[619] ἀδαμαντίνως δὴ (619a) δεῖ ταύτην τὴν δόξαν ἔχοντα εἰς ῞Αιδου ἰέναι, ὅπως
ἂν ᾖ καὶ ἐκεῖ ἀνέκπληκτος ὑπὸ πλούτων τε καὶ τῶν τοιούτων κακῶν, καὶ
μὴ ἐμπεσὼν εἰς τυραννίδας καὶ ἄλλας τοιαύτας πράξεις πολλὰ μὲν
ἐργάσηται καὶ ἀνήκεστα κακά, ἔτι δὲ αὐτὸς μείζω πάθῃ, ἀλλὰ γνῷ τὸν
μέσον ἀεὶ τῶν τοιούτων βίον αἱρεῖσθαι καὶ φεύγειν τὰ ὑπερβάλλοντα
ἑκατέρωσε καὶ ἐν τῷδε τῷ βίῳ κατὰ τὸ δυνατὸν καὶ ἐν παντὶ τῷ ἔπειτα·
οὕτω γὰρ (b.) εὐδαιμονέστατος γίγνεται ἄνθρωπος.
Καὶ δὴ οὖν καὶ τότε ὁ ἐκεῖθεν ἄγγελος ἤγγελλε τὸν μὲν προφήτην
οὕτως εἰπεῖν· “Καὶ τελευταίῳ ἐπιόντι, ξὺν νῷ ἑλομένῳ, συντόνως ζῶντι
κεῖται βίος ἀγαπητός, οὐ κακός. μήτε ὁ ἄρχων αἱρέσεως ἀμελείτω μήτε ὁ
τελευτῶν ἀθυμείτω.”
Εἰπόντος δὲ ταῦτα τὸν πρῶτον λαχόντα ἔφη εὐθὺς ἐπιόντα τὴν
μεγίστην τυραννίδα ἑλέσθαι, καὶ ὑπὸ ἀφροσύνης τε καὶ λαιμαργίας οὐ
πάντα ἱκανῶς ἀνασκεψάμενον ἑλέσθαι, ἀλλ’ (c.) αὐτὸν λαθεῖν ἐνοῦσαν
εἱμαρμένην παίδων αὑτοῦ βρώσεις καὶ ἄλλα κακά· ἐπειδὴ δὲ κατὰ σχολὴν
σκέψασθαι, κόπτεσθαί τε καὶ ὀδύρεσθαι τὴν αἵρεσιν, οὐκ ἐμμένοντα τοῖς
προρρηθεῖσιν ὑπὸ τοῦ προφήτου· οὐ γὰρ ἑαυτὸν αἰτιᾶσθαι τῶν κακῶν,
ἀλλὰ τύχην τε καὶ δαίμονας καὶ πάντα μᾶλλον ἀνθ’ ἑαυτοῦ. εἶναι δὲ
αὐτὸν τῶν ἐκ τοῦ οὐρανοῦ ἡκόντων, ἐν τεταγμένῃ πολιτείᾳ ἐν τῷ προτέρῳ
βίῳ βεβιωκότα, ἔθει (d.) ἄνευ φιλοσοφίας ἀρετῆς μετειληφότα. ὡς δὲ καὶ
εἰπεῖν, οὐκ ἐλάττους εἶναι ἐν τοῖς τοιούτοις ἁλισκομένους τοὺς ἐκ τοῦ
οὐρανοῦ ἥκοντας, ἅτε πόνων ἀγυμνάστους· τῶν δ’ ἐκ τῆς γῆς τοὺς
πολλούς, ἅτε αὐτούς τε πεπονηκότας ἄλλους τε ἑωρακότας, οὐκ ἐξ
ἐπιδρομῆς τὰς αἱρέσεις ποιεῖσθαι. διὸ δὴ καὶ μεταβολὴν τῶν κακῶν καὶ
τῶν ἀγαθῶν ταῖς πολλαῖς τῶν ψυχῶν γίγνεσθαι καὶ διὰ τὴν τοῦ κλήρου
τύχην· ἐπεὶ εἴ τις ἀεί, ὁπότε εἰς τὸν ἐνθάδε βίον ἀφικνοῖτο, ὑγιῶς
φιλο(e.)σοφοῖ καὶ ὁ κλῆρος αὐτῷ τῆς αἱρέσεως μὴ ἐν τελευταίοις πίπτοι,
κινδυνεύει ἐκ τῶν ἐκεῖθεν ἀπαγγελλομένων οὐ μόνον ἐνθάδε εὐδαιμονεῖν
ἄν, ἀλλὰ καὶ τὴν ἐνθένδε ἐκεῖσε καὶ δεῦρο πάλιν πορείαν οὐκ ἂν χθονίαν
καὶ τραχεῖαν πορεύεσθαι, ἀλλὰ λείαν τε καὶ οὐρανίαν.
