HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Les animaux de terre ont-ils plus d'adresse que ceux de mer ?

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[971] ὀφθέντος δὲ λέοντος εὐθὺς ἐξαναστῆναι καὶ διακονίεσθαι (971a) καὶ φανερὸν εἶναι αὑτοῦ ποιούμενον ἀνταγωνιστήν, τῶν δ' ἄλλων ὑπερφρονοῦντα πάντων. Οἱ δὲ τοὺς δασύποδας διώκοντες, ἐὰν μὲν αὐτοὶ κτείνωσιν, ἥδονται διασπῶντες καὶ τὸ αἷμα λάπτουσι προθύμως· ἐὰν δ' ἀπογνοὺς ἑαυτὸν λαγωός, γίγνεται πολλάκις, ὅσον ἔχει πνεύματος εἰς τὸν ἔσχατον ἀναλώσας δρόμον ἐκλίπῃ, νεκρὸν καταλαβόντες οὐχ ἅπτονται τὸ παράπαν, ἀλλ' ἵστανται τὰς οὐρὰς κινοῦντες, ὡς οὐ κρεῶν χάριν ἀλλὰ νίκης καὶ φιλονεικίας ἀγωνιζόμενοι. Πανουργίας δὲ πολλῶν παραδειγμάτων ὄντων, ἀφεὶς ἀλώπεκας καὶ λύκους καὶ τὰ γεράνων σοφίσματα καὶ κολοιῶν, (971b) ἔστι γὰρ δῆλα, μάρτυρι χρήσομαι Θαλῇ τῷ παλαιοτάτῳ τῶν σοφῶν, ὃν οὐχ ἥκιστα θαυμασθῆναι λέγουσιν ὀρέως τέχνῃ περιγενόμενον. Τῶν γὰρ ἁληγῶν ἡμιόνων εἷς ἐμβαλὼν εἰς ποταμὸν ὤλισθεν αὐτομάτως καὶ τῶν ἁλῶν διατακέντων ἀναστὰς ἐλαφρὸς ᾔσθετο τὴν αἰτίαν καὶ κατεμνημόνευσεν· ὥστε διαβαίνων ἀεὶ τὸν ποταμὸν ἐπίτηδες ὑφιέναι καὶ βαπτίζειν τὰ ἀγγεῖα, συγκαθίζων καὶ ἀπονεύων εἰς ἑκάτερον μέρος. Ἀκούσας οὖν Θαλῆς ἐκέλευσεν ἀντὶ τῶν ἁλῶν ἐρίων τὰ ἀγγεῖα καὶ σπόγγων ἐμπλήσαντας καὶ ἀναθέντας ἐλαύνειν τὸν ἡμίονον. (971c) Ποιήσας οὖν τὸ εἰωθὸς καὶ ἀναπλήσας ὕδατος τὰ φορτία συνῆκεν ἀλυσιτελῆ σοφιζόμενος ἑαυτῷ, καὶ τὸ λοιπὸν οὕτω προσέχων καὶ φυλαττόμενος διέβαινε τὸν ποταμόν, ὥστε μηδ' ἄκοντος αὐτοῦ τῶν φορτίων παραψαῦσαι τὸ ὑγρόν. Ἄλλην δὲ πανουργίαν ὁμοῦ μετὰ τοῦ φιλοστόργου πέρδικες ἐπιδεικνύντες τοὺς μὲν νεοττοὺς ἐθίζουσι μηδέπω φεύγειν δυναμένους, ὅταν διώκωνται, καταβαλόντας ὑπτίους ἑαυτοὺς βῶλόν τιν' συρφετὸν ἄνω προΐσχεσθαι τοῦ σώματος οἷον ἐπηλυγαζομένους· αὐταὶ δὲ τοὺς διώκοντας ὑπάγουσιν ἄλλῃ καὶ περισπῶσιν εἰς ἑαυτάς, ἐμποδὼν διαπετόμεναι καὶ κατὰ μικρὸν (971d) ἐξανιστάμεναι, μέχρις ἂν οὕτως ἁλισκομένων δόξαν ἐνδιδοῦσαι μακρὰν ἀποσπάσωσι τῶν νεοττῶν. Οἱ δὲ δασύποδες πρὸς εὐνὴν ἐπανιόντες ἄλλον ἀλλαχῆ κομίζουσι τῶν λαγιδέων, καὶ πλέθρου διάστημα πολλάκις ἀλλήλων ἀπέχοντας, ὅπως, ἂν ἄνθρωπος κύων ἐπίῃ, μὴ πάντες ἅμα συγκινδυνεύωσιν· αὐτοὶ δὲ πολλαχόθι ταῖς μεταδρομαῖς ἴχνη θέντες, τὸ δ' ἔσχατον ἅλμα μέγα καὶ μακρὰν τῶν ἰχνῶν ἀποσπάσαντες οὕτω καθεύδουσιν. δ' ἄρκτος ὑπὸ τοῦ πάθους, καλοῦσι φωλείαν, καταλαμβανομένη, πρὶν παντάπασι ναρκῆσαι καὶ γενέσθαι βαρεῖα (971e) καὶ δυσκίνητος, τόν τε τόπον ἀνακαθαίρει καὶ μέλλουσα καταδύεσθαι τὴν μὲν ἄλλην πορείαν ὡς ἐνδέχεται μάλιστα ποιεῖται μετέωρον καὶ ἐλαφρὰν