[316] ΕΤΑΙΡΟΣ
Ἐγὼ μὲν τά τε δίκαια δίκαια καὶ τὰ ἄδικα (316a) ἄδικα.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐκοῦν καὶ παρὰ πᾶσιν οὕτως ὡς ἐνθάδε νομίζεται;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ναί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐκοῦν καὶ ἐν Πέρσαις;
<ΕΤΑΙΡΟΣ
Καὶ ἐν Πέρσαις>.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ἀλλὰ ἀεὶ δήπου;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ἀεί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Πότερον δὲ τὰ πλεῖον ἕλκοντα βαρύτερα νομίζεται ἐνθάδε, τὰ δὲ ἔλαττον
κουφότερα, ἢ τοὐναντίον;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Οὔκ, ἀλλὰ τὰ πλεῖον ἕλκοντα βαρύτερα, τὰ δὲ ἔλαττον κουφότερα.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐκοῦν καὶ ἐν Καρχηδόνι καὶ ἐν Λυκαίᾳ;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ναί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Τὰ μὲν καλά, ὡς ἔοικε, πανταχοῦ νομίζεται (316b) καλὰ καὶ τὰ αἰσχρὰ αἰσχρά,
ἀλλ' οὐ τὰ αἰσχρὰ καλὰ οὐδὲ τὰ καλὰ αἰσχρά.
ΕΤΑΙΡΟΣ
Οὕτως.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐκοῦν, ὡς κατὰ πάντων εἰπεῖν, τὰ ὄντα νομίζεται εἶναι, οὐ τὰ μὴ ὄντα, καὶ παρ'
ἡμῖν καὶ παρὰ τοῖς ἄλλοις ἅπασιν.
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ἔμοιγε δοκεῖ.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ὃς ἂν ἄρα τοῦ ὄντος ἁμαρτάνῃ, τοῦ νομίμου ἁμαρτάνει.
ΕΤΑΙΡΟΣ
Οὕτω μέν, ὦ Σώκρατες, ὡς σὺ λέγεις, καὶ φαίνεται ταῦτα νόμιμα καὶ ἡμῖν ἀεὶ καὶ
τοῖς ἄλλοις· ἐπειδὰν δ' ἐννοήσω (316c) ὅτι οὐδὲν παυόμεθα ἄνω κάτω
μετατιθέμενοι τοὺς νόμους, οὐ δύναμαι πεισθῆναι.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ἴσως γὰρ οὐκ ἐννοεῖς ταῦτα μεταπεττευόμενα ὅτι ταὐτά ἐστιν. Ἀλλ' ὧδε μετ'
ἐμοῦ αὐτὰ ἄθρει. Ἤδη ποτὲ ἐνέτυχες συγγράμματι περὶ ὑγιείας τῶν καμνόντων;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ἔγωγε.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οἶσθα οὖν τίνος τέχνης τοῦτ' ἐστὶ τὸ σύγγραμμα;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Οἶδα, ὅτι ἰατρικῆς.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐκοῦν ἰατροὺς καλεῖς τοὺς ἐπιστήμονας περὶ τούτων;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Φημί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
(316d) Πότερον οὖν οἱ ἐπιστήμονες ταὐτὰ περὶ τῶν αὐτῶν νομίζουσιν ἢ ἄλλοι
ἄλλα;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ταὐτὰ ἔμοιγε δοκοῦσι.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Πότερον οἱ Ἕλληνες μόνοι τοῖς Ἕλλησιν ἢ καὶ οἱ βάρβαροι αὑτοῖς τε καὶ τοῖς
Ἕλλησι, περὶ ὧν ἂν εἰδῶσι, ταὐτὰ νομίζουσι;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ταὐτὰ δήπου πολλὴ ἀνάγκη ἐστὶν τοὺς εἰδότας αὐτοὺς αὑτοῖς συννομίζειν καὶ
Ἕλληνας καὶ βαρβάρους.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Καλῶς γε ἀπεκρίνω. Οὐκοῦν καὶ ἀεί;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ναί, καὶ ἀεί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐκοῦν καὶ οἱ ἰατροὶ συγγράφουσι περὶ ὑγιείας ἅπερ (316e) καὶ νομίζουσιν εἶναι;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ναί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ἰατρικὰ ἄρα καὶ ἰατρικοὶ νόμοι ταῦτα τὰ συγγράμματα ἐστὶν τὰ τῶν ἰατρῶν.
