[2] Μόνον, ὦ γύναι, τήρει κἀμὲ τῷ πάθει καὶ σεαυτὴν
ἐπὶ τοῦ καθεστῶτος. ἐγὼ γὰρ αὐτὸς μὲν οἶδα καὶ ὁρίζω τὸ
συμβεβηκὸς ἡλίκον ἐστίν· ἂν δέ σε τῷ δυσφορεῖν ὑπερβάλλουσαν
εὕρω, τοῦτό μοι μᾶλλον ἐνοχλήσει τοῦ γεγονότος.
καίτοι οὐδ´ αὐτός ‘ἀπὸ δρυὸς οὐδ´ ἀπὸ πέτρης’
ἐγενόμην· οἶσθα δὲ καὶ αὐτὴ τοσούτων μοι τέκνων ἀνατροφῆς
κοινωνήσασα, πάντων ἐκτεθραμμένων οἴκοι δι´
αὐτῶν ἡμῶν, τοῦτο δέ, ὅτι καὶ σοὶ ποθούσῃ θυγάτηρ
μετὰ τέσσαρας υἱοὺς ἐγεννήθη κἀμοὶ τὸ σὸν ὄνομα θέσθαι
παρέσχεν ἀφορμήν, οἶδα ἀγαπητὸν διαφερόντως γενόμενον.
πρόσεστι δὲ καὶ δριμύτης ἰδία τις τῷ πρὸς τὰ
τηλικαῦτα φιλοστόργῳ τὸ εὐφραῖνον αὐτῶν καθαρόν τε
ὂν ἀτεχνῶς καὶ πάσης ἀμιγὲς ὀργῆς καὶ μέμψεως. αὕτη
δὲ καὶ φύσει θαυμαστὴν ἔσχεν εὐκολίαν καὶ πραότητα,
καὶ τὸ ἀντιφιλοῦν καὶ χαριζόμενον αὐτῆς ἡδονὴν ἅμα καὶ
κατανόησιν τοῦ φιλανθρώπου παρεῖχεν· οὐ γὰρ μόνον
βρέφεσιν ἄλλοις ἀλλὰ καὶ σκεύεσιν, οἷς ἐτέρπετο, καὶ παιγνίοις
ἐκέλευε τὴν τίτθην διδόναι καὶ προσφέρειν τὸν μαστὸν
καὶ προσεκαλεῖτο καθάπερ πρὸς τράπεζαν ἰδίαν
ὑπὸ φιλανθρωπίας, μεταδιδοῦσα τῶν καλῶν ὧν εἶχε καὶ
τὰ ἥδιστα κοινουμένη τοῖς εὐφραίνουσιν αὐτήν.
| [2] Seulement, ma chère femme, conserve-toi, par amour
de ton mari et de toi-même, dans l'état de calme qui nous
convient en présence d'un tel malheur. Pour ma part, je sais
et je mesure toute l'étendue de notre perte. Mais si je te
trouve livrée à un trop grand désespoir, j'en serai plus peiné
encore que du coup même qui nous a frappés. Non que je
sois de chêne ou de pierre : tu le sais bien, toi qui m'as
assisté dans les soins prodigués à notre famille, toi avec qui
j'ai élevé un si grand nombre de nos enfants, avec qui nous
les avons tous nourris nous-mêmes à la maison. Tu sais
aussi combien cette fille, ardemment désirée par toi, que
tu avais mise au monde après avoir eu quatre fils, et qui
m'avait fourni l'occasion de lui donner ton nom, combien
cette fille était tendrement chérie de moi.
Un chagrin plus vif encore s'ajoute chez moi à l'amour
que ressent un père pour des enfants de cet âge : c'est le
souvenir de l'amabilité de cette petite fille, et de sa candeur
naïve, qui ne savait ni s'irriter ni se plaindre. Elle
était naturellement douée d'une égalité d'âme et d'une douceur
merveilleuses; et le retour dont elle payait notre tendresse
nous faisait à la fois chérir et apprécier la bonté de
son coeur. Ce n'était pas seulement aux autres enfants, mais
encore à ses joujoux favoris, à ses poupées, qu'elle voulait
que sa nourrice donnât à teter. A ce sein, qui était comme
sa table particulière, son humanité conviait tous ceux qui
la rendaient heureuse : elle aimait à partager avec eux ce
qu'elle avait de plus beau.
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