[3,7,8] Κίνησιν μὲν οὐχ οἷόν τε οὔτε τὰς συμπάσας λαμβάνοντι κινήσεις καὶ οἷον μίαν ἐκ πασῶν ποιοῦντι, οὔτε τὴν τεταγμένην· ἐν χρόνῳ γὰρ ἡ κίνησις ἑκατέρα ἡ λεγομένη. Εἰ δέ τις μὴ ἐν χρόνῳ, πολὺ μᾶλλον ἂν ἀπείη τοῦ χρόνος εἶναι, ὡς ἄλλου ὄντος τοῦ ἐν ᾧ ἡ κίνησις, ἄλλου τῆς κινήσεως αὐτῆς οὔσης. Καὶ ἄλλων λεγομένων καὶ λεχθέντων ἂν ἀρκεῖ τοῦτο καὶ ὅτι κίνησις μὲν ἂν καὶ παύσαιτο καὶ διαλίποι, χρόνος δὲ οὔ. Εἰ δὲ τὴν τοῦ παντὸς κίνησιν μὴ διαλείπειν τις λέγοι, ἀλλὰ καὶ αὕτη, εἴπερ τὴν περιφορὰν λέγοι, ἐν χρόνῳ τινὶ {καὶ αὕτη} περιφέροιτο ἂν εἰς τὸ αὐτό, οὐκ ἐν ᾧ τὸ ἥμισυ ἤνυσται, καὶ ὁ μὲν ἂν εἴη ἥμισυς, ὁ δὲ διπλάσιος, κινήσεως τοῦ παντὸς οὔσης ἑκατέρας, τῆς τε εἰς τὸ αὐτὸ ἀπὸ τοῦ αὐτοῦ καὶ τῆς εἰς τὸ ἥμισυ ἡκούσης. Καὶ τὸ ὀξυτάτην δὲ καὶ ταχίστην λέγειν τὴν τῆς ἐξωτάτης σφαίρας κίνησιν μαρτυρεῖ τῷ λόγῳ, ὡς ἕτερον ἡ κίνησις αὐτῆς καὶ ὁ χρόνος. Ταχίστη γὰρ πασῶν δηλονότι τῷ ἐλάττονι χρόνῳ τὸ μεῖζον καὶ τὸ μέγιστον διάστημα ἀνύειν· τὰ δ ἄλλα βραδύτερα τῷ ἐν πλείονι ἂν καὶ μέρος αὐτοῦ. Εἰ τοίνυν μηδὲ ἡ κίνησις τῆς σφαίρας ὁ χρόνος, σχολῇ γ ἂν ἡ σφαῖρα αὐτή, ἣ ἐκ τοῦ κινεῖσθαι ὑπενοήθη χρόνος εἶναι. Ἆρ᾽ οὖν κινήσεώς τι; Εἰ μὲν διάστημα, πρῶτον μὲν οὐ πάσης κινήσεως τὸ αὐτό, οὐδὲ τῆς ὁμοειδοῦς· θᾶττον γὰρ καὶ βραδύτερον ἡ κίνησις καὶ ἡ ἐν τόπῳ.
Καὶ εἶεν ἂν ἄμφω μετρούμεναι αἱ διαστάσεις ἑνὶ ἑτέρῳ, ὃ δὴ ὀρθότερον ἄν τις εἴποι χρόνον. Ποτέρας δὴ αὐτῶν τὸ διάστημα χρόνος, μᾶλλον δὲ τίνος αὐτῶν ἀπείρων οὐσῶν;
Εἰ δὲ τῆς τεταγμένης, οὐ πάσης μὲν οὐδὲ τῆς τοιαύτης· πολλαὶ γὰρ αὗται· ὥστε καὶ πολλοὶ χρόνοι ἅμα ἔσονται. Εἰ δὲ τῆς τοῦ παντὸς διάστημα, εἰ μὲν τὸ ἐν αὐτῇ τῇ κινήσει διάστημα, τί ἂν {εἴη} ἄλλο ἢ ἡ κίνησις {ἂν εἴη}; Τοσήδε μέντοι· τὸ δὲ τοσόνδε τοῦτο ἤτοι τῷ τόπῳ, ὅτι τοσόσδε ὃν διεξῆλθε, μετρηθήσεται, καὶ τὸ διάστημα τοῦτο ἔσται· τοῦτο δὲ οὐ χρόνος, ἀλλὰ τόπος· ἢ αὐτὴ ἡ κίνησις τῇ συνεχείαι αὐτῆς καὶ τῷ μὴ εὐθὺς πεπαῦσθαι, ἀλλ ἐπιλαμβάνειν ἀεί, τὸ διάστημα ἕξει. Ἀλλὰ τοῦτο τὸ πολὺ τῆς κινήσεως ἂν εἴη· καὶ εἰ μὲν εἰς αὐτήν τις βλέπων ἀποφανεῖται πολλήν, ὥσπερ ἂν εἴ τις πολὺ τὸ θερμὸν λέγοι, οὐδ ἐνταῦθα χρόνος φανεῖται οὐδὲ προσπίπτει, ἀλλὰ κίνησις πάλιν καὶ πάλιν, ὡσπερεὶ ὕδωρ ῥέον πάλιν καὶ πάλιν, καὶ τὸ ἐπ αὐτῷ διάστημα θεωρούμενον. Καὶ τὸ μὲν πάλιν καὶ πάλιν ἔσται ἀριθμός, ὥσπερ δυὰς ἢ τριάς, τὸ δὲ διάστημα τοῦ ὄγκου. Οὕτως οὖν καὶ πλῆθος κινήσεως ὡς δεκάς, ἢ ὡς τὸ ἐπιφαινόμενον τῷ οἷον ὄγκῳ τῆς κινήσεως διάστημα, ὃ οὐκ ἔχει ἔννοιαν χρόνου, ἀλλ ἔσται τὸ τοσόνδε τοῦτο γενόμενον ἐν χρόνῳ, ἢ ὁ χρόνος οὐκ ἔσται πανταχοῦ, ἀλλ ἐν ὑποκειμένῳ τῇ κινήσει, συμβαίνει τε πάλιν αὖ κίνησιν τὸν χρόνον λέγειν· οὐ γὰρ ἔξω αὐτῆς τὸ διάστημα, ἀλλὰ κίνησις οὐκ ἀθρόα· {τὸ δὲ μὴ ἀθρόα εἰς τὸ ἀθρόον ἐν χρόνῳ.} Τὸ μὴ ἀθρόον τίνι διοίσει τοῦ ἀθρόως ἢ τῷ ἐν χρόνῳ; Ὥστε ἡ διεστῶσα κίνησις καὶ τὸ διάστημα αὐτῆς οὐκ αὐτὸ χρόνος, ἀλλ ἐν χρόνῳ.
