HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Comment écouter

Chapitre 5

  Chapitre 5

[5] Φθόνος τοίνυν μετὰ βασκανίας καὶ δυσμενείας οὐδενὶ μὲν ἔργῳ παρὼν ἀγαθόν, ἀλλὰ πᾶσιν ἐμπόδιος τοῖς καλοῖς, κάκιστος δ´ ἀκροωμένῳ πάρεδρος καὶ σύμβουλος, ἀνιαρὰ καὶ ἀηδῆ καὶ δυσπρόσδεκτα ποιῶν τὰ ὠφέλιμα διὰ τὸ πᾶσι μᾶλλον ἥδεσθαι τοὺς φθονοῦντας τοῖς εὖ λεγομένοις. καίτοι πλοῦτος μὲν ὅντινα δάκνει καὶ δόξα καὶ κάλλος, ἑτέροις ὑπάρχοντα, φθονερός ἐστι μόνον· ἄχθεται γὰρ ἄλλων εὐτυχούντων· δὲ λόγῳ καλῶς λεγομένῳ δυσχεραίνων ὑπὸ τῶν ἰδίων ἀγαθῶν ἀνιᾶται. ὡς γὰρ τὸ φῶς τῶν βλεπόντων, καὶ λόγος τῶν ἀκουόντων ἀγαθόν ἐστιν, ἂν βούλωνται δέχεσθαι. Τὸν μὲν οὖν ἐφ´ ἑτέροις φθόνον ἄλλαι τινὲς ἀπαίδευτοι καὶ κακαὶ διαθέσεις ἐμποιοῦσιν, δὲ πρὸς τοὺς λέγοντας ἐκ φιλοδοξίας ἀκαίρου καὶ φιλοτιμίας ἀδίκου γεννώμενος οὐδὲ προσέχειν ἐᾷ τοῖς λεγομένοις τὸν οὕτω διακείμενον, ἀλλὰ θορυβεῖ καὶ περισπᾷ τὴν διάνοιαν, ἅμα μὲν τὴν ἑαυτῆς ἕξιν ἐπισκοποῦσαν εἰ λείπεται τῆς τοῦ λέγοντος, ἅμα δὲ τοὺς ἄλλους ἐπιβλέπουσαν εἰ ἄγανται καὶ θαυμάζουσιν, ἐκπληττομένην τε ὑπὸ τῶν ἐπαίνων καὶ ἀγριαίνουσαν πρὸς τοὺς παρόντας ἂν ἀποδέχωνται τὸν λέγοντα, τῶν δὲ λόγων τοὺς μὲν εἰρημένους ἐῶσαν καὶ προϊεμένην, ὅτι λυποῦσι μνημονευόμενοι, πρὸς δὲ τοὺς λείποντας ταραττομένην καὶ τρέμουσαν μὴ τῶν εἰρημένων βελτίονες γένωνται, σπεύδουσαν δὲ τάχιστα παύσασθαι τοὺς λέγοντας ὅταν κάλλιστα λέγωσι, λυθείσης δὲ τῆς ἀκροάσεως πρὸς οὐδενὶ τῶν εἰρημένων οὖσαν ἀλλὰ τὰς φωνὰς καὶ διαθέσεις τῶν παρόντων ἐπιψηφίζουσαν, καὶ τοὺς μὲν ἐπαινοῦντας ὥσπερ ἐμμανῆ φεύγουσαν καὶ ἀποπηδῶσαν, προστρέχουσαν δὲ καὶ συναγελαζομένην τοῖς ψέγουσι τὰ εἰρημένα καὶ διαστρέφουσιν· ἂν δὲ μηδὲν διαστρέψαι, παραβάλλουσαν ἑτέρους τινὰς ὡς ἄμεινον εἰρηκότας εἰς ταὐτὸ καὶ δυνατώτερον, ἕως διαφθείρασα καὶ λυμηναμένη τὴν ἀκρόασιν ἀχρεῖον ἑαυτῇ καὶ ἀνόνητον ἀπεργάσηται. [5] La rivalité accompagnée de jalousie et de mauvais vouloir n'est par sa présence utile à quoi que ce soit; c'est au contraire un obstacle qui s'oppose à toute espèce de bien, et pour celui qui désire écouter, il ne saurait y avoir assistant et conseiller de pire espèce. L'envie empoisonne les propos utiles; elle les rend odieux et insupportables, attendu que les envieux aiment toute chose de préférence à ce qui est bien dit. En effet celui qu'affligent la richesse, la gloire, la beauté des autres, est seulement envieux parce que le bonheur d'autrui le rend malheureux; mais celui qui se chagrine d'entendre un beau discours s'afflige de ses propres biens. Je m'explique : comme la lumière pour les yeux, de même la parole pour les oreilles est un avantage précieux, si l'on consent à l'accueillir. La jalousie qu'inspirent d'autres avantages possédés par le prochain naît du manque d'éducation et d'une nature vicieuse; la jalousie que l'on porte à ceux qui parlent bien a pour cause l'émulation et l'amour de la gloire, mais une émulation, un amour de la gloire injustes et déplacés, qui ne permettent même pas à ceux qui en sont dominés d'écouter ceux qui parlent. Cette jalousie trouble l'intelligence, elle la déconcerte, parce que, en même temps qu'on examine sa propre manière d'être pour savoir si l'on est inférieur à celui qui parle, on s'occupe encore des auditeurs pour reconnaître s'ils sont entraînés et s'ils admirent. Les éloges donnés à l'orateur sont autant de coups que l'on reçoit; on est furieux contre les assistants s'ils sont favorables à celui qui parle. Ce qu'il a dit on le laisse passer, on le néglige, parce qu'on s'affligerait de le garder en sa mémoire ; ce qui va suivre, on n'y apporte qu'une attention troublée et incertaine, tant l'on craint que ce ne soit meilleur que ce qui a été dit; on a hâte de voir l'orateur se taire le plus tôt possible quand il parle trop habilement; enfin, la séance levée, on ne s'attache à rien de ce qui a été dit : on suppute les voix et les dispositions des assistants. Ceux qui approuvent on les fuit et l'on bondit loin d'eux avec l'impétuosité d'un fou, mais on court après ceux qui blâment et dénaturent le discours prononcé, afin de faire chorus avec eux. S'il n'y a rien à dénaturer, on oppose, par voie de comparaison, quelques autres orateurs comme ayant parlé mieux et avec plus de puissance. Finalement, à force d'avoir perverti, annihilé l'audition, on se la rend à soi-même inutile et tout à fait sans profit.


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Dernière mise à jour : 3/11/2005