[155] (155a) Τὸ δ' αὖ πρεσβύτερον τοῦ νεωτέρου νεώτερον γίγνεται
ὡσαύτως. Ἰόντε γὰρ αὐτοῖν εἰς τὸ ἐναντίον τὸ ἐναντίον ἀλλήλοιν γίγνεσθον,
τὸ μὲν νεώτερον πρεσβύτερον τοῦ πρεσβυτέρου, τὸ δὲ πρεσβύτερον νεώτερον
τοῦ νεωτέρου· γενέσθαι δὲ οὐκ ἂν οἵω τε εἴτην. Εἰ γὰρ γένοιντο, οὐκ ἂν ἔτι
γίγνοιντο, ἀλλ' εἶεν ἄν. Νῦν δὲ γίγνονται μὲν πρεσβύτερα ἀλλήλων καὶ
νεώτερα· τὸ μὲν ἓν τῶν ἄλλων νεώτερον γίγνεται, ὅτι πρεσβύτερον ἐφάνη ὂν
καὶ πρότερον (155b) γεγονός, τὰ δὲ ἄλλα τοῦ ἑνὸς πρεσβύτερα, ὅτι ὕστερα
γέγονε. Κατὰ δὲ τὸν αὐτὸν λόγον καὶ τἆλλα οὕτω πρὸς τὸ ἓν ἴσχει, ἐπειδήπερ
αὐτοῦ πρεσβύτερα ἐφάνη καὶ πρότερα γεγονότα.
Φαίνεται γὰρ οὖν οὕτως.
Οὐκοῦν ᾗ μὲν οὐδὲν ἕτερον ἑτέρου πρεσβύτερον γίγνεται οὐδὲ νεώτερον, κατὰ
τὸ ἴσῳ ἀριθμῷ ἀλλήλων ἀεὶ διαφέρειν, οὔτε τὸ ἓν τῶν ἄλλων πρεσβύτερον
γίγνοιτ' ἂν οὐδὲ νεώτερον, οὔτε τἆλλα τοῦ ἑνός· ᾗ δὲ ἄλλῳ ἀεὶ μορίῳ
διαφέρειν ἀνάγκη (155c) τὰ πρότερα τῶν ὑστέρων γενόμενα καὶ τὰ ὕστερα τῶν
προτέρων, ταύτῃ δὴ ἀνάγκη πρεσβύτερά τε καὶ νεώτερα ἀλλήλων γίγνεσθαι τά
τε ἄλλα τοῦ ἑνὸς καὶ τὸ ἓν τῶν ἄλλων;
Πάνυ μὲν οὖν.
Κατὰ δὴ πάντα ταῦτα τὸ ἓν αὐτό τε αὑτοῦ καὶ τῶν ἄλλων πρεσβύτερον καὶ
νεώτερον ἔστι τε καὶ γίγνεται, καὶ οὔτε πρεσβύτερον οὔτε νεώτερον οὔτ'
ἔστιν οὔτε γίγνεται οὔτε αὑτοῦ οὔτε τῶν ἄλλων.
Παντελῶς μὲν οὖν.
Ἐπειδὴ δὲ χρόνου μετέχει τὸ ἓν καὶ τοῦ (155d) πρεσβύτερόν τε καὶ νεώτερον
γίγνεσθαι, ἆρ' οὐκ ἀνάγκη καὶ τοῦ ποτὲ μετέχειν καὶ τοῦ ἔπειτα καὶ τοῦ
νῦν, εἴπερ χρόνου μετέχει;
Ἀνάγκη.
Ἦν ἄρα τὸ ἓν καὶ ἔστι καὶ ἔσται καὶ ἐγίγνετο καὶ γίγνεται καὶ γενήσεται.
Τί μήν;
Καὶ εἴη ἄν τι ἐκείνῳ καὶ ἐκείνου, καὶ ἦν καὶ ἔστιν καὶ ἔσται.
Πάνυ γε.
Καὶ ἐπιστήμη δὴ εἴη ἂν αὐτοῦ καὶ δόξα καὶ αἴσθησις, εἴπερ καὶ νῦν ἡμεῖς
περὶ αὐτοῦ πάντα ταῦτα πράττομεν.
Ὀρθῶς λέγεις.
Καὶ ὄνομα δὴ καὶ λόγος ἔστιν αὐτῷ, καὶ (155e) ὀνομάζεται καὶ λέγεται· καὶ
ὅσαπερ καὶ περὶ τὰ ἄλλα τῶν τοιούτων τυγχάνει ὄντα, καὶ περὶ τὸ ἓν ἔστιν.
Παντελῶς μὲν οὖν ἔχει οὕτως.
