[4,8,2] Ὥστε ἡμῖν συμβαίνει περὶ τῆς ἡμετέρας ψυχῆς παρ´ αὐτοῦ μαθεῖν ζητήσασιν ἐξ ἀνάγκης ἐφάπτεσθαι καὶ περὶ ψυχῆς ὅλως ζητῆσαι, πῶς ποτε κοινωνεῖν σώματι πέφυκε, καὶ περὶ κόσμου φύσεως οἷόν τινα δεῖ αὐτὸν τίθεσθαι, ἐν ᾧ ψυχὴ ἐνδιαιτᾶται ἑκοῦσα εἴτε ἀναγκασθεῖσα εἴτε τις ἄλλος τρόπος· καὶ περὶ ποιητοῦ δέ, εἴτε ὀρθῶς εἴτε ὡς ἡμέτεραι ψυχαὶ ἴσως, ἃς ἔδει σώματα διοικούσας χείρω δι´ αὐτῶν εἴσω πολὺ δῦναι, εἴπερ ἔμελλον κρατήσειν, σκεδασθέντος μὲν ἂν ἑκάστου καὶ πρὸς τὸν οἰκεῖον τόπον φερομένου — ἐν δὲ τῷ παντὶ πάντα ἐν οἰκείῳ κατὰ φύσιν κεῖται — πολλῆς δὲ καὶ ὀχλώδους προνοίας δεομένων, ἅτε πολλῶν τῶν ἀλλοτρίων αὐτοῖς προσπιπτόντων ἀεί τε ἐνδείᾳ συνεχομένων καὶ πάσης βοηθείας ὡς ἐν πολλῇ δυσχερείᾳ δεομένων. Τὸ δὲ τέλεόν τε ὂν καὶ ἱκανὸν καὶ αὔταρκες καὶ οὐδὲν ἔχον αὐτῷ παρὰ φύσιν βραχέος οἷον κελεύσματος δεῖται· καὶ ὡς πέφυκε ψυχὴ ἐθέλειν, ταύτῃ καὶ ἀεὶ ἔχει οὔτ´ ἐπιθυμίας ἔχουσα οὔτε πάσχουσα· <οὐδὲν>γὰρ <ἄπεισιν οὐδὲ πρόσεισι> Διὸ καί φησι καὶ τὴν ἡμετέραν, εἰ μετ´ ἐκείνης γένοιτο τελέας, τελεωθεῖσαν καὶ αὐτὴν <μετεωροπορεῖν καὶ πάντα τὸν κόσμον διοικεῖν>, ὅτε ἀφίσταται εἰς τὸ μὴ ἐντὸς εἶναι τῶν σωμάτων μηδέ τινος εἶναι, τότε καὶ αὐτὴν ὥσπερ τὴν τοῦ παντὸς συνδιοικήσειν ῥᾳδίως τὸ πᾶν, ὡς οὐ κακὸν ὂν ψυχῇ ὁπωσοῦν σώματι παρέχειν τὴν τοῦ εὖ δύναμιν καὶ τοῦ εἶναι, ὅτι μὴ πᾶσα πρόνοια τοῦ χείρονος ἀφαιρεῖ τὸ ἐν τῷ ἀρίστῳ τὸ προνοοῦν μένειν. Διττὴ γὰρ ἐπιμέλεια παντός, τοῦ μὲν καθόλου κελεύσει κοσμοῦντος ἀπράγμονι ἐπιστασίᾳ βασιλικῇ, τὸ δὲ καθέκαστα ἤδη αὐτουργῷ τινι ποιήσει συναφῇ τῇ πρὸς τὸ πραττόμενον τὸ πρᾶττον τοῦ πραττομένου τῆς φύσεως ἀναπιμπλᾶσα. Τῆς δὲ θείας ψυχῆς τοῦτον τὸν τρόπον τὸν οὐρανὸν ἅπαντα διοικεῖν ἀεὶ λεγομένης, ὑπερεχούσης μὲν τῷ κρείττονι, δύναμιν δὲ τὴν ἐσχάτην εἰς τὸ εἴσω πεμπούσης, αἰτίαν μὲν ὁ θεὸς οὐκ ἂν ἔτι λέγοιτο ἔχειν τὴν τοῦ τὴν ψυχὴν τοῦ παντὸς ἐν χείρονι πεποιηκέναι, ἥ τε ψυχὴ οὐκ ἀπεστέρηται τοῦ κατὰ φύσιν ἐξ ἀιδίου τοῦτ´ ἔχουσα καὶ ἕξουσα ἀεί, ὃ μὴ οἷόν τε παρὰ φύσιν αὐτῇ εἶναι, ὅπερ διηνεκῶς αὐτῇ ἀεὶ ὑπάρχει οὔποτε ἀρξάμενον. Τάς τε τῶν ἀστέρων ψυχὰς τὸν αὐτὸν τρόπον πρὸς τὸ σῶμα ἔχειν λέγων, ὥσπερ τὸ πᾶν — <ἐντίθησι> γὰρ καὶ τούτων τὰ <σώματα εἰς τὰς> τῆς ψυχῆς <περιφοράς> — ἀποσῴζοι ἂν καὶ τὴν περὶ τούτους πρέπουσαν εὐδαιμονίαν. Δύο γὰρ ὄντων δι´ ἃ δυσχεραίνεται ἡ ψυχῆς πρὸς σῶμα κοινωνία, ὅτι τε <ἐμπόδιον> πρὸς τὰς νοήσεις γίγνεται, καὶ ὅτι ἡδονῶν καὶ <ἐπιθυμιῶν> καὶ λυπῶν <πίμπλησιν> αὐτήν, οὐδέτερον τούτων ἂν γένοιτο ψυχῇ, ἥτις μὴ εἰς τὸ εἴσω ἔδυ τοῦ σώματος, μηδέ τινός ἐστι, μηδὲ ἐκείνου ἐγένετο, ἀλλ´ ἐκεῖνο αὐτῆς, ἔστι τε τοιοῦτον, οἷον μήτε τινὸς δεῖσθαι μήτε τινὶ ἐλλείπειν· ὥστε μηδὲ τὴν ψυχὴν ἐπιθυμιῶν πίμπλασθαι ἢ φόβων· οὐδὲν γὰρ δεινὸν μήποτε περὶ σώματος προσδοκήσῃ τοιούτου, οὔτε τις ἀσχολία νεῦσιν ποιοῦσα κάτω ἀπάγει τῆς κρείττονος καὶ μακαρίας θέας, ἀλλ´ ἔστιν ἀεὶ πρὸς ἐκείνοις ἀπράγμονι δυνάμει τόδε τὸ πᾶν κοσμοῦσα.