ἄκροις ἐπιθιγγάνουσα τοῖς ἴχνεσι, τῷ νώτῳ δὲ τὸ σῶμα προσάγει καὶ παρακομίζει πρὸς τὸν φωλεόν. Τῶν ἐλάφων δ' αἱ θήλειαι μάλιστα τίκτουσι παρὰ τὴν ὁδόν, ὅπου τὰ σαρκοβόρα θηρία μὴ πρόσεισιν· οἵ τ' ἄρρενες, ὅταν αἴσθωνται βαρεῖς ὑπὸ πιμελῆς καὶ πολυσαρκίας ὄντες, ἐκτοπίζουσι σῴζοντες αὑτοὺς τῷ λανθάνειν, ὅτε τῷ φεύγειν οὐ πεποίθασιν. Τῶν δὲ χερσαίων ἐχίνων μὲν ὑπὲρ αὑτῶν (971f) ἄμυνα καὶ φυλακὴ παροιμίαν πεποίηκε « Πόλλ' οἶδ' ἀλώπηξ, ἀλλ' ἐχῖνος ἓν μέγα »· προσιούσης γὰρ αὐτῆς, ὥς φησιν Ἴων, « Στρόβιλος ἀμφ' ἄκανθαν εἱλίξας δέμας κεῖται θιγεῖν τε καὶ δακεῖν ἀμήχανος. » Γλαφυρωτέρα δ' ἐστὶν περὶ τῶν σκυμνίων πρόνοια· μετοπώρου γὰρ ὑπὸ τὰς ἀμπέλους ὑποδυόμενος καὶ τοῖς ποσὶ τὰς ῥᾶγας ἀποσείσας τοῦ βότρυος χαμᾶζε καὶ περικυλινδηθείς, ἀναλαμβάνει ταῖς ἀκάνθαις· [971] Enfin on lui présente un lion : à l'instant il se dresse sur ses pieds et se dispose au combat. (971a) Il montrait évidemment par là que c'était le seul adversaire qu'il jugeait digne de lui, et qu'il méprisait tous les autres. Les chiens qui courent les lièvres et qui les tuent eux-mêmes, prennent plaisir à les mettre en pièces et à boire leur sang. Mais si le lièvre, comme il arrive souvent, désespérant de leur échapper, épuise dans une dernière course tout ce qu'il a de force, et qu'il tombe mort avant qu'ils aient pu le saisir, alors ils n'y touchent pas et se tiennent auprès en remuant la queue, comme s'ils voulaient faire entendre que c'est pour remporter la victoire et non pour en manger la chair, qu'ils ont combattu contre lui. Dans le grand nombre d'exemples que je pourrais rapporter des finesses et des ruses des animaux, je laisse celles des renards, des loups, des grues et des geais, (971b) qui sont connues de tout le monde. Mais je citerai un fait attesté par Thalès, le plus ancien des sept sages, qui sut, dit-on, tourner admirablement contre un mulet sa propre ruse. Une troupe de mulets chargés de sel passait une rivière : un d'eux se laissa tomber dans l'eau, et le sel s'étant fondu, le mulet, en se relevant, se sentit délivré de sa charge. Il en comprit la cause et s'en souvint, en sorte que depuis, toutes les fois qu'il traversait la rivière, il se couchait à dessein et se roulait dans l'eau pour y faire tremper les sacs qui contenaient le sel. Thalès, informé du fait, ordonna qu'au lieu de sel on remplit les sacs de laine et d'éponges, et qu'ainsi chargé on le conduisît avec les autres. (971c) Il employa sa ruse ordinaire, et ayant rempli d'eau sa charge, il sentit, en se relevant, qu'il était la