[3,7,9] Ἀριθμὸς δὲ κινήσεως ἢ μέτρον – βέλτιον γὰρ οὕτω συνεχοῦς οὔσης – πῶς, σκεπτέον.
Πρῶτον μὲν οὖν καὶ ἐνταῦθα τὸ πάσης ὁμοίως ἀπορητέον, ὥσπερ καὶ ἐπὶ τοῦ διαστήματος τῆς κινήσεως, εἴ τις τῆς πάσης εἶναι ἐλέγετο. Πῶς γὰρ ἄν τις ἀριθμήσειε τὴν ἄτακτον καὶ ἀνώμαλον; ἢ τίς ἀριθμὸς ἢ μέτρον ἢ κατὰ τί τὸ μέτρον; Εἰ δὲ τῷ αὐτῷ ἑκατέραν καὶ ὅλως πᾶσαν, ταχεῖαν, βραδεῖαν, ἔσται ὁ ἀριθμὸς καὶ τὸ μέτρον τοιοῦτον, οἷον εἰ δεκὰς εἴη μετροῦσα καὶ ἵππους καὶ βοῦς, ἢ εἰ τὸ αὐτὸ μέτρον καὶ ὑγρῶν καὶ ξηρῶν εἴη. Εἰ δὴ τοιοῦτον μέτρον, τίνων μέν ἐστιν ὁ χρόνος εἴρηται, ὅτι κινήσεων, αὐτὸς δὲ ὅ ἐστιν οὔπω εἴρηται. Εἰ δὲ ὥσπερ δεκάδος ληφθείσης καὶ ἄνευ ἵππων ἔστι νοεῖν τὸν ἀριθμόν, καὶ τὸ μέτρον μέτρον ἐστὶ φύσιν ἔχον τινά, κἂν μήπω μετρῇ, οὕτω δεῖ ἔχειν καὶ τὸν χρόνον μέτρον ὄντα· εἰ μὲν τοιοῦτόν ἐστιν ἐφ ἑαυτοῦ οἷον ἀριθμός, τί ἂν τοῦδε τοῦ ἀριθμοῦ τοῦ κατὰ τὴν δεκάδα ἢ ἄλλου ὁτουοῦν διαφέροι μοναδικοῦ; Εἰ δὲ συνεχὲς μέτρον ἐστί, ποσόν τι ὂν μέτρον ἔσται, οἷον τὸ πηχυαῖον {μέγεθος}. Μέγεθος τοίνυν ἔσται, οἷον γραμμὴ συνθέουσα δηλονότι κινήσει. Ἀλλ αὕτη συνθέουσα πῶς μετρήσει τὸ ᾧ συνθεῖ; Τί γὰρ μᾶλλον ὁποτερονοῦν θάτερον; Καὶ βέλτιον τίθεσθαι καὶ πιθανώτερον οὐκ ἐπὶ πάσης, ἀλλ ἧι συνθεῖ. Τοῦτο δὲ συνεχὲς δεῖ εἶναι, ἢ ἐφέξει ἡ συνθέουσα. Ἀλλ οὐκ ἔξωθεν δεῖ τὸ μετροῦν λαμβάνειν οὐδὲ χωρίς, ἀλλὰ ὁμοῦ κίνησιν μεμετρημένην. Καὶ τί τὸ μετροῦν ἔσται; Ἢ μεμετρημένη μὲν ἡ κίνησις ἔσται, μεμετρηκὸς δ ἔσται μέγεθος. Καὶ ποῖον αὐτῶν ὁ χρόνος ἔσται; Ἡ κίνησις ἡ μεμετρημένη, ἢ τὸ μέγεθος τὸ μετρῆσαν; Ἢ γὰρ ἡ κίνησις ἔσται ἡ μεμετρημένη ὑπὸ τοῦ μεγέθους ὁ χρόνος, ἢ τὸ μέγεθος τὸ μετρῆσαν, ἢ τὸ τῷ μεγέθει χρησάμενον, ὥσπερ τῷ πήχει πρὸς τὸ μετρῆσαι ὅση ἡ κίνησις. Ἀλλ ἐπὶ μὲν πάντων τούτων ὑποθέσθαι, ὅπερ εἴπομεν πιθανώτερον εἶναι, τὴν ὁμαλὴν κίνησιν· ἄνευ γὰρ ὁμαλότητος καὶ προσέτι μιᾶς καὶ τῆς τοῦ ὅλου ἀπορώτερον τὸ τοῦ λόγου τῷ θεμένῳ ὁπωσοῦν μέτρον γίνεται. Εἰ δὲ δὴ μεμετρημένη κίνησις ὁ χρόνος καὶ ὑπὸ τοῦ ποσοῦ μεμετρημένη, ὥσπερ τὴν κίνησιν, εἰ ἔδει μεμετρῆσθαι, οὐχὶ ὑπ αὐτῆς ἔδει μεμετρῆσθαι, ἀλλ ἑτέρῳ, οὕτως ἀνάγκη, εἴπερ μέτρον ἕξει ἄλλο ἡ κίνησις παρ αὐτήν, καὶ διὰ τοῦτο ἐδεήθημεν τοῦ συνεχοῦς μέτρου εἰς μέτρησιν αὐτῆς, τὸν αὐτὸν τρόπον δεῖ καὶ τῷ μεγέθει αὐτῷ μέτρου, ἵν {ἦ} ἡ κίνησις, τοσοῦδε γεγενημένου τοῦ καθ ὃ μετρεῖται ὅση, μετρηθῇ. Καὶ ὁ ἀριθμὸς τοῦ μεγέθους ἔσται {τοῦ} τῇ κινήσει παρομαρτοῦντος ἐκεῖνος ὁ χρόνος, ἀλλ οὐ τὸ μέγεθος τὸ συνθέον τῇ κινήσει.
