[98] (98a) Πᾶν τὸ ζητούμενον
ἁλωτόν, ἐκφεύγει δὲ τἀμελούμενον
καὶ πάλιν αὖ τὰ πράγματα διαιρῶν
τὰ μὲν διδακτὰ μανθάνω, τὰ δ´ εὑρετὰ ζητῶ, τὰ δ´ εὐκτὰ παρὰ θεῶν ᾐτησάμην.
Τί γὰρ εὑρετὸν ἢ τί μαθητόν ἐστιν ἀνθρώποις, εἰ πάντα περαίνεται κατὰ
τύχην; Ποῖον δ´ οὐκ ἀναιρεῖται βουλευτήριον πόλεως ἢ ποῖον οὐ καταλύεται
συνέδριον βασιλέως, εἰ ὑπὸ τῇ τύχῃ πάντ´ ἐστίν, ἣν τυφλὴν λοιδοροῦμεν, ὡς
τυφλοὶ περιπίπτοντες (98b) αὐτῇ; Τί δ´ οὐ μέλλομεν, ὅταν ὥσπερ ὄμματα τὴν
εὐβουλίαν ἐκκόψαντες αὑτῶν τοῦ βίου τυφλὴν χειραγωγὸν λαμβάνωμεν;
Καίτοι φέρε λέγειν τινὰ ἡμῶν ὡς τύχη τὰ τῶν βλεπόντων πράγματα, οὐκ ὄψις
οὐδ´ « Ὄμματα φωσφόρα, » φησὶ Πλάτων, καὶ τύχη τὰ τῶν ἀκουόντων, οὐ
δύναμις ἀντιληπτικὴ πληγῆς ἀέρος δι´ ὠτὸς καὶ ἐγκεφάλου προσφερομένης·
καλὸν ἦν, ὡς ἔοικεν, εὐλαβεῖσθαι τὴν αἴσθησιν. Ἀλλὰ μὴν τὴν ὄψιν καὶ ἀκοὴν
καὶ γεῦσιν καὶ ὄσφρησιν καὶ τὰ λοιπὰ μέρη τοῦ σώματος τάς τε δυνάμεις
αὐτῶν ὑπηρεσίαν εὐβουλίας καὶ φρονήσεως ἡ (98c) φύσις ἤνεγκεν ἡμῖν, καὶ
« Νοῦς ὁρῇ καὶ νοῦς ἀκούει, τἄλλα » δὲ « Κωφὰ καὶ τυφλά. »
Καὶ ὥσπερ ἡλίου μὴ ὄντος ἕνεκα τῶν ἄλλων ἄστρων εὐφρόνην ἂν ἤγομεν, ὥς
φησιν Ἡράκλειτος, οὕτως ἕνεκα τῶν αἰσθήσεων, εἰ μὴ νοῦν μηδὲ λόγον ὁ
ἄνθρωπος ἔσχεν, οὐδὲν ἂν διέφερε τῷ βίῳ τῶν θηρίων. Νῦν δ´ οὐκ ἀπὸ τύχης
οὐδ´ αὐτομάτως περίεσμεν αὐτῶν καὶ κρατοῦμεν, ἀλλ´ ὁ Προμηθεύς, τουτέστιν
ὁ λογισμός, αἴτιος
Ἵππων ὄνων τ´ ὀχεῖα καὶ ταύρων γονὰς
δοὺς ἀντίδουλα καὶ πόνων ἐκδέκτορα
(98d) κατ´ Αἰσχύλον. Ἐπεὶ τύχῃ γε καὶ φύσει γενέσεως ἀμείνονι τὰ πλεῖστα
τῶν ἀλόγων κέχρηται. Τὰ μὲν γὰρ ὥπλισται κέρασι καὶ ὀδοῦσι καὶ κέντροις,
« Αὐτὰρ ἐχίνοις, » φησὶν Ἐμπεδοκλῆς,
« ὀξυβελεῖς χαῖται νώτοις ἐπιπεφρίκασι, »
τὰ δ´ ὑποδέδεται καὶ ἠμφίεσται φολίσι καὶ λάχναις καὶ χηλαῖς καὶ ὁπλαῖς
ἀποκρότοις· μόνος δ´ ὁ ἄνθρωπος κατὰ τὸν Πλάτωνα « Γυμνὸς καὶ ἄνοπλος καὶ
ἀνυπόδετος καὶ ἄστρωτος » ὑπὸ τῆς φύσεως ἀπολέλειπται.
(98e) Ἀλλ´ ἓν διδοῦσα πάντα μαλθάσσει τάδε,
τὸν λογισμὸν καὶ τὴν ἐπιμέλειαν καὶ τὴν πρόνοιαν.
Ἦ βραχὺ μὲν σθένος ἀνέρος· ἀλλὰ
ποικιλίᾳ πραπίδων
δεινὰ μὲν φῦλα πόντου
χθονίων τ´ ἀερίων τε
δάμναται βουλεύματα.
