[17] Ἔτι δ´ ἐμοῦ λέγοντος ὑπολαβὼν ὁ Ὀλύμπιχος
‘ἔοικας’ ἔφη ‘τῷ λόγῳ μεγάλην ὑπόθεσιν ὑποτίθεσθαι,
τὴν ἐπιμονὴν τῆς ψυχῆς.’ ‘καὶ ὑμῶν γ´’ εἶπον ἐγώ ‘διδόν–
των μᾶλλον δὲ δεδωκότων· ὡς γὰρ τοῦ θεοῦ τὸ κατ´ ἀξίαν
νέμοντος ἡμῖν ὁ λόγος ἐξ ἀρχῆς δεῦρο προελήλυθε.’
κἀκεῖνος ‘εἶτα δ´’ ἔφη ‘νομίζεις ἕπεσθαι τῷ τοὺς θεοὺς
ἐπιβλέπειν καὶ νέμειν ἕκαστα τῶν καθ´ ἡμᾶς τὸ τὰς ψυχὰς
ὑπάρχειν ἢ πάμπαν ἀφθάρτους ἢ χρόνον τινὰ μετὰ τὴν
τελευτὴν ἐπιμενούσας;’ ‘οὔκ, ὦ ´γαθέ’; εἶπον ‘ἀλλὰ
μικρὸς οὕτω καὶ κενόσπουδος ὁ θεός ἐστιν, ὥστε μηδὲν
ἡμῶν ἐχόντων θεῖον ἐν αὑτοῖς μηδὲ προσόμοιον ἁμωσγέπως
ἐκείνῳ καὶ διαρκὲς καὶ βέβαιον, ἀλλὰ φύλλοις, ὡς
Ὅμηρος ἔφη, παραπλησίως ἀπομαραινομένων
παντάπασι καὶ φθινόντων ἐν ὀλίγῳ ποιεῖσθαι λόγον τοσοῦτον,
ὥσπερ αἱ τοὺς Ἀδώνιδος κήπους ἐπ´ ὀστράκοις τισὶ
τιθηνούμεναι καὶ θεραπεύουσαι γυναῖκες ἐφημέρους σπεί–
ρων ψυχὰς ἐν σαρκὶ τρυφερᾷ καὶ βίου ῥίζαν ἰσχυρὰν οὐ
δεχομένῃ βλαστανούσας εἶτ´ ἀποσβεννυμένας εὐθὺς ὑπὸ
τῆς τυχούσης προφάσεως; εἰ δὲ βούλει, τοὺς ἄλλους θεοὺς
ἐάσας σκόπει τουτονὶ τὸν ἐνταυθοῖ τὸν ἡμέτερον, εἴ σοι
δοκεῖ τὰς ψυχὰς τῶν τελευτώντων ἀπολλυμένας ἐπιστάμενος
εὐθὺς ὥσπερ ὁμίχλας ἢ καπνοὺς ἀποπνεούσας
τῶν σωμάτων ἱλασμούς τε πολλοὺς προσφέρειν τῶν
κατοιχομένων καὶ γέρα μεγάλα καὶ τιμὰς ἀπαιτεῖν τοῖς
τεθνηκόσιν, ἐξαπατῶν καὶ φενακίζων τοὺς πιστεύοντας.
ἐγὼ μὲν γὰρ οὐκ ἂν προείμην τῆς ψυχῆς τὴν διαμονήν, εἰ
μή τις ὥσπερ ὁ Ἡρακλῆς ὑφελὼν τὸν τρίποδα τῆς Πυθίας
ἀναιρήσει καὶ διαφθερεῖ τὸ χρηστήριον· ἄχρι δὲ τοῦ
πολλὰ τοιαῦτα προθεσπίζεσθαι καὶ καθ´ ἡμᾶς, οἷα καὶ
Κόρακι τῷ Ναξίῳ χρησθῆναι λέγουσιν, οὐχ ὅσιόν ἐστι
τῆς ψυχῆς καταγνῶναι θάνατον.’ καὶ ὁ Πατροκλέας ‘τί δ´
ἦν’ ἔφη ‘τὸ χρησθὲν ἢ τίς ὁ Κόραξ οὗτος; ὡς ἐμοὶ καὶ τὸ
πρᾶγμα καὶ τὸ ὄνομα ξένον.’ ‘οὐδαμῶς’ εἶπον, ‘ἀλλ´
αἴτιος ἐγὼ παρωνύμῳ χρησάμενος ἀντὶ τοῦ ὀνόματος. ὁ
γὰρ ἀποκτείνας ἐν τῇ μάχῃ τὸν Ἀρχίλοχον ἐκαλεῖτο
Καλώνδης, ὡς ἔοικεν, ἦν δ´ αὐτῷ Κόραξ ἐπωνύμιον.