Οὗτος δὲ τίς ἂν εἴη ἢ ὁ μοναδικός; Ὃς ὅπως μετρήσει ἀπορεῖν ἀνάγκη. Ἐπεί, κἄν τις ἐξεύρῃ ὅπως, οὐ χρόνον εὑρήσει μετροῦντα, ἀλλὰ τὸν τοσόνδε χρόνον· τοῦτο δὲ οὐ ταὐτὸν χρόνῳ. Ἕτερον γὰρ εἰπεῖν χρόνον, ἕτερον δὲ τοσόνδε χρόνον· πρὸ γὰρ τοῦ τοσόνδε δεῖ ὅ τί ποτ᾽ ἐστὶν εἰπεῖν ἐκεῖνο, ὃ τοσόνδε ἐστίν. Ἀλλ ὁ ἀριθμὸς ὁ μετρήσας τὴν κίνησιν ἔξωθεν τῆς κινήσεως ὁ χρόνος, οἷον ἡ δεκὰς ἐπὶ τῶν ἵππων οὐ μετὰ τῶν ἵππων λαμβανόμενος. Τίς οὖν οὗτος ὁ ἀριθμός, οὐκ εἴρηται, ὃς πρὸ τοῦ μετρεῖν ἐστιν ὅπερ ἐστίν, ὥσπερ ἡ δεκάς. Ἢ οὗτος, ὃς κατὰ τὸ πρότερον καὶ ὕστερον τῆς κινήσεως παραθέων ἐμέτρησεν. Ἀλλ οὗτος ὁ κατὰ τὸ πρότερον καὶ ὕστερον οὔπω δῆλος ὅστις ἐστίν. Ἀλλ οὖν κατὰ τὸ πρότερον καὶ ὕστερον μετρῶν εἴτε σημείῳ εἴθ ὁτῳοῦν ἄλλῳ πάντως κατὰ χρόνον μετρήσει. Ἔσται οὖν ὁ χρόνος οὗτος ὁ μετρῶν τὴν κίνησιν τῷ προτέρῳ καὶ ὑστέρῳ ἐχόμενος τοῦ χρόνου καὶ ἐφαπτόμενος, ἵνα μετρῇ. Ἢ γὰρ τὸ τοπικὸν πρότερον καὶ ὕστερον, οἷον ἡ ἀρχὴ τοῦ σταδίου, λαμβάνει, ἢ ἀνάγκη τὸ χρονικὸν λαμβάνειν. Ἔστι γὰρ ὅλως τὸ πρότερον καὶ ὕστερον τὸ μὲν χρόνος ὁ εἰς τὸ νῦν λήγων, τὸ δὲ ὕστερον ὃς ἀπὸ τοῦ νῦν ἄρχεται. Ἄλλο τοίνυν ἀριθμοῦ τοῦ κατὰ τὸ πρότερον καὶ ὕστερον μετροῦντος τὴν κίνησιν οὐ μόνον ἡντινοῦν, ἀλλὰ καὶ τὴν τεταγμένην, ὁ χρόνος. Ἔπειτα διὰ τί ἀριθμοῦ μὲν προσγεγενημένου εἴτε κατὰ τὸ μεμετρημένον εἴτε κατὰ τὸ μετροῦν· ἔστι γὰρ {ἂν} τὸν αὐτὸν καὶ μετροῦντα καὶ μεμετρημένον εἶναι – ἀλλ οὖν διὰ τί ἀριθμοῦ μὲν γενομένου χρόνος ἔσται, κινήσεως δὲ οὔσης καὶ τοῦ προτέρου πάντως ὑπάρχοντος περὶ αὐτὴν καὶ τοῦ ὑστέρου οὐκ ἔσται χρόνος; Ὥσπερ ἂν εἴ τις λέγοι τὸ μέγεθος μὴ εἶναι ὅσον ἐστίν, εἰ μή τις τὸ ὅσον ἐστὶ τοῦτο λάβοι. Ἀπείρου δὲ τοῦ χρόνου ὄντος καὶ λεγομένου πῶς ἂν περὶ αὐτὸν ἀριθμὸς εἴη; Εἰ μή τις ἀπολαβὼν μέρος τι αὐτοῦ μετροῖ, ἐν ᾧ συμβαίνει εἶναι καὶ πρὶν μετρηθῆναι. Διὰ τί δὲ οὐκ ἔσται πρὶν καὶ ψυχὴν τὴν μετροῦσαν εἶναι; Εἰ μή τις τὴν γένεσιν αὐτοῦ παρὰ ψυχῆς λέγοι γίνεσθαι. Ἐπεὶ διά γε τὸ μετρεῖν οὐδαμῶς ἀναγκαῖον εἶναι· ὑπάρχει γὰρ ὅσον ἐστί, κἂν μή τις μετρῇ. Τὸ δὲ τῷ μεγέθει χρησάμενον πρὸς τὸ μετρῆσαι τὴν ψυχὴν ἄν τις λέγοι· τοῦτο δὲ τί ἂν εἴη πρὸς ἔννοιαν χρόνου;
| [3,7,9] Examinons maintenant en quel sens l'on peut dire que le temps est le nombre et la mesure du mouvement, ce qui semble plus raisonnable à cause de sa continuité.
D'abord ici, comme au sujet de la définition qui fait consister le temps dans l'intervalle du mouvement, on peut demander si le temps est la mesure et le nombre de toute espèce de mouvement. Comment, en effet, évaluer numériquement le mouvement inégal et irrégulier ? Quel est le nombre, quelle est la mesure qui sert à évaluer ce mouvement ? Si l'on évalue par la même mesure le mouvement lent et le mouvement rapide, la mesure elle nombre seront pour eux ce qu'est le nombre dix appliqué également à des chevaux et à des bœufs, ce que serait une mesure qui servirait également à mesurer