[970] καὶ καταλαβόντες τὸν ἄνθρωπον ἀνήγαγον ἀπὸ (970a) Κρομμυῶνος. Ὁ δὲ
κύων ἀναστρέψας προηγεῖτο γαῦρος καὶ περιχαρής, οἷον ἑαυτοῦ ποιούμενος
ἄγραν καὶ θήραμα τὸν ἱερόσυλον. Ἐψηφίσαντο δὴ σῖτον αὐτῷ δημοσίᾳ
μετρεῖσθαι καὶ παρεγγυᾶσθαι τοῖς ἱερεῦσιν εἰς ἀεὶ τὴν ἐπιμέλειαν,
ἀπομιμησάμενοι τὸ πρὸς τὸν ἡμίονον φιλανθρώπευμα τῶν παλαιῶν Ἀθηναίων.
Τὸν γὰρ ἑκατόμπεδον νεὼν Περικλέους ἐν ἀκροπόλει κατασκευάζοντος, ὡς
εἰκός, λίθοι προσήγοντο πολλοῖς ζεύγεσι καθ' ἡμέραν· τῶν οὖν
συνειργασμένων μὲν προθύμως ἤδη δὲ διὰ γῆρας ἀφειμένων ὀρέων εἷς
κατερχόμενος εἰς Κεραμεικὸν καὶ (970b) τοῖς ἀνάγουσι ζεύγεσι τοὺς λίθους
ὑπαντῶν ἀεὶ συνανέστρεφε καὶ συμπαρετρόχαζεν, οἷον ἐγκελευόμενος καὶ
παρορμῶν· διὸ θαυμάσας αὐτοῦ τὴν φιλοτιμίαν ὁ δῆμος ἐκέλευσε δημοσίᾳ
τρέφεσθαι, καθάπερ ἀθλητῇ σίτησιν ὑπὸ γήρως ἀπειρηκότι ψηφισάμενος.
Διὸ τοὺς λέγοντας, ὡς ἡμῖν οὐδὲν πρὸς τὰ ζῷα δίκαιόν ἐστι, ῥητέον εὖ
λέγειν ἄχρι τῶν ἐνάλων καὶ βυθίων· ἄμικτα γὰρ ἐκεῖνα κομιδῇ πρὸς χάριν καὶ
ἄστοργα καὶ πάσης ἄμοιρα γλυκυθυμίας· καὶ καλῶς Ὅμηρος εἶπε
« Γλαυκὴ δέ ς' ἔτικτε θάλασσα »
πρὸς τὸν ἀνήμερον εἶναι δοκοῦντα καὶ ἄμικτον, ὡς μηδὲν τῆς θαλάσσης
εὐνοϊκὸν μηδὲ πρᾶον φερούσης. Ὁ δὲ καὶ πρὸς τὰ χερσαῖα (970c) τῷ λόγῳ
τούτῳ χρώμενος ἀπηνὴς καὶ θηριώδης· ἢ μηδὲ Λυσιμάχῳ τι γεγονέναι φήσῃ πρὸς
τὸν κύνα τὸν Ὑρκανὸν δίκαιον, ὃς νεκρῷ τε μόνος παρέμεινεν αὐτῷ καί,
καομένου τοῦ σώματος, ἐνδραμὼν αὐτὸς ἑαυτὸν ἐπέρριψε. Τὰ δ' αὐτὰ καὶ τὸν
ἀετὸν δρᾶσαι λέγουσιν, ὃν Πύρρος οὐχ ὁ βασιλεὺς ἀλλ' ἕτερός τις ἰδιώτης
ἔθρεψεν· ἀποθανόντος γὰρ αὐτοῦ περὶ τὸ σῶμα διατρίβων καὶ περὶ τὸ
κλινίδιον αἰωρούμενος ἐκφερομένου, τέλος εἰς τὴν πυρὰν στειλάμενος ἀφῆκεν
ἑαυτὸν καὶ συγκατέκαυσε. Πώρου δὲ τοῦ βασιλέως ὁ ἐλέφας, ἐν τῇ πρὸς
Ἀλέξανδρον μάχῃ (970d) κατατετρωμένου, πολλὰ τῶν ἀκοντισμάτων ἀτρέμα καὶ
