[620] ὡς ἕκασται (620a) αἱ ψυχαὶ ᾑροῦντο τοὺς βίους·
ἐλεινήν τε γὰρ ἰδεῖν εἶναι καὶ γελοίαν καὶ θαυμασίαν.
κατὰ συνήθειαν γὰρ τοῦ προτέρου βίου τὰ πολλὰ αἱρεῖσθαι.
ἰδεῖν μὲν γὰρ ψυχὴν ἔφη τήν ποτε ᾿Ορφέως γενομένην κύκνου βίον
αἱρουμένην, μίσει τοῦ γυναικείου γένους διὰ τὸν ὑπ’ ἐκείνων θάνατον οὐκ
ἐθέλουσαν ἐν γυναικὶ γεννηθεῖσαν γενέσθαι· ἰδεῖν δὲ τὴν Θαμύρου
ἀηδόνος ἑλομένην· ἰδεῖν δὲ καὶ κύκνον μεταβάλλοντα εἰς ἀνθρωπίνου
βίου αἵρεσιν, καὶ ἄλλα ζῷα μουσικὰ ὡσαύτως. (b.) εἰκοστὴν δὲ λαχοῦσαν
ψυχὴν ἑλέσθαι λέοντος βίον· εἶναι δὲ τὴν Αἴαντος τοῦ Τελαμωνίου,
φεύγουσαν ἄνθρωπον γενέσθαι, μεμνημένην τῆς τῶν ὅπλων κρίσεως. τὴν
δ’ ἐπὶ τούτῳ ᾿Αγαμέμνονος· ἔχθρᾳ δὲ καὶ ταύτην τοῦ ἀνθρωπίνου γένους
διὰ τὰ πάθη ἀετοῦ διαλλάξαι βίον. ἐν μέσοις δὲ λαχοῦσαν τὴν
᾿Αταλάντης ψυχήν, κατιδοῦσαν μεγάλας τιμὰς ἀθλητοῦ ἀνδρός, οὐ
δύνασθαι παρελθεῖν, ἀλλὰ λαβεῖν. μετὰ (c.) δὲ ταύτην ἰδεῖν τὴν ᾿Επειοῦ
τοῦ Πανοπέως εἰς τεχνικῆς γυναικὸς ἰοῦσαν φύσιν· πόρρω δ’ ἐν ὑστάτοις
ἰδεῖν τὴν τοῦ γελωτοποιοῦ Θερσίτου πίθηκον ἐνδυομένην. κατὰ τύχην δὲ
τὴν ᾿Οδυσσέως λαχοῦσαν πασῶν ὑστάτην αἱρησομένην ἰέναι, μνήμῃ δὲ
τῶν προτέρων πόνων φιλοτιμίας λελωφηκυῖαν ζητεῖν περιιοῦσαν χρόνον
πολὺν βίον ἀνδρὸς ἰδιώτου ἀπράγμονος, καὶ μόγις εὑρεῖν κείμενόν που
καὶ παρημελημένον (d.) ὑπὸ τῶν ἄλλων, καὶ εἰπεῖν ἰδοῦσαν ὅτι τὰ αὐτὰ
ἂν ἔπραξεν καὶ πρώτη λαχοῦσα, καὶ ἁσμένην ἑλέσθαι. καὶ ἐκ τῶν ἄλλων
δὴ θηρίων ὡσαύτως εἰς ἀνθρώπους ἰέναι καὶ εἰς ἄλληλα, τὰ μὲν ἄδικα εἰς
τὰ ἄγρια, τὰ δὲ δίκαια εἰς τὰ ἥμερα μεταβάλλοντα, καὶ πάσας μείξεις
μείγνυσθαι.
᾿Επειδὴ δ’ οὖν πάσας τὰς ψυχὰς τοὺς βίους ᾑρῆσθαι, ὥσπερ ἔλαχον
ἐν τάξει προσιέναι πρὸς τὴν Λάχεσιν· ἐκείνην δ’ ἑκάστῳ ὃν εἵλετο
δαίμονα, τοῦτον φύλακα συμ(e.)πέμπειν τοῦ βίου καὶ ἀποπληρωτὴν τῶν
αἱρεθέντων. ὃν πρῶτον μὲν ἄγειν αὐτὴν πρὸς τὴν Κλωθὼ ὑπὸ τὴν ἐκείνης
χεῖρά τε καὶ ἐπιστροφὴν τῆς τοῦ ἀτράκτου δίνης, κυροῦντα ἣν λαχὼν
εἵλετο μοῖραν· ταύτης δ’ ἐφαψάμενον αὖθις ἐπὶ τὴν τῆς ᾿Ατρόπου ἄγειν
νῆσιν, ἀμετάστροφα τὰ ἐπικλωσθέντα ποιοῦντα·
| [620] car il était pitoyable, 620a ridicule et étrange. En effet, c'était
d'après les habitudes de la vie précédente que, la plupart du
temps, elles faisaient leur choix. Il avait vu, disait-il, l'âme qui fut
un jour celle d'Orphée choisir la vie d'un cygne, parce que, en
haine du sexe qui lui avait donné la mort, elle ne voulait point
naître d'une femme; il avait vu l'âme de Thamyras choisir la vie
d'Un rossignol, un cygne échanger sa condition contre celle de
l'homme, et d'autres animaux 620b chanteurs faire de même:
L'âme appelée la vingtième à choisit prit la vie d'un lion : c'était
celle d'Ajax, fils de Télamon, qui ne voulait plus renaître à l'état
d'homme, n'ayant pas oublié le jugement des armes. La suivante
était l'âme d'Agamemnon; ayant elle aussi en aversion le genre
humain, à cause de ses malheurs passés, elle troqua sa condition
contre celle d'un aigle. Appelée parmi celles qui avaient obtenu
un rang moyen, l'âme d'Atalante, considérant les grands
honneurs rendus aux 620c athlètes, ne put passer outre; et les
choisit. Ensuite il vit l'âme d'Epéos, fils de Panopée, passer à la
condition de femme industrieuse, et loin, dans les derniers rangs,
celle du bouffon Thersite revêtir la forme d'un singe. Enfin
l'âme d'Ulysse, à qui le sort avait fixé le dernier rang, s'avança
pour choisir; dépouillée de son ambition par le souvenir de ses
fatigues passées, elle tourna longtemps à la recherche de la
condition tranquille d'un homme privé; avec peine elle en trouva
une qui gisait dans un coin, dédaignée par les antres; et quand
elle 620d l'aperçut, elle dit qu'elle n'eût point agi autrement si le
sort l'avait appelée la première, et, joyeuse, elle la choisit. Les
animaux, pareillement, passaient à la condition humaine ou à
celle d'autres animaux, les injustes dans les espèces féroces, les
justes dans les espèces apprivoisées; il se faisait ainsi des
mélanges de toutes sortes. Lors donc que toutes les âmes eurent
choisi leur vie, elles s'avancèrent vers Lachésis dans l'ordre qui
leur avait été fixé par le sort. Celle-ci donna à chacune le génie
620e qu'elle avait préféré, pour lui servir de gardien pendant
l'existence et accomplir sa destinée. Le génie la conduisait
d'abord à Clôthô et, la faisant passer sous la main de cette
dernière et sous le tourbillon du fuseau en mouvement, il ratifiait
le destin qu'elle avait élu. Après avoir touché le fuseau, il la
menait ensuite vers la trame d'Atropos, pour rendre irrévocable
ce qui avait été filé par Clôthô; alors, sans se retourner, l'âme
passait sous le trône de la Nécessité; et quand toutes furent
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