HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Les animaux de terre ont-ils plus d'adresse que ceux de mer ?

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[969] (969a) ἡσυχῆ γὰρ ὑπάγουσα παραβάλλει τὸ οὖς· κἂν μὲν αἴσθηται ψόφῳ τοῦ ῥεύματος ἐγγὺς ὑποφερομένου, τεκμαιρομένη μὴ γεγονέναι διὰ βάθους τὴν πῆξιν ἀλλὰ λεπτὴν καὶ ἀβέβαιον ἵσταται, κἂν ἐᾷ τις, ἐπανέρχεται· τῷ δὲ μὴ ψοφεῖν θαρροῦσα διῆλθε. Καὶ τοῦτο μὴ λέγωμεν αἰσθήσεως ἄλογον ἀκρίβειαν, ἀλλ' ἐξ αἰσθήσεως συλλογισμὸν ὅτι « Τὸ ψοφοῦν κινεῖται, τὸ δὲ κινούμενον οὐ πέπηγε, τὸ δὲ μὴ πεπηγὸς ὑγρόν ἐστι, τὸ δ' ὑγρὸν ἐνδίδωσιν. » Οἱ δὲ διαλεκτικοί φασι τὸν κύνα τῷ διὰ πλειόνων διεζευγμένῳ χρώμενον ἐν ταῖς (969b) πολυσχιδέσιν ἀτραποῖς συλλογίζεσθαι πρὸς ἑαυτόν « Ἤτοι τήνδε τὸ θηρίον ὥρμηκεν τήνδε τήνδε· ἀλλὰ μὴν οὔτε τήνδε οὔτε τήνδε· τὴν λοιπὴν ἄρα· » τῆς μὲν αἰσθήσεως οὐδὲν τὴν πρόσληψιν διδούσης, τοῦ δὲ λόγου τὰ λήμματα καὶ τὸ συμπέρασμα τοῖς λήμμασιν ἐπιφέροντος. Οὐ μὴν δεῖταί γε τοιαύτης μαρτυρίας κύων· ψευδὴς γάρ ἐστι καὶ κίβδηλος· γὰρ αἴσθησις αὐτὴ τοῖς ἴχνεσι καὶ τοῖς ῥεύμασι τοῦ θηρίου τὴν φυγὴν ἐπιδείκνυσι, χαίρειν λέγουσα διεζευγμένοις ἀξιώμασι καὶ συμπεπλεγμένοις. Δι' ἄλλων δὲ πολλῶν ἔργων καὶ παθῶν καὶ καθηκόντων οὔτ' ὀσφραντῶν οὔθ' ὁρατῶν ἀλλὰ διανοίᾳ (969c) καὶ λόγῳ μόνον πρακτῶν καὶ θεατῶν ὄντων κατιδεῖν ἔστι τὴν κυνὸς φύσιν. Οὗ τὰς μὲν ἐν ἄγραις ἐγκρατείας καὶ πειθαρχίας καὶ ἀγχινοίας γελοῖος ἔσομαι λέγων πρὸς ὑμᾶς τοὺς ὁρῶντας αὐτὰ καθ' ἡμέραν καὶ μεταχειριζομένους. Κάλβου δὲ τοῦ Ῥωμαίου σφαγέντος ἐν τοῖς ἐμφυλίοις πολέμοις οὐδεὶς ἐδυνήθη τὴν κεφαλὴν ἀποτεμεῖν πρότερον, πρὶν τὸν κύνα τὸν φυλάττοντα καὶ προμαχόμενον αὐτοῦ κατακεντῆσαι περιστάντας. Πύρρος δ' βασιλεὺς ὁδεύων ἐνέτυχε κυνὶ φρουροῦντι σῶμα πεφονευμένου, καὶ πυθόμενος τρίτην ἡμέραν ἐκείνην ἄσιτον παραμένειν καὶ μὴ ἀπολιπεῖν τὸν μὲν νεκρὸν ἐκέλευσε (969d) θάψαι, τὸν δὲ κύνα μεθ' ἑαυτοῦ κομίζειν ἐπιμελομένους. Ὀλίγαις δ' ὕστερον ἡμέραις ἐξέτασις ἦν τῶν στρατιωτῶν καὶ πάροδος καθημένου τοῦ βασιλέως καὶ παρῆν κύων ἡσυχίαν ἔχων· ἐπεὶ δὲ τοὺς φονέας τοῦ δεσπότου παριόντας εἶδεν ἐξέδραμε μετὰ φωνῆς ἐπ' αὐτοὺς καὶ θυμοῦ καὶ καθυλάκτει πολλάκις μεταστρεφόμενος εἰς τὸν Πύρρον, ὥστε μὴ μόνον ἐκείνῳ δι' ὑποψίας ἀλλὰ καὶ πᾶσι τοῖς παροῦσι τοὺς ἀνθρώπους γενέσθαι· διὸ συλληφθέντες εὐθὺς καὶ ἀνακρινόμενοι, μικρῶν τινων τεκμηρίων ἔξωθεν προσγενομένων, ὁμολογήσαντες τὸν φόνον ἐκολάσθησαν. (969e) Ταὐτὰ δὲ καὶ τὸν Ἡσιόδου κύνα τοῦ σοφοῦ δρᾶσαι λέγουσι, τοὺς Γανύκτορος ἐξελέγξαντα τοῦ Ναυπακτίου παῖδας, ὑφ' ὧν Ἡσίοδος ἀπέθανεν. δ' οἱ πατέρες ἡμῶν ἔγνωσαν αὐτοὶ σχολάζοντες Ἀθήνησιν