| [13] Ὡς δὲ πρῶτον ἐπέσχε, δείσας ἐγὼ μὴ πάλιν ἐξ
 ὑπαρχῆς ἐπαγάγῃ πλείονας καὶ μείζονας ἀτοπίας, εὐθὺς
 ἠρόμην αὐτόν ‘εἶεν’ ἔφην, ‘ταῦτα γὰρ πάντα ἀληθινὰ ἡγῇ;’
 κἀκεῖνος ‘εἰ δὲ μὴ πάντ´’ εἶπεν ‘ἀλλ´ ἔνια, τὴν αὐτὴν ἀπορίαν
 ἔχειν οὐ νομίζεις τὸν λόγον;’ ‘ἴσως’ ἔφην ἐγώ, ‘ἀλλὰ
 καὶ τοῖς σφόδρα πυρέττουσιν, ἐάν θ´ ἓν ἱμάτιον ἐάν τε
 πολλὰ περιβεβλημένοι τυγχάνωσι, ταὐτὸ καῦμα καὶ παραπλήσιον,
 ὅμως δ´ εἰς παραμυθίαν ἀφελεῖν τὸ πλῆθος· εἰ δὲ
 μὴ βούλει, τοῦτο μὲν ἐάσωμεν (καίτοι τὰ πλεῖστα μύθοις
 ἔοικε καὶ πλάσμασιν), ἀναμνήσθητι δὲ τῶν ἔναγχος Θεοξενίων
 καὶ τῆς καλῆς ἐκείνης μερίδος, ἣν ἀφαιροῦντες
 τοὺς Πινδάρου κηρύττουσι λαμβάνειν ἀπογόνους, | ὥς σοι
 τὸ πρᾶγμα σεμνὸν ἐφάνη καὶ ἡδύ’. ‘τίς δ´ οὐκ ἄν’ εἶπεν
 ‘ἡσθείη τῇ χάριτι τῆς τιμῆς οὕτως Ἑλληνικῶς καὶ ἀφελῶς
 ἀρχαϊζούσης, εἰ μὴ ’μέλαιναν καρδίαν κεχάλκευται
 ψυχρᾷ φλογί‘ κατ´ αὐτὸν τὸν Πίνδαρον;’ ‘ἐῶ
 τοίνυν’ ἔφην ‘ὅμοιον ἐν Σπάρτῃ κήρυγμα τούτῳ τὸ ’μετὰ
 Λέσβιον ᾠδόν‘ ἐπὶ τιμῇ καὶ μνήμῃ
 Τερπάνδρου τοῦ παλαιοῦ κηρυττόμενον· ὁ γὰρ αὐτός ἐστι
 λόγος. ἀλλ´ ὑμεῖς γε δήπου πλέον ἔχειν ἑτέρων ἔν τε Βοιωτοῖς
 Ὀφελτιάδαι γένος ὄντες ἀξιοῦτε καὶ παρὰ Φωκεῦσι
 διὰ Δαΐφαντον, ἐμοὶ δὲ καὶ παρῆτε καὶ συνελαμβάνεσθε
 πρῴην, ὅτε Λυκόρμαις καὶ Σατιλαίοις τὴν πάτριον Ἡρακλειδῶν
 μετιοῦσι τιμὴν καὶ στεφανηφορίαν συνανασῴζων
 ἔλεγον ὅτι δεῖ μάλιστα τοῖς ἀφ´ Ἡρακλέους γεγονόσι τὰς
 τιμὰς ὑπάρχειν βεβαίους καὶ τὰς χάριτας, ὧν τοὺς Ἕλληνας
 εὐεργετήσας οὐκ ἔτυχεν αὐτὸς ἀξίας χάριτος οὐδ´
 ἀμοιβῆς.’ ‘καλοῦ γ´’ εἶπεν ‘ἡμᾶς ἀγῶνος καὶ φιλοσοφίᾳ
 μάλα πρέποντος ἀνέμνησας.’ ‘ἄφες οὖν’ εἶπον ‘ὦ τᾶν, τὸ
 σφοδρὸν τοῦτο τῆς κατηγορίας, καὶ μὴ φέρε πικρῶς, εἰ
 κολάζονταί τινες ἐκ κακῶν γεγονότες ἢ πονηρῶν, ἢ μὴ
 χαῖρε μηδ´ ἐπαίνει τιμωμένης εὐγενείας. δεῖ γάρ, εἰ τὴν
 χάριν ἐν τῷ γένει τῆς ἀρετῆς ἀνασῴζομεν, εὐλόγως μηδὲ
 τὴν κόλασιν οἴεσθαι δεῖν ἀπαυδᾶν καὶ προαπολείπειν ἐπὶ
 ταῖς ἀδικίαις ἀλλὰ συνεκτρέχειν ἐκείνῃ τὸ κατ´ ἀξίαν
 ἀντιστρόφως ἀποδιδοῦσαν. ὁ δὲ τοὺς ἀπὸ Κίμωνος ἡδέως
 ὁρῶν Ἀθήνησι τιμωμένους, τῶν δὲ Λαχάρους ἢ Ἀριστίωνος
 ἐκγόνων ἐλαυνομένων ἀχθόμενος καὶ ἀγανακτῶν
 ὑγρός ἐστι λίαν καὶ ῥᾴθυμος μᾶλλον δὲ φιλαίτιος ὅλως καὶ
 δύσκολος πρὸς τὸ θεῖον, ἐγκαλῶν μέν, ἂν ἀνδρὸς ἀδίκου
 καὶ πονηροῦ παῖδες ἐκ παίδων εὐτυχεῖν δοκῶσιν, ἐγκαλῶν
 δὲ πάλιν, ἂν τὰ γένη κολούηται καὶ ἀφανίζηται τῶν φαύλων,
 αἰτιώμενός τε τὸν θεὸν ὁμοίως μέν, ἂν χρηστοῦ
 πατρὸς τέκνα πράττῃ κακῶς, ὁμοίως δέ, ἂν πονηροῦ.’
