[612] καὶ περικρουσθεῖσα πέτρας (612a) τε καὶ ὄστρεα ἃ νῦν αὐτῇ, ἅτε γῆν ἑστιωμένῃ,
γεηρὰ καὶ πετρώδη πολλὰ καὶ ἄγρια περιπέφυκεν ὑπὸ τῶν εὐδαιμόνων λεγομένων
ἑστιάσεων. καὶ τότ’ ἄν τις ἴδοι αὐτῆς τὴν ἀληθῆ φύσιν, εἴτε πολυειδὴς εἴτε
μονοειδής, εἴτε ὅπῃ ἔχει καὶ ὅπως· νῦν δὲ τὰ ἐν τῷ ἀνθρωπίνῳ βίῳ πάθη
τε καὶ εἴδη, ὡς ἐγᾦμαι, ἐπιεικῶς αὐτῆς διεληλύθαμεν.
Παντάπασι μὲν οὖν, ἔφη.
Οὐκοῦν, ἦν δ’ ἐγώ, τά τε ἄλλα ἀπελυσάμεθα ἐν τῷ λόγῳ, (b.) καὶ οὐ
τοὺς μισθοὺς οὐδὲ τὰς δόξας δικαιοσύνης ἐπῃνέκαμεν, ὥσπερ ῾Ησίοδόν τε
καὶ ῞Ομηρον ὑμεῖς ἔφατε, ἀλλ’ αὐτὸ δικαιοσύνην αὐτῇ ψυχῇ ἄριστον
ηὕρομεν, καὶ ποιητέον εἶναι αὐτῇ τὰ δίκαια, ἐάντ’ ἔχῃ τὸν Γύγου
δακτύλιον, ἐάντε μή, καὶ πρὸς τοιούτῳ δακτυλίῳ τὴν ῎Αιδος κυνῆν;
᾿Αληθέστατα, ἔφη, λέγεις.
῏Αρ’ οὖν, ἦν δ’ ἐγώ, ὦ Γλαύκων, νῦν ἤδη ἀνεπίφθονόν ἐστιν πρὸς
ἐκείνοις καὶ τοὺς μισθοὺς τῇ δικαιοσύνῃ καὶ τῇ (c.) ἄλλῃ ἀρετῇ ἀποδοῦναι,
ὅσους τε καὶ οἵους τῇ ψυχῇ παρέχει παρ’ ἀνθρώπων τε καὶ θεῶν, ζῶντός
τε ἔτι τοῦ ἀνθρώπου καὶ ἐπειδὰν τελευτήσῃ;
Παντάπασι μὲν οὖν, ἦ δ’ ὅς.
῏Αρ’ οὖν ἀποδώσετέ μοι ἃ ἐδανείσασθε ἐν τῷ λόγῳ;
Τί μάλιστα;
῎Εδωκα ὑμῖν τὸν δίκαιον δοκεῖν ἄδικον εἶναι καὶ τὸν ἄδικον δίκαιον·
ὑμεῖς γὰρ ᾐτεῖσθε, κἂν εἰ μὴ δυνατὸν εἴη ταῦτα λανθάνειν καὶ θεοὺς καὶ
ἀνθρώπους, ὅμως δοτέον εἶναι τοῦ λόγου ἕνεκα, ἵνα αὐτὴ δικαιοσύνη
πρὸς ἀδικίαν αὐτὴν (d.) κριθείη. ἢ οὐ μνημονεύεις;
᾿Αδικοίην μεντἄν, ἔφη, εἰ μή.
᾿Επειδὴ τοίνυν, ἦν δ’ ἐγώ, κεκριμέναι εἰσί, πάλιν ἀπαιτῶ ὑπὲρ
δικαιοσύνης, ὥσπερ ἔχει δόξης καὶ παρὰ θεῶν καὶ παρ’ ἀνθρώπων, καὶ
ἡμᾶς ὁμολογεῖν περὶ αὐτῆς δοκεῖσθαι οὕτω, ἵνα καὶ τὰ νικητήρια
κομίσηται, ἀπὸ τοῦ δοκεῖν κτωμένη ἃ δίδωσι τοῖς ἔχουσιν αὐτήν, ἐπειδὴ
καὶ τὰ ἀπὸ τοῦ εἶναι ἀγαθὰ διδοῦσα ἐφάνη καὶ οὐκ ἐξαπατῶσα τοὺς τῷ
ὄντι λαμβάνοντας αὐτήν.
