[307] (307a) (Ξένος)
τί δέ; τὸ τῆς ἠρεμαίας αὖ γενέσεως εἶδος ἆρ' οὐ πολλάκις
ἐπῃνέκαμεν ἐν πολλαῖς τῶν πράξεων;
821. (Νεώτερος Σωκράτης)
καὶ σφόδρα γε.
822. (Ξένος)
μῶν οὖν οὐ τἀναντία λέγοντες ἢ περὶ ἐκείνων τοῦτο
φθεγγόμεθα;
823. (Νεώτερος Σωκράτης)
πῶς;
824. (Ξένος)
ὡς ἡσυχαῖά πού φαμεν ἑκάστοτε καὶ σωφρονικά, περί τε
διάνοιαν πραττόμενα ἀγασθέντες καὶ κατὰ τὰς πράξεις
αὖ βραδέα καὶ μαλακά, καὶ ἔτι περὶ φωνὰς γιγνόμενα λεῖα
καὶ βαρέα, καὶ πᾶσαν ῥυθμικὴν κίνησιν καὶ ὅλην (307b)
μοῦσαν ἐν καιρῷ βραδυτῆτι προσχρωμένην, οὐ τὸ τῆς
ἀνδρείας ἀλλὰ τὸ τῆς κοσμιότητος ὄνομα ἐπιφέρομεν
αὐτοῖς σύμπασιν.
825. (Νεώτερος Σωκράτης)
ἀληθέστατα.
826. (Ξένος)
καὶ μὴν ὁπόταν αὖ γε ἀμφότερα γίγνηται ταῦθ' ἡμῖν ἄκαιρα,
μεταβάλλοντες ἑκάτερα αὐτῶν ψέγομεν ἐπὶ τἀναντία
πάλιν ἀπονέμοντες τοῖς ὀνόμασιν.
827. (Νεώτερος Σωκράτης)
πῶς;
828. (Ξένος)
ὀξύτερα μὲν αὐτὰ γιγνόμενα τοῦ καιροῦ καὶ θάττω καὶ
σκληρότερα φαινόμενα (καὶ) ὑβριστικὰ καὶ μανικὰ
λέγοντες, (307c) τὰ δὲ βαρύτερα καὶ βραδύτερα καὶ
μαλακώτερα δειλὰ καὶ βλακικά, καὶ σχεδὸν ὡς τὸ πολὺ
ταῦτά τε καὶ τὴν σώφρονα φύσιν καὶ τὴν ἀνδρείαν τὴν τῶν
ἐναντίων, οἷον πολεμίαν διαλαχούσας στάσιν ἰδέας, οὔτ'
ἀλλήλαις μειγνυμένας ἐφευρίσκομεν ἐν ταῖς περὶ τὰ
τοιαῦτα πράξεσιν, ἔτι τε τοὺς ἐν ταῖς ψυχαῖς αὐτὰς
ἴσχοντας διαφερομένους ἀλλήλοις ὀψόμεθα ἐὰν
μεταδιώκωμεν.
829. (Νεώτερος Σωκράτης)
ποῦ δὴ λέγεις;
830. (Ξένος)
ἐν πᾶσί τε δὴ τούτοις οἷς νῦν εἴπομεν, ὡς εἰκός (307d) τε ἐν
ἑτέροις πολλοῖς. κατὰ γὰρ οἶμαι τὴν αὑτῶν ἑκατέροις
συγγένειαν τὰ μὲν ἐπαινοῦντες ὡς οἰκεῖα σφέτερα, τὰ δὲ
τῶν διαφόρων ψέγοντες ὡς ἀλλότρια, πολλὴν εἰς ἔχθραν
ἀλλήλοις καὶ πολλῶν πέρι καθίστανται.
831. (Νεώτερος Σωκράτης)
κινδυνεύουσιν.
832. (Ξένος)
παιδιὰ τοίνυν αὕτη γέ τις ἡ διαφορὰ τούτων ἐστὶ τῶν
εἰδῶν, περὶ δὲ τὰ μέγιστα νόσος συμβαίνει πασῶν ἐχθίστη
γίγνεσθαι ταῖς πόλεσιν.