ἐναργέστερόν ἐστι τῶν εἰρημένων· παραρρυεὶς γὰρ ἄνθρωπος εἰς τὸν νεὼν τοῦ Ἀσκληπιοῦ τὰ εὔογκα τῶν ἀργυρῶν καὶ χρυσῶν ἔλαβεν ἀναθημάτων καὶ λεληθέναι νομίζων ὑπεξῆλθεν· δὲ φρουρὸς κύων, ὄνομα Κάππαρος, ἐπεὶ μηδεὶς ὑλακτοῦντι τῶν ζακόρων ὑπήκουσεν αὐτῷ, φεύγοντα τὸν ἱερόσυλον ἐπεδίωκε· καὶ πρῶτον μὲν βαλλόμενος λίθοις (969f) οὐκ ἀπέστη· γενομένης δ' ἡμέρας, ἐγγὺς οὐ προσιὼν ἀλλ' ἀπ' ὀφθαλμοῦ παραφυλάττων εἵπετο καὶ τροφὴν προβάλλοντος οὐκ ἐλάμβανεν· ἀναπαυομένῳ δὲ παρενυκτέρευε καὶ βαδίζοντος πάλιν ἀναστὰς ἐπηκολούθει, τοὺς δ' ἀπαντῶντας ὁδοιπόρους ἔσαινεν, ἐκείνῳ δ' ἐφυλάκτει καὶ προσέκειτο. Ταῦτα δ' οἱ διώκοντες πυνθανόμενοι παρὰ τῶν ἀπαντώντων ἅμα καὶ τὸ χρῶμα φραζόντων καὶ τὸ μέγεθος τοῦ κυνὸς προθυμότερον ἐχρήσαντο τῇ διώξει, [969] (969a) Cet animal s'approche doucement du bord et prête l'oreille : s'il entend du bruit, il conjecture que la glace n'est pas épaisse, et il s'arrête ou s'en retourne si on lui en laisse la liberté. Mais s'il n'entend pas le mouvement de l'eau, il passe la rivière hardiment. Et ne croyons pas que ce soit la finesse seule de l'ouïe qui, sans aucun raisonnement, lui fasse faire cette distinction : c'est une induction qu'il tire de sa sensation naturelle, et qui lui fait dire : « Ce qui fait du bruit est en mouvement ; ce qui est en mouvement n'est pas glacé ; ce qui n'est pas glacé est liquide ; ce qui est liquide plie et ne soutient pas. » Les dialecticiens disent que le chien, lorsqu'il se trouve dans un carrefour qui se partage (969b) en plusieurs chemins, fait un raisonnement composé de propositions disjonctives : La bête que je poursuis, dit-il en lui-même, est passée par un de ces chemins ; or, elle n'a pris ni celui-ci ni celui-là : elle a donc suivi ce troisième. La sensation de son odorat ne lui donne que l'une des prémisses, et c'est la raison qui lui fournit la majeure et la conséquence. Mais le chien n'a pas besoin de ce témoignage des dialecticiens, car il est faux et imaginaire. C'est son odorat qui, par la trace du pied de la bête et par les émanations qu'elle y laisse, lui montre par où elle a passé, sans qu'il s'embarrasse des propositions disjonctives ou conjonctives. (969c) Mais on peut reconnaître le naturel de cet animal par un grand nombre d'autres affections et d'autres services qui ne tiennent ni à son odorat ni à sa vue, et qui ne peuvent procéder que de son intelligence et de sa raison. Si je m'arrêtais ici à vous exposer tout ce qu'il montre à la chasse de patience, d'adresse et d'obéissance ponctuelle, je vous prêterais à rire, à vous qui en êtes chaque