φειδόμενος ἐξῄρει τῇ προβοσκίδι, καὶ κακῶς ἤδη διακείμενος αὐτὸς οὐ
πρότερον ἐνέδωκεν ἢ τοῦ βασιλέως ἐξαίμου γενομένου καὶ περιρρέοντος
αἰσθόμενος καὶ φοβηθεὶς μὴ πέσῃ πράως ὑφῆκε, παρέχων ἐκείνῳ τὴν ἀπόκλισιν
ἄλυπον. Ὁ δὲ Βουκεφάλας γυμνὸς μὲν ὢν παρεῖχεν ἀναβῆναι τῷ ἱπποκόμῳ,
κοσμηθεὶς δὲ τοῖς βασιλικοῖς προκοσμίοις καὶ περιδεραίοις οὐδένα προσίετο
πλὴν αὐτὸν Ἀλέξανδρον· τοῖς δ' ἄλλοις, εἰ πειρώμενοι προσίοιεν, ἐναντίος
ἐπιτρέχων ἐχρεμέτιζε μέγα καὶ ἐνήλλετο καὶ (970e) κατεπάτει τοὺς μὴ πρόσω
ἵεσθαι μηδ' ἀποφεύγειν φθάσαντας.
Οὐκ ἀγνοῶ δ' ὅτι τὸ τῶν παραδειγμάτων ὑμῖν φανεῖταί τι ποικίλον· οὐκ
ἔστι δὲ ῥᾳδίως τῶν εὐφυῶν ζῴων πρᾶξιν εὑρεῖν μιᾶς ἔμφασιν ἀρετῆς ἔχουσαν·
ἀλλ' ἐμφαίνεται καὶ τῷ φιλοστόργῳ τὸ φιλότιμον αὐτῶν καὶ τῷ γενναίῳ τὸ
θυμόσοφον, ἥ τε πανουργία καὶ τὸ συνετὸν οὐκ ἀπήλλακται τοῦ θυμοειδοῦς καὶ
ἀνδρώδους. Οὐ μὴν ἀλλὰ βουλομένοις διαιρεῖν καὶ διορίζειν καθ' ἕκαστον,
ἡμέρου μὲν ἔμφασιν ὁμοῦ καὶ ὑψηλοῦ φρονήματος ποιοῦσιν οἱ κύνες,
ἀποτρεπόμενοι τῶν συγκαθεζομένων· ὥς που καὶ ταῦτ' εἴρηται
(970f) « Οἱ μὲν κεκλήγοντες ἐπέδραμον· αὐτὰρ Ὀδυσσεὺς
ἕζετο κερδοσύνῃ, σκῆπτρον δέ οἱ ἔκπεσε χειρός· »
οὐκέτι γὰρ προσμάχονται τοῖς ὑποπεσοῦσι καὶ γεγονόσι ταπεινῶν τὰς ἕξεις
ὁμοίοις. Φασὶ δὲ καὶ τὸν πρωτεύοντα κύνα τῶν Ἰνδικῶν καὶ μαχεσθέντα πρὸς
Ἀλέξανδρον, ἐλάφου μὲν ἀφιεμένου καὶ κάπρου καὶ ἄρκτου, ἡσυχίαν ἔχοντα
κεῖσθαι καὶ περιορᾶν,
| [970] et attrapèrent enfin le voleur à Crommyum, (970a) d'où ils le ramenèrent
à Athènes, accompagné du chien, qui les précédait avec les plus vives
démonstrations de joie, et qui semblait se faire honneur de la prise du
sacrilège. Les Athéniens ordonnèrent qu'il serait nourri aux dépens du
public, et ils enjoignirent aux prêtres d'en avoir le plus grand soin :
ils imitaient en cela l'humanité dont leurs ancêtres avaient usé envers un mulet.