les substances sèches et les liquides. Si le temps est une mesure de cette sorte, on voit bien qu'il est la mesure des mouvements, mais on ne voit pas encore ce qu'il est par lui-même. Si le nombre dix peut être conçu comme nombre, abstraction faite des chevaux qu'il sert à nombrer, si une mesure a par elle-même sa nature propre, même quand elle ne mesure rien, il doit en être de même du temps, puisqu'il est une mesure. Si le temps est un nombre en lui-même, en quoi diffère-t-il du nombre dix ou de tout autre nombre composé d'unités ? S'il est une mesure continue, étant une quantité, il constituera une mesure comme une coudée, par exemple. Il sera donc une grandeur, une ligne, par exemple, qui suit le mouvement ; mais comment cette ligne pourra-t-elle mesurer ce qu'elle suit? Pourquoi mesurera-t-elle une chose plutôt qu'une autre ? Il semble plus raisonnable de regarder cette mesure, non comme la mesure de toute espèce de mouvement, mais seulement comme la mesure du mouvement qu'elle suit. Alors cette mesure est continue, en tant que le mouvement qu'elle suit continue lui-même d'exister. Dans ce cas, il ne faut pas regarder la mesure comme une chose extérieure et séparée du mouvement, mais comme unie au mouvement mesuré. Qu'est-ce qui mesurera donc? Est-ce le mouvement qui sera mesuré et l'étendue qui le mesurera ? Laquelle de ces deux choses sera le temps ? Sera-t-il le mouvement mesuré ou l'étendue mesurante ? Le temps sera ou le mouvement mesuré par l'étendue, ou l'étendue mesurante, ou une troisième chose qui se sert de l'étendue, comme on se sert d'une coudée, pour mesurer la quantité du mouvement. Mais, dans tous ces cas, il faut, comme nous l'avons déjà remarqué, supposer que le mouvement est uniforme : car, si le mouvement n'est pas uniforme, un et universel, on trouve la plus grande obscurité dans l'opinion qui suppose que le mouvement est une mesure d'une nature quelconque. Si le temps est le mouvement mesuré, c'est-à-dire mesuré par la quantité, en admettant qu'il ait besoin d'être mesuré, le mouvement ne doit cependant pas être mesuré par lui-même, mais par une chose différente de lui ; d'un autre côté, si le mouvement a une mesure différente de lui, et si, par suite, nous avons besoin d'une mesure continue pour le mesurer, il en résultera que l'étendue elle-même aura besoin d'une mesure, afin que le mouvement, étant mesuré, ait une quantité qui soit déterminée par celle de la chose selon laquelle il est mesuré. Par conséquent, dans cette hypothèse, le temps sera le nombre de l'étendue qui suit le mouvement, et non l'étendue même qui suit le mouvement.
