[392] οὔτ´ ἄλλο τῶν (392a) ἐλλιπῶν μορίων οὐδὲν οἶμαι τὸ γράμμα σημαίνειν·
ἀλλ´ ἔστιν αὐτοτελὴς τοῦ θεοῦ προσαγόρευσις καὶ
προσφώνησις ἅμα τῷ ῥήματι τὸν φθεγγόμενον εἰς ἔννοιαν καθιστᾶσα τῆς τοῦ
θεοῦ δυνάμεως. Ὁ μὲν γὰρ θεὸς ἕκαστον {ἡμῶν} τῶν ἐνταῦθα προσιόντων οἷον
ἀσπαζόμενος προσαγορεύει τό « γνῶθι σαυτόν, » ὃ τοῦ χαῖρε δήπουθεν οὐδὲν
μεῖόν ἐστιν· ἡμεῖς δὲ πάλιν ἀμειβόμενοι τὸν θεόν « εἶ » φαμέν, ὡς ἀληθῆ
καὶ ἀψευδῆ καὶ μόνην μόνῳ προσήκουσαν τὴν τοῦ εἶναι προσαγόρευσιν
ἀποδιδόντες. »
«Ἡμῖν μὲν γὰρ ὄντως τοῦ εἶναι μέτεστιν οὐδέν, ἀλλὰ πᾶσα θνητὴ φύσις ἐν
μέσῳ γενέσεως καὶ φθορᾶς γενομένη φάσμα παρέχει καὶ δόκησιν ἀμυδρὰν καὶ
ἀβέβαιον (392b) αὑτῆς· ἂν δὲ τὴν διάνοιαν ἐπερείσῃς λαβέσθαι βουλόμενος,
ὥσπερ ἡ σφοδρὰ περίδραξις ὕδατος τῷ πιέζειν καὶ εἰς ταὐτὸ συνάγειν
διαρρέον ἀπόλλυσι τὸ περιλαμβανόμενον, οὕτω τῶν παθητῶν καὶ μεταβλητῶν
ἑκάστου τὴν ἄγαν ἐνάργειαν ὁ λόγος διώκων ἀποσφάλλεται τῇ μὲν εἰς τὸ
γιγνόμενον αὐτοῦ τῇ δ´ εἰς τὸ φθειρόμενον, οὐδενὸς λαβέσθαι μένοντος οὐδ´
ὄντως ὄντος δυνάμενος. « Ποταμῷ γὰρ οὐκ ἔστιν ἐμβῆναι δὶς τῷ αὐτῷ » καθ´
Ἡράκλειτον οὐδὲ θνητῆς οὐσίας δὶς ἅψασθαι κατὰ ἕξιν· ἀλλ´ ὀξύτητι καὶ
τάχει μεταβολῆς « σκίδνησι καὶ πάλιν συνάγει » , μᾶλλον δ´ οὐδὲ πάλιν οὐδ´
ὕστερον ἀλλ´ ἅμα συνίσταται (392c) καὶ ἀπολείπει καὶ « πρόσεισι καὶ
ἄπεισιν » . Ὅθεν οὐδ´ εἰς τὸ εἶναι περαίνει τὸ γιγνόμενον αὐτῆς τῷ
μηδέποτε λήγειν μηδ´ ἵστασθαι τὴν γένεσιν, ἀλλ´ ἀπὸ σπέρματος ἀεὶ
μεταβάλλουσαν ἔμβρυον ποιεῖν εἶτα βρέφος εἶτα παῖδα, μειράκιον ἐφεξῆς,
νεανίσκον, εἶτ´ ἄνδρα, πρεσβύτην, γέροντα, τὰς πρώτας φθείρουσαν γενέσεις
καὶ ἡλικίας ταῖς ἐπιγιγνομέναις. Ἀλλ´ ἡμεῖς ἕνα φοβούμεθα γελοίως θάνατον,
ἤδη τοσούτους τεθνηκότες καὶ θνήσκοντες. Οὐ γὰρ μόνον, ὡς Ἡράκλειτος
ἔλεγε, « πυρὸς θάνατος ἀέρι γένεσις, καὶ ἀέρος θάνατος ὕδατι γένεσις, »
ἀλλ´ ἔτι σαφέστερον ἐπ´ αὐτῶν ἡμῶν φθείρεται μὲν ὁ ἀκμάζων (392d)
γινομένου γέροντος, ἐφθάρη δ´ ὁ νέος εἰς τὸν ἀκμάζοντα, καὶ ὁ παῖς εἰς τὸν
