[973] καὶ ῥυθμίζειν παρέχοντες (973a) ἐμοὶ δοκοῦσι προδικεῖν
καὶ συνηγορεῖν τοῖς ἄλλοις ζῴοις ἐν τῷ μανθάνειν,
τρόπον τινὰ διδάσκοντες ἡμᾶς, ὅτι καὶ προφορικοῦ λόγου
καὶ φωνῆς ἐνάρθρου μέτεστιν αὐτοῖς· ᾗ καὶ πολὺς κατάγελως τὸ πρὸς ταῦτα
αταλιπεῖν ἐκείνοις σύγκρισιν, οἷς οὐδ' ὅσον ὠρύσασθαι μέτεστιν οὐδ' ὅσον
στενάξαι φωνῆς. Τούτων δὲ καὶ τοῖς αὐτοφυέσι καὶ τοῖς ἀδιδάκτοις γηρύμασιν
ὅση μοῦσα καὶ χάρις ἔπεστιν, οἱ λογιώτατοι καὶ καλλιφωνότατοι μαρτυροῦσι,
τὰ ἥδιστα ποιήματα μέλεσι κύκνων καὶ ἀηδόνων ᾠδαῖς ἀπεικάζοντες. Ἐπεὶ δὲ
τοῦ μαθεῖν τὸ διδάξαι λογικώτερον, ἤδη πειστέον Ἀριστοτέλει (973b) λέγοντι
καὶ τοῦτο τὰ ζῷα ποιεῖν· ὀφθῆναι γὰρ ἀηδόνα νεοσσὸν ᾄδειν προδιδάσκουσαν.
Μαρτυρεῖ δ' αὐτῷ τὸ φαυλότερον ᾄδειν ὅσαις συμβέβηκε μικραῖς ἁλούσαις
ἀποτρόφοις τῶν μητέρων γενέσθαι· διδάσκονται γὰρ αἱ συντρεφόμεναι καὶ
μανθάνουσιν οὐ διὰ μισθὸν οὐδὲ πρὸς δόξαν ἀλλὰ τῷ χαίρειν διαμελιζόμεναι
καὶ τὸ καλὸν ἀγαπᾶν μᾶλλον ἢ τὸ χρειῶδες τῆς φωνῆς. Ἔχω δὲ περὶ τούτου καὶ
λόγον εἰπεῖν πρὸς ὑμᾶς, ἀκούσας Ἑλλήνων τε πολλῶν καὶ Ῥωμαίων
παραγενομένων.
Κουρεὺς γάρ τις ἐργαστήριον ἔχων ἐν Ῥώμῃ πρὸ τοῦ τεμένους, ὃ καλοῦσιν
(973c) Ἑλλήνων ἀγοράν, θαυμαστόν τι χρῆμα πολυφώνου καὶ πολυφθόγγου κίττης
ἔτρεφε, καὶ ἀνθρώπου ῥήματα καὶ θηρίων φθόγγους καὶ ψόφους ὀργάνων
ἀνταπεδίδου, μηδενὸς ἀναγκάζοντος ἀλλ' αὑτὴν ἐθίζουσα καὶ φιλοτιμουμένη
μηδὲν ἄρρητον ἀπολιπεῖν μηδ' ἀμίμητον. Ἔτυχε δέ τις ἐκεῖθεν τῶν πλουσίων
ἐκκομιζόμενος ὑπὸ σάλπιγξι πολλαῖς, καὶ γενομένης ὥσπερ εἴωθε κατὰ τὸν
τόπον ἐπιστάσεως, εὐδοκιμοῦντες οἱ σαλπιγκταὶ καὶ κελευόμενοι πολὺν χρόνον
ἐνδιέτριψαν· ἡ δὲ κίττα μετὰ τὴν ἡμέραν ἐκείνην ἄφθογγος ἦν καὶ ἄναυδος,
οὐδὲ τὴν αὑτῆς ἐπὶ τοῖς (97d) ἀναγκαίοις πάθεσιν ἀφιεῖσα φωνήν. Τοῖς οὖν
πρότερον αὐτῆς θαυμάζουσι τὴν φωνὴν τότε θαῦμα μεῖζον ἡ σιωπὴ παρεῖχε,
κωφὸν ἀκροάματος συνήθους παροδεύουσι τὸν τόπον· ὑποψίαι δὲ φαρμάκων ἐπὶ