Ταύτην γὰρ δὴ ἔφη τὴν θέαν ἀξίαν εἶναι ἰδεῖν,
| [619] 619a en descendant chez Hadès, afin de ne pas se laisser éblouir,
là non plus, par les richesses et les misérables objets de cette nature;
de ne pas s'exposer, en se jetant sur des tyrannies ou des conditions
semblables, à causer des maux sans nombre et sans remède, et
à en souffrir soi-même de plus grands encore; afin de savoir, au
contraire, choisir toujours une condition moyenne et fuir les
excès dans les deux sens, en cette vie autant qu'il est possible, et
en toute vie à venir; car c'est à cela 619b qu'est attaché le plus
grand bonheur humain. Or donc, selon le rapport du messager de
l'au-delà, l'hiérophante avait dit en jetant les sorts : « Même pour
le dernier venu, s'il fait un choix sensé et persévère avec ardeur
dans l'existence choisie, il est une condition aimable et point
mauvaise. Que celui qui choisira le premier ne se montre point
négligent, et que le dernier ne perde point courage. » Comme il
venait de prononcer ces paroles, dit Er, celui à qui le premier sort
était échu vint tout droit choisir la plus grande tyrannie et,
emporté par la folie et l'avidité, il la prit sans examiner
suffisamment ce qu'il faisait; il ne vit point qu'il y était impliqué
619c par le destin que son possesseur mangerait ses enfants et
commettrait d'autres horreurs; mais quand il l'eut examinée à
loisir, il se frappa la poitrine et déplora son choix, oubliant les
avertissements de l'hiérophante; car au lieu de s'accuser de ses
maux, il s'en prenait à la fortune, aux démons, à tout plutôt qu'à
lui-même. C'était un de ceux qui venaient du ciel : il avait passé
sa vie précédente dans une cité bien policée, et appris la vertu
par l'habitude et sans philosophie. Et l'on peut dire 619d
que parmi les âmes ainsi surprises, celles qui venaient du ciel
n'étaient pas les moins nombreuses, parce qu'elles n'avaient pas
été éprouvées par les souffrances; au contraire, la plupart de
celles qui arrivaient de la terre, ayant elles-mêmes souffert et vu
souffrir les autres, ne faisaient point leur choix à la hâte. De là
venait, ainsi que des hasards du tirage au sort, que la plupart des
âmes échangeaient une bonne destinée pour une mauvaise ou
inversement. Et aussi bien, si chaque fois qu'un homme naît à la
vie terrestre il s'appliquait sainement à la philosophie, et que le
sort ne l'appelât point à choisir 619e parmi les derniers, il
semble, d'après ce qu'on rapporte de l'au-delà, que non
seulement il serait heureux ici-bas, mais que son voyage de ce
monde en l'autre et son retour se feraient, non par l'âpre sentier
souterrain, mais par la voie unie du ciel. Le spectacle des
âmes choisissant leur condition, ajoutait Er, valait la peine d'être vu,
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