νέον, εἰς δὲ τὸν παῖδα τὸ νήπιον· ὅ τ´ ἐχθὲς εἰς τὸν σήμερον τέθνηκεν, ὁ
δὲ σήμερον εἰς τὸν αὔριον ἀποθνήσκει· μένει δ´ οὐδεὶς οὐδ´ ἔστιν εἷς, ἀλλὰ
γιγνόμεθα πολλοί, περὶ ἕν τι φάντασμα καὶ κοινὸν ἐκμαγεῖον ὕλης
περιελαυνομένης καὶ ὀλισθανούσης. Ἐπεὶ πῶς οἱ αὐτοὶ μένοντες ἑτέροις
χαίρομεν νῦν, ἑτέροις πρότερον, τἀναντία φιλοῦμεν καὶ μισοῦμεν καὶ
θαυμάζομεν καὶ ψέγομεν, ἄλλοις χρώμεθα λόγοις ἄλλοις πάθεσιν, οὐκ εἶδος οὐ
(392e) μορφὴν οὐ διάνοιαν ἔτι τὴν αὐτὴν ἔχοντες; οὔτε γὰρ ἄνευ μεταβολῆς
ἕτερα πάσχειν εἰκός, οὔτε μεταβάλλων οὐδεὶς ὁ αὐτός ἐστιν· εἰ δ´ ὁ αὐτὸς
οὐκ ἔστιν, οὐδ´ ἔστιν, ἀλλὰ τοῦτ´ αὐτὸ μεταβάλλει γιγνόμενος ἕτερος ἐξ
ἑτέρου. Ψεύδεται δ´ ἡ αἴσθησις ἀγνοίᾳ τοῦ ὄντος εἶναι τὸ φαινόμενον. »
« Τί οὖν ὄντως ὄν ἐστι; τὸ ἀίδιον καὶ ἀγένητον καὶ ἄφθαρτον, ᾧ χρόνος
μεταβολὴν οὐδὲ εἷς ἐπάγει. Κινητὸν γάρ τι καὶ κινουμένῃ συμφανταζόμενον
ὕλῃ καὶ ῥέον ἀεὶ καὶ μὴ στέγον, ὥσπερ ἀγγεῖον φθορᾶς καὶ γενέσεως, ὁ
χρόνος· ὅπου γε δὴ τὸ μέν « ἔπειτα » καὶ τό « πρότερον » καὶ τό « ἔσται »
λεγόμενον καὶ τό « γέγονεν » αὐτόθεν ἐξομολόγησίς ἐστι τοῦ μὴ ὄντος· τὸ
γὰρ ἐν τῷ εἶναι μηδέπω (392f) γεγονὸς ἢ πεπαυμένον ἤδη τοῦ εἶναι λέγειν ὡς
ἔστιν, εὔηθες καὶ ἄτοπον. ᾯ δὲ μάλιστα τὴν νόησιν ἐπερείδοντες τοῦ χρόνου
τό « ἐνέστηκε » καὶ τό « πάρεστι » καὶ τό « νῦν » φθεγγόμεθα, τοῦτ´ αὖ
πάλιν ἄγαν ἐνδυόμενος ὁ λόγος ἀπόλλυσιν. Ἐκθλίβεται γὰρ εἰς τὸ μέλλον καὶ
τὸ παρῳχημένον
| [392] ni quelque partie du discours, mais qu'elle est en soi une dénomination
parfaite de ce dieu, dont elle nous fait connaître, par cette énonciation, la
puissance et les qualités. En effet, lorsque nous approchons du
sanctuaire, le dieu nous adresse ces mots : CONNAIS-TOI TOI-MÊME, ce qui
est un véritable salut. Et nous lui répondons par ce monosyllabe : "Ei",
VOUS ÊTES, c'est-à-dire que nous attribuons à lui seul la propriété
véritable, unique et incommunicable, d'exister par lui-même.
