[618] τῷ δὲ ἀνελομένῳ δῆλον εἶναι ὁπόστος (618a) εἰλήχει. μετὰ δὲ τοῦτο αὖθις τὰ τῶν
βίων παραδείγματα εἰς τὸ πρόσθεν σφῶν θεῖναι ἐπὶ τὴν γῆν, πολὺ πλείω τῶν
παρόντων. εἶναι δὲ παντοδαπά· ζῴων τε γὰρ πάντων βίους καὶ δὴ καὶ τοὺς
ἀνθρωπίνους ἅπαντας. τυραννίδας τε γὰρ ἐν αὐτοῖς εἶναι, τὰς μὲν
διατελεῖς, τὰς δὲ καὶ μεταξὺ διαφθειρομένας καὶ εἰς πενίας τε καὶ φυγὰς
καὶ εἰς πτωχείας τελευτώσας· εἶναι δὲ καὶ δοκίμων ἀνδρῶν βίους, τοὺς μὲν
ἐπὶ εἴδεσιν καὶ κατὰ κάλλη καὶ τὴν ἄλλην ἰσχύν (b.) τε καὶ ἀγωνίαν, τοὺς
δ’ ἐπὶ γένεσιν καὶ προγόνων ἀρεταῖς, καὶ ἀδοκίμων κατὰ ταῦτα, ὡσαύτως
δὲ καὶ γυναικῶν. ψυχῆς δὲ τάξιν οὐκ ἐνεῖναι διὰ τὸ ἀναγκαίως ἔχειν
ἄλλον ἑλομένην βίον ἀλλοίαν γίγνεσθαι· τὰ δ’ ἄλλα ἀλλήλοις τε καὶ
πλούτοις καὶ πενίαις, τὰ δὲ νόσοις, τὰ δ’ ὑγιείαις μεμεῖχθαι, τὰ δὲ καὶ
μεσοῦν τούτων. ἔνθα δή, ὡς ἔοικεν, ὦ φίλε Γλαύκων, ὁ πᾶς κίνδυνος
ἀνθρώπῳ, καὶ διὰ ταῦτα μάλιστα (c.) ἐπιμελητέον ὅπως ἕκαστος ἡμῶν
τῶν ἄλλων μαθημάτων ἀμελήσας τούτου τοῦ μαθήματος καὶ ζητητὴς καὶ
μαθητὴς ἔσται, ἐάν ποθεν οἷός τ’ ᾖ μαθεῖν καὶ ἐξευρεῖν τίς αὐτὸν ποιήσει
δυνατὸν καὶ ἐπιστήμονα, βίον καὶ χρηστὸν καὶ πονηρὸν διαγιγνώσκοντα,
τὸν βελτίω ἐκ τῶν δυνατῶν ἀεὶ πανταχοῦ αἱρεῖσθαι· ἀναλογιζόμενον
πάντα τὰ νυνδὴ ῥηθέντα καὶ συντιθέμενα ἀλλήλοις καὶ διαιρούμενα πρὸς
ἀρετὴν βίου πῶς ἔχει, εἰδέναι τί κάλλος πενίᾳ ἢ πλούτῳ κραθὲν καὶ (d.)
μετὰ ποίας τινὸς ψυχῆς ἕξεως κακὸν ἢ ἀγαθὸν ἐργάζεται, καὶ τί εὐγένειαι
καὶ δυσγένειαι καὶ ἰδιωτεῖαι καὶ ἀρχαὶ καὶ ἰσχύες καὶ ἀσθένειαι καὶ
εὐμαθίαι καὶ δυσμαθίαι καὶ πάντα τὰ τοιαῦτα τῶν φύσει περὶ ψυχὴν
ὄντων καὶ τῶν ἐπικτήτων τί συγκεραννύμενα πρὸς ἄλληλα ἐργάζεται,
ὥστε ἐξ ἁπάντων αὐτῶν δυνατὸν εἶναι συλλογισάμενον αἱρεῖσθαι, πρὸς
τὴν τῆς ψυχῆς φύσιν ἀποβλέποντα, τόν τε χείρω καὶ τὸν ἀμείνω (e.) βίον,
χείρω μὲν καλοῦντα ὃς αὐτὴν ἐκεῖσε ἄξει, εἰς τὸ ἀδικωτέραν γίγνεσθαι,
ἀμείνω δὲ ὅστις εἰς τὸ δικαιοτέραν. τὰ δὲ ἄλλα πάντα χαίρειν ἐάσει·
ἑωράκαμεν γὰρ ὅτι ζῶντί τε καὶ τελευτήσαντι αὕτη κρατίστη αἵρεσις.
| [618] Après cela, l'hiérophante étala devant eux des 618a
modèles de vie en nombre supérieur de beaucoup à celui des
âmes présentes. Il y en avait de toutes sortes toutes les vies des
animaux et toutes les vies humaines; on y trouvait des tyrannies,
les unes qui duraient jusqu'à la mort, les autres interrompues au
milieu, qui finissaient dans la pauvreté, l'exil et la mendicité. Il y
avait aussi des vies d'hommes renommés soit pour leur aspect
physique, leur beauté, leur force ou leur aptitude à la lutte, soit
pour leur noblesse et les grandes qualités 618b de leurs
ancêtres; on en trouvait également d'obscures sous tous ces
rapports, et pour les femmes il en était de même. Mais ces vies
n'impliquaient aucun caractère déterminé de l'âme, parce
que celle-ci devait nécessairement changer suivant le choix
qu'elle faisait. Tous les autres éléments de l'existence étaient
mêlés ensemble, et avec la richesse, la pauvreté, la maladie et la
santé; entre ces extrêmes il existait des partages moyens. C'est
là, ce semble, ami Glaucon, qu'est pour l'homme le risque
capital; voilà pourquoi chacun de nous, laissant 618c de côté
toute autre étude, doit surtout se préoccuper de rechercher et de
cultiver celle-là, de voir s'il est à même de connaître et de
découvrir l'homme qui lui donnera la capacité et la science de
discerner les bonnes et les mauvaises conditions, et de choisir
toujours et partout la meilleure, dans la mesure du possible. En
calculant quel est l'effet des éléments dont nous venons de
parler, pris ensemble puis séparément, sur la vertu d'une vie, il
saura le bien et le mal que procure une certaine beauté, 618d
unie soit à la pauvreté soit à la richesse, et accompagnée de telle
ou telle disposition de l'âme; quelles sont les conséquences d'une
naissance illustre ou obscure, d'une condition privée ou publique,
de la force ou de la faiblesse, de la facilité ou de la difficulté à
apprendre, et de toutes les qualités semblables de l'âme,
naturelles ou acquises, quand elles sont mêlées les unes aux
autres; de sorte qu'en rapprochant toutes ces considérations, et
en ne perdant pas de vue la nature de l'âme, il pourra choisir
entre 618e une vie mauvaise et une vie bonne, appelant
mauvaise celle qui aboutirait à rendre l'âme plus injuste, et
bonne celle qui la rendrait plus juste, sans avoir égard à tout le
reste; car nous avons vu que, pendant cette vie et après la mort,
c'est le meilleur choix qu'on puisse faire. Et il faut garder cette
opinion avec une inflexibilité adamantine
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