τοὺς ὁμοτέχνους ἦσαν· οἱ δὲ πλεῖστοι τὰς σάλπιγγας εἴκαζον ἐκπλῆξαι τὴν
ἀκοήν, τῇ δ' ἀκοῇ συγκατεσβέσθαι τὴν φωνήν. Ἦν δ' οὐδέτερα τούτων, ἀλλ'
ἄσκησις ὡς ἔοικε καὶ ἀναχώρησις εἰς ἑαυτὸ τοῦ μιμητικοῦ, καθάπερ ὄργανον
ἐξαρτυομένου τὴν φωνὴν καὶ παρασκευάζοντος· ἄφνω γὰρ αὖθις ἧκε καὶ
ἀνέλαμψεν οὐδὲν τῶν συνήθων καὶ παλαιῶν μιμημάτων (973e) ἐκείνων, ἀλλὰ τὰ
μέλη τῶν σαλπίγγων αὐταῖς περιόδοις φθεγγομένη καὶ μεταβολὰς πάσας καὶ
κρουμάτων διεξιοῦσα πάντας ῥυθμούς· ὥστε, ὅπερ ἔφην, τῆς εὐμαθείας
λογικωτέραν εἶναι τὴν αὐτομάθειαν ἐν αὐτοῖς.
Πλὴν ἕν γέ τι μάθημα κυνὸς οὐ δοκῶ μοι παρήσειν, γενόμενος ἐν Ῥώμῃ θεατής.
Παρὼν γὰρ ὁ κύων μίμῳ πλοκὴν ἔχοντι δραματικὴν καὶ πολυπρόσωπον ἄλλας τε
μιμήσεις ἀπεδίδου τοῖς ὑποκειμένοις πάθεσι καὶ πράγμασι προσφόρους, καὶ
φαρμάκου ποιουμένων ἐν αὐτῷ πεῖραν ὑπνωτικοῦ μὲν ὑποκειμένου δ' εἶναι
θανασίμου, τόν τ' ἄρτον, ᾧ δῆθεν ἐμέμικτο τὸ φάρμακον, ἐδέξατο καὶ (973f)
καταφαγὼν ὀλίγον ὕστερον ὅμοιος ἦν ὑποτρέμοντι καὶ σφαλλομένῳ καὶ
καρηβαροῦντι· τέλος δὲ προτείνας ἑαυτὸν ὥσπερ νεκρὸς ἔκειτο, καὶ παρεῖχεν
ἕλκειν καὶ μεταφέρειν, ὡς ὁ τοῦ δράματος ὑπηγόρευε λόγος. Ἐπεὶ δὲ τὸν
καιρὸν ἐκ τῶν λεγομένων καὶ πραττομένων ἐνόησεν, ἡσυχῆ τὸ πρῶτον ἐκίνησεν
ἑαυτόν, ὥσπερ ἐξ ὕπνου βαθέος ἀναφερόμενος,
| [973] plaident, (973a) ce me semble, avec avantage la cause des
autres animaux; et en s'instruisant, ils nous apprennent à nous-mêmes
qu'ils sont doués non seulement de la raison intérieure, mais de la
faculté de la rendre sensible par la voix et par la parole. Aussi me
paraît-il souverainement ridicule de vouloir comparer ces animaux avec
d'autres espèces qui n'ont pas même assez de sons pour hurler, gémir ou se
plaindre. Car le chant des oiseaux qui n'ont pas été instruits est plein
de douceur et de grâce, au jugement même des plus habiles musiciens, qui
comparent les plus beaux poèmes au chant des cygnes et des rossignols.