 | [13] A la première pause que fit Timon, comme j'avais 
peur qu'il ne recommençât à signaler en ce genre des inconséquences 
plus nombreuses et plus graves, je lui adressai 
aussitôt une question : "Eh bien, lui dis-je, estimez-vous 
que ces faits soient avérés"?, — «Admettons qu'ils ne le 
soient pas tous, répondit-il, et qu'il faille en croire quelques-uns 
seulement : l'objection ne présente-t-elle pas toujours 
la même difficulté?" — «C'est ce qui est contestable, 
repris-je. Que dans de violents accès de fièvre on se trouve 
enveloppé de plusieurs couvertures ou d'une seule, le feu est 
aussi brûlant, l'ardeur est la même, et cependant il faut, 
pour soulager le malade, lui en ôter le plus grand nombre. 
Mais, à moins que vous n'y fassiez résistance, laissons 
là ces traditions. Aussi bien, semblent-elles être, pour la 
plupart, des fables et des contes forgés à plaisir. Rappelez-vous 
plutôt les fêtes célébrées récemment, ces théoxénies, 
et cette portion, toute d'honneur, prélevée au profit des descendants 
de Pindare, portion que la voix du héraut les invite 
à venir prendre. Combien cette cérémonie ne vous a-t-elle 
pas paru grave et touchante !» — «Eh! quel homme, 
reprit Timon, ne serait charmé de voir la reconnaissance 
décerner de tels hommages, si conformes à l'esprit et à la 
simplicité de la Grèce antique? On n'y saurait être insensible, à moins d'avoir
"Un coeur noir fabriqué d'une flamme glacée",
selon l'expression de Pindare lui-même.» — «A mon 
tour, je passe sous silence, lui dis-je, une proclamation
semblable qui se fait à Sparte en ces termes : "Après le 
chantre Lesbien"; et qui a pour but d'honorer la mémoire 
de l'antique Terpandre : car ces deux coutumes ont 
la même raison. Mais vous autres, ne prétendez-vous pas 
mériter des préférences et en Béotie, comme descendants 
d'Opheltès, et en Phocide, comme descendants de Daiphante? 
En ce qui me regarde, vous fûtes les premiers à 
m'assister et à vous déclarer pour moi, lorsque je parlai en 
faveur des Lycormiens et des Satiléens qui réclamaient les 
prérogatives de famille accordées aux Héraclides et le droit 
de porter une couronne. Je parvins à le leur maintenir : je 
dis qu'il fallait aux descendants d'Hercule assurer avant 
tout un tribut d'hommages et de reconnaissance, puisque 
ce héros, le bienfaiteur de la Grèce, n'avait pas été honoré 
et récompensé par elle.»—«Vous venez de nous rappeler 
là, dit Timon, des débats qui furent brillants et honorables 
pour la philosophie.» — Relâchez-vous donc, cher ami, 
dis-je alors, de cette véhémence d'accusation. Ou bien ne 
supportez point avec peine que le châtiment atteigne les 
descendants d'hommes lâches et pervers, ou bien ne voyez 
avec aucun plaisir et n'approuvez point les priviléges accordés 
aux fils de personnages illustres. De toute nécessité, 
si nous maintenons en faveur des générations suivantes 
la reconnaissance méritée par la vertu, il est rationnel 
de croire que le châtiment ne doit pas se décourager ni faire 
défaut quand il s'agit de punir l'injustice. Il doit lutter de 
vitesse avec celle-ci, et il faut qu'ils se balancent exactement 
l'un l'autre. Celui qui se plaît à savoir les descendants de 
Cimon honorés à Athènes, et qui voit avec une douleur 
mêlée d'indignation que la postérité de Lacharès ou d'Ariston 
en soit bannie, celui-là est un esprit faible et sans
consistance, ou plutôt il n'aime qu'à blâmer les Dieux et à 
nourrir contre eux des sentiments hostiles. Il les accuse, si 
les fils d'un homme injuste et méchant semblent être dans 
la prospérité; il les accuse encore, si les générations des 
pervers sont proscrites et disparaissent. Enfin la Divinité 
est l'objet de ses condamnations aussi bien quand la race 
d'un pervers est maltraitée que quand c'est celle d'un 
homme vertueux.
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