[604] (604a) Τόδε νῦν μοι περὶ αὐτοῦ εἰπέ· πότερον μᾶλλον αὐτὸν οἴει τῇ
λύπῃ μαχεῖσθαί τε καὶ ἀντιτείνειν, ὅταν ὁρᾶται ὑπὸ τῶν ὁμοίων, ἢ ὅταν ἐν
ἐρημίᾳ μόνος αὐτὸς καθ’ αὑτὸν γίγνηται;
Πολύ που, ἔφη, διοίσει, ὅταν ὁρᾶται.
Μονωθεὶς δέ γε οἶμαι πολλὰ μὲν τολμήσει φθέγξασθαι, ἃ εἴ τις
αὐτοῦ ἀκούοι αἰσχύνοιτ’ ἄν, πολλὰ δὲ ποιήσει, ἃ οὐκ ἂν δέξαιτό τινα ἰδεῖν
δρῶντα.
Οὕτως ἔχει, ἔφη.
Οὐκοῦν τὸ μὲν ἀντιτείνειν διακελευόμενον λόγος καὶ νόμος (b.)
ἐστίν, τὸ δὲ ἕλκον ἐπὶ τὰς λύπας αὐτὸ τὸ πάθος;
᾿Αληθῆ.
᾿Εναντίας δὲ ἀγωγῆς γιγνομένης ἐν τῷ ἀνθρώπῳ περὶ τὸ αὐτὸ ἅμα,
δύο φαμὲν αὐτὼ ἀναγκαῖον εἶναι.
Πῶς δ’ οὔ;
Οὐκοῦν τὸ μὲν ἕτερον τῷ νόμῳ ἕτοιμον πείθεσθαι, ᾗ ὁ νόμος
ἐξηγεῖται;
Πῶς;
Λέγει που ὁ νόμος ὅτι κάλλιστον ὅτι μάλιστα ἡσυχίαν ἄγειν ἐν ταῖς
συμφοραῖς καὶ μὴ ἀγανακτεῖν, ὡς οὔτε δήλου ὄντος τοῦ ἀγαθοῦ τε καὶ
κακοῦ τῶν τοιούτων, οὔτε εἰς τὸ πρόσθεν οὐδὲν προβαῖνον τῷ χαλεπῶς
φέροντι, οὔτε τι τῶν (c.) ἀνθρωπίνων ἄξιον ὂν μεγάλης σπουδῆς, ὅ τε δεῖ
ἐν αὐτοῖς ὅτι τάχιστα παραγίγνεσθαι ἡμῖν, τούτῳ ἐμποδὼν γιγνόμενον τὸ
λυπεῖσθαι.
Τίνι, ἦ δ’ ὅς, λέγεις;
Τῷ βουλεύεσθαι, ἦν δ’ ἐγώ, περὶ τὸ γεγονὸς καὶ ὥσπερ ἐν πτώσει
κύβων πρὸς τὰ πεπτωκότα τίθεσθαι τὰ αὑτοῦ πράγματα, ὅπῃ ὁ λόγος
αἱρεῖ βέλτιστ’ ἂν ἔχειν, ἀλλὰ μὴ προσπταίσαντας καθάπερ παῖδας
ἐχομένους τοῦ πληγέντος ἐν τῷ βοᾶν διατρίβειν, ἀλλ’ ἀεὶ ἐθίζειν τὴν
ψυχὴν ὅτι (d.) τάχιστα γίγνεσθαι πρὸς τὸ ἰᾶσθαί τε καὶ ἐπανορθοῦν τὸ
πεσόν τε καὶ νοσῆσαν, ἰατρικῇ θρηνῳδίαν ἀφανίζοντα.
᾿Ορθότατα γοῦν ἄν τις, ἔφη, πρὸς τὰς τύχας οὕτω προσφέροιτο.
Οὐκοῦν, φαμέν, τὸ μὲν βέλτιστον τούτῳ τῷ λογισμῷ ἐθέλει ἕπεσθαι.
Δῆλον δή.