| [4,8,2] Ainsi, en interrogeant Platon sur notre âme, nous sommes amenés à rechercher en général comment l'âme a été conduite par sa nature à entrer en commerce avec le corps. Nous arrivons par là à nous poser les questions suivantes : Quelle est la nature du monde où l'âme vit ainsi, soit par sa volonté, soit par nécessité, soit de quelque autre manière? Le Démiurge {qui est l'Âme universelle} agit-il sans rencontrer d'obstacle, ou en est-il de lui comme de nos âmes ?
D'abord, nos âmes, chargées d'administrer des corps moins parfaits que le monde, devaient y pénétrer profondément pour les maîtriser, parce que les éléments de ces corps tendent à se diviser et à revenir à la place qui leur est propre, tandis que, dans l'univers, toutes choses sont naturellement établies à leur place. En outre, nos corps exigent une prévoyance active et vigilante, parce qu'ils sont exposés à mille accidents par les objets qui les entourent, qu'ils ont toujours une foule de besoins, qu'ils réclament une protection continuelle contre les dangers qui les menacent. Mais le corps du monde est parfait et complet : il se suffit à lui-même, il n'a rien à souffrir de contraire à sa nature; par conséquent, il n'a besoin de recevoir de l'Âme universelle qu'un simple ordre, pour ainsi dire : aussi celle-ci peut-elle rester dans la disposition que sa nature la porte à vouloir conserver, demeurer impassible, n'éprouver aucun besoin. C'est pourquoi Platon dit que, lorsque notre âme vit avec cette Âme parfaite, elle devient elle-même parfaite, plane dans la région éthérée et gouverne le monde entier. Tant que notre âme ne s'éloigne pas de cette Âme pour entrer dans un corps et appartenir à un individu, elle administre facilement le monde, conjointement avec l'Âme universelle et de la même manière. Ce n'est donc pas absolument un mal pour l'âme de communiquer au corps l'être et la perfection, parce que les soins providentiels accordés à une nature inférieure n'empêchent pas celui qui les accorde de rester lui-même dans l'état de perfection.
Il y a en effet dans l'univers deux espèces de Providence {l'une universelle, l'autre particulière} : la première, sans s'inquiéter des détails, règle tout comme il convient à une puissance royale; la seconde, opérant en quelque sorte comme un manœuvre abaisse sa puissance créatrice jusqu'à la nature inférieure des créatures en se mettant en contact avec elles. Or, comme c'est de la première manière que l'Âme divine administre toujours tout l'univers, en le dominant par sa supériorité, et en envoyant en lui sa dernière puissance {la Nature}, on ne saurait accuser Dieu d'avoir donné à l'Âme universelle une mauvaise place : en effet, celle-ci n'a jamais été privée de sa puissance naturelle; elle la possède et elle la possédera toujours (parce que cette puissance n'est point contraire à son essence) ; elle la possède, dis-je, de toute éternité et sans aucune interruption.
Platon dit encore que les âmes des astres sont toujours avec leurs corps dans le même rapport que l'Âme universelle avec l'univers (car il fait participer les astres aux mouvements de l'Âme universelle) ; il accorde ainsi à ces âmes la félicité qui leur convient. En effet, on blâme ordinairement le commerce de l'âme avec le corps pour deux motifs : d'abord, parce qu'il empêche l'âme de s'occuper des conceptions de l'intelligence; ensuite, parce qu'il l'expose à des sensations agréables ou pénibles et qu'il la remplit de désirs. Or, aucune de ces deux choses n'arrive à l'âme qui n'est pas entrée dans un corps et qui n'en dépend pas, qui n'appartient pas à tel individu : alors, au contraire, elle possède le corps de l'univers, qui n'a nul défaut, nul besoin, qui ne peut lui causer ni craintes ni désirs, parce qu'elle n'a rien à redouter pour lui. Ainsi, jamais aucun souci ne la force de s'abaisser aux objets terrestres, de se détourner de son heureuse et sublime contemplation : tout entière aux choses divines, elle gouverne le monde par une seule puissance, dont l'exercice n'entraîne aucune sollicitude.
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