[156] (156a) Ὀρθῶς.
Οὐκοῦν ἔστι καὶ οὗτος χρόνος, ὅτε μεταλαμβάνει τοῦ εἶναι καὶ ὅτε
ἀπαλλάττεται αὐτοῦ; ἢ πῶς οἷόν τε ἔσται τοτὲ μὲν ἔχειν τὸ αὐτό, τοτὲ δὲ μὴ
ἔχειν, ἐὰν μή ποτε καὶ λαμβάνῃ αὐτὸ καὶ ἀφίῃ;
Οὐδαμῶς.
Τὸ δὴ οὐσίας μεταλαμβάνειν ἆρά γε οὐ γίγνεσθαι καλεῖς;
Ἔγωγε.
Τὸ δὲ ἀπαλλάττεσθαι οὐσίας ἆρα οὐκ ἀπόλλυσθαι;
Καὶ πάνυ γε.
Τὸ ἓν δή, ὡς ἔοικε, λαμβάνον τε καὶ ἀφιὲν οὐσίαν γίγνεταί (156b) τε καὶ
ἀπόλλυται.
Ἀνάγκη.
Ἓν δὲ καὶ πολλὰ ὂν καὶ γιγνόμενον καὶ ἀπολλύμενον ἆρ' οὐχ, ὅταν μὲν
γίγνηται ἕν, τὸ πολλὰ εἶναι ἀπόλλυται, ὅταν δὲ πολλά, τὸ ἓν εἶναι
ἀπόλλυται;
Πάνυ γε.
Ἓν δὲ γιγνόμενον καὶ πολλὰ ἆρ' οὐκ ἀνάγκη διακρίνεσθαί τε καὶ
συγκρίνεσθαι;
Πολλή γε.
Καὶ μὴν ἀνόμοιόν γε καὶ ὅμοιον ὅταν γίγνηται, ὁμοιοῦσθαί τε καὶ
ἀνομοιοῦσθαι;
Ναί.
Καὶ ὅταν μεῖζον καὶ ἔλαττον καὶ ἴσον, αὐξάνεσθαί τε καὶ φθίνειν καὶ
ἰσοῦσθαι;
Οὕτως.
(156c) Ὅταν δὲ κινούμενόν τε ἵστηται καὶ ὅταν ἑστὸς ἐπὶ τὸ κινεῖσθαι
μεταβάλλῃ, δεῖ δήπου αὐτό γε μηδ' ἐν ἑνὶ χρόνῳ εἶναι.
Πῶς δή;
Ἑστός τε πρότερον ὕστερον κινεῖσθαι καὶ πρότερον κινούμενον ὕστερον
ἑστάναι, ἄνευ μὲν τοῦ μεταβάλλειν οὐχ οἷόν τε ἔσται ταῦτα πάσχειν.
Πῶς γάρ;
Χρόνος δέ γε οὐδεὶς ἔστιν, ἐν ᾧ τι οἷόν τε ἅμα μήτε κινεῖσθαι μήτε
ἑστάναι.
Οὐ γὰρ οὖν.
Ἀλλ' οὐδὲ μὴν μεταβάλλει ἄνευ τοῦ μεταβάλλειν.
Οὐκ εἰκός.
Πότ' οὖν μεταβάλλει; οὔτε γὰρ ἑστὸς ὂν οὔτε κινούμενον μεταβάλλει, οὔτε ἐν
(156d) χρόνῳ ὄν.
Οὐ γὰρ οὖν.