dupe de sa finesse. Depuis, il passa la rivière avec précaution, et eut grand soin que les sacs ne pussent pas toucher à l'eau, même par mégarde. L'amour maternel inspire aux perdrix une autre ruse. Lorsque leurs petits sont trop faibles pour voler et se dérober à ceux qui les poursuivent, elles leur montrent à se coucher sur le dos, à se couvrir d'une motte de terre ou de brins de paille, et à s'y tenir cachés pendant qu'elles détournent les chasseurs et les attirent à elles en voltigeant autour d'eux, en s'élevant peu de terre et les amusant ainsi par l'espoir de les prendre, (971d) jusqu'à ce qu'elles les aient éloignés de leurs petits. Quand les lièvres se retirent dans leurs gîtes, ils portent leurs petits en différents endroits, et souvent à un arpent de distance les uns des autres, afin que s'il survient un chasseur ou un chien, ils ne soient pas tous en danger d'être pris. Eux-mêmes, après avoir confondu leurs traces en courant de côté et d'autre, ils finissent par s'élancer avec force le plus loin qu'ils peuvent, et se couchent au gîte. Quand l'ours est pris de la maladie qu'on appelle pholia, avant que de tomber entièrement dans la torpeur et de devenir si pesant (971e) qu'il ne puisse plus marcher, il nettoie avec le plus grand soin l'antre dans lequel il doit se retirer; et quand il est près d'y descendre, il marche à pas suspendus, touchant à peine la terre de ses pattes; après quoi il se met sur le dos, se traîne dans sa caverne, et s'y couche. Les biches font le plus souvent leurs petits le long des grands chemins, parce que les bêtes carnassières en approchent rarement. Pour les cerfs, quand ils se sentent surchargés d'embonpoint, ils changent d'habitation, et cherchent dans la retraite une sûreté qu'ils ne trouveraient plus dans la légèreté de leur course. La manière dont les hérissons de terre pourvoient (971f) à leur défense a fait naître le proverbe suivant : "En mille tours divers le renard est fécond. Le hérisson n'en a qu'un seul, mais il est bon Lorsqu'il voit approcher le renard, D'une pomme de pin son corps prend la figure, Et présentant ses dards, fait craindre sa piqûre". Mais sa prévoyance pour la nourriture de ses petits est encore plus ingénieuse. Dans l'automne, vers le temps des vendanges, il se glisse sous des ceps de vigne, secoue avec ses pieds les grappes de raisins, en fait tomber les grains, et, se roulant à terre, il les enfile dans ses épines.


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Dernière mise à jour : 28/11/2007