Quel est ce nombre ? Est-il composé d'unités ? Comment mesure-t-il ? Voilà ce qui reste à déterminer. Supposons qu'on trouve comment il mesure, on n'aura pas encore trouvé le temps qui mesure, mais un temps qui est tel ou tel quantum. Or cela n'est pas la même chose que le temps : autre chose est le temps, autre chose telle quantité de temps. Avant d'affirmer que le temps a telle ou telle quantité, il faut déterminer ce qu'est la chose qui a cette quantité. Sans doute le temps est le nombre qui mesure le mouvement en lui restant extérieur, comme dix est dans dix chevaux sans être conçu avec eux. Mais, dans ce cas, on n'a pas encore défini ce qu'est ce nombre qui, avant de nombrer, est ce qu'il est, comme serait dix considéré en lui-même. C'est le nombre, dira-t-on, qui, en suivant le mouvement, mesure selon l'antériorité et la postériorité de ce mouvement. On ne voit pas encore en quoi consiste ce nombre qui mesure selon l'antériorité et la postériorité. En tout cas, ce qui mesure selon l'antériorité et la postériorité, soit par un point, soit par toute autre chose, mesure certainement selon le temps. Ainsi, ce nombre qui mesure le mouvement selon l'antériorité et la postériorité doit toucher au temps et y être lié pour mesurer le mouvement. Antérieur et postérieur désignent nécessairement soit des parties diverses de l'espace, comme le commencement du stade, soit des parties du temps. Ce qu'on nomme l'antérieur, c'est le temps qui finit au présent; et ce qu'on appelle le postérieur, c'est le temps qui commence au présent. Le temps est donc autre chose que le nombre qui mesure le mouvement selon l'antériorité et la postériorité, je né dis pas seulement un mouvement quelconque, mais encore le mouvement régulier. D'ailleurs, pourquoi aura-t-on le temps en appliquant le nombre soit à ce qui mesure, soit à ce qui est mesuré (car ici ce qui mesure et ce qui est mesuré peuvent n'être qu'une seule chose) ? Pourquoi sans le nombre n'aura-t-on pas le temps, si le mouvement existe avec l'antérieur et le postérieur qui s'y rapportent? C'est comme si l'on disait que l'étendue n'a telle quantité que s'il y a quelqu'un pour reconnaître qu'elle possède cette quantité. Puisqu'on dit que Je temps est infini, et qu'il l'est en effet, comment le nombre peut-il être en lui à moins qu'on ne prenne une portion de temps pour le mesurer? De là résulte que le temps existe avant d'être mesuré. Mais pourquoi le temps n'existerait-il pas avant qu'il existât une âme pour le mesurer? On dira peut-être qu'il est engendré par l'âme. Il n'est pas nécessaire qu'il soit engendré par l'âme par cela seul qu'elle le mesure : il existerait, avec la quantité qui lui est propre, lors même que personne ne le mesurerait. Si l'on dit enfin que c'est l'âme qui se sert de l'étendue pour mesurer le temps, nous répondrons que ce point n'est d'aucune importance pour déterminer la notion du temps.
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