Ἔτι δὴ τὸ τρίτον λέγωμεν. τὸ ἓν εἰ ἔστιν οἷον διεληλύθαμεν, ἆρ' οὐκ ἀνάγκη
αὐτό, ἕν τε ὂν καὶ πολλὰ καὶ μήτε ἓν μήτε πολλὰ καὶ μετέχον χρόνου, ὅτι
μὲν ἔστιν ἕν, οὐσίας μετέχειν ποτέ, ὅτι δ' οὐκ ἔστι, μὴ μετέχειν αὖ ποτε
οὐσίας;
Ἀνάγκη.
Ἆρ' οὖν, ὅτε μετέχει, οἷόν τε ἔσται τότε μὴ μετέχειν, ἢ ὅτε μὴ μετέχει,
μετέχειν;
Οὐχ οἷόν τε.
Ἐν ἄλλῳ ἄρα χρόνῳ μετέχει καὶ ἐν ἄλλῳ οὐ μετέχει· οὕτω γὰρ ἂν μόνως τοῦ
αὐτοῦ μετέχοι τε καὶ οὐ μετέχοι.
| [155] (155a) Réciproquement, le plus vieux devient
toujours plus jeune que le plus jeune, car ils vont en sens contraire, et
par conséquent ils deviennent toujours le contraire l'un de l'autre. Le
plus jeune devient plus vieux que le plus vieux, et le plus vieux plus
jeune que le plus jeune; mais il n'y aura jamais un moment où ils le
soient devenus ; car, s'ils l'étaient devenus, ils ne le deviendraient
plus, ils le seraient. Or, ils deviennent à présent et plus vieux et plus
jeunes l'un que l'autre; l'un devient plus jeune que les autres choses, en
tant qu'il nous est apparu comme plus vieux et comme né plus tôt, tandis
que les autres choses deviennent plus vieilles que l'un, en tant qu'elles
sont nées plus tard. (155b) Et le même raisonnement s'applique aux autres
choses par rapport à l'un, en tant qu'elles se sont présentées à nous
comme plus vieilles que l'un, et nées plus tôt que lui. — Tout cela me
paraît évident. — Par conséquent, en tant que rien ne devient ni plus
jeune ni plus vieux que telle autre chose, parce que la différence évaluée
en nombre reste toujours égale, l'un ne devient ni plus vieux ni plus
jeune que les autres choses, et les autres choses ne deviennent ni plus
vieilles ni plus jeunes que l'un. (155c) Mais en tant que les choses qui
sont nées les premières diffèrent de celles qui sont nées plus tard, et
celles-ci de celles-là, d'une partie de leur âge toujours différente, l'un
devient toujours et plus vieux et plus jeune que les autres choses, et les
autres choses à leur tour plus vieilles et plus jeunes que l'un. —
Tout-à-fait. — D'après tout cela, l'un est et devient plus jeune et plus
vieux que lui-même et les autres choses, et il n'est ni ne devient ni plus
jeune ni plus vieux ni que lui-même ni que les autres choses. —
Incontestablement. — Or, puisque l'un participe du temps et qu'il est
susceptible (155d) de devenir plus vieux et plus jeune, ne faut-il pas
aussi, pour participer du temps, qu'il participe du passé, de l'avenir et
du présent? — Nécessairement. — Ainsi l'un était, est et sera; il
devenait, devient et deviendra. — Nul doute. — Il pourra donc y avoir, il
y avait, il y a et il y aura quelque chose d'appartenant à l'un, et
quelque chose de l'un. — Assurément. — Il y aura donc aussi une
science, une opinion, une sensation de l'un, s'il est vrai que
présentement nous connaissions l'un de ces trois manières. — C'est juste.
— Il y a donc aussi un nom et une définition de l'un; (155e) on le nomme
et on le définit, et en général tout ce qui convient aux autres choses de
ce genre, convient aussi à l'un. — Incontestablement. Maintenant arrivons
à notre troisième point : l'un étant tel que nous l'avons montré, s'il est
un et multiple, et s'il n'est ni un ni multiple, et qu'il participe du
temps, n'est-il pas nécessaire qu'en tant qu'il est un, il participe
quelque jour de l'être, et que, en tant qu'il n'est pas un, il n'en
participe jamais ? — C'est nécessaire. — Lorsqu'il en participe, est-il
possible qu'il n'en participe pas ; et est-il possible qu'il en participe
alors qu'il n'en participe pas ? — C'est impossible. — C'est donc dans un
certain temps qu'il participe de l'être, et dans un autre qu'il n'en
participe pas ; car ce n'est que de cette manière qu'il peut participer et
ne pas participer de la même chose.
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