HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Les Lois, livre II

Chapitre 9

  Chapitre 9

[2,9] IX. (Ἀθηναῖος)
Εἴπομεν, εἰ μεμνήμεθα, κατ' ἀρχὰς τῶν λόγων, ὡς φύσις ἁπάντων τῶν νέων
διάπυρος οὖσα ἡσυχίαν οὐχ οἵα τε ἄγειν οὔτε κατὰ τὸ σῶμα οὔτε κατὰ τὴν
φωνὴν εἴη, φθέγγοιτο δ' ἀεὶ ἀτάκτως καὶ πηδῷ, τάξεως δ' αἴσθησιν τούτων
ἀμφοτέρων, τῶν ἄλλων μὲν ζῴων οὐδὲν ἐφάπτοιτο, δὲ ἀνθρώπου φύσις ἔχοι
μόνη τοῦτο· τῇ δὴ τῆς κινήσεως (665a) τάξει ῥυθμὸς ὄνομα εἴη, τῇ δὲ αὖ τῆς
φωνῆς, τοῦ τε ὀξέος ἅμα καὶ βαρέος συγκεραννυμένων, ἁρμονία ὄνομα
προσαγορεύοιτο, χορεία δὲ τὸ συναμφότερον κληθείη. Θεοὺς δὲ ἔφαμεν
ἐλεοῦντας ἡμᾶς συγχορευτάς τε καὶ χορηγοὺς ἡμῖν δεδωκέναι τόν τε Ἀπόλλωνα
καὶ μούσας, καὶ δὴ καὶ τρίτον ἔφαμεν, εἰ μεμνήμεθα, Διόνυσον.
(Κλεινίας)
πῶς δ' οὐ μεμνήμεθα;
(Ἀθηναῖος)
μὲν τοίνυν τοῦ Ἀπόλλωνος καὶ τῶν Μουσῶν (665b) χορὸς εἴρηνται, τὸν δὲ
τρίτον καὶ τὸν λοιπὸν χορὸν ἀνάγκη τοῦ Διονύσου λέγεσθαι.
(Κλεινίας)
Πῶς δή; λέγε· μάλα γὰρ ἄτοπος γίγνοιτ' ἂν ὥς γε ἐξαίφνης ἀκούσαντι Διονύσου
πρεσβυτῶν χορός, εἰ ἄρα οἱ ὑπὲρ τριάκοντα καὶ πεντήκοντα δὲ γεγονότες ἔτη
μέχρι ἑξήκοντα αὐτῷ χορεύσουσιν.
(Ἀθηναῖος)
Ἀληθέστατα μέντοι λέγεις. Λόγου δὴ δεῖ πρὸς ταῦτα οἶμαι, ὅπῃ τοῦτο εὔλογον
οὕτω γιγνόμενον ἂν γίγνοιτο.
(Κλεινίας)
Τί μήν;
(Ἀθηναῖος)
Ἆρ' οὖν ἡμῖν τά γε ἔμπροσθεν ὁμολογεῖται;
(665c) (Κλεινίας)
τοῦ πέρι;
(Ἀθηναῖος)
Τὸ δεῖν πάντ' ἄνδρα καὶ παῖδα, ἐλεύθερον καὶ δοῦλον, θῆλύν τε καὶ ἄρρενα, καὶ
ὅλῃ τῇ πόλει ὅλην τὴν πόλιν αὐτὴν αὑτῇ ἐπᾴδουσαν μὴ παύεσθαί ποτε ταῦτα
διεληλύθαμεν, ἁμῶς γέ πως ἀεὶ μεταβαλλόμενα καὶ πάντως παρεχόμενα
ποικιλίαν, ὥστε ἀπληστίαν εἶναί τινα τῶν ὕμνων τοῖς ᾄδουσιν καὶ ἡδονήν.
(Κλεινίας)
Πῶς δ' οὐχ ὁμολογοῖτ' ἂν δεῖν ταῦτα οὕτω πράττεσθαι;
(665d) (Ἀθηναῖος)
Ποῦ δὴ τοῦθ' ἡμῖν τὸ ἄριστον τῆς πόλεως, ἡλικίαις τε καὶ ἅμα φρονήσεσιν
πιθανώτατον ὂν τῶν ἐν τῇ πόλει, ᾆδον τὰ κάλλιστα μέγιστ' ἂν ἐξεργάζοιτο
ἀγαθά; τοῦτο ἀνοήτως οὕτως ἀφήσομεν, κυριώτατον ἂν εἴη τῶν καλλίστων
τε καὶ ὠφελιμωτάτων ᾠδῶν;
(Κλεινίας)
Ἀλλὰ ἀδύνατον τὸ μεθιέναι, ὥς γε τὰ νῦν λεγόμενα.
(Ἀθηναῖος)
Πῶς οὖν πρέπον ἂν εἴη τοῦτο; ὁρᾶτε εἰ τῇδε.