jour les témoins. Mais je ne puis m'empêcher de vous dire qu'un citoyen romain ayant été tué pendant les guerres civiles, aucun des meurtriers ne put lui couper la tête qu'ils n'eussent tous ensemble tué à coups d'épée un chien qui le défendait. Le roi Pyrrhus, dans un voyage, rencontra un chien qui gardait le corps de son maître, qu'on avait tué ; et ayant appris qu'il était là depuis trois jours sans manger et sans quitter un instant le cadavre, il fit enterrer le mort (969b) et emmena le chien avec lui, en donnant ordre à ses gens d'en avoir bien soin. Quelques jours après il fit la revue de son armée ; il était assis sur son tribunal, et tous les soldats passaient devant lui. Le chien se tenait tranquillement à ses côtés, lorsque tout à coup, ayant aperçu les meurtriers de son maître, il s'élança sur eux en aboyant avec fureur et se tournant souvent vers Pyrrhus, qui conçut, ainsi que tous les assistants, les plus violents soupçons contre ces soldats. Ils furent arrêtés sur-le-champ et appliqués à la question. D'après quelques autres légers indices qu'on eut d'ailleurs, ils avouèrent le meurtre et furent punis de mort. (969e) Le chien du sage Hésiode avait de même, dit-on, convaincu les fils de Ganyctor de Naupacte d'avoir assassiné son maître. Mais ce que nos pères ont vu pendant qu'ils faisaient leur cours d'études à Athènes est plus frappant que tout ce que j'ai rapporté jusqu'ici. Un voleur s'étant glissé dans le temple d'Esculape, en déroba les plus beaux vases d'or et d'argent, et sortit croyant n'avoir été vu de personne. Le chien qui. gardait le temple, et qui se nommait Capparus, avait bien aboyé, mais, voyant qu'aucun des ministres du temple ne venait à ses cris, il se mit à la poursuite du sacrilège qui avait pris la fuite, et quoiqu'il lui jetât des pierres, (969f) il ne laissa pas de le suivre sans relâche. Quand le jour fut venu, il le suivit de plus loin, mais sans le perdre de vue ; s'il lui jetait du pain, il ne le prenait pas ; s'il se couchait pour dormir, il passait la nuit près de lui ; quand il se levait pour continuer sa marche, il se remettait à le suivre ; quand il rencontrait quelque passant, il le flattait de la queue et courait sur le voleur en aboyant de toutes ses forces. Ceux qui poursuivaient le sacrilège ayant appris ces détails des personnes qu'ils rencontraient, et s'étant informés de quelle taille et de quel poil était le chien, ils continuèrent leur poursuite avec plus d'ardeur


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Dernière mise à jour : 28/11/2007