ἐκβληθεὶς δὲ τὸ πρῶτον ὑπὸ τῆς Πυθίας ὡς ἱερὸν ἄνδρα
τῶν Μουσῶν ἀνῃρηκώς, εἶτα χρησάμενος λιταῖς τισι καὶ
προστροπαῖς μετὰ δικαιολογίας ἐκελεύσθη πορευθεὶς ἐπὶ
τὴν τοῦ Τέττιγος οἴκησιν ἱλάσασθαι τὴν τοῦ Ἀρχιλόχου
ψυχήν. τοῦτο δ´ ἦν ὁ Ταίναρος· ἐκεῖ γάρ φασιν ἐλθόντα
μετὰ στόλου Τέττιγα τὸν Κρῆτα πόλιν κτίσαι καὶ κατοικῆσαι
παρὰ τὸ ψυχοπομπεῖον. ὁμοίως δὲ καὶ Σπαρτιάταις
χρησθὲν ἱλάσασθαι τὴν Παυσανίου ψυχὴν ἐξ Ἰταλίας
μεταπεμφθέντες οἱ ψυχαγωγοὶ καὶ θύσαντες ἀπεσπάσαντο
τοῦ ἱεροῦ τὸ εἴδωλον.’
| [17] Comme je parlais encore, Olympicus m'interrompit.
«Vous sernblez, me dit-il, appuyer votre discours sur une
hypothèse bien grave, à savoir sur l'immortalité de l'âme.»
Hypothèse, me hâtai-je de dire, que vous m'accordez, ou
plutôt que déjà vous m'avez accordée. Car c'est en regardant
comme admise l'idée d'un dieu, répartiteur exact de
toute justice, que j'ai conduit mon discours depuis le moment
où j'ai pris la parole jusqu'au point où nous sommes
arrivés.» — «Quoi ! reprit Olympicus, de ce que les
Dieux ont l'oeil ouvert sur nous, de ce qu'ils procèdent, en
ce qui nous regarde, à une distribution égale de la justice,
vous concluez que les âmes sont absolument immortelles,
ou qu'elles survivront durant un certain laps de temps après
la mort !» — «Non, cher ami, répondis-je, Dieu n'est pas
minutieux, désoeuvré à ce point. Si nous n'avions rien de
divin en nous, rien qui nous fît en quelque sorte semblables
à lui, rien de solide, de durable; si nous étions, pour employer
la comparaison d'Homère, semblables aux feuilles
qui sont en un instant flétries et complétement desséchées,
Dieu ne tiendrait pas un si grand compte de nous. Il n'imiterait
pas ces femmes qui entretiennent et soignent dans
des pots de terre des jardins d'Adonis ; dans une chair trop
délicate, où la vie ne saurait jeter de puissantes racines, il
ne ferait pas germer des âmes éphémères, destinées ensuite
à s'éteindre à la première occasion venue.
«Mais si vous le voulez, laissons de côté les autres dieux.
Considérez seulement celui qu'on adore en ce temple, celui
qui est le nôtre. Aussitôt qu'il sait que les âmes des morts
ont disparu, exhalées des corps comme une vapeur ou une
fumée, il prescrit, n'est-il pas vrai? nombre de cérémonies
expiatoires en l'honneur de ceux qui ne sont plus, et il exige
pour les trépassés de grands priviléges et des hommages. Eh
bien, croyez-vous que ce soit afin d'abuser les mortels et de
se jouer de leur crédulité? Pour ma part, je ne renoncerai
au dogme de l'immortalité de l'âme que lorsqu'un autre
Hercule, ayant enlevé le trépied de la Pythie, aura fait disparaître
et supprimé cet oracle. Mais tant qu'il formulera,
et il le fait de nos jours encore, de nombreuses prophéties,
comme celles qu'y reçut, dit-on, Corax de Naxos, ce sera
une impiété que de condamner l'âme à périr."
Alors Patrocléas : «De quelle prophétie voulez-vous parler,
et quel est ce Corax? Son histoire et son nom me sont
également étrangers."—«En aucune façon, repris-je ; mais
la faute est à moi, qui l'ai désigné par son surnom, au lieu
de son nom propre. J'ai voulu parler de celui qui tua Archiloque
dans un combat, et qui s'appelait, si je ne me trompe,
Calondès. Corax n'était qu'un surnom. Il avait d'abord été
repoussé par la prêtresse, comme meurtrier d'un mortel
consacré au culte des Muses. Plus tard, ses prières, ses expiations,
les justes raisons qu'il allégua lui firent trouver
grâce, et l'oracle lui ordonna de se rendre à la demeure de
Tettix pour apaiser l'âme d'Archiloque. Cette demeure
n'était autre que le promontoire du Ténare, où, d'après
la tradition, Tettix le Crétois avait abordé avec une flotte.
Il y avait bâti et peuplé une ville, près de l'endroit où l'on
évoquait les âmes des morts. Pareillement les Spartiates,
ayant reçu l'ordre d'apaiser l'âme de Pausanias, firent venir
d'Italie des gens qui évoquaient les âmes ; et à la suite de
leurs expiations, ceux-ci éloignèrent du temple l'ombre de ce héros.
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