[2,4] IV. (Ἀθηναῖος)
Ἆρ' οὖν θαρροῦντες λέγομεν τὴν τῇ μουσικῇ καὶ τῇ παιδιᾷ μετὰ χορείας χρείαν
ὀρθὴν εἶναι τοιῷδέ τινι τρόπῳ; χαίρομεν ὅταν οἰώμεθα εὖ πράττειν, καὶ ὁπόταν
χαίρωμεν, οἰόμεθα εὖ πράττειν αὖ; μῶν οὐχ οὕτως;
(Κλεινίας)
Οὕτω μὲν οὖν.
(Ἀθηναῖος)
Καὶ μὴν ἔν γε τῷ τοιούτῳ, χαίροντες, ἡσυχίαν οὐ δυνάμεθα ἄγειν.
(Κλεινίας)
Ἔστι ταῦτα.
(657d) (Ἀθηναῖος)
Ἆρ' οὖν οὐχ ἡμῶν οἱ μὲν νέοι αὐτοὶ χορεύειν ἕτοιμοι, τὸ δὲ τῶν πρεσβυτέρων
ἡμῶν ἐκείνους αὖ θεωροῦντες διάγειν ἡγούμεθα πρεπόντως, χαίροντες τῇ
ἐκείνων παιδιᾷ τε καὶ ἑορτάσει, ἐπειδὴ τὸ παρ' ἡμῖν ἡμᾶς ἐλαφρὸν ἐκλείπει νῦν,
ὃ ποθοῦντες καὶ ἀσπαζόμενοι τίθεμεν οὕτως ἀγῶνας τοῖς δυναμένοις ἡμᾶς ὅτι
μάλιστ' εἰς τὴν νεότητα μνήμῃ ἐπεγείρειν;
(Κλεινίας)
Ἀληθέστατα.
(Ἀθηναῖος)
Μῶν οὖν οἰόμεθα καὶ κομιδῇ μάτην τὸν νῦν λεγόμενον (657e) λόγον περὶ τῶν
ἑορταζόντων λέγειν τοὺς πολλούς, ὅτι τοῦτον δεῖ σοφώτατον ἡγεῖσθαι καὶ
κρίνειν νικᾶν, ὃς ἂν ἡμᾶς εὐφραίνεσθαι καὶ χαίρειν ὅτι μάλιστα ἀπεργάζηται;
Δεῖ γὰρ δή, ἐπείπερ ἀφείμεθά γε παίζειν ἐν τοῖς τοιούτοις, τὸν πλείστους καὶ
μάλιστα χαίρειν ποιοῦντα, τοῦτον μάλιστα τιμᾶσθαί τε, καὶ ὅπερ εἶπον νυνδή, τὰ
νικητήρια φέρειν. (658a) Ἆρ' οὐκ ὀρθῶς λέγεταί τε τοῦτο καὶ πράττοιτ' ἄν, εἰ
ταύτῃ γίγνοιτο;
(Κλεινίας)
Τάχ' ἄν.