(Κλεινίας)
Πῇ δή;
(Ἀθηναῖος)
Πᾶς που γιγνόμενος πρεσβύτερος ὄκνου πρὸς τὰς (665e) ᾠδὰς μεστός, καὶ χαίρει
τε ἧττον πράττων τοῦτο καὶ ἀνάγκης γιγνομένης αἰσχύνοιτ' ἂν μᾶλλον, ὅσῳ
πρεσβύτερος καὶ σωφρονέστερος γίγνεται, τόσῳ μᾶλλον. Ἆρ' οὐχ οὕτως;
(Κλεινίας)
Οὕτω μὲν οὖν.
(Ἀθηναῖος)
Οὐκοῦν ἐν θεάτρῳ γε καὶ παντοίοις ἀνθρώποις ᾄδειν ἑστὼς ὀρθὸς ἔτι μᾶλλον
αἰσχύνοιτ' ἄν· καὶ ταῦτά γ' εἰ καθάπερ οἱ περὶ νίκης χοροὶ ἀγωνιζόμενοι
πεφωνασκηκότες ἰσχνοί τε καὶ ἄσιτοι ἀναγκάζοιντο ᾄδειν οἱ τοιοῦτοι,
παντάπασίν που ἀηδῶς τε καὶ αἰσχυντηλῶς ᾄδοντες ἀπροθύμως ἂν τοῦτ'
ἐργάζοιντο;
(666a) (Κλεινίας)
Ἀναγκαιότατα μέντοι λέγεις.
(Ἀθηναῖος)
Πῶς οὖν αὐτοὺς παραμυθησόμεθα προθύμους εἶναι πρὸς τὰς ᾠδάς;
ἆρ' οὐ νομοθετήσομεν πρῶτον μὲν τοὺς παῖδας μέχρι ἐτῶν ὀκτωκαίδεκα τὸ παράπαν
οἴνου μὴ γεύεσθαι, διδάσκοντες ὡς οὐ χρὴ πῦρ ἐπὶ πῦρ ὀχετεύειν εἴς τε τὸ σῶμα
καὶ τὴν ψυχήν, πρὶν ἐπὶ τοὺς πόνους ἐγχειρεῖν πορεύεσθαι, τὴν ἐμμανῆ
εὐλαβουμένους ἕξιν τῶν νέων· μετὰ δὲ τοῦτο οἴνου μὲν δὴ γεύεσθαι τοῦ μετρίου
μέχρι (666b) τριάκοντα ἐτῶν, μέθης δὲ καὶ πολυοινίας τὸ παράπαν τὸν νέον
ἀπέχεσθαι· τετταράκοντα δὲ ἐπιβαίνοντα ἐτῶν, ἐν τοῖς συσσιτίοις εὐωχηθέντα,
καλεῖν τούς τε ἄλλους θεοὺς καὶ δὴ καὶ Διόνυσον παρακαλεῖν εἰς τὴν τῶν
πρεσβυτέρων τελετὴν ἅμα καὶ παιδιάν, ἣν τοῖς ἀνθρώποις ἐπίκουρον τῆς τοῦ
γήρως αὐστηρότητος ἐδωρήσατο τὸν οἶνον φάρμακον, ὥστε ἀνηβᾶν ἡμᾶς, καὶ
δυσθυμίας λήθῃ γίγνεσθαι μαλακώτερον ἐκ (666c) σκληροτέρου τὸ τῆς ψυχῆς
ἦθος, καθάπερ εἰς πῦρ σίδηρον ἐντεθέντα γιγνόμενον, καὶ οὕτως εὐπλαστότερον
εἶναι;
Πρῶτον μὲν δὴ διατεθεὶς οὕτως ἕκαστος ἆρ' οὐκ ἂν ἐθέλοι προθυμότερόν
γε, ἧττον αἰσχυνόμενος, οὐκ ἐν πολλοῖς ἀλλὰ ἐν μετρίοις, καὶ οὐκ ἐν ἀλλοτρίοις
ἀλλ' ἐν οἰκείοις, ᾄδειν τε καὶ πολλάκις εἰρήκαμεν ἐπᾴδειν;
(Κλεινίας)
Καὶ πολύ γε.
(Ἀθηναῖος)
Εἰς μέν γε τὸ προάγειν τοίνυν αὐτοὺς μετέχειν ἡμῖν ᾠδῆς οὗτος τρόπος οὐκ ἂν
παντάπασιν ἀσχήμων (666d) γίγνοιτο.
(Κλεινίας)
Οὐδαμῶς.
[2,9] IX. (664e)
(L'ATHÉNIEN)
Nous avons dit, si nous avons bonne mémoire, au début de cet entretien, que la
jeunesse, naturellement ardente, ne pouvait tenir en repos ni son corps ni sa
langue, qu'elle criait au hasard et sautait continuellement, que l'idée de
l'ordre à l'égard du mouvement et de la voix était étrangère aux animaux et que
la nature ne l'avait donnée qu'à l'homme, que l'ordre dans le mouvement portait
le nom de rythme et que celui de la voix, mélange de tons aigus et de tons
graves, s'appelait harmonie, et les deux réunis chorée. Nous avons dit que les
dieux, touchés de compassion pour nous, nous avaient donné comme associés à nos
chœurs et comme chorèges Apollon et les Muses, et en troisième lieu, vous en
souvient-il ? Dionysos.
