timothée, qui la veille 
chez Platon, à l'Académie, avait pris sa part d'un souper 
frugal et digne des Muses : «Quand on a soupé chez Platon», 
disait-il, «on s'en trouve bien le lendemain encore". On 
rapporte aussi qu'Alexandre ayant congédié les cuisiniers que 
lui envoyait la reine Ada, dit qu'il en avait toujours de 
meilleurs à sa suite, à savoir, pour son dîner les marches 
de nuit, et pour son souper la simplicité même du dîner.
 |  | [10] Οὐκ ἀγνοῶ δ´ ὅτι καὶ διὰ κόπους πυρέττουσιν
 ἄνθρωποι καὶ δι´ ἐγκαύσεις καὶ διὰ περιψύξεις.
 ἀλλ´ ὥσπερ αἱ τῶν ἀνθέων ὀσμαὶ καθ´ ἑαυτὰς
 ἀσθενεῖς εἰσι, μιχθεῖσαι δὲ τῷ ἐλαίῳ ῥώμην
 ἴσχουσι καὶ τόνον, οὕτω ταῖς ἔξωθεν αἰτίαις καὶ
 ἀρχαῖς οἷον οὐσίαν καὶ σῶμα παρέχει τὸ πλῆθος
 ὑποκείμενον. ἄνευ δὲ τούτου, τούτων χαλεπὸν
 οὐδέν, ἀλλ´ ἐξαμαυροῦνται καὶ διαχέονται ῥᾳδίως,
 αἵματος λεπτοῦ καὶ πνεύματος καθαροῦ δεχομένου
 τὴν κίνησιν· ἐν δὲ πλήθει καὶ περιττώματι οἷον
 ἰλὺς ἀναταραττομένη μιαρὰ ποιεῖ πάντα καὶ
 δυσχερῆ καὶ δυσαπάλλακτα. διὸ δεῖ μὴ καθάπερ
 οἱ ἀγαστοὶ ναύκληροι πολλὰ δι´ ἀπληστίαν
 ἐμβαλόμενοι, τοὐντεῦθεν ἤδη διατελοῦσιν ἀντλοῦντες
 καὶ ὑπεξερῶντες τὴν θάλατταν, οὕτως
 ἐμπλήσαντας τὸ σῶμα καὶ βαρύναντας ὑποκαθαίρειν
 αὖθις καὶ ὑποκλύζειν, ἀλλὰ διατηρεῖν εὐσταλές,
 ὅπως, κἂν πιεσθῇ ποτε, φελλοῦ δίκην ὑπὸ κουφότητος
 ἀναφέρηται.
 
 | [10] Je n'ignore pas que des hommes sont pris aussi de
la fièvre pour s'être fatigués, pour avoir eu trop chaud, pour 
avoir eu trop froid. Mais, comme le parfum des fleurs est 
faible par lui-même, et que, mêlé avec de l'huile, il 
acquiert de la force et de l'intensité, de même les causes 
extérieures et premières trouvent en quelque sorte une 
substance et un corps là où il y a réplétion d'humeurs. Sans 
cette réplétion il ne se déclare jamais rien de fâcheux; les 
influences malignes se neutralisent, se dissipent; toute 
indisposition cède à la limpidité du sang, à la pureté des 
esprits. Mais lorsqu'il y a réplétion et engorgement, c'est 
comme une fange épaisse qui est remuée, et il en résulte 
dans l'économie entière une corruption et des désordres 
difficiles à conjurer. Par conséquent n'imitons pas ces 
intrépides patrons de navires, qui après avoir surchargé 
leur bâtiment outre mesure, passent ensuite le temps à 
pomper l'eau de mer qui y entre et à le vider. De même, 
n'allons pas remplir notre corps et l'alourdir, pour avoir 
ensuite à le purger et le laver. Maintenons-le toujours 
leste; et si parfois il est appesanti, que sa légèreté le fasse 
toujours remonter comme du liége.
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