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ἰατρικὰ μέντοι.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ἆρ' οὖν καὶ τὰ γεωργικὰ συγγράμματα γεωργικοὶ νόμοι εἰσίν;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ναί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Τίνων οὖν ἐστιν τὰ περὶ κήπων ἐργασίας συγγράμματα καὶ νόμιμα;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Κηπουρῶν.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Κηπουρικοὶ ἄρα νόμοι ἡμῖν εἰσιν οὗτοι.
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ναί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Τῶν ἐπισταμένων κήπων ἄρχειν;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Πῶς δ' οὔ;
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ἐπίστανται δ' οἱ κηπουροί.
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ναί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Τίνων δὲ τὰ περὶ ὄψου σκευασίας συγγράμματά τε καὶ νόμιμα;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Μαγείρων.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Μαγειρικοὶ ἄρα οὗτοι νόμοι εἰσί;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Μαγειρικοί.
| [316] L'AMI. Je crois que le juste est juste et l'injuste (316a) injuste.
SOCRATE. Et tout le monde croit cela comme nous?
L'AMI. Oui.
SOCRATE. Même chez les Perses ?
L'AMI. Même chez les Perses.
SOCRATE. Et toujours?
L'AMI. Toujours.
SOCRATE. Pense-t-on parmi nous que ce qui pèse plus est plus lourd, et ce qui pèse
moins plus léger? Ou bien croit-on le contraire ?
L'AMI. Non, vraiment. Ce qui pèse plus est plus lourd, et ce qui pèse moins plus
léger.
SOCRATE. Même à Carthage et à Lycée ?
L'AMI. C'est la même chose.
SOCRATE. Partout on convient (316b) que le beau est beau et le laid laid; nulle part
que le laid est beau, et le beau laid.
L'AMI. Assurément.
SOCRATE. Ne pense-t-on pas enfin dans tous les pays, comme ici, que ce qui est est
ce qu'il est et non ce qu'il n'est pas ?
L'AMI. Je le crois.
SOCRATE. Celui qui ne connaît pas ce qui est ne connaît donc pas ce qui est légitime.
L'AMI. Ainsi, Socrate, d'après ce que tu dis, ce qui est
légitime l'est toujours, l'est pour nous et pour les autres. Mais quand je vois (316c)
qu'incessamment nous édifions et renversons des lois, je ne saurais en être persuadé.
SOCRATE. C'est peut-être parce que tu ne réfléchis pas qu'à travers toutes ces
transformations la loi reste la même. Mais suis avec attention mon raisonnement: as-
tu jamais vu quelque ouvrage sur la guérison des malades ?
L'AMI. Oui.
SOCRATE. Sais-tu à quel art rapporter un tel écrit?
L'AMI. A la médecine, je pense.
SOCRATE. Et tu donnes le nom de médecins à ceux qui sont habiles dans cet art.
L'AMI. Oui.
SOCRATE. (316d) Or, les hommes habiles ont-ils les mêmes règles sur les mêmes
choses, ou bien ont-ils des règles différentes ?
L'AMI. Ils ont les mêmes règles, à ce que je pense.
SOCRATE. N'y a-t-il que les Grecs qui s'accordent avec les Grecs sur les choses qu'ils
savent, ou bien les Barbares sont-ils là-dessus d'accord et avec eux-mêmes et avec les
Grecs?
L'AMI. Il est de toute nécessité que Grecs et Barbares soient tous du même avis sur
les choses qu'ils savent.
SOCRATE. C'est bien répondu. Et en est-il toujours ainsi ?
L'AMI. Oui, toujours.
SOCRATE. Or, n'est-il pas vrai que les médecins écrivent sur la manière de guérir ce
(316e) qu'ils croient la vérité ?
L'AMI. Oui.
SOCRATE. Ces écrits des médecins sont donc véritablement les lois de la médecine ?
L'AMI. Oui.
SOCRATE. Les écrits sur l'agriculture sont-ils aussi les lois de l'agriculture?
L'AMI. Assurément!
SOCRATE. Qui sont ceux qui donnent les préceptes et les règles du jardinage?
L'AMI. Les jardiniers.
SOCRATE. Ces règles sont donc les lois du jardinage?
L'AMI. Oui.
SOCRATE. Ces lois sont tracées par ceux qui savent diriger la culture des jardins.
L'AMI. Sans doute.
SOCRATE. Mais ce sont les jardiniers qui le savent ?
L'AMI. Oui.
SOCRATE. Qui fait les écrits et les règles sur l'art de préparer les mets ?
L'AMI. Les cuisiniers.
SOCRATE. Ce sont donc là les lois de la cuisine?
L'AMI. Oui, les lois de la cuisine.
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