Κουφότατον ἵπποι καὶ ὠκύτατον, ἀνθρώπῳ δὲ θέουσι· μάχιμον κύων καὶ
θυμοειδές, ἀλλ´ ἄνθρωπον φυλάττει· ἡδύτατον ἰχθὺς καὶ πολύσαρκον ὗς,
ἀνθρώπῳ δὲ τροφὴ καὶ ὄψον ἐστί. Τί μεῖζον ἐλέφαντος ἢ φοβερώτερον ἰδεῖν;
Ἀλλὰ καὶ τοῦτο παίγνιον γέγονεν ἀνθρώπου καὶ θέαμα πανηγυρικόν, ὀρχήσεις
τε μανθάνει καὶ χορείας καὶ προσκυνήσεις, οὐκ ἀχρήστως τῶν τοιούτων
παρεισαγομένων, (98f) ἀλλ´ ἵνα μανθάνωμεν ποῦ τὸν ἄνθρωπον ἡ φρόνησις
αἴρει καὶ τίνων ὑπεράνω ποιεῖ, καὶ πῶς κρατεῖ πάντων καὶ περίεστιν.
Οὐ γὰρ πυγμάχοι εἰμὲν ἀμύμονες οὐδὲ παλαισταί,
οὐδὲ ποσὶ κραιπνῶς θέομεν,
ἀλλ´ ἐν πᾶσι τούτοις ἀτυχέστεροι τῶν θηρίων ἐσμέν· ἐμπειρίᾳ δὲ καὶ μνήμῃ
καὶ σοφίᾳ καὶ τέχνῃ κατ´ Ἀναξαγόραν σφῶν τ´ αὐτῶν χρώμεθα καὶ βλίττομεν
καὶ ἀμέλγομεν καὶ φέρομεν καὶ ἄγομεν συλλαμβάνοντες· ὥστ´ ἐνταῦθα μηδὲν
τῆς τύχης ἀλλὰ πάντα τῆς εὐβουλίας εἶναι καὶ τῆς προνοίας.
| [98] (98a) "Tout périt par la négligence,
Et l'on trouve toujours ce qu'on cherche avec soin";
et celles-ci où il distingue les différents moyens de parvenir à ce qu'on désire.
"J'apprends avec plaisir ce qui peut s'enseigner;
Je cherche constamment ce que l'on peut trouver,
Et je demande aux dieux tout ce que ma faiblesse
Ne peut que désirer".
Mais qu'est-ce que les hommes pourront trouver ou apprendre, si tout est
fait par la fortune? La rendre maîtresse de tous les événements humains,
n'est-ce pas anéantir les sénats dans les républiques, et les conseils
dans les cours des princes? Nous la traitons d'aveugle, et nous nous
laissons conduire en aveugles par ses caprices. (98b) Et n'est-ce pas
l'être, en effet, que de s'arracher, pour ainsi dire, les yeux de la prudence,
et de prendre une divinité aveugle pour guide de sa vie ?
Dira-t-on que c'est la fortune qui fait que nous voyons,
et non pas nos yeux, que Platon appelle les messagers de la
lumière? que c'est par elle que nous entendons, et non par l'organe de
l'ouïe, qui, recevant l'impression de l'air dont elle est frappée, la
transmet au cerveau ? Oserait-on soumettre ainsi tous nos sens à la
fortune? La nature nous a donné la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût et les
autres organes du corps, pour être les ministres de la sagesse et de la
prudence ; (98c) mais c'est l'âme seule qui voit et entend. Les facultés
corporelles sont sourdes et aveugles. « Sans la lumière du soleil, dit
Héraclite, nous serions, malgré l'éclat des autres astres, plongés dans
une nuit perpétuelle ; et, sans l'entendement et la raison, l'homme, par
les sens naturels seuls, ne serait pas distingué des animaux. » Ce n'est
ni la fortune, ni le hasard, qui nous les assujettit ; c'est Prométhée,
c'est-à-dire l'intelligence.
"Elle nous a soumis les divers animaux,
Et leur fait partager nos travaux et nos peines",
(98d) dit Eschyle. La nature et la fortune ont partagé la plupart d'entre
eux beaucoup mieux que nous. Ils sont armés de cornes, de dents et
d'aiguillons; qui leur servent de défense.
"Le dos du hérisson est armé de longs dards,
dit Empédocle". D'autres sont couverts d'écailles, de longues soies, de
pinces ou d'ongles très durs. L'homme seul, suivant Platon, est laissé,
par la nature, nu et sans armes, privé de toute espèce de vêtement.
(98e) Mais un seul don adoucit tous ces maux ;
et ce don, c'est l'intelligence, la prévoyance et l'industrie.
"L'homme est faible, mais son adresse
Lui soumet tous les animaux,
Dans les airs, sur la terre, et jusqu'au fond des eaux".
Les chevaux sont pleins de vitesse et de légèreté, mais c'est pour l'homme
qu'ils courent ; si les chiens sont ardents et courageux, c'est pour le
défendre ; la chair des poissons et de plusieurs autres animaux, si
agréable au goût, sert à sa nourriture. Quoi de plus grand et de plus
terrible qu'un éléphant ? l'homme, cependant, le fait servir à ses jeux et
à ses spectacles ; il lui apprend à sauter, à danser, à faire plusieurs
tours. (98f) Il est bon de remarquer ces exemples, qui nous montrent
jusqu'où la prudence nous élève, et qu'il n'est rien qu'elle ne puisse
nous assujettir.
"A la course, à la lutte, au ceste, au pugilat,
Sur tous les animaux l'homme a-t-il l'avantage"?
Non ; au contraire, sur tous ces points il leur est très inférieur. Mais,
aidé de l'expérience, de la mémoire et de l'adresse, comme dit Anaxagoras,
il les fait tous servir à ses besoins ; il prend leur lait et leur miel,
il dispose à son gré de tout ce qui leur appartient. Or, en cela, doit-il
quelque chose à la fortune? Tout n'est-il pas l'effet de sa sagesse et de
son industrie?
|