(e.) Δίκαια, ἔφη, αἰτῇ.
Οὐκοῦν, ἦν δ’ ἐγώ, πρῶτον μὲν τοῦτο ἀποδώσετε, ὅτι θεούς γε οὐ
λανθάνει ἑκάτερος αὐτῶν οἷός ἐστιν;
᾿Αποδώσομεν, ἔφη.
Εἰ δὲ μὴ λανθάνετον, ὁ μὲν θεοφιλὴς ἂν εἴη, ὁ δὲ θεομισής, ὥσπερ
καὶ κατ’ ἀρχὰς ὡμολογοῦμεν.
῎Εστι ταῦτα.
Τῷ δὲ θεοφιλεῖ οὐχ ὁμολογήσομεν,
| [612] - croûte épaisse 612a et rude de sable et de rocaille qui s'est
développée à sa surface dans les festins que l'on dît bienheureux.
C'est alors qu'on pourrait voir sa vraie nature, si elle est
multiforme ou uniforme, et comment elle est constituée. Quant à
présent nous avons assez bien décrit, ce me semble, les
affections qu'elle éprouve et les formes qu'elle prend au cours de
son existence humaine.
Très certainement, dit-il.
Or, repris-je, n'avons-nous pas écarté de la discussion toute
considération étrangère, évitant de louer la 612b justice
pour les récompenses ou la réputation qu'elle procure, comme
ont fait, disiez-vous, Hésiode et Homère? Et n'avons-nous pas
découvert qu'elle est le bien suprême de l'âme considérée en
elle-même, et que celle-ci doit accomplir ce qui est juste, qu'elle
possède ou non l'anneau de Gygès, et, en plus d'un pareil
anneau, le casque d'Hadès?
C'est très vrai, répondit-il.
Maintenant, Glaucon, pouvons-nous, sans qu'on nous en fasse
reproche, restituer à la justice et aux autres vertus,
indépendamment des avantages qui leur sont 612c propres,
les récompenses de toute nature que l'âme en retire, de la
part des hommes et des dieux, pendant la vie et après la mort?
Très certainement, dit-il.
Alors me rendrez-vous ce que je vous ai prêté dans la discussion?
Quoi, précisément?
Je vous ai accordé que le juste pouvait passer pour méchant, et
le méchant pour juste; vous demandiez en effet que,
quand bien même il serait impossible de tromper en cela les
dieux et les hommes, en vous l'accordât cependant, afin que la
pure justice fût jugée par 612d rapport à la pure injustice. Ne
t'en souviens-tu pas?
J'aurais tort, certes, de ne pas m'en souvenir.
Eh bien ! puisqu'elles ont été jugées, je demande de nouveau, au
nom de la justice, que la réputation dont elle jouit auprès des
dieux et des hommes lui soit reconnue par nous, afin qu'elle
remporte aussi les prix qu'elle tient de l'apparence et qu'elle
donne à ses partisans; car nous avons montré qu'elle dispense
les biens qui viennent de la réalité, et qu'elle ne trompe point
ceux qui la reçoivent réellement dans leur âme. 612e
Tu ne demandes rien que de juste.
Vous allez donc, en premier lieu, me rendre ce point, que les
dieux du moins ne se méprennent pas sur ce que sont le juste et
l'injuste.
Nous te le rendrons, dit-il.
Et s'ils ne se méprennent point, le premier leur est cher, le
second odieux, comme nous en sommes convenus au début.
C'est exact.
Mais ne reconnaîtrons-nous pas que tout ce qui vient des dieux
sera, pour celui qu'ils chérissent,
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