HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Le délais de la justice divine

Chapitre 16

  Chapitre 16

[16] ‘Εἰ δ´ ἐστὶ τι πόλις ἓν πρᾶγμα καὶ συνεχές, ἔστι δήπου καὶ γένος, ἐξηρτημένον ἀρχῆς μιᾶς καὶ δύναμίν τινα καὶ κοινωνίαν διαπεφυκυῖαν ἀναφερούσης, καὶ τὸ γεννηθὲν οὐχ ὥς τι δημιούργημα πεποιημένον ἀπήλλακται τοῦ γεννήσαντος· ἐξ αὐτοῦ γὰρ οὐχ ὑπ´ αὐτοῦ γέγονεν, ὥστ´ ἔχει τι καὶ φέρεται τῶν ἐκείνου μέρος ἐν ἑαυτῷ καὶ κολαζόμενον προσηκόντως καὶ τιμώμενον. εἰ δὲ μὴ δόξαιμι παίζειν, ἐγὼ φαίην ἂν ἀνδριάντα Κασάνδρου καταχαλκευόμενον ὑπ´ Ἀθηναίων πάσχειν ἀδικώτερα καὶ τὸ Διονυσίου σῶμα μετὰ τὴν τελευτὴν ἐξοριζόμενον ὑπὸ Συρακοσίων τοὺς ἐκγόνους αὐτῶν δίκην τίνοντας. τῷ μὲν γὰρ ἀνδριάντι τῆς Κασάνδρου φύσεως οὐθὲν ἔνεστι, καὶ τὸν νεκρὸν Διονυσίου ψυχὴ προλέλοιπε· Νυσαίῳ δὲ καὶ Ἀπολλοκράτει καὶ Ἀντιπάτρῳ καὶ Φιλίππῳ καὶ τοῖς ἄλλοις ὁμοίως παισὶ τῶν πονηρῶν τὸ κυριώτατον ἐμπέφυκε καὶ πάρεστι μέρος, οὐχ ἡσυχαῖον οὐδ´ ἀργόν, ἀλλὰ ζῶσιν αὐτῷ καὶ τρέφονται καὶ διοικοῦνται καὶ φρονοῦσι· καὶ οὐθὲν δεινὸν οὐδ´ ἄτοπον, ἂν ἐκείνων ὄντες πάσχωσι τὰ ἐκείνων. καθόλου δ´ εἰπεῖν, ὥσπερ ἐν ἰατρικῇ τὸ χρήσιμον καὶ δίκαιόν ἐστι, καὶ γελοῖος φάσκων ἄδικον εἶναι τῶν ἰσχίον πονούντων καίειν τὸν ἀντίχειρα καὶ τοῦ ἥπατος ὑπούλου γεγονότος ἀμύσσειν τὸ ἐπιγάστριον καὶ τῶν βοῶν, ἂν εἰς τὰς χηλὰς μαλακιῶσι, προσαλείφειν τὰ ἄκρα τῶν κεράτων, οὕτως περὶ τὰς κολάσεις ἄλλο τι δίκαιον τὸ θεραπεῦον τὴν κακίαν ἡγούμενος καὶ ἀγανακτῶν, ἐάν τις δι´ ἑτέρων ἐφ´ ἑτέρους ἀναφέρῃ τὴν ἰατρείαν ὥσπερ οἱ τὴν φλέβα διαιροῦντες ἵνα τὴν ὀφθαλμίαν κουφίσωσιν, οὐδὲν ἔοικε περαιτέρω τῆς αἰσθήσεως ἐφορᾶν, | οὐδὲ μνημονεύειν, ὅτι καὶ διδάσκαλος παίδων ἑνὸς καθικόμενος ἑτέρους ἐνουθέτησε, καὶ στρατηγὸς ἐκ δεκάδος ἀνελὼν ἕνα πάντας ἐνέτρεψε, καὶ οὕτως οὐ μέρει διὰ μέρους ἑτέρου μόνον, ἀλλὰ καὶ ψυχῇ διὰ ψυχῆς γίνονταί τινες διαθέσεις καὶ κακώσεις καὶ ἐπανορθώσεις μᾶλλον σώματι διὰ σώματος. ἐκεῖ μὲν γάρ, ὡς ἔοικε, τὸ αὐτὸ δεῖ πάθος ἐγγίνεσθαι καὶ τὴν αὐτὴν μεταβολήν, ἐνταῦθα δ´ ψυχὴ ταῖς φαντασίαις ἀγομένη κατὰ τὸ θαρρεῖν καὶ δεδιέναι χεῖρον βέλτιον διαγίγνεσθαι πέφυκεν.’ [16] «Si chaque cité est une et consistante, certes il en est de même d'une famille, d'une lignée, Celle-ci, dépendant d'une seule souche, reproduit une certaine force, une certaine communauté qui se perpétue par la naissance. Ce qui est engendré ne se sépare point, comme une oeuvre manuelle, de celui qui l'a créé : c'est chose faite de lui, sinon par lui. De sorte qu'elle contient, qu'elle porte en soi une partie de ce qui le constitue, et il y a justice à ce qu'elle partage ses punitions ou ses récompenses. Si ce n'était que je dusse paraître plaisanter, je dirais que la statue de Cassandre, quand elle fut fondue par les Athéniens, que le cadavre de Denys, quand après la mort du tyran les Syracusains le transportèrent hors de leur territoire, furent traités plus injustement que ne l'auraient été leurs descendants si l'on eût fait expier à ceux-ci les fautes de leurs pères. La statue de Cassandre n'avait rien de commun avec la nature d'un tel homme ; et quant au cadavre de Denys, son âme l'avait depuis longtemps abandonné. Mais un Nysée et un Apollocrate, un Antipater et un Philippe, aussi bien que tous les fils des hommes vicieux, ont reçu avec le sang et conservent la partie dominante de leurs pères; et cette partie n'est point en eux paisible et réduite à l'inaction. Ils en vivent, ils s'en nourrissent; elle préside à leur conduite et à leurs pensées. Il n'y a rien d'étrange ou de bizarre à ce que, étant issus d'eux, les fils aient ce qu'avaient les pères. Et pour parler d'une manière générale, de même qu'en médecine ce qui est utile est juste en même temps, de même qu'un homme se ferait rire au nez s'il criait à l'injustice parce que pour les douleurs de hanche on cautérise le pouce, parce que pour un gonflement de la rate on fait des incisions dans l'épigastre, parce que, quand il s'agit des boeufs, on prévient le ramollissement du sabot en ayant soin de leur oindre le bout des cornes; de même il serait absurde de voir dans les châtiments subis par le crime d'autre justice que la guérison même du vice. Pourquoi quelqu'un s'indignerait-il de ce qu'on applique la médecine aux uns pour servir de guérison aux autres, comme quand on ouvre la veine pour alléger un mal d'yeux? Ce serait ne pas voir au delà de ce que perçoivent les sens. Ce serait ne pas se rappeler que le maître, en châtiant un seul écolier, donne un avertissement aux autres ; qu'un général, en décimant un corps, fait rentrer dans le devoir toute l'armée. C'est ainsi que non pas d'une partie seulement à une autre partie, mais d'une âme à une âme, certaines dispositions, certains vices, certaines corrections se communiquent bien plus sûrement que d'un corps à un autre corps. Dans les corps, en effet, il semble que les impressions et les changements doivent être toujours les mêmes. Les âmes, au contraire, sur lesquelles agit l'imagination, peuvent, suivant que la confiance ou la crainte prédomine en elles, devenir meilleures ou se corrompre davantage.»


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Dernière mise à jour : 1/09/2005