Εἰ δὲ τὸ διάστημα τῆς κινήσεως λέγοι τις χρόνον, οὐ τὸ αὐτῆς τῆς κινήσεως, ἀλλὰ παρ ὃ αὐτὴ ἡ κίνησις τὴν παράτασιν ἔχοι οἷον συμπαραθέουσα ἐκείνῳ, τί δὲ τοῦτό ἐστιν οὐκ εἴρηται. Δῆλον γάρ, ὅτι τοῦτ ἐστὶν ὁ χρόνος, ἐν ᾧ γέγονεν ἡ κίνησις. Τοῦτο δ ἦν ὃ ἐξ ἀρχῆς ἐζήτει ὁ λόγος, τί ὤν ἐστι χρόνος· ἐπεὶ ὅμοιόν τε γίνεται καὶ ταὐτὸν οἷον εἴ τις ἐρωτηθεὶς τί ἐστι χρόνος, λέγοι κινήσεως διάστημα ἐν χρόνῳ. Τί οὖν ἐστι τοῦτο τὸ διάστημα, ὃ δὴ χρόνον καλεῖς τῆς κινήσεως τοῦ οἰκείου διαστήματος ἔξω τιθέμενος; Καὶ γὰρ αὖ καὶ ἐν αὐτῇ ὁ τιθέμενος τῇ κινήσει τὸ διάστημα τὴν τῆς ἠρεμίας διάστασιν ποῖ θήσεται, ἄπορος ἔσται. Ὅσον γὰρ κινεῖταί τι, τοσοῦτον ἂν σταίη καὶ ἄλλο, καὶ εἴποις ἂν τὸν χρόνον ἑκατέρου τὸν αὐτὸν εἶναι, ὡς ἄλλον δηλονότι ἀμφοῖν ὄντα. Τί οὖν ἐστι καὶ τίνα φύσιν ἔχει τοῦτο τὸ διάστημα; Ἐπείπερ τοπικὸν οὐχ οἷόν τε· ἐπεὶ καὶ τοῦτό γε ἔξωθέν ἐστιν.
| [3,7,8] Il est impossible que le temps soit le mouvement, soit qu'on prenne tous les mouvements ensemble de manière à n'en faire qu'un seul, soit que l'on considère seulement le mouvement régulier : car ces deux espèces de mouvement sont dans le temps. Si l'on suppose qu'il y a un mouvement qui ne s'opère pas dans le temps, ce mouvement sera encore bien plus éloigné d'être le temps, puisque, dans cette hypothèse, autre chose est ce dans quoi se produit le mouvement, autre chose le mouvement même. Parmi les raisons qui ont été alléguées et qui sont alléguées pour réfuter cette opinion, une seule suffit : c'est que le mouvement peut cesser et s'arrêter, tandis que le temps ne saurait suspendre son cours. Si l'on dit que le mouvement de l'univers ne s'interrompt jamais, nous répondrons que ce mouvement, s'il consiste dans le mouvement circulaire {des astres}, s'opère dans un temps déterminé, au bout duquel il revient au même point du ciel, mais il ne le fait pas dans le même espace de temps qu'il emploie pour fournir la moitié de son cours : l'un de ces deux mouvements n'est que moitié de l'autre et le second est le double ; tous les deux d'ailleurs, celui qui ne parcourt que la moitié de l'espace, et celui qui en parcourt la totalité, sont des mouvements de l'univers. En outre, on a remarqué que le mouvement de la sphère extérieure a le plus de vitesse. Cette distinction vient encore à l'appui de nos idées : car elle implique que le mouvement de cette sphère, et le temps qu'elle emploie pour l'opérer, sont choses différentes : le mouvement le plus rapide est celui qui emploie le moins de temps et parcourt le plus grand espace ; les mouvements plus lents sont ceux qui emploient plus de temps et ne parcourent qu'une partie de cet espace.