Ἆρ' οὖν ἔστι τὸ ἄτοπον τοῦτο, ἐν ᾧ τότ' ἂν εἴη, ὅτε μεταβάλλει;
Τὸ ποῖον δή;
Τὸ ἐξαίφνης. τὸ γὰρ ἐξαίφνης τοιόνδε τι ἔοικε σημαίνειν, ὡς ἐξ ἐκείνου
μεταβάλλον εἰς ἑκάτερον. Οὐ γὰρ ἔκ γε τοῦ ἑστάναι ἑστῶτος ἔτι μεταβάλλει,
οὐδ' ἐκ τῆς κινήσεως κινουμένης ἔτι μεταβάλλει· ἀλλὰ ἡ ἐξαίφνης αὕτη φύσις
ἄτοπός τις ἐγκάθηται μεταξὺ τῆς κινήσεώς τε καὶ στάσεως, (156e) ἐν χρόνῳ
οὐδενὶ οὖσα, καὶ εἰς ταύτην δὴ καὶ ἐκ ταύτης τό τε κινούμενον μεταβάλλει
ἐπὶ τὸ ἑστάναι καὶ τὸ ἑστὸς ἐπὶ τὸ κινεῖσθαι.
Κινδυνεύει.
Καὶ τὸ ἓν δή, εἴπερ ἕστηκέ τε καὶ κινεῖται, μεταβάλλοι ἂν ἐφ' ἑκάτερα --
μόνως γὰρ ἂν οὕτως ἀμφότερα ποιοῖ -- μεταβάλλον δ' ἐξαίφνης μεταβάλλει,
καὶ ὅτε μεταβάλλει, ἐν οὐδενὶ χρόνῳ ἂν εἴη, οὐδὲ κινοῖτ' ἂν τότε, οὐδ' ἂν
σταίη.
Οὐ γάρ.
| [156] (156a) — Oui. — Il y a donc un temps
où l'un prend part à l'être, et un autre où il l'abandonne; car comment
serait-il possible que tantôt on eût, tantôt on n'eût pas une même chose,
si on ne la prenait et ne la laissait tour à tour ? — Cela ne serait pas
possible. — Prendre part à l'être, n'appelles-tu pas cela naître? —
Oui. — Et l'abandonner, n'est-ce pas- périr?— Certainement. — Dans ce
cas, l'un, prenant et laissant l'être, naît (156b) et périt. —
Nécessairement. — Or, étant un et multiple, puis naissant et périssant,
ne périt-il pas comme multiple, lorsqu'il devient un, et comme un,
lorsqu'il devient multiple? — Oui. — Quand il devient un et multiple,
n'est-il pas nécessaire qu'il se divise et qu'il se réunisse? — Sans aucun
doute, — Quand il devient semblable et dissemblable, il faut qu'il
ressemble et qu'il ne ressemblé pas. — Oui. — Et quand il devient plus
grand, plus petit et égal, il faut qu'il augmente, qu'il diminue, et qu'il
s'égalise ? — Encore. (156c) — Et lorsqu'il change du mouvement au repos
et du repos au mouvement, est-il possible que ce soit dans le même temps?
— Non, évidemment. — Se reposer d'abord, puis se mouvoir, ou d'abord se
mouvoir et se reposer ensuite, tout cela peut-il se faire sans,
changement? — Comment serait-ce possible ? — Il n'y a aucun temps où une
chose puisse être à la fois en mouvement et en repos. — Non.; — Et rien ne
change sans être dans le changement. — Bien. — Quand donc a lieu le
changement? car on ne change ni quand on est en repos, ni quand on est en
mouvement, ni quand (156d) on est dans le temps. — Certainement non.— Ce
où l'on est quand on change, n'est-ce pas cette chose étrange? —
Laquelle ? — L'instant. Car l'instant semble désigner le point où on
change en passant d'un état à un autre. Ce n'est pas pendant le repos que
se fait le changement dû repos au mouvement, ni pendant le mouvement que
se fait le changement du mouvement au repos; mais cette chose étrange
qu'on appelle l'instant, se trouve au milieu entre le mouvement et le
repos; (156e) sans être dans aucun temps, et c'est de là que part et là
que se termine le changement, soit du mouvement au repos, soit du repos au
mouvement. — Il y a apparence — Si donc l'un est en repos et en mouvement,
il change de l'un à l'autre état; car c'est la seule manière d'entrer dans
l'un et dans l'autre ; mais s'il change, il change dans un instant, et
quand il change, il n'est ni dans le temps, ni en mouvement, ni en repos.
— Soit.
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