(CLINIAS)
Comment ne nous en souviendrions-nous pas ?
(L'ATHÉNIEN)
Nous avons déjà parlé des chœurs des muses et d'Apollon. Il nous faut maintenant
parler du troisième et dernier, celui de Dionysos.
(CLINIAS)
Comment cela ? explique-toi. Il y a de quoi être surpris, quand on entend
soudain parler d'un chœur de vieillards consacré à Dionysos, composé d'hommes
au-dessus de trente et de cinquante ans jusqu'à soixante.
(L'ATHÉNIEN)
Tu as parfaitement raison. Aussi faut-il expliquer comment la pratique de ces
chœurs peut être fondée en raison.
(CLINIAS)
Certainement.
(L'ATHÉNIEN)
Êtes-vous d'accord avec moi sur ce qui a été dit précédemment ?
(CLINIAS)
Au sujet de quoi ?
(L'ATHÉNIEN)
Qu'il faut que chaque citoyen, homme fait ou enfant, libre ou esclave, mâle ou
femelle, en un mot que tout l'État en corps se répète toujours à lui-même les
maximes dont nous avons parlé, en y glissant quelques modifications et en y
jetant une variété telle qu'on ne se lasse pas de les chanter et qu'on y trouve
toujours du plaisir.
(CLINIAS)
Comment ne pas convenir qu'il faut faire ce que tu dis ?
(L'ATHÉNIEN)
Mais en quelle occasion cette partie des citoyens, qui est la meilleure et qui
par l'âge et la sagesse est plus propre que toute autre à persuader,
pourra-t-elle, en chantant les plus belles maximes, contribuer particulièrement
au bien de l'État ? Nous ne serons pas, je pense, assez malavisés pour laisser
de côté ce qui peut donner le plus d'autorité aux chants les plus beaux et les
plus utiles.
(CLINIAS)
D'après ce que tu dis, il n'est pas possible de le laisser de côté.
(L'ATHÉNIEN)
Comment donc conviendrait-il de s'y prendre ? Voyez si ce ne serait pas ainsi.
(CLINIAS)
Comment ?
(L'ATHÉNIEN)
Quand on devient vieux, on hésite beaucoup à chanter, on a moins de plaisir à le
faire, et, si l'on y est forcé, on en rougit d'autant plus qu'on est plus vieux
et plus sage, n'est-ce pas ?
(CLINIAS)
Oui, assurément.
(L'ATHÉNIEN)
Ne rougirait-on pas encore davantage, s'il fallait chanter debout sur un théâtre
devant toutes sortes de gens, et, si l'on était forcé, en vue d'exercer sa voix,
de rester maigres et abstinents, comme les choristes qui disputent le prix,
n'éprouverait-on pas à le faire un extrême déplaisir, une grande honte et une
forte répugnance ?
(CLINIAS)
Nécessairement.
(L'ATHÉNIEN)
Comment ferons-nous donc pour les encourager à chanter de bonne grâce ?
Ne faut-il pas commencer par faire une loi qui interdise absolument aux enfants
jusqu'à l'âge de dix-huit ans l'usage du vin, leur remontrant qu'il ne faut pas
jeter de feu sur le feu qui dévore leur corps et leur âme, avant qu'ils se
livrent aux travaux qui les attendent, et qu'ils doivent se garder avec soin des
folies propres à la jeunesse ? Ensuite nous leur permettrons d'y goûter
modérément jusqu'à trente ans, mais en s'abstenant absolument pendant leur
jeunesse d'en boire à l'excès et jusqu'à l'ivresse. Quand ils atteindront la
quarantaine, ils prendront part aux banquets en commun et appelleront les dieux
et inviteront en particulier Dionysos à leur fête et à leurs divertissements ;
car ce dieu, en donnant le vin aux hommes, leur a procuré un remède pour adoucir
l'austérité de la vieillesse, remède qui nous rajeunit, nous fait oublier nos
chagrins, amollit la dureté de notre caractère, en sorte que, comme le fer placé
dans le feu, il devient ainsi plus malléable. Dans les dispositions où le vin
les aura mis, est-ce que nos vieillards ne se porteront pas plus volontiers et
avec moins de honte à chanter, non pas devant les foules, mais devant un nombre
restreint de spectateurs, et non des spectateurs étrangers, mais des amis, et à
pratiquer, comme nous l'avons dit souvent, leurs incantations ?
(CLINIAS)
Ils s'y porteront beaucoup plus volontiers.
(L'ATHÉNIEN)
Il y aurait donc là, pour les amener à prendre part aux chants, un moyen qui
conviendrait assez.
(CLINIAS)
Assurément.


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Dernière mise à jour : 13/06/2006