(Ἀθηναῖος)
Ἀλλ', ὦ μακάριε, μὴ ταχὺ τὸ τοιοῦτον κρίνωμεν, ἀλλὰ διαιροῦντες αὐτὸ κατὰ
μέρη σκοπώμεθα τοιῷδέ τινι τρόπῳ· τί ἄν, εἴ ποτέ τις οὕτως ἁπλῶς ἀγῶνα θείη
ὁντινοῦν, μηδὲν ἀφορίσας μήτε γυμνικὸν μήτε μουσικὸν μήθ' ἱππικόν, ἀλλὰ
πάντας συναγαγὼν τοὺς ἐν τῇ πόλει προείποι, θεὶς νικητήρια, τὸν βουλόμενον
ἥκειν ἀγωνιούμενον ἡδονῆς πέρι (658b) μόνον, ὃς δ' ἂν τέρψῃ τοὺς θεατὰς
μάλιστα, μηδὲν ἐπιταττόμενος ᾧτινι τρόπῳ, νικήσῃ δὲ αὐτὸ τοῦτο ὅτι μάλιστα
ἀπεργασάμενος καὶ κριθῇ τῶν ἀγωνισαμένων ἥδιστος γεγονέναι - τί ποτ' ἂν
ἡγούμεθα ἐκ ταύτης τῆς προρρήσεως συμβαίνειν;
(Κλεινίας)
Τοῦ πέρι λέγεις;
(Ἀθηναῖος)
Εἰκός που τὸν μέν τινα ἐπιδεικνύναι, καθάπερ Ὅμηρος, ῥαψῳδίαν, ἄλλον δὲ
κιθαρῳδίαν, τὸν δέ τινα τραγῳδίαν, τὸν δ' αὖ κωμῳδίαν, οὐ θαυμαστὸν δὲ εἴ τις
καὶ (658c) θαύματα ἐπιδεικνὺς μάλιστ' ἂν νικᾶν ἡγοῖτο· τούτων δὴ τοιούτων καὶ
ἑτέρων ἀγωνιστῶν μυρίων ἐλθόντων ἔχομεν εἰπεῖν τίς ἂν νικῷ δικαίως;
(Κλεινίας)
Ἄτοπον ἤρου· τίς γὰρ ἂν ἀποκρίνοιτό σοι τοῦτο ὡς γνοὺς ἄν ποτε πρὶν ἀκοῦσαί
τε, καὶ τῶν ἀθλητῶν ἑκάστων αὐτήκοος αὐτὸς γενέσθαι;
(Ἀθηναῖος)
Τί οὖν δή; βούλεσθε ἐγὼ σφῷν τὴν ἄτοπον ἀπόκρισιν ταύτην ἀποκρίνωμαι;
(Κλεινίας)
Τί μήν;
(Ἀθηναῖος)
Εἰ μὲν τοίνυν τὰ πάνυ σμικρὰ κρίνοι παιδία, κρινοῦσιν τὸν τὰ θαύματα
ἐπιδεικνύντα· ἦ γάρ;
(658d) (Κλεινίας)
πῶς γὰρ οὔ;
(Ἀθηναῖος)
Ἐὰν δέ γ' οἱ μείζους παῖδες, τὸν τὰς κωμῳδίας· τραγῳδίαν δὲ αἵ τε πεπαιδευμέναι
τῶν γυναικῶν καὶ τὰ νέα μειράκια καὶ σχεδὸν ἴσως τὸ πλῆθος πάντων.
(Κλεινίας)
Ἴσως δῆτα.
(Ἀθηναῖος)
Ῥαψῳδὸν δέ, καλῶς Ἰλιάδα καὶ Ὀδύσσειαν ἤ τι τῶν Ἡσιοδείων διατιθέντα, τάχ'
ἂν ἡμεῖς οἱ γέροντες ἥδιστα ἀκούσαντες νικᾶν ἂν φαῖμεν πάμπολυ. Τίς οὖν
ὀρθῶς ἂν νενικηκὼς εἴη; τοῦτο μετὰ τοῦτο· ἦ γάρ;
(Κλεινίας)
Ναί.
(658e) (Ἀθηναῖος)
Δῆλον ὡς ἔμοιγε καὶ ὑμῖν ἀναγκαῖόν ἐστιν φάναι τοὺς ὑπὸ τῶν ἡμετέρων
ἡλικιωτῶν κριθέντας ὀρθῶς ἂν νικᾶν. Τὸ γὰρ ἔθος ἡμῖν τῶν νῦν δὴ πάμπολυ
δοκεῖ τῶν ἐν ταῖς πόλεσιν ἁπάσαις καὶ πανταχοῦ βέλτιστον γίγνεσθαι.
(Κλεινίας)
Τί μήν;
| [2,4] IV. (657c)
(L'ATHÉNIEN)
Dès lors, ne pouvons-nous pas dire hardiment que, pour bien user de la musique
et du divertissement de la danse, il faudra le faire comme je vais dire ? Ne
ressentons-nous pas de la joie quand nous croyons être heureux, et,
réciproquement, ne sommes-nous pas heureux quand nous ressentons de la joie ?
(CLINIAS)
Si fait.
(L'ATHÉNIEN)
Et quand nous nous réjouissons ainsi, nous ne pouvons pas rester tranquilles.
(CLINIAS)
C'est vrai.
