[603] (603a) Τὸ παρὰ τὰ μέτρα ἄρα δοξάζον τῆς ψυχῆς τῷ κατὰ τὰμέτρα
οὐκ ἂν εἴη ταὐτόν.
Οὐ γὰρ οὖν.
᾿Αλλὰ μὴν τὸ μέτρῳ γε καὶ λογισμῷ πιστεῦον βέλτιστον ἂν εἴη τῆς
ψυχῆς.
Τί μήν;
Τὸ ἄρα τούτῳ ἐναντιούμενον τῶν φαύλων ἄν τι εἴη ἐν ἡμῖν.
᾿Ανάγκη.
Τοῦτο τοίνυν διομολογήσασθαι βουλόμενος ἔλεγον ὅτι ἡ γραφικὴ καὶ
ὅλως ἡ μιμητικὴ πόρρω μὲν τῆς ἀληθείας ὂν τὸ αὑτῆς ἔργον ἀπεργάζεται,
πόρρω δ’ αὖ φρονήσεως ὄντι τῷ (b.) ἐν ἡμῖν προσομιλεῖ τε καὶ ἑταίρα καὶ
φίλη ἐστὶν ἐπ’ οὐδενὶ ὑγιεῖ οὐδ’ ἀληθεῖ.
Παντάπασιν, ἦ δ’ ὅς.
Φαύλη ἄρα φαύλῳ συγγιγνομένη φαῦλα γεννᾷ ἡ μιμητική.
῎Εοικεν.
Πότερον, ἦν δ’ ἐγώ, ἡ κατὰ τὴν ὄψιν μόνον, ἢ καὶ κατὰ τὴν ἀκοήν, ἣν
δὴ ποίησιν ὀνομάζομεν;
Εἰκός γ’, ἔφη, καὶ ταύτην.
Μὴ τοίνυν, ἦν δ’ ἐγώ, τῷ εἰκότι μόνον πιστεύσωμεν ἐκ τῆς γραφικῆς,
ἀλλὰ καὶ ἐπ’ αὐτὸ αὖ ἔλθωμεν τῆς διανοίας (c.) τοῦτο ᾧ προσομιλεῖ ἡ τῆς
ποιήσεως μιμητική, καὶ ἴδωμεν φαῦλον ἢ σπουδαῖόν ἐστιν.
᾿Αλλὰ χρή.
῟Ωδε δὴ προθώμεθα· πράττοντας, φαμέν, ἀνθρώπους μιμεῖται ἡ
μιμητικὴ βιαίους ἢ ἑκουσίας πράξεις, καὶ ἐκ τοῦ πράττειν ἢ εὖ οἰομένους ἢ
κακῶς πεπραγέναι, καὶ ἐν τούτοις δὴ πᾶσιν ἢ λυπουμένους ἢ χαίροντας.
μή τι ἄλλο ἦν παρὰ ταῦτα;
Οὐδέν.
῏Αρ’ οὖν ἐν ἅπασι τούτοις ὁμονοητικῶς ἄνθρωπος διάκει(d.)ται; ἢ
ὥσπερ κατὰ τὴν ὄψιν ἐστασίαζεν καὶ ἐναντίας εἶχεν ἐν ἑαυτῷ δόξας ἅμα
περὶ τῶν αὐτῶν, οὕτω καὶ ἐν ταῖς πράξεσι στασιάζει τε καὶ μάχεται αὐτὸς
αὑτῷ; ἀναμιμνῄσκομαι δὲ ὅτι τοῦτό γε νῦν οὐδὲν δεῖ ἡμᾶς
διομολογεῖσθαι· ἐν γὰρ τοῖς ἄνω λόγοις ἱκανῶς πάντα ταῦτα
διωμολογησάμεθα, ὅτι μυρίων τοιούτων ἐναντιωμάτων ἅμα γιγνομένων
ἡ ψυχὴ γέμει ἡμῶν.
᾿Ορθῶς, ἔφη.