Comme il faut faire plus d'usage de sa raison pour enseigner que pour
apprendre, nous ne pouvons douter de celle des animaux, puisqu'au rapport
d'Aristote, (973b) il s'instruisent les uns les autres. On a vu, dit ce
philosophe, des rossignols qui montraient à chanter à leurs petits ;
ce qui le prouve, c'est que les rossignols qu'on a pris jeunes, et qui
n'ont pu recevoir l'éducation de leurs mères, ne chantent pas aussi bien
que les autres ; car les mères les forment à chanter en même temps qu'elles les
nourrissent ; et ils apprennent, non par intérêt ou par un amour de gloire, mais parce
qu'ils prennent plaisir à bien chanter, et qu'ils préfèrent la beauté de
leur voix à tous les autres avantages. Je veux à cette occasion vous
raconter un fait que j'ai appris de plusieurs témoins oculaires, tant
grecs que romains.
Un barbier de Rome, dont la boutique était en face du temple qu'on appelle
(973c) le Forum des Grecs, avait une pie qui rendait avec une facilité
merveilleuse toutes sortes de voix, la parole des hommes, les cris des
animaux, les sons des instruments. Personne ne l'instruisait; c'était
d'elle-même qu'elle en avait pris l'habitude, et elle se faisait, pour
ainsi dire, un point d'honneur d'imiter tout ce qu'elle entendait. On fit
un jour les funérailles d'un homme riche du voisinage ; il y avait un
grand nombre d'instruments à ce convoi, qui, suivant l'usage, s'arrêta
dans cette place ; et comme on prenait plaisir à entendre les musiciens,
sur l'invitation du public, ils y firent une assez longue pause. Le
lendemain la pie fut muette et ne proféra pas un seul son, même pour ses
besoins (973d) et pour ses habitudes les plus ordinaires. Les passants,
accoutumés à admirer son langage, furent encore plus surpris de son
silence, et trouvaient fort étrange de ne pas lui entendre proférer un
seul mot. On soupçonna d'abord que quelque autre barbier l'avait
empoisonnée par jalousie; d'autres, et c'était le plus grand nombre,
crurent que le bruit des trompettes lui avait assourdi les oreilles et
qu'elle avait perdu la voix avec l'ouïe. Ce n'était rien de tout cela, et
la suite fit voir que ce silence était une méditation profonde, une
retraite intérieure de sa faculté imitative qui préparait et montait sa
voix comme un instrument; car tout à coup la parole lui revint avec plus
d'éclat que jamais, et, sans rien répéter de ce qu'elle avait accoutumé de
dire jusqu'alors, (973e) elle rendit parfaitement ce
que les trompettes avaient joué, avec tous les passages, toutes les
reprises et les cadences qu'elle avait entendus. Cela confirme une
observation que j'ai déjà faite, que les animaux montrent encore plus de
raison en s'instruisant eux-mêmes qu'en apprenant d'autrui.
Mais je ne puis passer sous silence ce que j'ai vu moi-même à Rome
apprendre à un chien. Il était à un bateleur qui faisait jouer une pièce
dont les acteurs étaient nombreux et le sujet assez composé. Le chien
représentait plusieurs choses analogues à l'action de la pièce, et entre
autres on faisait sur lui l'essai d'une drogue simplement narcotique, mais
que les spectateurs devaient croire un poison. L'animal prit le pain dans
lequel la drogue était mêlée, (973f) et peu de temps après l'avoir mangé,
il se mit à s'agiter, à trembler, à laisser tomber sa tête appesantie;
enfin il s'étendit comme s'il eût été roide mort; il se laissa traîner et
transporter suivant que le demandait le sujet de la pièce. Quand ensuite
les discours et les mouvements des acteurs lui firent connaître qu'il
était temps de se réveiller, il commença à se remuer un peu, comme s'il
sortait d'un sommeil profond;
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