HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLATON, La République, livre X

Page 599

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[599] καὶ τὰ ἔργα αὐτῶν ὁρῶντες (599a) οὐκ αἰσθάνονται τριττὰ ἀπέχοντα τοῦ ὄντος καὶ ῥᾴδια ποιεῖν μὴ εἰδότι τὴν ἀλήθειανφαντάσματα γὰρ ἀλλοὐκ ὄντα ποιοῦσιν τι καὶ λέγουσιν καὶ τῷ ὄντι οἱ ἀγαθοὶ ποιηταὶ ἴσασιν περὶ ὧν δοκοῦσιν τοῖς πολλοῖς εὖ λέγειν. Πάνυ μὲν οὖν, ἔφη, ἐξεταστέον. Οἴει οὖν, εἴ τις ἀμφότερα δύναιτο ποιεῖν, τό τε μιμηθησόμενον καὶ τὸ εἴδωλον, ἐπὶ τῇ τῶν εἰδώλων δημιουργίᾳ ἑαυτὸν ἀφεῖναι ἂν σπουδάζειν καὶ τοῦτο προστήσασθαι τοῦ (b.) ἑαυτοῦ βίου ὡς βέλτιστον ἔχοντα; Οὐκ ἔγωγε. ᾿Αλλεἴπερ γε οἶμαι ἐπιστήμων εἴη τῇ ἀληθείᾳ τούτων πέρι ἅπερ καὶ μιμεῖται, πολὺ πρότερον ἐν τοῖς ἔργοις ἂν σπουδάσειεν ἐπὶ τοῖς μιμήμασι, καὶ πειρῷτο ἂν πολλὰ καὶ καλὰ ἔργα ἑαυτοῦ καταλιπεῖν μνημεῖα, καὶ εἶναι προθυμοῖτἂν μᾶλλον ἐγκωμιαζόμενος ἐγκωμιάζων. Οἶμαι, ἔφη· οὐ γὰρ ἐξ ἴσου τε τιμὴ καὶ ὠφελία. Τῶν μὲν τοίνυν ἄλλων πέρι μὴ ἀπαιτῶμεν λόγονΟμη(c.)ρον ἄλλον ὁντινοῦν τῶν ποιητῶν, ἐρωτῶντες εἰ ἰατρικὸς ἦν τις αὐτῶν ἀλλὰ μὴ μιμητὴς μόνον ἰατρικῶν λόγων, τίνας ὑγιεῖς ποιητής τις τῶν παλαιῶν τῶν νέων λέγεται πεποιηκέναι, ὥσπερ ᾿Ασκληπιός, τίνας μαθητὰς ἰατρικῆς κατελίπετο, ὥσπερ ἐκεῖνος τοὺς ἐκγόνους, μηδαὖ περὶ τὰς ἄλλας τέχνας αὐτοὺς ἐρωτῶμεν, ἀλλἐῶμεν· περὶ δὲ ὧν μεγίστων τε καὶ καλλίστων ἐπιχειρεῖ λέγεινΟμηρος, πολέμων τε πέρι καὶ στρατηγιῶν καὶ διοικήσεων πόλεων, καὶ (d.) παιδείας πέρι ἀνθρώπου, δίκαιόν που ἐρωτᾶν αὐτὸν πυνθανομένους· ῏Ω φίλεΟμηρε, εἴπερ μὴ τρίτος ἀπὸ τῆς ἀληθείας εἶ ἀρετῆς πέρι, εἰδώλου δημιουργός, ὃν δὴ μιμητὴν ὡρισάμεθα, ἀλλὰ καὶ δεύτερος, καὶ οἷός τε ἦσθα γιγνώσκειν ποῖα ἐπιτηδεύματα βελτίους χείρους ἀνθρώπους ποιεῖ ἰδίᾳ καὶ δημοσίᾳ, λέγε ἡμῖν τίς τῶν πόλεων διὰ σὲ βέλτιον ᾤκησεν, ὥσπερ διὰ Λυκοῦργον Λακεδαίμων καὶ διἄλλους πολλοὺς (e.) πολλαὶ μεγάλαι τε καὶ σμικραί; σὲ δὲ τίς αἰτιᾶται πόλις νομοθέτην ἀγαθὸν γεγονέναι καὶ σφᾶς ὠφεληκέναι; Χαρώνδαν μὲν γὰρ ᾿Ιταλία καὶ Σικελία, καὶ ἡμεῖς Σόλωνα· σὲ δὲ τίς; ἕξει τινὰ εἰπεῖν; Οὐκ οἶμαι, ἔφη Γλαύκων· οὔκουν λέγεταί γε οὐδὑπαὐτῶνΟμηριδῶν. [599] n'ont pas été 599a trompées par la vue de leurs ouvrages, ne se
rendant pas compte qu'ils sont éloignés au troisième degré du
réel, et que, sans connaître la vérité, il est facile de les réussir
(car les poètes créent des fantômes et non des réalités), ou
si leur assertion a quelque sens, et si les bons poètes savent
vraiment ce dont, au jugement de la multitude, ils parlent si bien.
Parfaitement, dit-il, c'est ce qu'il faut examiner.
Or, crois-tu que si un homme était capable de faire
indifféremment et l'objet à imiter et l'image, il choisirait de
consacrer son activité à la fabrication des images, et mettrait
cette occupation au premier plan de sa vie, comme s'il n'y avait
pour lui rien de meilleur?
599b Non, certes.
Mais s'il était réellement versé dans la connaissance des choses
qu'il imite, j'imagine qu'il s'appliquerait beaucoup plus à créer
qu'à imiter, qu'il tâcherait de laisser après lui un grand nombre
de beaux ouvrages, comme autant de monuments, et qu'il
tiendrait bien plus à être loué qu'à louer les autres.
Je le crois, répondit-il, car il n'y a point, dans ces deux rôles, égal
honneur et profit.
Donc, pour quantité de choses, n'exigeons pas de comptes
d'Homère ni d'aucun autre poète; ne leur 599c demandons pas si
tel d'entre eux a été médecin, et non pas seulement imitateur du
langage des médecins, quelles guérisons on attribue à un poète
quelconque, ancien ou moderne, comme à Asclépios, ou quels
disciples savants en médecine il a laissés après lui, comme
Asclépios a laissé ses descendants. De même, à propos des
autres arts, ne les interrogeons pas, laissons-les en paix. Mais sur
les sujets les plus importants et les plus beaux qu'Homère
entreprend de traiter, sur les guerres, le commandement des
armées, l'administration des cités, l'éducation de l'homme, il est
peut-être juste de l'interroger 599d et de lui dire : « Cher
Homère, s'il est vrai qu'en ce qui concerne la vertu tu ne sois pas
éloigné au troisième degré de la vérité - ouvrier de l'image,
comme nous avons défini l'imitateur - si tu te trouves au second
degré, et si tu fus jamais capable de connaître quelles
pratiques rendent les hommes meilleurs ou pires, dans la vie
privée et dans la vie publique, dis-nous laquelle, parmi les cités,
grâce à toi s'est mieux gouvernée, comme 599e grâce à
Lycurgue, Lacédémone, et grâce à beaucoup d'autres, nombre de
cités grandes et petites? Quel État reconnaît que tu as été pour
lui un bon législateur et un bienfaiteur ? L'Italie et la Sicile
ont eu Charondas, et nous Solon, mais toi, quel État peut
te citer? Pourrait-il en nommer un seul?
Je ne le crois pas, répondit Glaucon; les Homérides eux-mêmes
n'en disent rien.


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Dernière mise à jour : 1/09/2005