᾿Ορθῶς γάρ, ἦν δ’ ἐγώ· ἀλλ’ ὃ τότε ἀπελίπομεν, νῦν μοι (e.) δοκεῖ
ἀναγκαῖον εἶναι διεξελθεῖν.
Τὸ ποῖον; ἔφη.
᾿Ανήρ, ἦν δ’ ἐγώ, ἐπιεικὴς τοιᾶσδε τύχης μετασχών, ὑὸν ἀπολέσας ἤ
τι ἄλλο ὧν περὶ πλείστου ποιεῖται, ἐλέγομέν που καὶ τότε ὅτι ῥᾷστα οἴσει
τῶν ἄλλων.
Πάνυ γε.
Νῦν δέ γε τόδ’ ἐπισκεψώμεθα, πότερον οὐδὲν ἀχθέσεται, ἢ τοῦτο μὲν
ἀδύνατον, μετριάσει δέ πως πρὸς λύπην.
Οὕτω μᾶλλον, ἔφη, τό γε ἀληθές.
| [603] opine contrairement 603a à la
mesure ne forme pas, avec ce qui opine conformément à la
mesure, un seul et même élément.
Non, en effet.
Mais certes, l'élément qui se fie à la mesure et au calcul est le
meilleur élément de l'âme.
Sans doute.
Donc, celui qui est lui opposé sera un élément inférieur de nous-
mêmes.
Nécessairement.
C'est à cet aveu que je voulais vous conduire quand je disais que
la peinture, et en général toute espèce d'imitation, accomplit son
oeuvre loin de la vérité, qu'elle a commerce avec un élément de
nous-mêmes éloigné de la 603b sagesse, et ne se propose, dans
cette liaison et cette amitié, rien de sain ni de vrai.
C'est très exact, dit-il.
Ainsi, chose médiocre accouplée à un élément médiocre,
l'imitation n'engendrera que des fruits médiocres.
Il le semble.
Mais s'agit-il seulement, demandai je, de l'imitation qui s'adresse
à la vue, ou aussi de celle qui s'adresse à l'oreille, et que nous
appelons poésie?
Vraisemblablement, il s'agit aussi de cette dernière.
Toutefois, ne nous en rapportons pas uniquement à cette
ressemblance de la poésie avec la peinture; allons jusqu'à cet
élément de l'esprit avec lequel l'imitation 603c poétique a
commerce, et voyons s'il est vil ou précieux.
Il le faut, en effet.
Posons la question de la manière que voici. L'imitation, disons-
nous, représente les hommes agissant volontairement ou par
contrainte, pensant, selon les cas, qu'ils ont bien ou mal agi, et
dans toutes ces conjonctures se livrant soit à la douleur soit à la
joie. Y a-t-il rien de plus dans ce qu'elle fait?
Rien.
Or donc, en toutes ces situations l'homme est-il d'accord 603d
avec lui-même? ou bien, comme il était en désaccord au sujet de
la vue, ayant simultanément deux opinions contraires des mêmes
objets, est-il pareillement, au sujet de sa conduite, en
contradiction et en lutte avec lui-même? Mais il me revient à
l'esprit que nous n'avons pas à nous mettre d'accord sur ce point.
En effet, dans nos précédents propos, nous sommes
suffisamment convenus de tout cela, et que notre âme est pleine
de contradictions de ce genre, qui s'y manifestent
simultanément.
Et nous avons eu raison, dit-il.
En effet, nous avons eu raison. Mais il me semble nécessaire
603e d'examiner maintenant ce que nous avons omis alors.
Quoi? demanda-t-il.
Nous disions alors qu'un homme de caractère modéré, à
qui il arrive quelque malheur, comme la perte d'un fils ou de
quelque autre objet très cher, supporte cette perte plus aisément
qu'un autre.
Certainement.
Maintenant examinons ceci : ne sera-t-il nullement accablé, ou
bien, pareille indifférence étant impossible, se montrera-t-il
modéré, en quelque sorte, dans sa douleur?
La seconde alternative, dit-il, est la vraie.
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