833. (Νεώτερος Σωκράτης)
περὶ δὴ ποῖα φῄς;
834. (307e) (Ξένος)
περὶ ὅλην, ὥς γε εἰκός, τὴν τοῦ ζῆν παρασκευήν. οἱ μὲν γὰρ
δὴ διαφερόντως ὄντες κόσμιοι τὸν ἥσυχον ἀεὶ βίον
ἕτοιμοι ζῆν, αὐτοὶ καθ' αὑτοὺς μόνοι τὰ σφέτερα αὐτῶν
πράττοντες, οἴκοι τε αὖ πρὸς ἅπαντας οὕτως ὁμιλοῦντες,
καὶ πρὸς τὰς ἔξωθεν πόλεις ὡσαύτως ἕτοιμοι πάντα ὄντες
τρόπον τινὰ ἄγειν εἰρήνην, καὶ διὰ τὸν ἔρωτα δὴ τοῦτον
ἀκαιρότερον ὄντα ἢ χρή, ὅταν ἃ βούλονται πράττωσιν,
ἔλαθον αὐτοί τε ἀπολέμως ἴσχοντες καὶ τοὺς νέους
ὡσαύτως διατιθέντες, ὄντες τε ἀεὶ τῶν ἐπιτιθεμένων,
| [307] (L’ÉTRANGER)
Mais quoi ! N’avons-nous pas souvent loué dans beaucoup d’actions l’espèce de
tranquillité avec laquelle elles se font ?
(SOCRATE LE JEUNE)
Oui, et vivement même.
(L’ÉTRANGER)
Or n’est-ce pas en nous servant d’expressions contraires aux précédentes que
nous exprimons notre éloge ?
(SOCRATE LE JEUNE)
Comment ?
(L’ÉTRANGER)
Toutes les fois que nous appelons calmes et sages les ouvrages de l’esprit qui
excitent notre admiration, que nous louons des actions lentes et douces, des
sons coulants et graves, et tous les mouvements rythmiques et tous les arts en
général qui usent d’une lenteur opportune, ce n’est pas le terme de fort, mais
celui de réglé que nous appliquons à tout cela.
(SOCRATE LE JEUNE)
C’est parfaitement exact.
(L’ÉTRANGER)
Par contre, toutes les fois que ces deux genres de qualités se manifestent hors
de propos, nous changeons de langage et nous les critiquons, les unes aussi bien
que les autres, en leur appliquant des noms opposés.
(SOCRATE LE JEUNE)
Comment cela ?
(L’ÉTRANGER)
Quand les choses dont nous parlons deviennent plus vives qu’il ne convient et
apparaissent trop rapides et trop dures, nous les appelons violentes et
extravagantes ; si elles sont trop graves, trop lentes et trop douces, nous les
appelons lâches et indolentes, et presque toujours ces genres opposés, la
modération et la force, se montrent à nous comme des idées rangées en deux
partis hostiles, et qui ne se mêlent pas dans les actes où elles se réalisent.
Enfin nous verrons que ceux qui portent ces qualités dans leurs âmes ne
s’accordent pas entre eux, si nous voulons les suivre.
(SOCRATE LE JEUNE)
XLV. — En quoi sont-ils en désaccord, selon toi ?
(L’ÉTRANGER)
En tout ce que nous venons de dire et probablement aussi en beaucoup d’autres
choses. J’imagine que, suivant leur parenté avec l’une ou l’autre espèce, ils
louent certaines choses comme des qualités qui leur sont propres, et blâment les
qualités opposées, parce qu’elles leur sont étrangères, et c’est ainsi qu’ils
arrivent à se haïr cruellement à propos d’une foule de choses.
(SOCRATE LE JEUNE)
C’est ce qui me semble.
(L’ÉTRANGER)
Cependant cette opposition des deux espèces d’esprits n’est qu’un jeu, mais dans
les affaires de haute importance, elle devient la plus détestable maladie qui
puisse affliger les Etats.
(SOCRATE LE JEUNE)
De quelles affaires parles-tu ?
(L’ÉTRANGER)
Naturellement, de celles qui regardent toute la conduite de la vie. Ceux qui
sont d’un naturel extrêmement modéré sont disposés à mener une vie toujours
paisible ; ils font leurs affaires tout seuls et par eux-mêmes ; ils sont
également pacifiques envers tout le monde dans leur propre cité, et à l’égard
des cités étrangères ils sont de même prêts à tout pour conserver la paix. En
poussant cet amour au-delà des bornes raisonnables, ils deviennent
inconsciemment, quand ils peuvent satisfaire leurs goûts, incapables de faire la
guerre ; ils inspirent à la jeunesse les mêmes dispositions et sont à la merci
du premier agresseur.
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