« Pour nous, l'existence n'est pas proprement notre partage. Toutes les
substances périssables placées, pour ainsi dire, entre la naissance et la
mort, n'ont qu'une apparence incertaine, et existent dans notre opinion
plutôt qu'elles n'existent réellement. (392b) Veut-on appliquer son esprit
pour les saisir par la pensée ? il en est d'elles comme d'un liquide qu'on
presse dans ses mains ; à mesure qu'on le serre davantage, il s'écoule et
se perd. Ainsi la raison, en voulant se former une idée évidente des
substances passibles et muables, s'égare nécessairement, parce qu'elle
s'attache à leur naissance ou à leur mort, sans pouvoir saisir en elles
rien de permanent et qui ait une existence réelle. On ne descend pas deux
fois dans le même fleuve, dit Héraclite. On ne trouve pas non plus
deux fois dans le même état une substance périssable. Telle est la
rapidité de ses changements, qu'un instant en réunit les parties et un
instant les disperse ; elle ne fait que paraître (392c) et disparaître.
Aussi ne parvient-elle jamais à un état qu'on puisse appeler existence,
parce qu'elle ne cesse point de naître et de se former. Passant depuis le
premier instant de sa conception par des vicissitudes continuelles, elle
est successivement embryon, être animé, enfant, adolescent, jeune homme,
homme fait, vieillard et décrépit. Une génération nouvelle détruit sans
cesse les précédentes.
« Après cela, n'est-il pas ridicule que nous craignions la mort, nous qui
sommes déjà morts tant de fois et qui mourons tous les jours? Héraclite
disait que la mort du feu était la naissance de l'air, et que la mort de
l'air donnait naissance à l'eau. Mais cela se vérifie bien plus
sensiblement en nous-mêmes. L'homme fait (392d) meurt quand le vieillard
commence ; et il n'avait lui-même existé que par la mort du jeune homme,
et celui-ci par celle de l'enfant. L'homme d'hier est mort aujourd'hui, et
celui d'aujourd'hui mourra demain. Il n'est personne qui subsiste et qui
soit toujours un. Nous sommes successivement plusieurs êtres, et la
matière dont nous sommes formés s'agite et s'altère sans cesse autour d'un
simulacre et d'un moule commun. En effet, si nous demeurons toujours les
mêmes, pourquoi changeons-nous si souvent de goûts ? Pourquoi nous voit-on
aimer, haïr, admirer, blâmer tour à tour les objets les plus contraires,
varier à tous moments dans nos discours, nos sentiments, nos affections,
(392e) et jusque dans notre figure ? Il n'est pas vraisemblable que cette
diversité dans notre manière d'être se fasse sans quelque changement, et
quiconque change n'est pas le même : s'il n'est pas le même, il n'a donc
pas proprement l'existence ; mais par des changements continuels il passe
d'une manière d'être à une autre. Nos sens, par l'ignorance de ce qui est
réellement, nous font attribuer la réalité de l'être à ce qui n'en a que l'apparence.
« Quel est donc l'être véritable ? c'est celui qui existe de toute
éternité, qui n'a ni origine, ni terme, à qui le temps ne fait éprouver
aucune vicissitude. Le temps, cette durée mobile, qu'on conçoit sous
l'idée du mouvement, qui s'écoule sans cesse, et ne peut être fixé, est
comme l'espace où commencent et finissent toutes les générations. Les
différentes dénominations sous lesquelles on l'exprime, d'antérieur, de
postérieur, de futur et de passé, sont un aveu de sa non-existence ; car
il serait absurde d'admettre (392f) comme existant ce qui n'est pas encore ou
ce qui cesse d'être. Lorsque, pour nous former une idée du temps, nous voulons
nous fixer au moment présent, il échappe à la pensée et la raison s'y
perd. Il se divise en passé et en avenir,
|