D'un autre côté, si le temps n'est pas le mouvement de la sphère, évidemment il est bien moins encore {le mobile }, la sphère même, comme quelques-uns l'ont cru parce qu'elle se meut. {Par cela seul se trouve écartée l'opinion qui confond le temps avec le mobile.}
Le temps enfin est-il quelque chose du mouvement ?
Si l'on dit qu'il est l'intervalle du mouvement, nous ferons remarquer que l'intervalle n'est pas le même pour tous les mouvements, fussent-ils de même nature : car les mouvements qui s'opèrent dans le lieu peuvent être plus rapides ou plus lents. Il est possible que les intervalles du mouvement plus rapide et du mouvement plus lent soient mesurés par un troisième intervalle, qui mériterait avec plus de raison d'être appelé le temps. Lequel de ces trois intervalles sera le temps, ou plutôt lequel de tous les intervalles, puisqu'il y en a un nombre infini? Si l'on regarde le temps comme l'intervalle du mouvement régulier, il ne sera pas l'intervalle même de tout mouvement régulier; sinon, comme il y a plusieurs mouvements réguliers, il y aurait plusieurs temps. Si l'on définit le temps l'intervalle du mouvement de l'univers, c'est-à-dire l'intervalle qui est dans ce mouvement, que sera-ce autre chose que le mouvement même ?
Ce mouvement d'ailleurs est une quantité déterminée. Ou bien cette quantité sera mesurée par l'étendue du lieu parcouru, et l'intervalle consistera dans cette étendue ; mais cette étendue est le lieu et non le temps. Ou bien l'on dira que le mouvement a un certain intervalle parce qu'il est continu, qu'au lieu de s'arrêter sur-le-champ il se prolonge toujours: mais cette continuité n'est autre chose que la grandeur {la durée} du mouvement. Si, après avoir considéré un mouvement, on affirme qu'il est grand, comme on dirait d'une chaleur qu'elle est grande, on n'a encore là aucune chose dans laquelle le temps puisse apparaître et se manifester ; on n'a qu'une suite de mouvements qui se succèdent comme des flots, et que l'intervalle qu'on observe entre eux; or, la suite des mouvements forme un nombre, deux, trois, par exemple ; et l'intervalle est une étendue. Ainsi, la grandeur du mouvement sera un nombre comme dix, par exemple, ou bien un intervalle qui se manifeste dans l'étendue parcourue par le mouvement. Or, on ne découvre point là la notion du temps, mais seulement une quantité qui se produit dans le temps : sinon le temps, au lieu d'être partout, n'existera que dans le mouvement comme un attribut dans un sujet, ce qui revient à dire que le temps est le mouvement : car l'intervalle {du mouvement} n'est pas en dehors du mouvement, ce n'est qu'un mouvement non instantané. Si le temps est un mouvement non instantané, comme l'on dit que tel ou tel fait instantané s'opère dans le temps, nous demanderons quelle différence il y a entre ce qui est instantané et ce qui ne l'est pas. Ces choses diffèrent-elles sous le rapport du temps? Alors le mouvement qui dure et son intervalle ne sont pas le temps, mais sont dans le temps.
Dira-t-on que le temps est bien l'intervalle du mouvement, mais qu'il n'est pas l'intervalle propre du mouvement même, qu'il est seulement l'intervalle dans lequel le mouvement a son extension, en le suivant en quelque sorte ? On ne définit pas encore quelle est cette chose. Évidemment elle n'est autre que le temps dans lequel se produit le mouvement. Mais c'est là précisément ce que nous nous sommes dès le commencement proposé de déterminer. C'est comme si, prié de définir le temps, on répondait : le temps est l'intervalle du mouvement produit dans le temps. Quel est donc cet intervalle qu'on appelle le temps, quand on le considère en dehors de l'intervalle propre au mouvement ? Si l'on fait consister dans le mouvement l'intervalle propre au temps, où placera-t-on la durée du repos? En effet, pour qu'un objet soit en mouvement, il faut qu'un autre soit en repos; or le temps de ces objets est le même, quoiqu'il soit pour l'un le temps du mouvement, et pour l'autre, celui du repos. Quelle est donc la nature de cet intervalle? Ce ne peut être un intervalle de lieu, puisque le lieu est extérieur {aux mouvements qui s'accomplissent dans son sein}.
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