Τὸ δὲ πρὸς τὰς ἀναμνήσεις τε τοῦ πάθους καὶ πρὸς τοὺς ὀδυρμοὺς
ἄγον καὶ ἀπλήστως ἔχον αὐτῶν ἆρ’ οὐκ ἀλόγιστόν τε φήσομεν εἶναι καὶ
ἀργὸν καὶ δειλίας φίλον;
Φήσομεν μὲν οὖν.
(e.) Οὐκοῦν τὸ μὲν πολλὴν μίμησιν καὶ ποικίλην ἔχει, τὸ
ἀγανακτητικόν, τὸ δὲ φρόνιμόν τε καὶ ἡσύχιον ἦθος, παραπλήσιον ὂν ἀεὶ
αὐτὸ αὑτῷ, οὔτε ῥᾴδιον μιμήσασθαι οὔτε μιμουμένου εὐπετὲς
καταμαθεῖν, ἄλλως τε καὶ πανηγύρει καὶ παντοδαποῖς ἀνθρώποις εἰς
θέατρα συλλεγομένοις· ἀλλοτρίου γάρ που πάθους ἡ μίμησις αὐτοῖς
γίγνεται.
| [604] 604a Mais dis-moi encore : quand crois-tu qu'il luttera contre sa
douleur et lui résistera? lorsqu'il sera observé par ses semblables,
ou lorsqu'il sera seul, à l'écart, en face de lui-même?
Il se surmontera bien plus, répondit-il, quand il sera observé.
Mais quand il sera seul, il osera, j'imagine, proférer bien des
paroles qu'il aurait honte qu'on entendît, et il fera bien des
choses qu'il ne souffrirait pas qu'on le vît faire.
C'est vrai.
Or, ce qui lui commande de se raidir, n'est-ce pas la 604b raison
et la loi, et ce qui le porte à s'affliger, n'est-ce pas la souffrance
même?
C'est vrai.
Mais quand deux impulsions contraires se produisent
simultanément dans l'homme, à propos des mêmes objets, nous
disons qu'il y a nécessairement en lui deux éléments.
Comment non?
Et l'un de ces éléments est disposé à obéir à la loi en tout ce
qu'elle prescrit.
Comment?
La loi dit qu'il n'y a rien de plus beau que de garder le calme,
autant qu'il se peut, dans le malheur, et de ne point s'en affliger,
parce qu'on ne voit pas clairement le bien ou le mal qu'il
comporte, qu'on ne gagne rien, par la suite, à s'indigner,
qu'aucune des choses humaines ne mérite d'être prise avec grand
sérieux, et que ce qui 604c devrait, dans ces conjonctures,
venir nous assister le plus vite possible, en est empêché par le
chagrin.
De quoi parles-tu? demanda-t-il.
De la réflexion sur ce qui nous est arrivé, répondis-je. Comme
dans un coup de dés, nous devons, selon le lot qui nous échoit,
rétablir nos affaires par les moyens que la raison nous prescrit
comme les meilleurs, et, lorsque nous nous sommes heurtés
quelque part, ne pas agir comme les enfants qui, tenant la partie
meurtrie, perdent le temps à crier, mais au contraire accoutumer
sans cesse notre âme à aller aussi vite que possible soigner ce
qui 604d est blessé, relever ce qui est tombé, et faire taire les
plaintes par l'application du remède.
Voilà, certes, ce que nous avons de mieux à faire dans les
accidents qui nous arrivent.
Or, c'est, disons-nous, le meilleur élément de nous-mêmes qui
veut suivre la raison.
Évidemment.
Et celui qui nous porte à la ressouvenance du malheur et aux
plaintes, dont il ne peut se rassasier, ne dirons-nous pas que
c'est un élément déraisonnable, paresseux, et ami de la lâcheté?
Nous le dirons, assurément.
Or, le caractère irritable se prête à des imitations nombreuses
604e et variées, tandis que le caractère sage et tranquille,
toujours égal à lui-même, n'est pas facile à imiter, ni, une fois
rendu, facile à comprendre, surtout dans une assemblée en fête,
et pour les hommes de toute sorte qui se trouvent réunis dans les
théâtres; car l'imitation qu'on leur offrirait ainsi serait celle de
sentiments qui leur sont étrangers.
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