(L'ATHÉNIEN)
Est-ce que, dans ces moments-là, ceux d'entre nous qui sont jeunes ne sont pas
prêts à danser en chœur, tandis que nous autres vieillards, nous jugeons qu'il
convient à notre âge de passer notre temps à les regarder et à nous réjouir de
les voir jouer et célébrer la fête qui nous rassemble, parce que notre agilité
nous a quittés et que, dans le regret et la douceur que nous en gardons, nous
instituons ainsi des concours pour ceux qui sont capables de réveiller en nous
autant que possible le souvenir de notre jeunesse ?
(CLINIAS)
C'est très vrai.
(L'ATHÉNIEN)
Devons-nous croire que le vulgaire soit tout à fait mal fondé à dire, comme il
le fait à présent, que le champion qu'il faut tenir pour le plus habile et
juger digne de la couronne est celui qui divertit et réjouit le plus ? Il faut
eu effet, puisque le plaisir est de mise en ces occasions, que celui qui amuse
le mieux et le plus de gens, soit le mieux récompensé, et, comme je le disais à
l'instant, qu'il remporte la victoire. Ce discours n'est-il pas raisonnable et
ne ferait-on pas bien de procéder ainsi ?
(CLINIAS)
Peut-être.
(L'ATHÉNIEN)
Ne prononçons pas si vite sur cette matière, bienheureux Clinias. Divisons-la en
ses parties et considérons-la de cette manière. Supposons qu'on propose
simplement un concours quelconque, sans spécifier si c'est un concours gymnique,
musical ou équestre, et que, rassemblant tous les citoyens, on proclame, en
exposant les prix, qu'il s'agit uniquement de réjouir les spectateurs et que
tous ceux qui le voudront peuvent se présenter à la lutte ; que celui qui aura
causé le plus de plaisir aux spectateurs de n'importe quelle manière, car on
n'en impose aucune, sera, par cela même qu'il aura le mieux réussi, proclamé
vainqueur et jugé le plus amusant des concurrents.
Que devons-nous penser qui résultera de cette proclamation ?
(CLINIAS)
Par rapport à quoi ?
(L'ATHÉNIEN)
Selon toute vraisemblance, l'un viendra, comme Homère, débiter une rhapsodie ;
un autre chantera en s'accompagnant de la cithare ; celui-ci jouera une tragédie
; celui-là une comédie, et je ne serais pas surpris qu'il vînt un escamoteur
confiant dans ses tours d'adresse pour emporter la victoire sur tous les autres.
De tous ces concurrents et de cent autres semblables, pouvons-nous dire lequel
emporterait justement la victoire ?
(CLINIAS)
Étrange question ! Qui pourrait te répondre en connaissance de cause avant
d'avoir entendu de ses propres oreilles chacun des concurrents ?
(L'ATHÉNIEN).
Eh bien ! voulez-vous que je vous donne, moi, la réponse à cette étrange
question ?
(CLINIAS)
Certainement.
(L'ATHÉNIEN)
Si l'on prend pour juges les tout petits enfants, ils se prononceront pour
l'escamoteur, n'est-ce pas ?
(CLINIAS)
Il n'y a pas de doute.
(L'ATHÉNIEN)
Et si ce sont des enfants plus grands, pour le poète comique, et les femmes
cultivées et les jeunes gens et sans doute la majorité des spectateurs pour le
poète tragique.
(CLINIAS)
Il n'y a guère à en douter.
(L'ATHÉNIEN)
Mais c'est le rhapsode qui récitera comme il faut l'Iliade et l'Odyssée ou
quelque morceau d'Hésiode que nous autres vieillards, nous écouterons le plus
volontiers et que nous proclamerons hautement vainqueur. Auquel serait-il juste
de donner la victoire ? C'est ce qu'il faut se demander après cela, n'est-ce pas ?
(CLINIAS)
Oui.
(L'ATHÉNIEN)
Évidemment, vous et moi, nous dirons que la victoire revient de droit à ceux qui
en auront été jugés dignes par les gens de notre âge ; car de tous ceux que j'ai
nommés, c'est nous dont les habitudes passent pour être les meilleures, et de
beaucoup, dans tous les États et dans tous les pays.
(CLINIAS)
Sans doute.
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