Pendant que Périclès faisait bâtir dans la citadelle d'Athènes le temple
appelé l'Hécatompède, on amenait tous les jours une grande quantité
de matériaux sur des chariots traînés par des mulets. Parmi ceux de ces
animaux qui avaient autrefois bien servi et qu'à cause de leur vieillesse
on laissait paître en liberté, il y en avait un qui venait chaque jour au
Céramique, (970b) se placer devant les mulets qui traînaient les
pierres; il allait et venait à leurs côtés, comme pour les animer et les
encourager au travail. Le peuple d'Athènes, charmé de son zèle, ordonna
qu'il fût nourri aux dépens du public et qu'on lui donnât sa portion comme
à un athlète qui aurait obtenu son congé.
Ceux qui disent que nous n'avons aucun rapport de justice avec les
animaux, ont raison pour ceux qui vivent au fond des eaux ; car, privés de
tout sentiment de douceur, ils ne peuvent former avec nous aucune société
d'affection et de bienveillance, et Homère a eu raison de dire à un homme
dur et insociable :
"C'est au sein de la mer que vous prîtes naissance".
Par là il faisait entendre que la mer ne produit aucun animal qui ait de
la douceur et de la bonté. Mais ce serait être soi-même cruel et sauvage
(970c) que d'étendre cette imputation aux animaux terrestres. Dira-t-on,
par exemple, qu'il n'y avait aucune réciprocité d'affection entre le roi
Lysimachus et son chien Hyrcan, lequel, après la mort de ce prince, se
tint seul auprès de son corps, et quand on le mit sur le bûcher, se jeta
au milieu des flammes et s'y brûla? On rapporte la même chose d'un chien
de Pyrrhus, non du roi d'Épire, mais d'un particulier de ce nom. Après la
mort de son maître, il ne quitta point son lit. Lorsqu'on l'emporta, il se
mit sur le brancard auprès de lui, et se précipita sur le bûcher où il fut
consumé par les flammes. Le roi Porus ayant été percé de coups dans un
combat contre Alexandre, (970d) l'éléphant qui le portait lui ôta de sa
trompe plusieurs traits avec beaucoup de précaution, et quoiqu'il fût
lui-même dangereusement blessé, il ne se rendit que lorsqu'il s'aperçut
que son maître, qui avait perdu une grande quantité de sang, était prêt à
s'évanouir. Alors, dans la crainte qu'il ne tombât, il se baissa très
doucement, afin que le roi pût se poser à terre sans se blesser. Le
cheval Bucéphale se laissait monter à nu par un palefrenier ; mais quand
il était couvert de ses riches harnais, il ne souffrait pas d'autre cavalier
qu'Alexandre, et si quelqu'un s'approchait à dessein de le monter,
l'animal courait sur lui en ruant, en hennissant, (970e) et il l'aurait
écrasé s'il n'eût pris précipitamment la fuite.
Je sens que vous aurez remarqué dans ces divers exemples des traits de
caractère bien différents. Mais il n'est pas facile de trouver dans ces
animaux ingénieux une seule action qui ne présente qu'une vertu simple et
unique. Ainsi, à l'amour pour leur progéniture se mêle toujours un vif
désir de louange. On voit briller la sagesse à travers leur générosité ;
leur adresse et leur intelligence ne sont jamais séparées du courage et de
la magnanimité. Mais si l'on veut diviser et distinguer leurs vertus, on
verra que les chiens nous donnent à la fois l'exemple de la douceur et de
la fierté en s'éloignant de ceux qui se montrent simples et modestes,
comme on le voit dans Homère à l'égard d'Ulysse :
(970f) "Ce prince, à son retour, d'un visage tranquille
Voit des chiens menaçants accourir contre lui,
Et pose le bâton qui lui servait d'appui".
Ils n'attaquent pas ceux qui semblent s'abaisser et s'humilier devant eux.
On avait, dit-on, envoyé à Alexandre un des meilleurs chiens de l'Inde,
pour le faire combattre devant ce prince. On lui lâcha successivement un
cerf, un sanglier et un ours. Le chien ne parut pas y faire attention, et
se tint toujours couché.
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